Il ne ressemblait pas à un enfant, il n’en avait jamais eu l’air. Comme la majorité des étudiants de l’école du Nord, Spencer avait un visage aux traits volontaires, sévères. Certains osaient même le traiter de froid et d’impassible, mais il en avait l’habitude. À Durmstrang, les émotions étaient à proscrire. La magie se laissait facilement influencée et un sorcier qui ne contrôlait pas ses émotions ne contrôlait rien. Le dos droit, les mains naturellement posées dans ses poches, l’adolescent gardait son regard bleu dans celui de l’arc-en-ciel ambulant. Était-ce les effets secondaire d’une potion de polynectar mal réalisée? Non, le phénomène ne touchait que les yeux et les cheveux du professeur. Quoi qu’en y regardant bien, il avait l’impression que certain de ses traits changeaient. Un métamorphomage? La supposition avait le mérite d’être considérée. Le professeur prit la missive tendue et la parcouru rapidement.

"Très bien, c'est parfait. Bienvenue parmi nous."

Thomas inclina légèrement la tête en guise de salutation. Son pas lent le traina jusqu’aux trois autres élèves. De plus près, les étudiants semblaient minuscules, complètement emmitouflé dans leur capes sombres. L’objet semblait plus étrange de près. Gris, le plastique délavé par le soleil, une vitre sombre et sans éclats, le regard sombre de Spencer se ternis. Il n’arrivait pas à identifier l’objet. Il lui semblait en avoir déjà vue sur la devanture d’une boutique de moldus dans un vieux quartier de Londres. La demoiselle à ses côtés semblait aussi excitée qu’une puce devant l’objet. Le professeur les rejoignit rapidement d’un pas énergétique.

"C'est une télévision cathodique." "C'est un objet créé et utilisé par les moldus pour voir des films... Des images qui bougent, comme avec nos photographies, mais avec du son et qui ne se répète pas." "Ca raconte une histoire." "C'est au programme de votre 3ème année si vous prenez l'Etudes des Moldus en option. J'en suis le professeur."

Cette fois un air complètement incrédule passa sur le visage de l’étudiant du Nord. Attendez, il avait dit quoi?!

"Accrochez-vous bien."

Un juron en russe lui échappa au même moment où la magie les happaient. Habitué aux voyages en portoloin, Spencer ne put s’empêcher de ressentir la sensation de tiraillement au fond de son estomac. L’impression qu’un crochet l’avait saisi par le nombril pour le tirer vers l’avant le saisit, lui faisant rapidement oublier les paroles sans aucun sens du professeur. Qui pouvait bien avoir envie d’étudier les moldus? Ce devait être une blague sans doute. Le monde autour d’eux se mit à tournoyer, devenant un amas indistinctif de lumières et de noirceur tandis que le néant les aspirait pour les recrachés à un nouvel endroit. Le pied sur du jeune homme se posa sur les dalles de pierre du sol de Poudlard tandis que l’élève à ses côtés s’écrasaient de tout son long. Aussitôt, le regard sévère du Durmstrangnien se posa sur le nouveau qui manqua de rendre le contenu de son estomac sur le plancher.

Complètement ridicule.  

Cet égarement passé, Thomas inspira lentement, laissant son regard parcourir le nouvel environnement. L’école semblait être un château de pierre. Les murs du hall où ils se trouvaient étaient composé de statue de chevalier, creusé à même la pierre, qui encadraient une grande porte en arche. Des torches ici et là éclairaient le corridor accueillant. Quelques portraits leur souhaitèrent la bienvenue offrant un sourire chaleureux aux petits et un regard intrigué sur le jeune homme à l’habit rouge. Une porte au loin semblait contenir le reste de l’école.

Génial.

Le professeur de… il avait oublié le nom ridicule de son cours, le professeur de moldus semblait avoir retrouvé de sa forme. Ses cheveux caméléons s’étaient stabilisé tout comme l’iris de ses yeux. Il posa d’ailleurs sur le groupe un regard pétillant sa voix joviales couvant les petits nouveaux comme du miel chaud.

Bienvenue à Poudlard. La répartition se passera par ici.

Une répartition? Le regard bleu de Thomas se mit à briller. Enfin! Un peu de magie. Sa main gauche alla naturellement trouvée la poignée de sa baguette. Il se demandait bien de quoi était composé cette répartition dans cette nouvelle école. Devait-il se battre contre quelqu’un? Affronté une créature? Passé un test écrit? L’adolescent réfléchissait déjà au sortilège qu’il comptait utiliser, son regard suivant les 3 premières années qui avaient été envoyé dans la grande salle lorsqu’il se figea. D’où il était, il pouvait facilement voir l’intérieur de ladite salle sans être vue et heureusement! La salle était immense, bruyante. Il y avait tant de monde que l’étudiant du Nord avait l’impression d’assisté à un tournois de duel. Comment le Royaume-Uni pouvait-il compter autant de sorcier et sorcière? La vaste salle était séparée par quatre très longues tables, remplis de sorciers aux couleurs différentes. Certains portaient une cravate verte, d’autre des bleus. Une fille au loin avaient des rubans jaunes dans ses cheveux, couleurs qui se retrouvaient également chez ses collèges. La quatrième table était celle des rouges, caractérisé par la couleur du revers de leur robes. Les sourcils de Thomas se froncèrent. Qui portaient encore ce type de vêtement ridicule? Alors qu’il allait s’avancer à son tour, la voix du professeur l’interpella, stoppant son geste tandis que son regard se portait de nouveau sur lui :

Je pense qu'il est préférable que vous alliez mettre une tenue banalisée avant de vous faire répartir. Poudlard doit en avoir ou bien on peut faire venir vos valises par une de nos Elfes... Comme vous le souhaitez. Et suite à ça je vais mènerai à un endroit où vous changer, Monsieur...?

Une tenue banalisée? Le visage blême de l’étudiant perdit quelque couleur. Que pouvait-on reproché à son uniforme? C’était l’habit cérémoniel officiel de l’école. Celui qu’ils ne portaient que pour les grandes occasions; la rentré et la fin de l’année scolaire ainsi qu’au bal. L’uniforme était fait d’un velours rouge et la fourrure de la cape était tout à fait naturelle. On racontait même que la Tcherkeska des Cosaques avait été inspiré par des moldus qui avaient un jour rencontré des sorciers de l’école. L’uniforme représentait la fierté de Durmstrang. Là-bas, on pouvait être punis pour une simple tâche sur le velours. Comment pouvait-on reprocher quoi que ce soit à l’uniforme?

La colère disparut des yeux du jeune homme aussi vite qu’elle était apparue. La guirlande lumineuse (nom tout à fait inopportun maintenant que le professeur semblait contrôler son don de métamorphomage) avait sans doute raison. Il devait se plier aux exigences austères de l’école, même si sa signifiait porter une ridicule robe de sorcier digne de l’époque de Merlin. Thomas se mit alors à réfléchir aux deuxièmes problèmes qui se présentait désormais. Il n’avait pas l’uniforme de Poudlard. La raison étant qu’il n’avait pas prévu y être inscrit avant que sa mère ne demande son rapatriement. Voilà qui était embêtant. Alors qu’il s’apprêtait à répondre. Un claquement sec fit tourner la tête du jeune homme en direction du mur. À l’endroit où se trouvait une chaise vide quelques instant plutôt se trouvait désormais posé sur le siège un amas de tissus noir. Spencer s’approcha de l’objet pour le prendre dans ses mains.

C’était une robe de sorcier, sans doute apporté par l’un des nombreux elfes de maison de Poudlard. Le vêtement n’en était pas à sa première vie. Le tissu noir était terni. La couleur était devenue presque grise, un vieil écusson brillait sur le revers. La mine du jeune homme s’affaissa légèrement. Il était peut-être étudiant à Durmstrang, mais en tant que Sang-Pur, il était habitué à un certain standard dans ses vêtements. Le tissu rêche de la robe lui donnait envie de brûler le torchon directement sur place.  Cela ferait sans doute l’affaire. Le vêtement entre ses mains, l’étudiant du Nord se retourna vers le professeur. Sa lenteur de répondre pu facilement se confondre comme s’il tentait de comprendre ce qu’on lui disait.

-Spencerrr.

Répondit-il, roulant ses r de façon excessive comme l’accent caractéristique de ceux qui venaient de Durmstrang.

Résumé:

La robe entre les mains, Thomas suivit docilement le professeur en direction de l’une des toilettes de l’étage. Ils s’éloignèrent du bruit de la grande salle pour s’enfoncer dans un corridor presque désert. Presque, car deux personnes s’y trouvaient déjà. N’y portant pas vraiment d’attention, Spencer laissa le professeur pour entrer par la porte qu’il lui indiquait.

Enfin seul, l’étudiant du Nord sentit la solitude tomber sur ses épaules de même de que le poids de la fatigue. Le silence de la pièce vrilla quelque instant à ses tympans.

Bienvenue chez toi.

Son regard bleu parcourut le mobilier qui composait la toilette aux allures austères, s’arrêtant sur le spectre pâle qui se dessinait dans le miroir usé. Le voyage avait creusé les cernes sous ses yeux, renforçant ses traits sévères. Avec une légère affection, Spencer caressa le tissu de velours de son habit, suivant avec attention les boutons dorés qui brillaient sous les quelques éclats de lumière de la pièce. Cet uniforme représentait les cinq dernières années de sa vie. Cinq ans pendant lesquels il avait tenté de se construire une vie par lui-même, de devenir cet autre qui n’existait pas vraiment...D’un geste habile, il enleva la veste rouge, révélant la chemise blanche qu’il portait en dessous. Heureusement qu’il avait quelque chose, il aurait eu l’air malin de se promener torse nu sous sa robe de sorcier. L’adolescent poussa un profond soupir, appuyant ses paumes contre le comptoir, imitant sans le savoir le même geste qu’un étudiant avait fait quelques instants plutôt. Dans quelle histoire il avait encore mis les pieds? Sa main frotta ses yeux fatigués. Il était à sa place non? Poudlard faisait partie de cet héritage qui lui avait été enlevé, tout comme son titre et la place qui lui revenait de droit. Le regard se baissa jusqu’à sa main droite à laquelle la chevalière d’un noir sombre brillait. Les armoiries des Averys y avaient été gravées dans le fer chaud, quelques siècles plutôt. Elle était le seul indice de ce qu’il était vraiment, mais rares étaient ceux qui pouvaient deviner ce qu’elle représentait.

Allons, il était temps de monter sur la scène et de réclamer ce qui lui était dû. L’eau froide contre sa peau le revigora un peu, obscurcissant les mèches blondes qu’il plaqua contre son crâne. La vieille robe de sorcier posé sur son dos, il ajusta tant bien que mal les lignes informes du vêtement. Curieusement, malgré la couleur délavée du tissu, le miroir lui renvoya une image acceptable. Heureusement qu’il avait en lui l’élégance innée des Sangs-Purs. La vieille robe ne faisait que ressortir l’éclat pur de sa chemise et l’aspect volontaire de ses traits. Sa main gauche fouilla dans ses poches, trouvant sans mal le manche de sa baguette qu’il sentit frémir sous ses doigts dès l’instant qu’il effleura le bois poli. Toujours aussi réceptive lorsqu’il s’agissait de magie, sa baguette avait trouvé le temps bien long, attendant impatiemment qu’on use d’elle. L’adolescent s’en servit pour rétrécir ses vêtements qu’il glissa dans l’une des poches de la robe. Il aurait été idiot de les garder dans ses mains tout le long de la cérémonie. Et s’il avait besoin de se battre ou de lancer des sortilèges, il devait avoir les mains vides. Sans un dernier regard pour son reflet, Thomas quitta la pièce, s’engageant dans le corridor de pierre où l’attendait le professeur Lupin en pleine conversation avec deux autres personnes. Il était curieux pour les oreilles du jeune homme d’entendre les éclats se dérouler en anglais. Malgré ses bottes, l’adolescent s’approcha sans faire de bruit, restant à une distance polie du petit trio, conscient que la conversation ne le concernait pas. Un sourire mondain étirant ses lèvres minces, il resta en retrait, observant les deux nouveaux inconnus qui s’ajoutaient aux paysages.

La première était une femme. Grande et mince, elle avait un visage de madone, teinté d’une aura de douceur. Elle aurait sans doute été très belle si ce n’avait été des grosses lunettes qui affublait son nez fin. Pourtant, on devinait derrière les vitres un regard intelligent et vif. Le deuxième inconnu était sans doute un élève. Plus jeunes que les deux autres, il portait une robe de sorcier dont les revers étaient d’un vert chatoyant. Un insigne brillait sur la poitrine du jeune homme, ornant un P majuscule. Alors que n’importe quel nouvel arrivant se serait senti mal à l’aise devant une conversation qui ne le concernait pas, Spencer pour sa part dévisagea l’étudiant de son regard perçant. Ses yeux bleu intense scrutèrent le visage volontaire du comparse comme s’il cherchait à percer un secret. Thomas avait toujours ce regard déstabilisant, mais cette fois une certaine curiosité l’habitait.

L’étudiant avait sensiblement son âge. Sa mâchoire carrée lui donnait un air sérieux qu’il tentait d’égayer d’un sourire qui brillait jusqu’à ses yeux d’un bleu clair. Ses lèvres boudeuses étaient étirées se voulant rassurante et chaleureuse. Ses cheveux court et lisse avaient des pointes frisottantes, fraichement humides. Son dos droit comme la justice et la politesse extrême de sa voix posée rappelait quelque chose de familier chez Spencer. Ce devait être un premier de classe, un élève parfait, le genre de personnage qui l'agaçait déjà. Un sourire amusé tricha sur les lèvres de l’adolescent.

Et bien et bien.

Résumé: