L'HÉRITAGE

Chapitre 1

La missive avait été envoyée dans les minutes ayant suivi la découverte du cadavre. Par les soins d'Ugo Knight, ancien camarade de dortoir de Keith. Ancien héros ayant aidé -contre son gré, carrément manipulé par le sosie du bouclé et par leur étrange soeur- son ancienne connaissance à sortir de cet enfer. Loin de sa génitrice. Loin de la mer. Loin de cette tour perdue dans laquelle seule la solitude vous accompagnait jusqu'à la fin de votre vie. Keith ne savait rien du plan foireux qu'avaient créé Lesly et Jordanaya et n'avait jamais vraiment voulu se replonger dans son étrange sortie ni tenter de comprendre cette réouverture de dossier quasiment 3ans après son enfermement. Il tenait tout ça loin de son esprit, ne voulant plus s'y attarder. Ne voulant plus y penser au risque de devenir fou. Autant que possible. Car sa vie de tous les jours ne se retenait pas de lui rappeler à quel point il méritait de retourner là-bas. A quel point il serait si facile pour la Justice de l'y renvoyer. A quel point il jouait avec le feu en ne faisant pas le tri dans ses relations.

Par la présence féline ( @Léto P. Carrow ) parfumée désormais à vie aux hormones d'un putain d'auror ( @Marcus Graystone ), déjà. La proximité étrange avec la brune trop proche de ce vendu ne l'aidait pas à être totalement en sécurité et pourtant, il la gardait sous sa protection. A sa manière. C'était ainsi, sans réellement savoir pourquoi. Malgré les différentes opinions qu'ils partageaient sur ce caillou incandescent dans la chaussure, malgré les traits de caractères qui rendaient toute cohabitation bien plus simple entre une fourrure et un maître plutôt qu'entre deux sorciers. Ouaip, malgré tout ça, Leto était et resterait ce risque pris.

Y avait aussi cet abruti de @Gaspard B. Pretovius. Pas vraiment le meilleur allié pour se tenir loin d'Azkaban, avec toutes ses conneries. Et pas besoin de baiser ou d'se faire baiser par un connard du ministère pour ça. Il faisait le grand, il faisait ses magouilles, il assumait les conséquences, il gardait tout pour lui. Jusqu'à ce qu'il y ait des ratés et que Keith s'en mêle pour lui sauver l'cul, qu'il le veuille ou non, qu'il l'ait appelé à l'aide ou pas. Leur seconde rencontre en était un bel exemple. Le premier. Pas le dernier. Mais il s'évertuait à adorer cette tête brûlée qu'il avait envie de secouer à chacun de ses sourires et non-sourires, à chacun de ses majeurs -les lui rendant sans ménagement, bref, dès qu'il voyait sa sale gueule en fait. Et pourtant. Keith savait qu’il continuerait de se mêler de son cul jusqu’à une fin. Quelle qu’elle soit.

Puis il y avait d'autres éléments qui aimaient lui coller le cul de bien trop près sans que Keith le veuille, cette fois. Que ça soit en échange d'argent ou pas. Le regard sombre plus d’une fois soutenu dans des pseudos moments intimes comme dans des moments inopportuns. Le surveillant dans tous ses faits et gestes. Ce putain d’batard de flic ( @Simeon Roy ) relié à l’auror qu’il aurait mieux fait de buter dans sa propre demeure. Trop de détails qui, s’ils avaient été sus au bon moment, auraient refermé ses longs doigts sur une gorge molestée pourtant de baisers rémunérés. S’il avait su. S’il avait seulement su ce qu’il avait dans sa maison, ce qu’il avait dans son lit, ce qu’il avait comme client. Mais il était trop tard. Une infime partie saine avait repris place dans l’esprit du bouclé, dégageant les traits menaçants de Keith, l’interdisant de faire ce qu’il aurait dû faire dans une période sombre et contrôlée de sa vie par autrui avec un grand C

Et Conrad. ( @Conrad Stump ). Sa seule existence pouvait renvoyer aussitôt Keith en prison, dès lors que la moindre menace planerait sur lui.

Désirées ou non, il y avait tant de personnes et d’éléments qui le rattachaient à Azkaban. Mais le Destin semblait vouloir alléger cette charge. En kidnappant le dernier souffle de Stella Kerr.

Enfin.

Il n’y pensait plus vraiment à cette âme rongée et pourrie. Pourtant, une prière lointaine et oubliée, désormais exaucée, lui avait fait murmurer ce mot alors que la lecture de missive se poursuivait. Ce bout de papier ayant attendu plusieurs jours avant d’être ouvert, à force que le Propriétaire découche.

C’était étrange. Cette sensation. Ni agréable ni le contraire. Mais des rouages s’étaient mis en route et parfumaient l’esprit d’une brume étrange. Etait-ce un choc ? Un déni revenant soudainement lui éclater à la gueule ? Putain. Comme s’il en avait à foutre quelque chose de savoir qu’elle était morte, cette chienne. Ils auraient dû le savoir, à Azkaban, que le prisonnier de cellule 342 en n’aurait rien à battre que la prisonnière de cellule 199 ait clamsée. La même qui s'époumonait à gueuler des saloperies à sa progéniture placée loin d’elle -mais pas assez pour ne pas l’entendre dans ses crises de haine. Le protocole certainement. Mais ils pouvaient bien s’le foutre au cul. Tout comme le parchemin qui termina en boule écrasée par une étrange amertume. A la lettre suivante.

Le visage se plissa sous l’incompréhension du nouveau cachet. Avant que les neurones ne s’activent et fassent le lien entre la lettre d’Azkaban et celle du Notaire.

La demeure Kerr. Lisant avec méfiance les nouveaux mots écrits lui confirmant l’héritage, à Lui seul, ses perles roulèrent sur la boulette de papiers jetée avec dédain. D’un coup de baguette, elle revint entre ses doigts. Les faisant se resserrer encore dessus sous les pensées qui lui traversaient l’esprit. Celles replaçant un second héritier dans le testament. Pas une 3ème non, elle pouvait bien crever, cette pseudo soeur. Mais l’Homme qui continuait à les lier contre son gré, lui, au final, n’avait que peu de rancoeur de la part de Madd’. C’était étrange. Comme si en vouloir à son propre reflet lui était impossible. Et puis, lui en vouloir de quoi ? De son existence ? De celle qu’ils avaient vécus ensemble, celle dont on les avait privé sans aucune forme de retenue ?

Le repos ne serait pas de sitôt. Voilà que Keith devait aller dans le Londres moldu pour échanger avec Lesly. Autant régler cette histoire au plus vite. Cette histoire qu’il se créait lui-même. Car après tout, rien ne l’obligeait à partager le manoir, encore moins avec un héritier déclaré mort depuis 20ans. … Fait chier.

UN ADIEU

Chapitre hors série

Des flammes toutes droit sorties des enfers. Voilà à quoi ça ressemblait.

Il était étonnant de voir que l'on n'avait pas besoin de Magie Noire pour offrir un aussi triste spectacle. Qu'il n'y avait pas besoin de Feudeymon pour voir le feu dévorer avec appétit chaque matière s'offrant à lui. C"étaut juste plus lent. Plus intense. Chaque meuble en bois noircissant avant de tomber sur lui-même. Chaque tissu, comme ce canapé qui avait connu de sombres années et des histoires toutes les plus sordides les unes que les autres, s'évaporait dans une fumée soudainement plus chimique. Que Merlin accepte l'âme de cette pauvre ordure qui emportait avec elle de nombreux souvenirs, desquels Keith souhaitait se séparer. Pas tous. Juste... Certains. Ceux qui étaient les plus nombreux. Ceux qui accueillaient une double miriade de boucles de jais sur son tissu. Ceux qui accueillaient le plus d'innocences en leur sein, d'amour et de fausse paix chez le plus jeune. Les premiers souvenirs, surtout. Car après, le temps avait fait que d'autres personnes avaient emmerdé ce pauvre canapé, y laissant des marques; des griffures, surtout. Avec ça, le temps avait fait également réduire les visites de Celui à oublier. Pas assez, visiblement pour en arriver à Tout ça. Il voulait un nouveau départ le Keith. Y mêler une symbolique. C'était stupide. Surtout de mettre de telles formes destructrices alors qu'il aurait pu simplement abandonner l'endroit. Mais il voulait aller jusqu'au bout. Supprimer ce lieu pitoyable qui avait été pourtant un nid, ne l'offrir à personne. Mettre fin à son existence était le meilleur moyen de pousser le bouclé à faire une croix définitive sur la plus belle et la plus claire des histoires de son passé.

Il était drôle comme quelque chose d'aussi destructeur que l'élément broyant petit à petit l'appartement d'un des quartiers des embrumes pouvait être bénéfique. Quelque part, ça l'apaisait. Ça tirait un trait sur le passé. Pendant que les derniers mots, volant vers désormais l'un des fantômes de son passé, lui avait procuré tant de maux, lui avaient volé tant de temps. Juste pour les graver sur un parchemin d'adieu. Même pas capable de le faire en face. Lâche jusqu'au bout. Pour quoi faire, sinon ? A quoi bon ? Çaurait été donner une occasion de reculer, de se laisser avoir par ce regard trop clair pour lui dont il voulait se séparer. Trop clair, tout comme Lui. L'ainé était trop clair pour Keith, pauvre camé des embrumes qui voulait tirer un trait sur son passé et aligner les éléments allant bien avec ce qu'il était. Il n'était plus un mage noir certes. Mais il n'était pas pour autant reloger chez les anges. Ni les gens biens. Keith Madden le savait : il n'aurait jamais sa place dans l'une des deux extremités, du moins certainement pas vers la plus lumineuse. Alors il était hors de question d'avoir à ces côtés quelque chose ou quelqu'un en faisant parti.

Drôle de tri que de virer les, ou plutôt la personne la plus lumineuse de sa vie. Mais c'était quelque part, pousser l'Autre à se détacher de ce qu'il représentait. De manière brute, certes. Mais il ne voulait plus le tirer vers le bas. Le journaliste méritait bien mieux que ça. Une telle personne ne pouvait se tirer vers le haut en trainant avec un vaurien comme Keith. Il ne le voyait pas. Il ne voulait pas le voir. L'amour rendait bien aveugle et il se pouvait que ça soit le Madden qui s'en soit aperçu le premier, déclenchant la fin de toute chose entre eux pour le bien de l'autre. C'était mieux ainsi. C'était bien comme ça. Et le doux crépitement auquel s'adonna un journal à double sens lancé dans les flammes, dans les dernières minutes de contemplation, ne fut qu'un énième élément semblant aprouver le choix définitif de Keith. Plus de contact. Plus de canapé. Plus de nid. Plus rien à partager. Un trait tiré ad vitam aeternam. C'était étrange, de se sentir autant vide. Déni ou acceptation totale de la situation car au fond, c'était la meilleure ? Le regard de Keith, presque trop sage, presque trop résilié, attendit encore quelques temps, emprisonné dans les flammes, protégé seulement par les briques de sa cheminée pour l'instant éteinte. Sentant la chaleur se rapprocher de l'une de ses jambes étendue, il la plia, contre lui, l'entourant, posant son menton mal rasé sur ce genou. Il faisait chaud. Mais ça ne faisait rien, c'était agréable. Réchauffant, en cet affreux hiver qui allait se montrer encore plus froid désormais. Autant profiter. Il n'allait pas retrouver cette sensation d'étouffement presque bienfaiteur avant un long moment au manoir Madden. Il y avait tant de choses à réparer là-bas. De murs à rebatir. D'endroits à isoler. Pour l'instant, seule une pièce était viable et comportait un gigantesque canapé si on oubliait deux ou trois cartons soigneusement fermés. Perséphone (@Léto P. Carrow) avait eu du nez en envoyant un bon d'achat. Sans savoir que celui qu'elle avait tant squatté disparaitrait à néant sous le besoin stupide de son propriétaire. Peut-être ne lui en voudra-t-elle pas, face au confort qu'offrait l'unique meuble de leur nouvelle chambre ? Comment réagirait l'affreuse belette (@"Gaspard B. Pretrovius") par contre ? Ne loupant pas une occasion pour faire palpiter le coeur ainé et fraternel dès qu'il le pouvait avec de nombreuses bêtises ? Sale gosse. Heureusement que ces deux-là ne trainaient pas trop dans la lumière. Il aurait été difficile pour Keith de se séparer de trois êtres chers en une seule fois.

La seconde jambe de Keith se replia contre lui. Beaucoup trop de sueur coulait de son front, faisant suinter le bout de ses boucles sombres. La chaleur se faisait étouffante. Mais elle était toujours loin d'être angoissante. Son élément de prédilection. Il était presque tenté de voir si, comme une sirène dans de l'eau, il aurait sa place dans les flammes. Hm. Peut-être que, même assis pitoyablement dans sa cheminée, l'oxygène n'était pas des plus sains, à cette hauteur. Faudrait pas qu'y ait autre chose que du poulet carbonisé comme barbaque dans cette baraque. Pas sûr que les deux morpions n'apprécient la disparition. Déjà qu'il allait devoir leur rendre des comptes quant à leur lieu de squatte disparu dans les flammes, lorsqu'ils transplaneraient ou arriveraient depuis le réseau de cheminée... Alors il était certainement temps ? La main restée immobile depuis le départ de feu se releva enfin. Restée fermée jusque-là. Il en ressentait les chatouillis de milliards de fourmis. Il était temps de rendre la liberté à ses pauvres doigts blanchis par l'absence quasi de sang, à trop serrer la dose de poudre de cheminette entre.

Manoir Kerr.

La poignée de sable lâchée, de grandes flammes vertes prirent le dessus sur le corps de Keith, le dévorant avant que ça ne soient celles plus orangées qui ne s'en occupent.

Un dernier regard, puis s'en va. Quiconque demandera l'endroit se retrouvera dans un tas de cendre voltigeant en pleine allée des embrumes.