• ◊ Mensurations : Jordan est assez grande et avoisine le mètre 80. Ses épaules étant larges, elle avait une carrure assez épaisse pour une fille malgré sa taille qui est fine. Trop fine. Suite à son burn-out, elle reprends petit à petit du poil de la bête, ainsi que du poids et des muscles!
• ◊ Morphologie : Naya est une femme très nerveuse, courant partout, aimant le combat, elle est donc assez musclée et tonique! Elle a un torse en forme de V quand elle est au meilleur de sa forme.
• ◊ Démarche et attitude : Sa démarche change selon son état émotionnel. Réveillée et active, elle va être droite comme un i, alors que, sous la déception, la fatigue, ou autre, elle va être du genre à laisser se balancer ses bras en avant.
• ◊ Droitier ou gaucher : Droitière !
• ◊ Manie : Lorsque Jordanaya a ses dreads ou ses tresses, elle aime bien en porter une entre ses lèvres ou entre sa lèvre supérieure et son nez, comme une moustache. Lorsqu'elle réfléchit, ou qu'elle s'ennuie. Elle joue beaucoup avec, aimant en faire tournoyer une entre ses doigts. Cependant lorsqu'elle les porte courts et laisse ses bouclettes en toute liberté, elle aime prendre l'une de celles qui tombe sur son visage et la tirer, jouant au ressort avec. Sous la colère, elle peut être du genre à se tirer les dreads en grognant.
◊ Couleur des cheveux : Ses cheveux sont noirs !
• ◊ Longueur et type des cheveux : Naya aime se faire différentes coiffures, c'est si rapide avec la magique en plus! Elle peut donc se les raidir comme les laisser boucler, les coiffer en dreads ou les coiffer plaquées sur son crane. Vraiment, elle part dans tous les sens avec sa tignasse et tire une grande fierté de ses cheveux.
• ◊ Couleur des yeux : Naya se démarque par ses yeux étonnamment verts. Ca vient du côté Kerr (paternel) et ses frères ont les mêmes yeux qu'elle.
• ◊ Forme du nez : Un peu aquilin (à la kerr) mais possède le bout du nez arrondi par rapport à ses bros.
• ◊ Voix : Plutôt grave et vive! On peut presque la qualifié de bourdonnante.
• ◊ Particularité : Elle aime bien les bijoux de cheveux et change assez souvent de style. Quand elle n'a pas la flemme, elle aime s'habiller d'une certaine manière gothique. Sinon ça peut être du tee-shirt-shorts (piqués à son frère).

Un 26 Septembre, un géniteur naquit. Cette naissance se réitéra le lendemain, à quelques heures près. Mais ce ne fut que ce 27 Septembre qu'un autre statut naquit en Bryan Kerr : celui de père. Pas seulement de géniteur cette fois. Pendant que Kelly Kerr (si elle pouvait crever dans l'accouchement, cette tordue) passa plusieurs heures à évacuer ce que la société de sang purs attendait d'elle -des héritiers purs- dans les cris et la douleur en Irlande sans son mari, à des milliers de kilomètres, à New-York, Panya Hicks mettait au monde leur petite fille sans grande contrainte : Jordanaya. En quelques heures, Bryan Kerr, sang pur irlandais, venait de devenir géniteur de deux garçons et père d'une fille, par deux mères différentes. S'il se fichait de la première, la seconde, elle, il la chérissait. Tout comme le petit être qui était sorti de son ventre. Venue avec quelques jours d'avance, mais qu'importait. Elle était belle, elle était merveilleuse, elle était la progéniture d'un homme amoureux -mais pas moins sombre de par ses activités. L'amour pouvait faire changer un Homme disait-on. Ca n'était pas le cas de Bryan qui n'avait qu'à mettre seulement de côté ses affaires en Irlande en venant aux Etats-Unis. Là-bas, pas de pierres précieuses -si ça n'était le rubis qu'il y avait rencontré-, pas de contrats -si ça n'était le tacite qu'il entretenait avec passion avec Panya. Elle n'était pas brute comme Kelly, et c'était étrange pour un personnage comme Bryan que de briser la pureté de son sang avec elle mais il en était accroc. Et tant qu'elle restait cachée, tout irait bien. Il avait fait sa part en enfantant avec l'autre connasse en Irlande, pourquoi irait-on l'emmerder ?

Pendant que Kelly gérait donc ses jumeaux alias Keith et Lesly, seule, dans le manoir Kerr, offrant bien plus souvent les taches maternelles à la plus vieille des elfes, à New-York, c'était un couple complet qui s'occupait de la petite Jordanaya. Point de manoir mais le quartier n'était pas malfamé. La modestie était de mise chez Panya même si Bryan avait tenté plus d'une fois de la faire grimper dans les échelons sociaux de la ville. Mais non. La descendante d'Eulalie Hicks était une femme fière et têtue, qui n'avait besoin que de l'amour de l'Homme qu'elle aimait. Continuant son travail au Ministère des Etats-Unis, elle mit du temps à faire comprendre à son amant ce qu'elle ne désirait pas de lui. Mais il finit par comprendre. Après de nombreuses reventes Panya, de ses cadeaux honéreux , offrant en don l'argent tiré à des associations moldus. C'avait le don de mettre l'homme dans des colères noires mais Panya, elle, s'en amusait terriblement.

Durant 8 années, la petite Jordanaya grandissait donc bien, très bien. Si elle avait pris les yeux de son père, elle semblait prendre toute la droiture, la frivolité et la générosité de sa mère, adorant trainer dans les diverses associations de cette dernière. De la plus sorcière à la plus non-maj. Elle prenait à coeur tout ce que sa mère lui enseignait. De mère en filles, depuis toujours, les années d'apprentissages avant Ilvermorny ou Uagadou se passaient ainsi. Un héritage s'offrait dans la descendance, entre douceur et sévérité. Bryan essayait bien d'offrir de son savoir mais comme si son radar à elle fonctionnait (contrairement à sa mère), Naya semblait éviter ce qu'il avait à transmettre. Bien sûr, elle n'y coupait pas, apprenant des choses de La Hôte comme elle aimait dire à sa mère quand elle lui demandait ce qu'elle avait appris aujourd'hui, mais son cerveau semblait faire la part des choses entre les acquis intéressants de sa mère et... Ceux de son père. Non mais franchement, c'était d'un ennuyeux! Surtout la danse ! Naya était née dans une génération ou le rap et le rock battait son plein dans les rues de New-York, elle, elle préférait se déhancher sur ça, à en faire palir son père et rire sa mère! Heureusement pour elle, il n'était là qu'un jour ou deux par semaine, occupé par les affaires en Irlande le reste du temps. Mais voilà, le seul truc qui avait l'air ultra cool, son père ne lui en parlait pas! De son pays! De sa culture! Il ne voulait jamais l'emmener avec elle alors qu'il répondait souvent au moindre de ses caprices -avant d'être repris par Panya.

Puis tout cela diminua. Lorsqu'une affaire en Irlande atterrit en prison. Naya ne comprenait pas. Comment "une affaire" pouvait être en prison ? C'est dans cette interrogation grandissante que la petite Jordan dût s'épanouir, avec un père bien plus absent qu'avant. Qui revenait bien plus sombre chez eux, bien plus fatigué, bien plus différent chaque fois. La différence semblait prendre un nouveau pallier d'années en années. Naya semblait voir son père s'éteindre. Trop fatigué pour offrir de l'amour à sa petite fille, ou de l'attention. Dans son début d'adolescence, Naya en sentit même l'envie de lui demander des choses sur la société de sang-pur. Mais il n'y avait plus le temps, plus l'attention. Ce fut compliqué pour la petite fille qui n'avait rien demandé et qui soudainement, se faisait absorber son père, sans le savoir, par deux frères sur un autre continent et par l'absence de leur pourriture de génitrice, mangemort ayant été attrapée.

Panya n'osait en parler à sa chère enfant, de ses deux frères. Pourtant, le coeur sur la main, elle aurait voulu en récupérer la charge. Ils étaient les fils de l'homme qu'elle aimait après tout. Ils n'avaient plus de mère -si une mère ils avaient connus. Mais Bryan Kerr semblait dans un déni qui lui interdisait de mélanger ses deux vies, celle ou la pureté primait et celle ou l'amour avait empoisonné un sang brute. Ne connaissant rien des enfants légitimes de Bryan, Panya n'eut d'autre choix que de poursuivre ses demandes mais sans retour. Un jour, peut-être.

"Papa n'est pas là cette semaine ?" demanda une petite fille avec sa tenue d'Ilvermorny sur ses épaules déjà larges par ses activités sportives. Elle en était si fière de la tenue de sa mère que cette dernière avait retrouvé dans le grenier. Certes, Jordanaya n'avait encore que 9ans et devait attendre encore 2ans avant d'entrer dans sa sacolarité magique, mais elle s'en fichait! Elle adorait cette tenue sur elle -encore plus rajustée magiquement-, elle voulait la montrer à son père!

"Non ma puce.

- Mais... ça fait déjà un mois qu'il n'est pas venu...

- Je sais Naya. J'en suis navrée. Et lui aussi.

- C'est faux. Il préfère l'Irlande!"

L'Irlande, c'était plus que le nom du pays de son père. C'était le nom qu'elle offrait à toute son autre vie, celle qui ne la concernait ni elle, ni sa mère.

"Ne dis pas ça, il aurait aimé être là, je te le promet." Torturée par l'image de sa fille et ses yeux embués, elle rejoignit sa fille et se mit à arranger son col pendant que Naya croisait ses bras, visage baissé.

"Il n'a qu'à venir alors si il le veut! Et si c'est comme ça, je suis sûre que dans 2ans, si ça continue, il ne sera même pas là pour ma rentrée! Et il loupera quand toutes les statues vont bouger... En plus il ne veut pas me croire quand je dis qu'elles vont toutes bouger..."

"Papa est bête des fois. Mais moi, je sais tout comme toi ce qu'il va se passer! Comme le fait que le Serpent va faire...? Aller Jordy, il va faire quoi le Serpent devant toi ?

- ... Fschiiiouh avec sa lumière...

- Que l'Oiseau-Tonnerre...?

- ... Il va faire flap-flap avec ses ailes...

- Et le Puckwoodgenie ?

- Qu'il va faire fiiiiiiiiiih avec sa flèche..

- Et que le Womatou, la maison ou tu vas aller, parce que tu es une petite guerrière, comme tu ne cesses de me le radoter..? Il va faire quoi le WOMATOU ? Iiiiiiil...?

- Va faire rrrrrrrrrr!!!"

D'une même voix, la mère et sa fille terminèrent leur vision de la rentrée de Naya dans un rire puis dans une étreinte dans laquelle aucun pleurs ne s'échappa. Embrassant sa progéniture avec tout l'amour qu'elle lui portait, Panya donna les dernières instructions à sa fille pour aller se coucher et la laissa, à quelques jours de la rentrée, s'endormir, elle l'espérait, avec l'esprit un peu plus léger.

"Maman, la petite souris est passée!"

- Hein ?"

- Mais elle est bizarre la petite souris... Je crois qu'elle a pris de l'alcool de papa! J'ai eu une pierre!"

- De quoi tu parles Naya ?"

D'une pièce à l'autre, les deux voix échangèrent quelques instants avant que Jordanaya ne décide de rejoindre sa mère, encore toute ensommeillée mais présentant l'étrange pierre trouvée dans sa main au réveil. D'une main, elle la présentait. De l'autre, elle passait son index sur ses dents pour trouver celle qui avait disparu... Mais sans succès. Elle était bizarre la petite souris quand même! (Concept moldu auquel Bryan n'adhérait pas du tout, mais ça, Panya s'en fichait bien.)

"Ou tu as trouvé ça ma chérie ?" demanda une mère avec des yeux ronds alors qu'elle récupérait la pierre gravée dans sa main pour mieux l'observer. Serait-ce...?

"Dans ma main! En plus j'ai fait un rêve bizarre, ou un monsieur me la donnait en me disant que j'étais la bienvenue à ...

- OUAGADOU ?!"

Dans un cri de joie, Panya s'empara de sa petite fille et sauta avec elle, la serrant dans une étreinte folle. Si Naya ne comprit pas, elle prenait tout de même part à l'énergie de sa mère. Elles avaient la même. Quelques minutes plus tard, la sorcière finit par se calmer et expliquer Tout à sa fille. Leurs origines (bon, elle n'avait PAS attendu l'appel de Ouagadou pour ça! Panya était fière de ses origines, de l'histoire de sa famille sur le continent Africain, transmis et retransmis par ses ancêtres entre eux), la dernière sorciere de la famille à être allée à Ouagadou, venant de plusieurs générations en arrière!

"Tu as été choisie ma puce!"

Jordanaya ne sut -au début- si elle était fière d'avoir été choisie par une école inconnue -mais qui semblait rendre folle de joie sa mère- ou si elle était déçue de ne pas voir les 4 statues réagir face à son arrivée. Même si.. Quelque part... La fierté de ses ancêtes coulait entre ses veines et elle le ressentait. Est-ce que le Directeur de l'époque avait vu la fougue et l'envie d'une enfant de tout juste 9ans, n'attendant qu'une chose, commencer sa scolarité, pour venir la pêcher ainsi le lendemain d'une quasi crise de larmes ? C'était ce que pensa sa mère. Ou peut-être était-ce le hasard, peut-être.

Finalement, Jordanaya abandonna le costume d'Ilvermorny et commença sa scolarité à Ouagadou avec 2 ans d'avance par rapport à l'âge d'entrée dans l'école Américaine. Et si elle ne sût jamais ce qui aurait été le mieux comme scolarité... Dès les premiers jours à cette école inédite, Naya se sentit comme chez elle et sa tristesse pour Ilvermorny (et sa maison qui aurait été celle du Womatou, pour sûr!) ne put l'empêcher de s'épanouir là-bas! Tout était si fou ! Déjà, Panya avait conté monts et merveilles dans les dernières soirées avant la rentrée de sa fille -le rêve étant arrivé une semaine avant-, sur cette fameuse école! Sur la magie des animagus, sur l'alchimie, sur les sorciers et sorcières de sa famille qui avaient été là-bas, avant que l'un de leurs descendants ne quittent l'Afrique pour l'Amérique et que peu à peu, l'école lointaine désormais ne les laisse à Ilvermorny... Jusqu'à la rappeler, elle, Jordanaya Crystal Hicks! (Et Kerr éventuellement, mais bon!) Tu es si spéciale radotait Panya, une mère comme les autres, qui croyait dur comme fer en la grandeur du Destin de sa fille. C'était avec ce genre de phrases emplies d'amour que Jordanaya s'était toujours épanouie. Mais plus que la sensation d'une mère, là, c'était une école si spéciale en son coeur (oui oui, même si elle l'avait découverte à peine quelques jours avant la rentrée) qui le disait, qu'elle était Spéciale! Mais tout ça, tout ce que la petite fille avait bu des paroles de sa mère, ça n'avait rien été comparé à la découverte des lieux qui accueillit toute son adolescence et bien plus encore.

Fière chauve-souris (Mais non, puisque je te dis que les chauves-souris VOIENT ! Faut arrêter avec ces légendes débiles! J'en suis la preuve vivante bro!) même avec un peu de retard sur ses camarades (pfeuh, 14ans ta première réussite ? Ca va, j'ai juste mis 2ans de plus que toi, y a pas d'quoi en chier un drap! C'toujours mieux que les sorciers des autres écoles, héhé!), la petite Jordanaya devint une splendide sorcière avec un coeur et une énergie encore plus débordantes encore! Et ça, personne ne le pensait possible (ou personne ne l'espérait, au grand damn de ses professeurs qui l'appréciaient malgré toute cette folie). Pire encore, personne ne voyait la folle furieuse Jordanaya comme un futur medecin! Pourtant, c'était vers cette voie que ses résultats scolaires et que ses paroles la dirigeaient. Elle voulait aider. Soigner. Rendre l'espoir au Monde Entier! Être médicomage était devenu son rêve, son but, alors elle redoublait d'efforts pour ça, même si la discipline, c'était pas vraiment son fort. Le nombre d'heures de retenues dans son dossier scolaire en était la preuve. Ainsi que les motifs.S'est taillé les canines pour les rendre plus pointues. Montre ses crocs à ses camarades pour lui faire peur. Se fait passer pour une vampire. Menace de sucer le sang de son camarade. A mordu son camarade au cou sous sa forme animagus pour, je cite "lui faire peur"!?!. On la cherchait, en même temps, hey! ... Et vous savez quoi ? Mordre son crétin de camarade au cou, ça l'a calmé! Dommage que Naya n'en soit venu à ça que lors de sa dernière année, lui faisant frôler le renvoi car "ça n'est pas drôle Mlle Hicks!" ... Si, franchement. Surtout quand ce crétin d'Adnane était blanc comme un linge sur de longs jours, avait deux traces de crocs dans le cou et était pointé du doigt (et fui) comme un Vampire par les plus jeunes années. Mais bon, c'était drôle mais peut-être pas au point de manquer ses derniers examens. Heureusement, l'école fut clémente et Naya passa son diplome lors de ses 16ans! Pas vraiment haut la main, mais tout de même! Et ce fut une belle victoire!

A la remise de son diplome, Naya retrouva sa mère mais... Pas son père. Évidemment. Elle s'y était attendu. Mais pas assez visiblement pour ne pas sentir une pointe de colère et de déception en elle. C'était toujours la même chose. Entre l'absence de ce dernier de leur domicile new-yorkais et la vie en internat de Jordan, si elle le voyait une fois par an, c'était un monde sur ses 3 dernières années à Ouagadou. Panya, elle, semblait s'être faite à ça, bien qu'elle voyait toujours plus son amant que sa fille. Elle ne les avait jamais en même temps, mais c'était là la vie que chacun avait choisi. Tout aurait été plus simple si leur fille avait été à Ilvermorny. Tout aurait été plus simple si Bryan acceptait de mélanger ses deux vies. Mais non. Rien de tout ça.

Pourtant, Bryan Kerr avait essayé de jouer un parallèle entre ses deux vies. Il offrait la même éducation de Légilimencien à son descendant Keith Madden qu'à sa fille chérie, Jordanaya Hicks- quand il la voyait. Pendant leurs vacances, le géniteur et père -qui s'était alors débarrassé du jumeau cracmol engendré- avait tenté d'apprendre la Legilimencie à sa fille. Mais les vacances et les années passaient et ç'eut été un échec chez Naya- visiblement-, contrairement à Keith. Et toujours contrairement à lui, Naya pouvait compter sur sa mère pour la défendre si elle n'arrivait pas au but souhaité de la leçon et qu'elle souhaitait arrêter pour l'heure. Si elle parvenait à développer un début de légilimencie de ce que voyait Bryan, ce fut au final vers l'occlumancie qu'elle se retrouvait mieux, du moins autant qu'on pouvait à son âge. Mais son tempérament faisait que, c'était ainsi qu'elle n'écoutait pas totalement son père. En le repoussant. En se fermant. Et pourtant, la petite graine de legilimancie poussait bien, cachée.  Mais Bryan avait toujours été persuadé que sa fille en était incapable, tout comme elle était incapable de rien. Il avait beau aimer cet enfant, il en avait après tout un autre qui montrait clairement de réels résultats, là, de l'autre côté de la mère. Mais ça ne lui suffisait pas! Si bien qu'il retenta de pousser sa fille dans ce lourd apprentissage, à peine la retrouva-t-il après la fin de sa scolarité. Mais cette fois, elle tenta le refus.

"C'est un art qui te servirait, Jordanaya.

-Ah bon ? J'aurai plutôt penser que l'art qui m'aurait servi dans ma vie, ç'aurait été un père. De l'amour de sa part. En voilà, de l'art. Quoi que, ton art, c'est peut-être de l'art abstrait. Ca expliquerait bien des choses...

- Jordanaya, tu ne comprends pas! La légilimencie, pour un médicomage, pour quelqu'un qui cherche à trouver ce qui ne va pas, c'est du pain béni! Tu ne peux PAS passer à côté de ça  pour ta carrière!

-Je ferais confiance en mes patients, voilà tout! 99% des médicomages s'en sortent très bien sans légilimencie!

- Et tu seras donc ce 1% qui n'aura pas réussi sans légilimencie."

Touchée en plein coeur. Naya se figea face à l'attaque de son père. Qui n'avait jamais cru en elle. Elle l'avait déjà vu, la déception dans son regard, plus d'une fois. Mais ça faisait encore mouche. Et bien pire qu'avant. Et ça, quelques jours après l'obtention de son diplome. C'était si injuste! Si la tristesse avait déjà amoché la jeune fille depuis bien longtemps, ce fut une once de colère qui l'habitait et qui finit par sortir, la faisant s'époumoner à cet instant, la rendant folle de rage après ces quelques secondes ou son cerveau se mit en stand-by.

"Je n'ai que faire des croyances d'un vieux con qui n'a jamais été présent dans ma vie! Tu connais quoi de moi ? Rien! Tu n'as jamais été là! Et pourquoi ? J'ai jamais sû pourquoi! Tu me l'as toujours caché! Tu m'as toujours tenu éloigné de toi alors que moi, tout ce que je voulais, c'était un putain de père!"

"Jordanaya! Comm-..."

"REPONDS! TU FAISAIS QUOI PENDANT QUE J'AVAIS BESOIN D'UN PERE ?!"

Et c'est dans une rancoeur gardée depuis bien des années et débordant soudainement que la fierté de Jordanaya prit le dessus, lançant une fouille mentale sur son père. C'était sorti de ses entrailles. De son passé. Elle avait toujours su comment faire et la faiblesse d'esprit dont fit preuve Bryan lui servi. Sans compter qu'elle n'avait jamais réussi à avoir cette gnac, ses émotions pour répondre aux entrainements, pour rentrer dans la tête de son géniteur. Contrairement à cet instant ou elle voulait savoir. Qu'est-ce qui avait éloigné son père de sa vie ? De sa mère ? De sa famille ? De son nid à New-York ?! Les cachoteries n'étaient plus de mises. Elle voulait découvrir ce pourquoi elle en arrivait à le détester. Mais peut-être le regretta-t-elle lorsqu'elle vit, entre autre, la main de son père lancer un oubliette sur deux garçonnets identiques.

Face aux souvenirs fouillés avec haine, face à ce qu'elle avait vu, au travers des yeux de son géniteur, Naya dût prendre la fuite. Pour ne pas devenir folle à lier. Pour ne pas lui poser de questions. Pour...

Elle était perdue.

Les visions qu'elle avait vu. Ces deux gamins oubliettés, qui semblaient être le portrait craché de leurs pères, jusqu'à leurs regards. Celui qu'elle partageait avec eux. Et dont elle avait été tellement fière, l'usant maintes et maintes fois pour séduire ou pour faire peur. Elle savait ce regard puissant, mais la manière qu'avaient eu ces deux garçons de l'utiliser, ça lui avait brisé le coeur. Eux aussi, savaient en manier toute la puissance. Ils avaient réussi à détruire leur soeur. Mais visiblement par leur père.

En quelques secondes dans sa tête, Naya avait emmagasiné tant de scènes de la vie de Bryan et de celles qu'il faisait vivre à ses pauvres enfants. Cachée dans un refuge pour jeunes sorciers, la sorcière s'y perdit mentalement sur plusieurs jours. Elle ne voulait pas en parler à sa mère... Et si elle était au courant ? Non, Panya Hicks était une femme droite, jamais elle n'aurait laissé faire tout ça. Alors elle ne voulait pas briser ce bout de femme qu'elle aimait tant. Que pouvait-elle faire maintenant ? Elle ne pouvait pas rentrer chez elle. Pas tant qu'elle n'avait pas digéré tout ça. Ou découvert toute la vérité.

Disparaissant une poignée de semaines, Naya revint chez elle -après avoir vérifié qu'elle n'y croiserait pas son géniteur. Si elle pouvait gérer ses émotions devant sa mère, elle se savait incapable de se contenir devant Lui. Elle le détestait. Elle le haïssait. Elle... Elle ne savait pas ce qu'elle pouvait faire s'il se trouvait face à elle. Après tout, elle était sa fille. Et si la colère était une émotion normale et humaine... Avec les gênes d'un monstre en elle, Jordanaya avait peur d'exploser bien plus qu'humainement.

Jordanaya garderait ça pour elle. Si elle parla d'une crise d'adolescence tardive à sa mère pour la rassurer quant à sa fugue (bien sûr, Bryan ne semblait avoir rien dit), la jeune Naya décida de poursuivre ses études loin du continent américain. Avec l'argent de ses parents, elle s'installa en Irlande (leur faisant croire qu'elle était à Londres) et s'offrit quelques mois pour digérer tout ça... Et enquêter. Toujours avec l'argent Kerr (ça la faisait rire jaune que de l'utiliser contre lui), elle lança un détective sur les traces de son père. Si les trouvailles sur lui étaient peu nombreuses, celles sur ses frères par contre, furent présentes. Et bien plus importantes à ses yeux au final, une fois la colère ravalée.

Keith O'Madden. Madison XXX. Deux frères. Des jumeaux. Mais séparés. Un sorcier et un cracmol. Un vivant à Poudlard -semblant perturbé-, l'autre vivant dans un orphelinat en Irlande, lui aussi. Devait-elle approcher les deux en même temps ? Ou débuter avec l'un, puis, une fois tout ceci stable, aller chercher l'autre ? Jordan opta pour la 2ème stratégie, et se focalisa d'abord sur Madison, le cracmol oublieté.

De la douceur sans égale. Voilà ce que Naya trouva chez ce premier frère qu'elle aborda... maladroitement. Mais comment pouvait-on expliquer ... tout ça !? Cette première rencontre se passa bien. Très bien. Les atomes crochus étaient là. Des sourires et des rires timides au début, mais vite reliés par une affection qui ne tarda pas à naitre. Au point que, lorsque l’un présenta sa main comme au revoir après cette première rencontre, l’autre fondit dans ses bras et reçut un retour d’accolade.

Naya avait toujours rêvé d'avoir des frères et soeurs. Et voilà. Elle en avait un. Terriblement craquant, adorable, avec cette lueur folle dans son regard quand des envies étranges le prenaient. Et tout était simple avec lui. Il ne fallut pas longtemps à Naya pour l'adorer et la réciprocité était vraie. Comme si Madison n'avait attendu que ça, une famille, ou un être de sa famille, pour offrir une avalanche de calins et de tendresses. Mais ça n'avait été que la première étape. Le secret de la magie était d'une grande fragilité, elle le savait. Aussi, la petite soeur (ils étaient nés à quelques heures près l'un de l'autre! Ce détail était extraordinairement drôle!) attendit plusieurs mois avant de lui raconter tout ce qu'elle savait. Sur le monde magique. Et sur sa magie à elle. Puis sa non-magie à lui. C'était triste, d'un côté, mais de l'autre, c'était peut-être cette absence de magie qui l'avait sauvé, lui, comparé au jumeau qui attendait, encore seul dans sa vie, à Poudlard.

Pendant que les deux frères et soeurs poursuivaient leurs retrouvailles, l'enquête sur Keith continuait. De loin, le nouveau duo en apprenait plus sur lui. Beaucoup plus. Sur sa vie avec Bryan, notamment. Comme bloqués par un mur invisible, comme s'ils savaient d'avance qu'il ne serait pas facile de récupérer ce frère là, Naya et Lesly (Madison avait récupéré son véritable prénom d'origine) stagnaient. Les horreurs qu'ils découvraient -le peu- semblaient les coupaient dans leur élan. Comment ne pas l'être, quand récupérer ce dernier chainon manquant allait obligatoirement les mettre, elle et Lesly, sur le chemin de leur père ? Naya avait peur. Pour son cracmol de frère. Que ferait Bryan Kerr en apprenait tout ce que sa fille avait fait, en retrouvant les traces de son impur de frère ? Allait-il s'en prendre à lui ? Les oublieter à nouveau ? Et si Keith ne voulait pas d'eux ? Survivrait-il avec la fureur d'un géniteur se sentant trahi et pris au piège par la seule enfant qu'il avait aimé ?

Tout un plan commença à se ficeler. Aussi précis que possible. Aussi pointu qu'il pouvait l'être. Ils n'avaient pas le droit à l'erreur s'ils voulaient récupérer ce dernier frère. Et le plan était simple. Les vacances de noël approchaient. Si Keith était inapprochable hors de Poudlard, alors Naya devrait tomber sur lui lors d'une sortie à Pré-au-lard. Et s'en rapprocher. Devenir ami avec lui, à chacune de ses sorties et gagner sa confiance. Et dès lors que sa 7ème année à Poudlard serait terminée, alors, après s'être suffisamment rapproché du petit frère manquant, Naya et Lesly le récupéreraient et l'éloigneraient loin de Bryan et de la vie de merde qui l'attendrait au manoir. C'était parfait! D'accord, Keith semblait avoir un caractère de merde (pouvaient-ils vraiment lui en vouloir ?) mais il souffrait de la vie que lui faisait mener son géniteur. Naya le savait et elle pouvait mettre sa main à couper que le petit dernier déciderait au moins, de ne plus retourner "chez lui".

Les deux compères étaient fiers de leur plan. Et ils ne cessaient de parler de leur vie future à 3 dès lors que Naya allait voir son frère. (Vive la majorité sorcière! Les était encore bloqué pour quelques mois, héhé) Ils n'avaient qu'à attendre quelques mois et tout ça serait bientôt derrière eux. Si seulement...

Le téléphone portable de Jordan sonna. Elle adorait la technologie moldue qu'elle découvrait avec son grand frère et ne pouvait s'empêcher de faire quelques pas de danse sur la sonnerie mouvementée de son téléphone. Après quoi, elle décrochait enfin.

"Vouiiiii frérot adoré préf...-
- Keith est là!
- Hein ?
- Keith est venu à l'orphelinat! Enfin, il est parti, je sais pas où, il a transpaletté!
- Quoi quoi quoi ?
- Transpale!”

Crac

" On dit transplaner Les!..."

Sa jeune soeur venait de transplaner devant lui, paniquée. Heureusement la pièce où se trouvait Les était vide.

"Il est parti!
- Attends-ttends-ttends! Parti où ? Comment il a su pour toi ?!
- Je sais pas Naya! Et je sais pas! On est en vacances, il doit être au manoir!
- Quoi ? Mais... On fait quoi ?!
- On transplane là-bas!
- Quoi ? Mais non! Notre plan! On ne peut pas débarquer devant l'autre connard et..!
- Naya il était fou de rage!"

La rage. Chez un Kerr. Il n'en fallut pas plus pour que Naya attrape la main de son frère et transplane chez leur géniteur. Ou plutôt, dans ce placard à balai ou elle était restée enfermée durant 3 heures lorsqu'elle avait tenté seule et une fois de visiter le logementde son paternel, trouvé par son enquêteur. (Elle n'avait plus recommencé, ayant eu la peur de sa vie face au Majordome et sa tête flippante.)

La scène était d'une violence inouïe. Le corps de Keith volait dans les airs, propulsé, insulté, tabassé magiquement par un sorcier aussi noir que sa magie. Mais il restait quasiment silencieux, si ça n'était pour l'insulter. Pour la première fois de sa vie, Jordanaya voyait son deuxième frère. Les cheveux plus longs que Lesly, le teint plus pâle... Keith et Lesly avaient beau être jumeaux, leur soeur aurait pu faire le jeu des 100 différences entre eux dès cet instant, en quelques secondes si la situation n'était pas critique. La vie différente qu'ils avaient mené, avaient créé deux jumeaux bien différents. Cachée dans un coin avec Lesly, Naya observait l'horreur de l'instant, ne sachant que faire. La présence de son père la paralysait. Et elle revoyait ce qu'il avait fait subir à ses frères. Pendant que Keith continuait à se battre, à tenter de se relever, à lutter contre les Endoloris qui ne lui tiraient pourtant aucun cri.

Un Monstre. Voilà ce que lui criait leur géniteur. Entre autres insultes. Mais pourquoi Bryan traitait-il Keith de monstre ? Le seul monstre dans l’histoire, c’était… cet homme. Elle ne connaissait pas l'homme qui hurlait. Elle ne reconnaissait pas l'homme qui l'avait bercé ses 8 premières années avant de disparaitre. Terrorisée, les larmes coulaient à flot silencieusement sur ses joues pendant qu'elle serrait Lesly contre elle en l’empêchant de s’en mêler. Il ne devait pas intervenir. Ils ne pouvaient rien faire. Lesly n'était qu'un cracmol et Jordanaya n'était.. qu'une sorcière de 17ans, sans baguette! Et n'ayant jamais eu de très bons résultats en duel! Si elle sortait de sa cachette, Bryan s'en prendrait à eux, à Lesly surtout! Sans qu'elle n'ait le temps d'invoquer sa magie, avec ses mains, cet art si beau et délicat à contrôler mais aussi terriblement lent face à n'importe qui armé d'une baguette. Alors ils n’avaient… Qu’à attendre que Bryan lâche le pauvre Keith et disparaisse. Et à ce moment-là, ses deux ainés le récupèreraient et disparaitraient avec lui.

Naya aurait pu mourir. Asphyxiée par elle-même. Par ce qu’elle entendait et voyait. Monstre incapable de ressentir la douleur, déchet, naissance honteuse, comme son frère. Ce furent les derniers mots qu’aboyèrent Bryan Kerr, avant d’entamer la formule de sortilège de mort. Ce fut peut-être ce qui causa le déclic chez les deux ainés du trio. Bryan ne le laisserait plus jamais tranquille. Il semblait désirer la mort de son plus jeune enfant. C’est dans des cris protestataires qu’ils sortirent enfin de leur cachette et que surprise et tentative de défense entrainèrent la chute de Bryan par delà la rambarde des escaliers.

J’ai pas fait exprès. Cela faisait plusieurs semaines que leur tentative de sauvetage de leur frère avait entrainé la mort de Bryan Kerr et que Jordan était incapable de prononcer ces mots. La scène était dure à revoir. A entendre. A vivre et re-vivre. Mais elle se passait en boucle pourtant. Elle avait tué son père. La version de Lesly était différente, mettant la mort de leur géniteur entre ses mains à lui. Personne au fond ne savait. Était-ce la gestuelle des deux, qui n’était que défensive, qui avait poussé le père à mourir ? Ou bien une stupide perte d’équilibre ? C’était un cauchemar. Que Naya et Les vivaient à deux, autant que possible. Ils ne pouvaient en parler à personne d’autre. Pas à l’orphelinat. Pas à Panya qui était alors dévastée de la mort de l’homme qu’elle aimait. Ils n’avaient que l’un et l’autre. Et c’était suffisant mais peut-être trop dur pour deux adolescents de 17ans. Sous le traumatisme, les deux avaient préféré laisser Keith se remettre à l’hopital. Et reprendre sa scolarité sûrement. Loin de tout ça. C’était ce qu’ils se disaient. Sans se douter qu’une vengeance personnelle, datant des bancs de l’école, ferait bâcler l’enquête, faisant de Keith le meurtrier idéal et l’envoyant en prison.

Ça, Lesly et Jordanaya ne le surent pas de suite. Cette scène cauchemardesque était si improbable, si effroyable que durant une longue année, ils préféraient laisser Keith de côté. Il devait certainement refaire sa vie désormais libéré de son géniteur. Et c’était tout ce que Jordanaya espérait pour lui. Mais pour elle, c’était trop tôt. Elle ne pouvait pas s’imaginer le voir sans exploser, sans devenir folle. Et elle ne voulait pas que son nouveau frère la voit dans cet état. Elle voulait qu’ils forment une fratrie heureuse et épanouie. Pour l’instant, elle était incomplète et fragile. Durant de longs mois, Naya resta sous sa forme d’animagus. Loin de la réalité. C’était doux. C’était réconfortant de s’oublier. De ne sortir que la nuit pour aller chasser, ou d’être nourri par cette main fraternelle. Encore une fois, Lesly se montrait adorable. Il la nourrissait sans la juger. Il lui parlait. Énormément.

Lesly fut formidable. Et fut certainement aussi les épaules sur lesquelles Jordanaya put s’appuyer durant cette longue période. Doucement mais sûrement, elle mit du temps à sortir de ce cocon de déni si confortable dans lequel elle s’était plongée. Il fallut finalement l’aide de la mère de la jeune femme pour aider la jeune femme perdue. Le mensonge avait été de mise même si une partie de la vérité avait été dévoilée. Lesly s’était présenté à Panya. Et elle l’avait aussitôt reconnu et prit dans ses bras. Il était orphelin, après tout, lui aussi. Comme Jordanaya. Qu’il présenta comme bloquée dans un déni sous sa forme de chauve-souris suite au choc de la disparition de leur père. Ca n’était pas totalement un mensonge, après tout. Lesly s’en était bien sorti dans l’affaire. Il avait trouvé la personne idéale avec qui former un duo pour ramener Naya à la raison et il avait en même temps trouvé une mère en Panya.

Jordanaya était de retour. Et s’en voulait terriblement d’avoir abandonné frères au pluriel et mère. Mais Les était là et sa mère également. Une mère qu’elle partageait désormais et dont elle n’arrivait pas à tenir le regard. Elle se sentait encore coupable de la mort de Bryan. Et peut-être était-ce le cas. Et peut-être ne parviendrait-elle jamais à se sentir innocente. Mais le discours répétitif de son frère l’aidait à sortir de cette culpabilité fulgurante. C’était Bryan ou Keith. Un innocent ou un fou à lier, prêt à tuer sa propre progéniture. Bien sûr, ce discours était vrai mais, même si Les ne cessait de le lui rappeler,  est-ce qu’il y croyait, lui-même, en ses mots ? Jordan s’en inquiétait beaucoup et cette inquiétude ne la quittera jamais.

Revenant petit à petit dans la vraie vie, Jordanaya et Lesly s’installèrent à Londres, ensemble. Se plongeant tous les deux dans leurs études, les deux adelphes continuèrent de se soutenir dans absolument tout, terriblement liés, plus encore qu’avant l’accident. Se droguant de café et de pâtes, les deux Kerr ressemblaient presque à deux étudiants normaux si on oubliait la magie de l’une et la curiosité sur ce sujet de l’autre. Lesly était insupportable dans sa soif de savoir! Mais ça faisait rire sa petite sœur qui lui offrait dès qu’elle le pouvait de nouveaux ouvrages sur la magie pendant que, elle, elle se penchait sur la médecine… Humaine. L’accident semblait l’avoir changé sur ses plans. Elle ne voulait pas vivre dans le monde magique. Elle voulait vivre avec les humains. Les non-majs, ou les moldus, comme ils disaient par ici. Et la médecine moldu était si intéressante, si vaste, si complexe! La médicomagie semblait bien trop facile face au puits de science qu’était le savoir médical d’un simple humain! La Hicks semblait avoir trouvé sa voie et le chemin sinueux (une véritable torture en fait!) qu’elle emprunta semblait convenir à sa santé mentale.

Deux ans avaient passé depuis “l’incident”. Jordanaya se remettait doucement, aidée par son super accolyte de frère qu’elle soutenait également quand les rechutes face à l'événement se produisaient. Et le lien qu’elle avait avec Les était le plus beau lien du monde. Pas à ses yeux. C’était une vérité générale, point barre. Si bien que, lorsque la vérité concernant Keith tomba, le duo sût qu’il pouvait compter l’un sur l’autre face à cette nouvelle atrocité.

Keith avait été envoyé en prison.

Cela faisait 2ans qu’il croupissait à Azkaban pour un meurtre qu’il n’avait pas commis. C’était horrible. Ses deux aînés firent passer le choc rapidement. Leur petit frère attendait. (De quelques heures seulement, mais ça restait leur petit frère quand même!) Et cette fois, pas question d’attendre. Un nouveau plan se mit en route.

Il fallait prouver son innocence. Trouver où ça avait coincé. Récupérant son ancien enquêteur qui avait prouvé plus d’une fois son talent, les deux adelphes trouvèrent le problème. Les baguettes échangées et non vérifiées. Cet abruti de Bole, ex-victime de Keith (alors comme ça leur petit frère était un petit connard de harceleur ?). S’il fallait retenir Jordanaya d’aller exploser la tronche de ce petit connard de Bole, la suite du plan s’annonçait déjà.

Jordanaya avait repéré le maton d’Azkaban. Un ex serpentard qui connaissait Keith. Le bel hasard. Encore une fois, le plan décidé se porta sur Pré-Au-Lard, là où elle pourrait rencontrer le blondinet. Lui faire du rentre-dedans. Et lui demander de parler “encore de ce pauvre prisonnier perdu qu’était son ami”. Naya n’en était pas fière, de l’utilisation de ce pauvre gars, mais si seulement ça s’arrêtait là..!

“Alors, le plan, je rentre dans sa maison sous ma forme de chauve-souris. Je lui cache sa baguette pour t’éviter des bricoles, et je t’ouvre la fenêtre. Tu rentres, je le réveille, tu te fais passer pour Keith, en disant que tu le sais qu'il sait que tu, enfin, que Keith est innocent -mais Keith c'est toi, tu t'en rappeleras hein?, bref, j'en étais où ? Ah oui, que tu sais qu'il sait la vérité et qu’il ne t’aide pas et que du coup la culpabilité le ronges, que tu es son cerveau qui n'apprécie pas l'injustice et qu'il ne peut pas laisser passer ça et que…”

Le plan était parfait, non ? Hmm. Si ça n’était que la voix de Keith était beaucoup plus rauque à cause de toutes les conneries qu’il avait fumé dans son adolescence. Erf. Le temps de mettre tout le plan en place, par sacrifice, Lesly se mit à fumer pour arranger sa voix -si on pouvait dire ça arranger… Et par soutien, Jordan le suivit. Bravo le médecin. Mais c'était ça ou le plan pouvait tomber à l’eau! Chaque détail devait être parfait!

Le duo fou commença alors le harcèlement nocturne du pauvre gardien d’Azkaban. Faisant leur histoire non pas une, non pas deux, mais sept fois avant que le futur pauvre insomniaque n’en vienne à parler à Conrad Stump, de ses doutes à cause de ces étranges hallucinations nocturnes. C’est pas normal, Keith n’était pas comme ça! Et il ne se comporte pas comme un vrai coupable! C’est sûr, c’est pas lui le coupable!. Ah, ce brave Ugo qui était persuadé qu’il avait découvert ça tout seul. Ce fut grâce à ce héros (Naya ne peut l’appeler autrement, désormais, quand elle en parle de manière rêveuse avec Les) que l’enquête fut réouverte et que l’on découvrit le pot-aux-roses concernant les baguettes. Keith fut finalement libéré. Et Jordan arrêta d’harceler mentalement ce pauvre Ugo, le laissant revivre des nuits paisibles. (Avec quelques -beaucoup- séances de psychothérapies, sûrement.)

Keith était dans un sale état. Et la culpabilité rongeait ses ainés qui ne s’étaient toujours pas présentés à lui. D’un commun accord, Lesly et Jordan acceptaient de le laisser tranquille encore. Pour l’instant. Il devait se remettre de ces années à Azkaban. Et ça mettrait longtemps. Mais il en avait besoin. De loin, le duo Kerr observait ce qu’il devenait. Et ils étaient rassurés de voir que, tout comme eux s’étaient trouvés, Keith avait trouvé une personne formidable pour l’aider à se relever de tout ça. Ce fut certainement ça -et la certitude que Keith les enverrait chier…- qui éloigna les deux compères du plus jeune de la fratrie. Eux aussi, devaient accepter cette histoire. Car si la culpabilité de la mort était encore présente, ils devaient faire désormais en plus avec la culpabilité de l’incarcération de Keith. Si seulement ils avaient su plus tôt… Si seulement ils n’avaient pas été si fragiles et avaient continué à porter leur attention sur le pauvre Keith…

Alors, durant des années, Lesly et Jordanaya continuèrent de surveiller au loin leur petit frère, continuant eux-même leur colocation. Pour le meilleur et pour le pire, dans la richesse et la pauvreté -surtout la pauvreté, aïe le compte en banque qui s’était vidé durement-, dans les études comme dans le travail, dans les plannings de folie de Naya, docteure urgentiste moldue comme dans les petits boulots de merde de ce pauvre Lesly. Un sacré duo qui ne pliait jamais, qui ne s’était jamais disputé, qui s’aimait à toutes les sauces. Panya n’en revenait pas. Elle les aimait si fort, ces boules d’amour, ses enfants à elle.

“Elle est spéciale… Je suis sûre que c’est la bonne!
- Du calme Jordanaya, elle reste une moldue, aussi adorable belle-fille soit-elle!
- Oui mais regarde, Lesly il a rien balancé lui!
- C’est une autre affaire, ne compare pas ta petite amie avec ton frère cracmol!
- Mouais… Mais ça fait 2ans qu’on est ensemble!
- Deux ans donc que tu lui mens, ma chérie.
- Mamaaaaan…”

Panya n’avait pas perdu son franc-parler. Ni de sa douceur. Doucement, elle enlaça sa progéniture avec un petit rire.

“Pardon, mais je préfère te mettre en garde que tomber amoureux d’un non-maj n’est jamais une bonne chose quand on est sorcière. Je t’ai déjà parlé de Pierre qui a été…
- Oublieté par un oubliator, oui maman… c’est triste, j’veux pas y penser!
- Il le faut, pourtant, te préparer à ça.
- Franchement, il pourrait m’arriver quoi ? J’aime Séléna, elle m’aime, on s’est fiancées, elle a dit oui, on travaille dans le même hopital et on vit depuis un an ensemble! C’est la bonne je te dis!
- Tu as même arrêté de vivre en vieille fille avec ton frère. J’espère vraiment que c’est la bonne rien que pour ça!”

Leurs rires se mêlaient tandis que Naya se leva et alla embrasser la vieille joue de sa vieille mère. La culpabilité restait ancrée dans son coeur mais c’était pour la bonne cause. Jamais Panya ne devait savoir qu’elle et Lesly étaient coupables de la mort de Bryan. Ni… Qui il était réellement. Alors elle avait appris à vivre avec. Mais les secrets trop lourds à garder devenaient pesants au pluriel. C’était ça aussi, et le fait de vouloir être elle-même face à son grand amour, qui la poussa à révéler sa nature de sorcière à Séléna.

Et ça ne passa pas.

La non-maj qu’elle était ne comprenait pas. La cheffe infirmière cartésienne refusait cela. Mais semblait douter aussi. Et mettre en péril le secret de la magie. Le couple que formait Jordan et elle se brisa. Et la peur qui naquit chez Séléna obligea à faire l’appel à un Oubliator. A Vingt-neuf, Jordan venait de sentir son coeur se briser encore une fois. A vingt-neuf, Jordan dut quitter son appartement et couper court à deux ans de relation, devant même changer d’hopital pour ne pas attirer l’attention sur son ancien couple qui ne devait avoir jamais existé au final. Mais… ça n’était qu’une nouvelle aventure qui commençait, hein ? Retournant vivre avec son frère -ou plutôt, allant vivre chez son frère-, Jordan tenta de se remettre rapidement à flot et se força à travailler beaucoup pour son nouvel hôpital. Travailler plus. Toujours plus. S’oublier. Ne plus dormir assez. Sauter des repas. Esquiver des crises de nerfs. Se rater dans ses diagnostics. Ne pas comprendre quel mal rongeait son nouveau patient. Ne plus arriver à accepter la mort d’un vieillard, la maladie d’un enfant. Alors que la magie était là. À travers ses doigts. Elle picorait chacun de ses bouts. Mais pourtant, Naya ne pouvait pas se laisser aller dans la magie pour soigner ses patients. Cette magie qu’elle avait en partie abandonnée. Mais ça n’était pas ça le problème. Le problème, c’était cette incompatibilité avec les non-maj. C’était des potions qui ne marcheraient jamais sur eux alors qu’elles soigneraient n’importe quel sorcier. C’était des sortilèges de soins qui aggraveraient la santé déjà bancale d’un nouveau protégé. C’était injuste. Si injuste, de ne pas pouvoir utiliser son don, de ne pas utiliser ce que Merlin leur offrait. S’enfonçant dans le néant une année de plus, Jordanaya finit par craquer.

Elle quitta son poste de Medecin. Elle n’en avait plus les épaules. D’ailleurs, elle n’en avait plus depuis longtemps, des épaules, tant elle avait maigri. Naya ne se reconnaissait même plus dans les miroirs qu’elle croisait désormais, maintenant qu’elle avait à nouveau du temps pour elle. C’était dur. Très dur. Mais encore une fois, Lesly était là. Comme d’habitude. Alors elle s’accrocha à lui pour remonter, comme la bouée de sauvetage qu’il avait toujours été. Sans emploi, elle ne le lâcha plus durant de nombreux mois. Au figuré comme sens propre. Quand elle ne le suivait pas dans ses balades et dans leur appartement, c’était accroché à ses habits et avec sa tête ballottante de chauve-souris qu’elle le suivait dans ses petits boulots. A la vie à la mort. Comme d’habitude. Mais plutôt à la vie, car la mort, ils l’avaient trop vu pour deux trentenaires. Et clairement, Jordanaya ne voulait plus la voir avant longtemps, très longtemps même. Voir plus jamais. Elle remontait la pente, c’était pas pour retourner la frôler. Elle l’avait promis à son frère, à leur mère et aussi silencieusement à son deuxième frère qu’ils allaient enfin retrouver. Pourquoi maintenant ? Parce que… C’était le bon moment ? Surtout quand l’enquêteur préféré de Naya leur contait que ce débile plongeait dans la magie noire! Et ça, il n’en était pas question! Hors de question de perdre ce frère pas encore retrouvé! Naya allait botter le cul de ce petit idiot se laissant sombrer tout comme Panya Hicks avait botté le cul de sa fille quand elle s’était mise à user de la magie noire à cause de Ouagadou! (Mais nooon, c’est pas de la magie noire maman, y a pas de magie noire et blanche de toute manière à Ouaga-Woh Woh WOH! OK, PEACE, DRAPEAU BLANC, OK, FAIS MOI LA LISTE DES SORTILEGES QUE JE NE DOIS PLUS UTILISER !) Ouais, voilà, son nouvel objectif, pour l’instant, c’était de sauver une vie. Et peut-être qu’une fois qu’elle aura réussi ça, elle aura retrouvé les épaules pour redevenir medecin et en sauver bien plus! Mais pour l’instant, la jeune Hicks préférait se focaliser sur la sphère familiale. Rien que ça, ça allait devoir demander pas mal d’énergie.