Il était complètement crevé.

Le voyage du continent l’avait épuisé. Les yeux fermés, Thomas avait fini par oublier l’endroit où il se trouvait. La tête nonchalamment posée contre le mur, les bras croisés sur son uniforme rouge. Le brouhaha ambiant s’était mélangé pour ne former qu’un bruit incompréhensible autour de lui.

Que faisait-il là?

D’abord il y avait eu son départ précipité de Durmstrang. Spencer avait eu l’impression d’être arraché du nid douillet qu’il s’était construit depuis des années pour être précipité au milieu de nulle part. Il était quelqu’un à Durmstrang. Il avait sa vie, sa routine. Finaliste au tournoi de duel l’année dernière, il avait eu l’intention de répété l’exploit encore une fois cette année. Et puis, il avait presque réussi sa formation d’animagus… Comment allait-il pouvoir atteindre ses objectifs s’il était envoyé dans une nouvelle école?

Mais toute discussion avait été veine. Sa mère n’avait rien voulu entendre. Il était inscrit depuis sa naissance à Poudlard lui avait-elle dit. Ce n’était qu’un juste retour des choses qu’il y termine sa scolarité avait-elle affirmée. À croire qu’elle faisait exprès pour le réintégrer dans la société britannique avant d’aller affronter la famille. Comme s’il en avait quelque chose à faire. Le trajet pour atteindre la ville s’était perdu dans l’esprit embrouillé du jeune homme, victime d’un sortilège d’amnésie, comme tous ceux qui quittaient Durmstrang. De là, un portoloin les avait ramenés à la capitale anglaise. Bousculé de tout côté, Spencer n’avait pas desserré les dents de tout le trajet, révolté à l’idée d’être envoyé à Poudlard…

Poudlard… la grande école portait encore les stigmates de ceux qui y avaient laissé leur vie. Les Avery avaient bien failli être parmi eux. Comment allait-il pouvoir s’adapter à cette nouvelle école? Sans même y avoir mis les pieds, il la détestait déjà. Heureusement, personne ici ne ferait le lien en lui et son cousin Avery. Son cousin était plus jeune que lui, ils n’allaient certainement pas se croiser. Un jour viendrait où il établirait ses droits sur la famille, mais ce jour n’était pas encore arrivé et si Tom était un tant soit peu intelligent, il le laisserait tranquille.

Un bruissement à sa gauche éveilla les sens exaspérés de l’adolescent. Il ouvrit les yeux pour darder un regard perçant en direction de la jeune fille qui avait laissé tomber son sac près de lui. Comme prise sur le fait, la demoiselle se figea avant de ramasser ses effets sans oser le regarder de nouveau. C’était la réaction qu’avait la majorité des gens qui le croisait. Il fallait dire qu’il détonnait dans le paysage. Fraichement débarqué à Pré-au-Lard, on avait annoncé à Spencer qu’il devait attendre avec les étudiants retardataires qu’un employé de Poudlard vienne les chercher. L’adolescent avait regardé l’employé de la gare sans comprendre. Poudlard était à quelques lieux d’ici, ils ne pouvaient pas s’y rendre à pied? Quelques étudiants avaient alors parlé des nouvelles mesures, sans doute imposées à cause du mystérieux brouillard qui sévissait à l’extérieur. La remarque avait fait sourire d’agacement le jeune homme. Des mesures spéciales? Pour un simple brouillard? On se moquait de lui? Ils étaient en Angleterre par Merlin, ici quand il n’y avait pas de brouillard, il pleuvait. Mais il ne fallait pas s’inquiéter avait dit l’homme à la moustache. L’école avait pensé à tout et leurs bagages avaient été envoyés au château, ils ne devaient attendre que leur escorte. Sur le coup, cela n’avait pas dérangé Spencer. Il n’avait pas besoin de sa valise puisqu’il avait sa baguette. Mais depuis, alors que d’autres retardataires les rejoignaient, il commençait à douter que son uniforme de Durmstrang soit de mise. Le tissu rouge et la cape qui retombait sur son épaule attiraient indéniablement le regard. Il avait l’air d’un touriste égaré au milieu des vêtements de sorciers sombres des autres étudiants. Aussi, avait-il prit place sur l'un des bancs, à l'écart des élèves de Poudlard qui se regroupaient.

-Tu crois que c’est un visiteur?

Le regard du jeune homme silla. Deux élèves discutaient à voix basse près de lui, mais l’endroit désert portait leur parole.

-Je suis sûr qu’il ne comprend même pas la langue. Ce doit être pour un projet spécial.

-En tous les cas il est mignon. Tu crois qu'on va avoir un nouveau Tournois?

L’adolescent referma les yeux. Dieu qu’il détestait cette école.

Résumé:

C’était à la fois si aisé et si agaçant de devoir se retenir de pousser un profond soupir d’ennui. En tant que nouvelle élève de septième année et surtout ancienne élève de l’école Mahoutokoro, Su-Jin s’était préparé à attiser la curiosité. Seulement, cela n’avait apparemment pas suffi puisque ces six yeux, indiscrets et voyeurs, lui engendraient une affreuse boule au ventre. A peine s’était-elle installée à la table des Serpentard que trois élèves ennuyants - deux garçons et une fille - s’étaient adressés à elle avec beaucoup trop d’enthousiasme. Depuis petite, Su-Jin était formée aux interactions sociales par sa mère et le moindre écart suffisait à son père pour se montrer violent avec elle. Comme on le lui avait toujours appris, elle sourit poliment et s’inclina légèrement en avant afin de se présenter aussi. Permettez-moi de me présenter, je m’appelle Kang Su-Jin. Je viens de Corée. Seule la fille à ses côtés restait sur la réserve et n’ouvrit la bouche que pour un salut de politesse. Penchant légèrement la tête sur le côté, Su-Jin offrit aux trois étudiants un sourire davantage chaleureux - pas forcément moins faux - pour ajouter : J’espère que vous me pardonnerez si mon anglais n’est pas parfait. Elle était forte pour mentir et paraître innocente. En vérité, elle maîtrisait cette langue depuis bien longtemps déjà, tout comme le japonais et le chinois.

Tous charmés par la douceur de Su-Jin, ils l’excusaient et la complimentaient d’avance sur son accent. Ils profitèrent de son silence pour enchaîner, se faisant passer la balle au fur et à mesure pour donner toujours plus d'explications - inutiles - sur Poudlard. Toujours souriante, elle patientait, mais rêvait intérieurement de regagner les dortoirs. Une semaine qu’elle était au Royaume-Uni, une semaine pendant laquelle elle avait été conviée à diverses soirées avec sa famille. Su-Jin était épuisée, elle n’avait même pas pu se remettre complètement du décalage horaire. La rentrée la rendait nerveuse, tout comme ces trois personnes. Seul le sommeil allait pouvoir la détendre. J’adore ton prénom, Love. Dit-elle en se tournant vers la principale concernée pour tenter de clore l’autre conversation. C’est très joli et il te va tellement bien... Elle était moins bavarde, donc plus acceptable à ses yeux. Tu es en septième année toi aussi ?

Résumé : Su-Jin répond à Love.

Assis sur le banc dur de la gare, Thomas avait de nouveau fermé les yeux pour soustraire sa vue à toute cette agitation inutile. À croire que les étudiants qui l’accompagnaient n’avaient jamais vu de magie de leur vie, chose complètement impensable. Leur bavardage inutile lui donnait déjà la migraine. Retenant un soupir d’agacement, l’adolescent se redressa pour sortir sa montre de poche. Le précieux ouvrage argenté trouva sa main en un geste familier. D’une simple pression, la petite porte s’ouvrit, dévoilant son cadran finement ouvragé. Les aiguilles tournaient lentement, marquant le temps de leur position. Le bijou était l’une des choses les plus précieuses qu’il possédait. C’était le dernier cadeau d’anniversaire qu’il avait reçu de son père. L’objet ne le quittait jamais. La montre avait été enchantée magiquement pour résister aux affres du temps et aux accidents. Elle affichait deux heures à la fois; celle du pays qu’il avait quitté, et celle du pays où il se trouvait. La différence d’heure n’était pas flagrante, mais le voyage l’avait exténuée. Rangeant la montre d’un geste mainte fois répété, Spencer reprit sa position nonchalante. Si c’était trop long, il irait à pied à cette école et les autres pourraient toujours se faire des peurs avec cette histoire de brouillard.

Alors qu’il croyait que sa situation ne pouvait pas être pire, un claquement familier annonça la présence d’un nouvel arrivant. Les yeux bleus s’ouvrant de nouveau, l’adolescent tourna la tête en direction de l’employé de la gare pour tomber cette fois sur... Il n’arrivait même pas à trouver le mot qu’il fallait. Une guirlande de Noël? Une boite de Bertie Bott’s qui aurait fondu au soleil? Une licorne telle que ce la représentait les moldus? Le jeune homme secoua la tête. C’était une blague non?

"Le dernier Convoi pour Poudlard s'il vous plait."

Non, ce n’était pas une blague. Le regard bleu de Thomas silla au fur et à mesure qu’il tentait de se concentrer sur l’une des couleurs que le caméléon changeant prenait. Les cheveux ne le dérangeaient pas trop, il suffisait de ne pas y porter attention et on s’évitait un mal de cœur, mais les yeux. L’adolescent préféra détourner le regard devant toutes les couleurs miroitantes qui passait dans les iris du nouveau venu.

" "Bonsoir, je suis le Professeur Lupin. Je suis chargé de ramener votre groupe à Poudlard via un portoloin.Le Directeur m'a informé que vous êtiez 4. On semble au complet. Qui n'a jamais pris de Portoloin ?"

Profe…Le dos de Thomas s’affaissa contre l’assise du banc. L’arc-en-ciel était professeur à Poudlard? Dans quelle école avait-il mis les pieds non de Merlin! Comment une institution de ce genre avait-elle pu donner d’aussi grand sorcier? C’était complètement incompréhensible.

Allons, Spencer, la cape ne fait pas le sorcier. Tenta-t-il de se raisonner. Juste à temps d’ailleurs, car ledit professeur se tenait à présent devant lui.

""Vous êtes bien le 4ème élève pour Poudlard ?""

Le jeune homme se leva lentement, faisant disparaître en un instant son attitude nonchalante par son dos droit et son air volontaire. Chez lui, chacun de ses gestes était calculé avec une précision ridicule. De sa lenteur feinte à ses mouvements vifs, il se déplaçait avec la grâce d’un prédateur paresseux. Attitude tout à fait inutile puisqu’il était plus petit que son interlocuteur. Le triste prix de la jeunesse qui démontrait qu’il n’avait pas fini de grandir. Debout devant l’arbre de Noël ambulant, le regard de Spencer ne put s’empêcher de ciller devant autant de changement. Maintenant qu’il le voyait de plus près, il avait l’impression d’assisté à une aurore boréale qui aurait croisé un arc-en-ciel. Quelque peu décontenancé par l’apparence changeante de l’homme devant lui, il se contenta de simplement hocher la tête en signe d’acquiescement. La situation lui paraissait pourtant évidente. Quoiqu’il n’avait toujours pas remarqué qu’il était beaucoup plus âgé que les premières années avec qui il se trouvait. Où que son uniforme d’une autre école pouvait porter à confusion.

Il sortit de la poche intérieure de sa cape un parchemin destiné au directeur qui confirmait son transfert tardif d’école. Sa mère avait déjà avisé Poudlard de son arrivée lui avait-elle dit, mais il préférait avoir un document au cas où d’éventuelles questions surviendraient. Durmstrang l’avait informé que son dossier scolaire avait été transféré au moment de son départ, cela lui faisait un souci de moins. Surtout que juste après il avait dû subir le sortilège d’amnésie afin d’oublier l’emplacement de l’école. C’était le règlement pour tous ceux qui quittaient la forteresse du nord.

Se joignant aux autres étudiants, Thomas plissa les yeux d’un air intrigué devant l’étrange objet qui servait de Portoloin. Il avait déjà utilisé le moyen de transport magique, mais c’était la première fois qu’il voyait ce…cette chose. De forme carrée, l’objet avait une espèce de vitre noire. Pour peu, il aurait cru que c’était un objet moldu.

Impensable

Résumé: