Le foyer avait été quitté. Les pseudos proches aussi, n'offrant plus de nouvelles du jour au lendemain. Exit Conrad. Gaspard. Qu'ils aillent au Diable. Keith avait trouvé sa véritable famille. Celle du Brouillard, celle de Ch'toht. Et étrangement, Leto semblait l'avoir rejoint. Il le sentait. Et ça le rassurait quelque part. Mais pour les autres... Comment avait-il pu être aveugle depuis le départ ? Lui qui avait toujours recherché ce besoin d'appartenance tout en le fuyant, ancré dans un véritable déni. Pourquoi s'était-il acharné à combattre ce pseudo Mal qui ne voulait que son Bien ? Pourquoi avait-il espéré un jour créer sa famille avec ces animagus de bas étages et ce journaliste, simple âme remplaçante de son jumeau pour ne pas se perdre dans une folie trop puissante pour un gamin de 10 ans ? Il n'avait jamais eu de famille jusqu'à présent. Une Réelle.

Celle de son sang était à renier. Elle était faible. Pitoyable. Elle ne le voulait que pour réparer des traumatismes du passé, pour oublier la culpabilité qui hantait leur coeur. Mais on ne le prenait pas tel qu'il était. Avec sa noirceur. Avec son passé. Pire, avec son passé qui avait pris cette direction par leur faute. Il fallait être un imbécile heureux rayonnant pour rentrer dans leurs cordes. Dans leurs critères. Sinon on était mal vu. On leur faisait peur. Il y avait cette méfiance, dans leurs regards. Keith l'avait vu sans user de légilimencie. Ils transpiraient la peur face à cette source noire. Ils s'étaient attendus à voir un jumeau perdu. Certainement pas l'antithèse de Lesly Kerr, cette source lumineuse.

Celle qu'il avait tenté de créer lui-même était tout autant polluée que la précédente. Des faux semblants. Du faux. Rien d'autre. Un faux frère, pour remplacer le modèle auquel Keith s'était accroché leurs 11 premières années de vie. Celui qui lui avait fourni un équilibre mental et émotionnel, sur lequel il s'était appuyé avant d'en être totalement séparé. De faux animaux. Pour passer outre le traumatisme de dizaines de morts animales que sa désobéissance auprès de son géniteur avait engendré. Le faux. Rien que du faux. Les faux, ça résistait mieux. C'était moins pur. Et donc plus coriace. C'était comme les batards. Moins fragile. Moins couteux, sur tous les aspects. Et au pire, si ça crevait, au final, tant pis. Ici, ça n'était que des sorciers. Des humains. Qui n'étaient même pas du côté de leur Père, de ce qu'il savait du moins. Du gachis. Mais ils l'avaient choisis ainsi. Ils avaient choisi de se perdre, de rester dans le faux chemin. Sur le chemin qui leur ressemblait. Qu'ils y restent. Jusqu'à leur dernier souffle. Quelque soit la pseudo famille se mettant sur son chemin, si Keith en croisait un seul, ce serait sa baguette qui libérerait leurs âmes errantes dans la mauvaise direction.

Aucune de ces personnes n'était à sa hauteur. A sa valeur, celle qu'il n'avait jamais vu. Aucune de ces pseudos familles n'arrivait à sa cheville mise à part Celle-ci, celle qui le guidait depuis quelques jours désormais. Voilà ce que lui murmurait cette douce voix paternelle devant laquelle il avait ployé le genou. La première qui lui avait parlé ainsi. Son véritable Père. Qui avait réellement besoin de Lui. Sa voix était envoutante. Chaleureuse malgré ce froid qu'il créait, celui qui avait plus d'une fois serré sa poitrine. Cette voix. Elle l'appelait. Elle le demandait. Elle avait besoin de Keith. Enfin, il ressentait la sensation d'être utile. D'être nécessaire à quelqu'un. D'appartenir à un groupe. Il était un besoin, chez quelqu'un d'autre. On le voulait. On ne le repoussait pas. On le prenait, entièrement, tel qu'il était. Avec ses défaults. Avec ses fautes. On ne lui reprochait rien. Il était accepté. Et il se sentait aimé. Appartenir à quelque chose de grand. C'était libérateur que de sentir pour la première fois dans sa vie cette sensation. Vivifiant. A travers les fils qui le guidaient, Keith se sentait vivre, enfin. Pas besoin de drogue, pas besoin de substitution. Il ne ressentait aucun manque. Enfin. Aucune douleur mentale. Il se sentait enfin respirer, équilibré, conscient. Il pouvait être lui-même sans ressentir la moindre culpabilité à être lui, et personne d'autre. Pas l'ombre de lui-même, devant freiner des 4 fers pour être accepté parmi les pseudos siens... Alors, la reconnaissance lui réchauffait le coeur. Dans ce bien-être inédit, dans cette nouvelle vie, l'envie de s'offrir entièrement à quelqu'un le rassurait. Ch'toht méritait d'être entouré. D'avoir de telles âmes désireuses de le protéger jusqu'à la mort. Il leur avait donné tant. Le sacrifice ne serait pas vain, s'il devait avoir lieu. Keith était prêt à risquer ce qu'il lui restait. Son corps. Ses forces magiques. Le peu qu'il lui restait. Il n'avait plus rien à perdre, surtout si c'était pour Lui.

Sa nouvelle arme manquait de puissance. Elle se court-circuitait elle-même. Elle n'était pas aussi docile que ca prédécesseuse face à la noirceur de son maitre. Elle n'était ni docile ni alliée. Au contraire. Elle bloquait le potentiel du bouclé. Le seul qu'il avait. Le seul potentiel qu'il avait sû alimenter et qu'il pouvait offrir à Ch'toht. La seule chose qu'il avait à lui apporter mise à part sa misérable vie.

Keith était un soldat bien piètre. Même dans la noirceur, il ne se retrouvait pas sur le podium.

Il avait éradiqué des dizaines de ses frères et soeurs. Il avait affaibli son Père. Et sa magie noire ne répondait plus. Elle ne respirait plus. Elle s'asphyxiait en Lui, incapable de sortir, de prendre la fuite. Cette sensation de vivre enfin pour au final se sentir diminué, incapable, prisonnier de soi-même. Ne pas être à la hauteur de l'entité qui faisait déjà tout pour eux... Pourtant, Elle ne lui en voulait pas. Elle continuait de le guider sur sa voie. Sans différence avec un autre de ses enfants. Ch'toht était si grand. Keith ne le méritait pas. Et pourtant, il le caressait, il l'entourait de son brouillard, parfumant sa peau de sa présence qui ne le frigorifiait plus. Il guidait Keith jusqu'au reste de leur famille. Entouré, Madd les reconnaissait et le contraire était vrai aussi. Et dans un rythme naturel, il s'imbriqua dans la ronde, dans sa nouvelle vie.

Codage par Libella sur Graphiorum

Les cris imaginés par l'esprit en manque de Keith résonnaient sans cesse dans cette nouvelle vie. Les cris silencieux qui avaient régné dans l'entrepot détruit par sa chimère de flammes. Encouragé par la sagesse et la bonté de Ch'toht, il essayait de les ignorer. Au début. Puis il les écoutait et leur promettant de les venger. De se faire pardonner. De les rejoindre dès lors que sa mission serait accomplie. Ch'toht avait besoin de lui, mais sur différents plans numérotés. Le temps du sacrifie n'était pas encore arrivé. Au final, les voix de ces adelphes étaient un motif supplémentaire pour se tuer un peu plus à la tâche inhumaine qu'il exécutait depuis des jours.

Il ne se sustentait plus. Il n'en avait plus besoin criait le mental qui lui mettait des oeillères et qui fermait ses yeux sans vie. Pour ne plus s'entendre. Pour ne plus se voir. Exit la vision du corps qui tremblait suite au manque des différentes merdes qu'il prenait depuis des années sans parvenir à s'en séparer. Le mental allait bien. Il n'avait jamais été aussi bien. Alors le corps allait suivre. C'était mathématique. Et si le résultat sonnait faux et que chaire et os perdaient ce combat, ne pouvant plus lutter contre les traumatismes de son passé, alors il aurait donné sa vie à Ch'toht. Il lui aurait offert son dernier souffle, aussi pitoyable serait-il. Ça serait déjà ça. Le minimum était à prendre. La plus petite faiblesse était à offrir. Ch'toht était au plus mal. Keith le sentait. Comme ses frères. Comme ses soeurs. Tous s'évertuaient alors à garnir sa future assiette. Des imprudents et ignorants s'étaient aventurés trop près des sbires du brouillard. Ils s'étaient condamnés. Ils attendaient désormais de servir de pitance à Celui qu'ils avaient tenté de détruire. Et avec ses maigres possibilités magiques, c'était à Keith que leur surveillance était revenue.

Ses sortilèges moins noirs, sa jeune baguette semblait mieux accepter les demandes de son maître. Entouré des splendides créatures noires dont les lueurs hypnotisaient les yeux de Keith, facilement en admiration face à n'importe quelle créature, il attendait tel le pantin qu'il était que la suite ne se fasse. Les limons étaient un spectacle fascinant dans cette attente. Et la fierté d'en héberger un, d'en faire grandir un en son être, ne pouvait le rendre plus serein. Il participait à cette nouvelle vie. A cette nouvelle famille. Quelque part, il ne servait pas tant à rien que ça. Ch'toht avait raison. Il devait l'écouter. Chacun avait son rôle. Keith avait le sien. Il avait mis du temps à le comprendre. A s'y faire réellement, à l'importance qu'on lui accordait. Mais maintenant il comprenait.

Mais cette sensation prit une plus grande ampleur quand il fallut défendre les futures forces de Ch'toht. De nouveaux idiots se lançaient à leur tour dans la tentative malheureuse d'affaiblissement du Père et de récupération de leurs pairs. Il en était hors de question. Quittant son emplacement, guidé par celui qui ne voulait qu'offrir un monde meilleur aux hybrides et à ses enfants les plus normaux, Keith fut envoyé au combat.

Il était encouragé à aller à son rythme. A user de sortilèges qui ne pouvaient que fonctionner. Plus de magie noire. Son alliée au bois juvénile ne serait plus Alliée s'il s'entêtait avec la noirceur qu'elle détestait. Alors, stratège, Ch'toht lui demandait de mettre de côté ce besoin d'en user. Il était assez intelligent pour s'en passer pour l'instant. Par la suite il serait son allié pour lui trouver une autre arme. Beaucoup de branches devenaient orphelines. Il n'aurait qu'à se baisser pour en attraper tout un buisson. Il n'aurait qu'à tester et choisir parmi toutes celles qui lui tendaient leurs bois. Mais il fallait les faire tomber d'abord. Tout en protégeant les limons autour de lui.

Première attaque

Nombre aléatoire (1,3) : 3

Spoiler:

Première offensive. La bataille était lancée. Un corps avait roulé plus loin mais s'était déjà relevé, se mettant à l'abri des prochains sorts. Caché derrière le coin d'une batisse, Keith accusait le premier échange plutôt bien. Sa tête collée contre le mur, son regard osait se perdre vers le groupe de sots qui venaient délivrer leurs amis ou parfaits inconnus. Qu'ils étaient stupides. Pourquoi ? L'Humain gachait toujours tout. Un monde meilleur était désiré. Voulu. Un monde meilleur était en train de naitre! N'y avait-il que d'hypocrites égoïstes sur cette terre ? Pourquoi ne laissaient-ils pas Ch'toht faire son oeuvre et offrir la vie que chaque hybride et autre enfants méritaient d'avoir après tant de discrimination ? Après tant de malheur ? Avec ces pensées sombres, Keith sentait la magie noire lui bruler les doigts. Elle voulait sortir. Apporter la paix que chaque hybride et frère et soeur méritait. Mais non. Son arme ne le voudrait pas. Et s'il se laissait envelopper par l'envie, alors il perdrait.

"Expeliarmus!"

Le sort lancé avec acharnement et haine dans sa voix frappa l'une des sorcières avant de se munir lui-même d'un protego. Il les interrompait. Dans leurs discours soit-disant savants. Ils tentaient de le faire revenir à lui ? C'était ça, les termes employés ? Que voulaient-ils dire ? Keith n'avait jamais été aussi respectueux de lui-même, de ses envies, de sa vie. Ces sorciers n'étaient que des idiots aveugles. Même si le plus aveugle fut certainement Keith, ne voyant pas l'armée de sortilèges se ruant sur lui.

Résultat de l'assaut sur lui :

Nombre aléatoire (1,10) : 10

1-2 : Le protego a étonnament tenu le coup et Keith a le temps de se remettre à l'abri.
3 à 5 : le protego saute et il fait un vol plané sur quelques mètres, encore conscient, il peut se relever.
6 à 8 : Le protego saute avec facilité et Keith est propulsé de plusieurs mètres violemment contre un mur. Il a du mal à se relever.
9 à 10 : Le protego n'a servi à rien. Violemment envoyé contre un mur, sa tempe tape contre et il perd connaissance.

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La multitude de sort avait fait sauter le Protego faible et pitoyable de Keith, le frappant de plein fouet. Le mélange des sortilèges de différentes couleurs s'abattant sur lui opprima sa poitrine juste avant d'être touché et propulsé. Il sentit la gêne cuisante de l'échec. Et une tristesse immense le prendre. Etait-ce un échec ? Ou carrément une défaite ? Cette pensée n'eut pas plus le temps de le submerger plus que ça que sa tête cogna contre une surface dure.

La panique leur faisait faire bien des bêtises, aux jeunes sauveurs sans cervelle. Laissé sur le côté, semblant avoir été déplacé et installé dans un coin à l'abri du danger, Keith avait été abandonné pendant que la troupe s'avançait pour libérer leurs confrères prisonniers. Peut-être qu'ils pensaient avoir trop blessé Keith et que la culpabilité les avait empêché de lier ses pieds et ses poings. Peut-être avait-ce été un oubli. Ou peut-être qu'ils pensaient que tous leurs sorts avaient touché l'homme. Que son inconscience était dûe à un sortilège et non au choc brutal de sa tête contre ce mur, ouvrant une blessure non loin de là dans sa tignasse de boucles. Qu'importe. Ils avaient laissé Keith dans un coin, sans baillon, seul, ou du moins, était-ce ce qu'ils croyaient ? Les limons trônaient autour. Certains étaient désormais immobiles. Et d'autres semblaient continuer à défendre le territoire.

Dans sa trajectoire comme projectile, la baguette de Keith avait glissé dans sa manche et la retrouver ne fut pas bien compliquée. Elle glissa de sa cachette à peine le bouclé commença-t-il à user de ses mains pour se relever.

Les prisonniers. Ch'toht. Il en avait besoin. Il était faible. Keith avait du mal à l'entendre. Comme si on l'éloignait de lui. Ou comme si les sacrifices n'étaient pas assez rapides pour le maintenir aussi longtemps après toutes les attaques qu'il avait eu. Le pauvre Père. Il souffrait. Tout comme ses protégés. La vision flou, les alentours tournant tout autour de lui, le mage essayait de se ressaisir. Il devait retrouver ces chiens qui voulaient abattre son Père. Et il devait les neutraliser. Et les offrir comme ressources à Ch'toht. Ça ne serait pas miraculeux mais ça serait déjà ça. Ça raviverait son aura et sa voix résonnante dans les esprits de chacun de ses enfants. Ça mettrait du baume au coeur à chacun de ses frères et soeurs. Il en fallait. Keith était si loin d'eux. Il s'en voulait de les avoir laissé. D'avoir supprimé sa force de frappe du groupe. Il s'était cru assez puissant pour aller arrêter les ennemis sur le front. Il avait été si stupide. Il s'en voulait. Il les avait abandonné. Il faisait tout mal. Absolument tout. Il devait se rattraper. Parvenir à se lever. Comme là. Quitte à s'aider des murs, glisser contre, ou s'irriter la peau de l'avant-bras contre.

La troupe ennemi avait fait son chemin. Et les bourreaux avaient fait leurs offices. Tout n'était que dégueulis noirs sans plus aucune once de vie sur leurs traces. La rage semblait guider ses pas pourtant lents. Lents mais lourds. Il sentait sa baguette crépiter sous l'aura qui se dégageait de son sorcier. Il voulait aller contre elle. La Magie Noire. Elle l'appelait. Elle voulait aider à venger ces pauvres créatures. Plus que jamais. Elle faisait chauffer ses neurones sur des lectures souvenirs de son passé. Il pouvait encore lire les lignes qui apparaissaient dans ces vestiges mentaux. Les formules que Bryan Kerr utilisait. Pour les faire bouger. Les faire se relever malgré la mort et l'absence d'âme qui se lisait dans leurs regards. Créer des Inferi. Après tout... Keith avait sû répéter les actes de magie noire de son père jusqu'à présent, jusqu'à parvenir à lancer deux des trois sortilèges impardonnables. Pourquoi ne parviendrait-il pas à suivre ses traces jusqu'au bout ? A lever les cadavres qui jonchaient les chemins et les faire se retourner contre les derniers survivants essayant de mettre à mal le Grand Ch'toht ?

Son regard se perdit sur la plus proche des victimes. Sa mort n'était pas voulu. Mais sa tempe brisée par sa chute contre une roche au sol montrait la malchance d'une précédente attaque. Chaque attaque lancée par le groupe étant passé par là semblait être des plus innocentes dans l'idée d'enlever la vie à quelqu'un. Mais le Hasard aimait se mêler aux situations pour les rendre désespérantes. Et ici, le hasard offrait une future marionnette au Madden qui releva lentement sa baguette, voulant tenter. Sa baguette allait-elle se laisser faire ou continuer de faire son bois dur ?

Le regard vide depuis un moment de Keith se posa sur sa future victime. Ou plutôt, sur la cible de son acte bienfaiteur. Grâce à lui, ce corps trouverait l'honneur de servir à Ch'toht même après la disparition de son âme. Ou du moins, cela était le plan qui aurait dû mener Keith dans ce chemin de non-retour avant que son Limon ne soit détruit (par pun PNJ dans le RP de Leto). Le même qui avait emporté Leto dans cette folie. Et qui semblait enfin libérer la bestiole noire au loin.

Il l'avais entendu. Sa souffrance. Son ultime cri avait résonné dans sa tête, faisant lacher baguette et attraper ses tempes. Genoux au sol, une sensation identique à ce que les autres ressentaient et lui non sembla le toucher et lui faire s'attraper la tignasse entre ses jointures blanchissantes. Lui faisant pousser un cri. De douleur. Etait-ce bien ça ? Il n'en avait jamais ressenti. Il n'en avait jamais craché une quelconque réaction sonore. Mais la connexion avec le limon tué avait été si fort, si intense, que Keith sembla ressentir ses derniers instants. C'était horrible. Insupportable à vivre. cette sensation. Physique. Mental. De douleur. D'abandon. De perdition. Ç'en fut trop pour le corps et l'esprit de Keith, comme pris d'un electrochoc qui s'abatit au sol.

Codage par Libella sur Graphiorum

Dans un sombre brouillard mental, les pensées de Keith se mélangeaient. La destruction de son limon venait de court-circuiter son esprit, le laissant au sol, les yeux ouverts mais l'esprit loin. Trop loin. La perte de son limon avait été trop violente. La perte de contact aussi. Trop soudaine. Il n'y avait plus rien d'un coup. Plus cette sensation d'être aidé. D'être poussé. D'appartenir à quelque chose. D'être. Le néant total, ou pire, le trou noir, absorbant chacune de ses anciennes convictions. Ch'toht. C'était vide. Mais ça, ça ne fut que la partie la plus acceptable, avant que petit à petit, les manques du corps rappelaient à l'ordre la caboche désormais libre de Keith. Le corps reprenait le dessus sur le mental qui s'était pensé plus fort pour ne plus souffrir de l'absence de substances illicites dans son sang. Il l'avait été, plus fort, le mental. Quand l'entité blanchatre le guidait, l'enveloppait, le cajoler en son sein. Maintenant que le contact avait disparu, coupé court, c'était différent.

Keith redevenait une loque. Un corps avec une vie. Mais avec une vie l'ayant mené dans la médiocrité. Dans un état si pitoyable que seule une grande magie avait pu le garder en vie jusqu'ici, le poussant dans les pires de ses retranchements. Maintenant qu'il n'y avait plus que la volonté du principal concerné qui faisait vibrer son coeur, il n'y avait plus rien. Si ça n'était l'envie de mourir, de disparaitre dans ce vide aspirant tout sauf ses tremblements et ses sensations qui lui electrifiaient le corps à lui en donner la nausée. La vie revenait en lui, lui rappelant l'existence de chaque muscle trop lourd pour lui. Trop désagréable à bouger. C'en était détestable. Pire quand son corps se recroquevilla sur lui-même dans un gémissement pitoyable. Pire. C'était pire que lorsqu'il ne bougeait pas. Mais il y avait ce froid qui lui donnait envie de se rabougrir. Il y avait cette sensation d'être seul désormais qui lui donnait envie de serrer ses bras contre son torse. Il y avait cette sensation de vie lui brulant les poumons qui lui donnait envie de se faire plus petit que jamais, pour rapetissir, encore et encore jusqu'à supprimer le dernier atome de son existence.

Cette sensation que tout lui avait été pris. Que plus rien ne serait pareil. Que la fin arrivait, bientôt. Pas assez tôt.

Et le temps passait. Keith faisait parti des corps que l'on ignorait au sol d'abord. L'assaut semblait avoir sonné sur un champs de bataille qui était traversé puis abandonné après qu'on l'ait un peu plus détruit. Les flammes jonchaient désormais l'endroit qui était encore sain et désert il y avait de cela quelques minutes. Ou plus encore ? Une squad semblait avoir fait le ménage, laissant une horreur digne de Ch'toht. Et pourtant. C'était bien le camp adverse qui avait semé un tel désordre. Ou du moins, le camps auquel appartenait désormais Keith, maintenant que Ch'toht ne polluait plus sa psyché. Mais faisait-il vraiment parti de leur monde, à eux ? A ces sauveurs, brandissant baguettes à travers des sorts offensifs ou de soin, selon sur qui ils pointaient leurs baguettes ? Keith n'avait jamais ressenti le moindre sentiment d'appartenance avant d'être possédé par le mal noir... Ces humains. Il ne leur ressemblait pas. Il était à un monde d'eux.

Les yeux ouverts, la tête remplie d'immondices l'empêchant de fermer l'oeil, le forçant à les garder ouverts pour ne pas sombrer dans un sommeil qui lui faisait peur, perdu, il observait inconsciemment les pas passer devant lui. Les échanges se faire. Le chaos semer l'endroit avant de l'abandonner. Le mouvement s'était déporté plus loin. Et désormais, des âmes s'évertuaient à chercher les dernières survivantes dans les corps qui recouvraient le sol ci et là.

On lui parlait. Quelqu'un capta son regard à la fois actif et morne. Il était encore sauvable, à ce qu'il disait. Keith en aurait ri s'il avait eu la force pour expirer de l'air hors de lui. De l'eau coula dans sa gorge relevée, tout comme une potion. Ou un liquide ayant un gout immonde. Il ne comprenait pas. Mais comme précédemment, il était à nouveau la poupée de quelqu'un. Ca n'était plus Ch'toht. Et cette personne semblait bien plus bienveillante que le brouillard... ça dépendait, peut-être. Après tout, Ch'toht avait voulu défendre les hybrides. Qui le faisait ici ? Le Madden déglutit et fut pris d'une grande nausée quand on l'aida à se relever. Il fallut une autre personne pour cela, avant que le corps du bouclé n'ait à se tenir qu'à la première pour parvenir à avancer. On allait le soigner. Ça allait aller, qu'on lui disait, pendant que ses yeux pendouillaient vers le sol, la tête se balançant sans énergie dans cette marche vers un camps de soin. S'il comprenait bien. Peut-être rêvait-il. Peut-être était-il mort. Alors Leto aussi ?

Le pelage noir et inerte accrocha son regard. Un chat noir. Il l'aurait pourtant reconnu entre milles. Et la précision de ses formes qu'il avait emmerdé durant des semaines confirmaient l'identification de son animagus. Comme pris d'un sursaut de vie, à la vision d'une amie ou d'une âme ayant été importante pour lui, ses lèvres bougèrent, murmurant. Sa tête se releva tandis que ses pieds refusèrent de suivre la direction et le rythme imposé par son sauveur. Leto. C'était elle.

"C'est Leto..." Un murmur pour justifier son détachement de l'épaule amie et salvatrice. Il parvint à s'en extirper, tombant à moitié, vite retenu par celui qui semblait être un inconnu pour lui. Un peu de vitalité sembla habiter l'une des mains de Keith qui alla se perdre dans le pelage sombre. Il était froid. Mais pas terne. Il battait encore. "Il faut l'aider..." Son prénom fut encore murmuré. Il l'appelait. Il était perdu. Il avait besoin d'elle. Ou de quiconque tant que c'était quelqu'un de sa famille. Ça y est, son mental se rappelait d'eux. Mais surtout d'elle, se trouvant devant lui. A ses côtés. Son membre essaya d'attraper le corps évanoui mais la vision ne suivit pas. La force non plus. L'équilibre encore moins. Lentement, ses paupières l'envoyèrent dans les songes de ténèbres qu'il essayait depuis longtemps de fuir. Privé de toute force, de tout éveil, son corps glissa malgré tout du soutien physique de l'inconnu, étalant le sorcier faible aux côtés de la petite âme animale. Il ne faudra plus que quelques instants avant qu'une seconde personne ne soit demandée en renfort pour trainer les deux noirceurs à l'abri, loin de ce champs de bataille.

Codage par Libella sur Graphiorum