Il ne voulait pas y aller.

Debout dans le corridor, les deux pieds bien ancrés sur les dalles de pierre, le dos appuyer sur le muret de l’escalier qui montait au premier étage, Spencer se demandait encore ce qu’il faisait ici, ses yeux aux iris brunis par magie fixait avec un effroi dissimulé la grande salle où résonnait musique, rire, plaisir.

Il s’était répéter la même phrase, encore et encore et encore, pendant toute la journée, alors que ses camarades se réjouissait d’avance de cette somptueuse fête qui se préparait. Tandis que l’effervescence se rependait dans la salle commune du dortoir, l’anxiété avait commencer à courir son échine.

Il ne voulait pas y aller.

Ce genre de fête sans protocole ne lui ressemblait pas. En fait il ne les comprenait pas. Il ne savait jamais ce qu’il devait faire, dire, comment agir en de tel circonstance. Les réunion et rencontre guindé apportait cette tranquillité d’esprit que beaucoup dénigrait, un carcan précis, un ensemble de règle stricte mais encadrante. Ici, il était comme un animal libre laissé au milieu d’un buffet.

Complètement perdu.

L’adolescent baissa les yeux, ajustant pour la cinquième fois le nœud de sa cravate, comme s‘il avait pu se défaire entre le moment où il était sorti des cachots. Au moins, il avait réussi à se trouver un costume adéquat. Cela avait été l’autre nerveuse décision qu’il avait dû prendre. En quoi se déguiser? Déjà qu’il ne comprenait pas cet engouement pour les costumes mais en choisir un relevait d’une tâche impossible. Quelques idées lui avaient traversé la tête : Salazard Serpentard, un Détraqueur, mais ces personnages l’auraient une fois de plus mis sous un projecteur sombre. Et en ce moment, il n’avait surtout pas besoin d’attirer l’attention sur lui. Beaucoup de ses camarades avaient optés pour des costumes de moldus, ce qui l’avait fait pâlir. Il pouvait se plier à l’excentricité d’un costume mais il était hors de question de s’abaisser à cela. Heureusement, l’une de ses collègues de maison lui avait donner une brillante idée. Une idée élégante, simple, qui ne demandait que quelques sortilèges comme mise au point. Ses effets rassemblés, le Serpentard avait attendu que ses collègues de maison ne quittent la salle pour s’habiller, enfilant sa chemise blanche, sa cravate noire, un veston surmonter d’une cape sombre. La coupe était flatteuse, lui donnant une silhouette longiligne et élégante. Ses cheveux savamment noircis et plaqué contre son crâne avaient été rejeter vers l’arrière avant qu’il ne fixe le masque blanc sur son visage. Celui-ci couvrait la moitié de son visage, ne laissant que l’espace de sa bouche. Une partition de musique dépassant de sa poche, il était prêt. Sa main gantée s’était posée contre son torse dans un mouvement devenu familier. Les cicatrices avaient commencé à pâlir, même si elles restaient sensibles. C’était entre-autre pour cette raison que le réticent adolescent avait trainé sa personne jusqu’à la fête. Il ne voulait pas donner une raison de plus au corps professoral de remettre sa présence en question.

Allez Spencer.

Une inspiration, une autre, le personnage ajusta sa cape sombre avant d’entrer en scène.

C’est sûrement certain et assurément sûr - oui c’est hyper exagéré - que ma proposition est foireuse. Peut-être que Sága va me détester de faire ça, comme si elle avait besoin d’un entremetteur aussi nul que moi pour avoir une quelconque relation avec un garçon. Elle pourrait se vexer et bye bye l’amitié qui vient à peine de débuter. Elle pourrait croire qu’elle m’intéresse absolument pas alors que SI ! Même si ça changerait rien. Rah, j’sais pas pourquoi je tente d’aider mon pote… Même lui il gère mieux que moi. Je sens son regard sur nous en plus et ça fout encore plus la pression. A côté, Lyam se marre, forcément, lui il SAIT tout. Que je crush parfois sur Sága - aujourd’hui est justement un parfois, je suis plus qu’amoureux là  - mais il me connaît aussi très bien. Gnagna “laisse à notre blondinet préféré une chance de la pecho parce que t’es trop tête en l’air pour t’intéresser réellement à elle”. En tout cas, quelque chose comme ça. J’sais qu’il a pas tort, je serais pas déçu si elle part avec lui ou un autre mais j’sais pas… J’ai envie de savoir. Je serais pas contre si c’était moi. Mais je vais l’oublier dans dix jours. Raaaah, j’ai l’impression de raconter n’importe quoi et de me contredire. J’sais pas ce que je veux et je vois bien qu'elle ne comprend pas pourquoi je lui parle de ça.

Et mais. Pause. Elle a pas dit qu’elle me trouvait attirant ? HEIN ? Euuuuh, est-ce qu’elle a dit ça pour me faire plaisir ou est-ce qu’elle me trouve attirant comme MOI je la trouve beaucoup trop terriblement attirante ? Ok, là je suis carrément brûlant. Ce n’est pas que mes joues qui rougissent mais très certainement mon visage en entier. Raaah la honte, mais qu’est-ce qu’il m’arrive, c’est la première fois là. Mon cœur bondit dans ma poitrine lorsqu’elle relève les yeux vers moi et JE SURSAUTE MOI en sentant son corps se coller au mien. Elle aurait pu prévenir ! Qu’est-ce qui lui prend d’un coup ? Pourquoi je sens contre moi ses jambes, son bassin, sa poitrine, ses bras, son visage, touuuut, qu’est-ce qu’il se passe au juste, je suis tétanisé ! Mes bras sont tendus, tous mes muscles sont en alerte, contractés comme ils ne l’ont jamais été et j’ai chaud de partout, encore plus en BAS. Mes yeux sont écarquillés de surprise, aussi gros que des ballons genre et je suis muet comme une carpe. Je ne sais pas si je la trouve jolie, adorable - à me regarder de cette façon alors qu’elle est plus petite que moi - ou très sexy.

En fait, je déglutis difficilement et je lance un regard de détresse à Lyam qui paraît aussi choqué que moi. MERCI LE POTE. Je préfère pas me tourner vers le blondinet qui doit être aussi blanc qu’un vampire - j’arrête pas de faire des comparaisons depuis tout à l’heure non ? - et je recroise le regard de Sága qui me fait sursauter une seconde fois. Elle parle, elle se lève sur la pointe de ses pieds, elle parle et s’approchement dangereusement de mes lèvres. Wow wow wow, non, quoi, comment ça elle me veut moi, je, non, je peux pas, ‘fin, je sais pas, elle se moque de moi, je dois faire quoi au juste ? Ma gorge est desséchée, mon rythme cardiaque est aussi rapide qu’un Zouwu là !! Est-ce que je peux mourir s’il bat trop vite ? Cette pensée me fait angoisser davantage. A moins que ce soit son sourire qui me fait paniquer ? Je suis incapable de bouger d’un seul petit centimètre. Ou peut-être que c’est sa patience qui me rend encore plus nerveux. Je veux FONDRE et DISPARAÎTRE raaaaaah….

Allez stupide cerveau, analyse la situation, analyse la putain de situation ! Il sert à rien et encore plus dans des moments critiques ! Est-ce que Sága m’a fait un Petrificus Totalus sans que je m’en rende compte ? C’est le stress qui me fait ça ? Mon regard ne cesse de passer de ses yeux bleus à ses lèvres et de ses lèvres à ses yeux, par Merlin qu’elle est belle, mais je peux pas !! Soudain, je ne sais pas qui - sûrement un ange sauveur - nous bouscule et je reprends enfin le contrôle de mon corps puisque je nous empêche de trébucher comme des idiots. Je profite de cette occasion pour m’éloigner d’elle en prenant soin de ne pas toucher sa peau… il manquerait plus qu’elle s’évanouisse après une vision… Euh je… recule de deux pas avant de secouer ma main devant mon visage, fait chaud ici hein dit donc ahah, mon rire est nerveux, j’vais nous chercher à boire… Je m’éloigne encore. Euuuuh, bah eummm… Je bégaye ? Sérieux ? Ça m'arrive pourtant HYPER rarement ! J’vais choisir pour toi ahah ok ! Tout ça pour ne pas l’entendre parler. Zut, zut zut, MERDE. Je regarde autour de moi et croise le regard de Daisy. Elle est à l’opposé du buffet… tant pis ! Sága peut toujours croire que j’irai après.

MAIS qu’est-ce que je fous ! Plus je m’éloigne de Sága et m’approche de Daisy plus je m’insulte et culpabilise de la laisser toute seule en plan. C’est grave mal, j’ai été trop lâche sur le coup, j’suis sûr qu’elle m’en voudra, mais c’est PAS ma faute, j’ai com-plè-te-ment pa-ni-qué !! Day’, Day’, Day’, oh je viens de remarquer la présence de Lotis, je suis carrément obnubilé par la Serdaigle que j’oublie à quel point la meilleure pote de ma sœur est canon dans sa tenue. J’suis trop con, j’suis trop débile !! Je chuchote en criant, donc j’vais dire que je chucrie ou crichote. TE MOQUES PAS ! Non parce que Daisy je la connais et je vois déjà ses lèvres s’étirer. J’attrape son bras et la tire de façon à ce qu’elle me cache de Sága. Elle voulait ! Je bug quelques secondes. M’EM-BRA-SSER… Je crois !! Mes bras partent en cacahuète, je fais trop de mouvements inutiles dans les airs, mais je panique ! Ok ok ok, elle a dit, t’écoutes bien, qu’elle me trouvait a-tti-rant ! Et qu’elle ME voulait ! T’entends DAY’ ! Et MOI, j’me suis barré !! Mais-mais-mais… raaaaah pourquoi elle s’est jetée sur moi comme ça ! Day, j’ai paniqué !! Je parle tellement vite que je ne lui laisse pas le temps de me répondre, je ne suis même pas sûre qu’elle comprenne tout ce que je dis. J’ai paniqué ! Ça va trop vite, je la connais à peine moi ! QU’EST-CE QUE J’AURAIS DU FAIRE ! Derrière, je le vois enfin, mon ami blondinet. Raaaah en plus j’ai un pote qui crush sur elle et il a TOUT VU ! DAY’ ! Aide moi à disparaître ! Je commence à être essoufflé, je n’ai jamais été autant mal à l’aise et nerveux de toute ma vie je crois, POURQUOI ! J’veux être un demiguise… Et d’une voix inquiète et à court de souffle, j’ajoute : Est-ce que je peux mourir si mon cœur bat trop vite ?

Résumé: