Gillian B. Humphrey, Professeur - Il ne faut pas redouter ce qui est complexe
Dim 22 Aoû 2021 - 17:52
- Gillian B. HumphreySpécialiste
IV - Experte en arithmancie
Singularité : Animagus déclaré
Orientation :
Statut civil : Seule
Activités : Adore les échecs version sorcier et toutes sortes d'énigmes
DC : Olive Holmes, Lukas M. Rainforth, Josephine V. Lamora
© : Gigi
Gillian B. Humphrey
feat. Jessica Brown Findlay
Carte de Sorcier
Gillian est une sorcière qui nous éclaire de son existence depuis 1994. Cette personne mérite l'Ordre de Merlin parce qu'elle fait partie du Personnel de Poudlard en tant que Professeur d'Arithmancie. C'est plutôt quelqu'un de doux et discret, bien que parfois anxieuse et indécrottablement naïve, mais vraiment érudite, perspicace et d’une infinie patience.
❯ PRÉNOMS & NOMS : Gillian Beth Humphrey
❯ ASCENDANCE : Sang-mêlé
❯ DATE DE NAISSANCE : 21 décembre 1994
❯ NATIONALITÉ : Irlandaise
❯ CLASSE SOCIALE : Riche, sa famille est issue de la haute bourgeoisie
❯ ORIENTATION SEXUELLE : Sur le papier Gillian s’intéresserait plutôt aux hommes…
❯ STATUT CIVIL : … mais elle est célibataire.
❯ PARFUMS D'AMORTENTIA : L'odeur d'un vieux livre, d'une bougie et du thé à la bergamote.
❯ PATRONUS : Un phalène du bouleau (papillon de nuit)
❯ EPOUVANTARD : Une araignée
❯ BAGUETTE : Bois d’if, ventricule de dragon, 12.5 pouces, légère élasticité
❯ ASPIRATION : NE PAS REMPLIR
❯ ASPIRATION : NE PAS REMPLIR
Fun factsGains
- ◊ Gillian est née le jour du solstice d'hiver
- ◊ Dès son plus jeune âge, elle a joué dans la bibliothèque du manoir familial, si bien qu'elle savait très bien lire toute seule dès l'âge de 4 ans.
- ◊ Puisqu'on parle de livres : elle lit tout ce qui lui tombe sous la main car selon elle, on n'a jamais terminé d'apprendre. Moins sérieusement, elle adore la littérature Moldue, surtout Agatha Christie et Arthur Conan Coyle.
- ◊ Passionnée par la magie complexe, l'arithmancie n'a aucun secret pour elle. Plus le mystère est épais, plus Gillian est enthousiaste. Pour se détendre, elle aime traduire des runes.
- ◊ On fait souvent appel à Gillian pour briser des maléfices, comme le lui permet son savoir en arithmancie. Il n'est pas rare qu'elle aille, pendant son temps libre, dans des lieux bourrés de sortilèges complexes pour tâcher de les lever, un par un.
- ◊ Elle est la marraine d'une petite Vivian, fille de ses deux grands amis de Poudlard, Tuppence et Henry Stone dont elle a aussi été témoin de mariage. Elle leur rend visite chaque été, aux Etats-Unis, et y passe toujours d'excellents moments.
- ◊ Gillian a d'ailleurs rencontré Bémol lors d'un de ces voyages aux Etats-Unis. Il errait tout seul au bord d'une route avec une patte cassée. Elle put le soigner grâce notamment aux écrits de Norbert Dragonneau. Le petit rat ne l'a plus quittée dès ce jour et assiste à chaque cours qu'elle dispense. Il n'a pas été facile de le dresser à ne plus ronger les parchemins des élèves, mais Gillian y est parvenue. Parfois le petit rat se perd dans les couloirs de Poudlard, contraignant sa maîtresse à prendre son apparence de chouette rayée pour le retrouver. Plusieurs fois, des élèves ont cru qu'il s'agissait d'un rapace en pleine chasse.
- ◊ Lorsqu'elle était à Poudlard en quatrième année, elle a eu un béguin astronomique sur le très populaire capitaine de l'équipe de Quidditch de Serdaigle. Une camarade qui l'appréciait peu en a eu vent et s'est amusée à le brailler sur tous les toits. Le pire, c'est qu'alors même qu'elle n'avait rien demandé, le principal intéressé l'a envoyée sur les roses sans le moindre ménagement au beau milieu de la salle commune. Depuis Gillian prend bien soin de garder secret ce qu'elle pense d'autrui.
- ◊ Elle aime boire du thé quand elle lit. Mais bien souvent, la lecture l'absorbe tellement qu'elle oublie sa tasse et le déguste froid. Elle en viendrait presque à ne pas aimer le thé chaud, même en hiver
- ◊ DC : Olive Holmes
- ◊ PA : Hector Bonneville
- ◊ PA : Alfred A. Hedgehopper
- ◊ Avent 2021 : Une fiole décorative en forme d'étoile remplie d'un liquide doré qui scintille. Une fois un petit sort lancé, les scintillements sortent de la fiole pour se disperser et flotter autour du lanceur de sort.
- ◊ PA : Xerxès Barnabas
- ◊ Avent 2022 : Un choco-grenouille glacé, au chocolat blanc. Avec la particularité que la carte qu'il propose prendra l'effigie d'un être qui vous est cher.
- ◊ PA : Theseus Barnabas
- ◊ Brouillard : PA : Miranda Painswick
- ◊ Brouillard : Astrolabe numérologique
- ◊ Brouillard : PA semi-vélane June Rosewood
Me, Myself & I
- ◊
Mensurations : Gillian mesure 1 mètre 70 pour 58 kilos. - ◊
Morphologie : On ne peut pas dire qu'elle soit d'une constitution physique très robuste. Son corps est sculpté en sablier. - ◊
Démarche et attitude : Elle marche toujours en se tenant droite, sans être rigide, et lève le regard bien devant elle. En revanche elle fait toujours des petits pas. Si elle a de l'allure, les autres ne vont pas non plus s'écarter spontanément à son passage, et comme toute personne normale, elle glissera un "pardon" poli afin de poursuivre sa route. - ◊
Droitier ou gaucher : Gillian est droitière. - ◊
Manie : Elle remonte sa grosse paire de lunettes environ 500 fois par jour, et quand elle réfléchit, elle tapote le bout de son pouce avec chacun de ses doigts. Il lui arrive aussi très souvent d'être complètement perdue dans ses pensées, au point qu'elle en oublie ce qui l'entoure, lui fait perdre le fil de la conversation, ce genre de petites choses pas du tout agaçantes. ◊ - ◊
Longueur et type des cheveux : Ils présentent des boucles amples et sont généralement portés courts, au carré, ou en tout cas rarement longs ou en-dessous des épaules, sauf quand elle se néglige au point de ne plus les couper pendant un moment. - ◊
Couleur des yeux : Le regard de Gillian est moucheté de petites paillettes vertes allant du clair au plus foncé, suivant les nuances de l'ambre verte. - ◊
Forme du nez : Un nez droit à la pointe arrondie. Harmonieux et ennuyeux à la fois. - ◊
Voix : Comme elle a l'habitude de parler doucement, la voix de Gillian est posée et tendre. Parfois sous le coup de l'émotion, le timbre va se casser un peu. Comme elle ne crie jamais, Gillian pratique ce qu'elle appelle "la rupture de ton", alors sa voix sera plus dure ou sèche. Mais même avec tous les efforts du monde, elle ne pourra jamais la débarrasser de sa rondeur. - ◊
Particularité : Gillian est une Animagus déclarée, capable de prendre l'apparence d'une chouette rayée (strix varia). Aussi sous sa forme humaine, elle arbore un tatouage en forme de chardon à l'intérieur de son poignet droit.
Once upon a time...
- Cette affaire me rendra chèvre. Vous m’entendez Humphrey ? Chèvre !
Il n’était pas inhabituel d’entendre vociférer la voix stridente de la présidente-instructrice (*) Painswick dans les couloirs du département de la justice magique. Ce qui l’état davantage, c’est que cette fois-ci elle commençait dès huit heures du matin, avant même d’avoir pénétré les portes de son office. D’un geste sec de sa baguette magique, elle les ouvrit et jeta sa cape sur l’un des fauteuils qui trônait devant l’immense bureau d’acajou derrière laquelle elle s’asseyait pour travailler. Cette grande sorcière toute maigre, dont le long nez fin était décoré de petites lunettes rondes, avait des cheveux courts aussi blancs qu’ils étaient souples. Elle jeta rageusement un document épais juste devant elle, en poussant de sa petite bouche habituellement pincée un soupir digne de ceux qui surviennent en fin de journée après un dur labeur. Elle s’avachit dans son fauteuil et ferma les yeux, comme déjà lasse du travail qui l’attendait.
- Humphrey, dit Madame Painswick d’un ton lointain, vous allez coter et classer cet énième rapport qui ne nous mène nulle part dans le reste du dossier.
La juge rouvrit l’un de ses yeux et considéra sa jeune greffière de tout juste vingt-trois ans avec sévérité. Elle ignorait ce qui l’agaçait le plus chez elle : ses silences assourdissants, son calme imperturbable ou sa manière de regarder droit dans les yeux quand elle se faisait houspiller.
Humphrey ferma la porte du bureau et s’approcha pour traiter le document tel qu’ordonné par Madame Painswick. Elle sortit sa baguette de sa poche et l’agita contre les étagères qui prenaient tout le mur, sur lesquelles s’entassaient dossier d’instruction sur dossier d’instruction. La cote très dense à couverture bleue qu’elle recherchait sortit des rangs et son contenu se déploya en l’air. Le dernier rapport vint se ranger à sa place. D’humeur à se plaindre, Madame Painswick reprit d’une voix monocorde :
- Je sais pertinemment que l’on m’a assigné cette affaire pour se débarrasser de moi. Je ne suis pas sotte. Cela fait deux ans que la hiérarchie essaye de me pousser dehors.
Gillian savait qu’il y avait de cela deux ans, Madame Painswick avait mené un dossier lequel elle avait commis plusieurs fautes professionnelles, dues à une trop grande confiance en ce qu’elle appelait son flair et son expérience. L’audience devant le Magenmagot avait révélé les ahurissantes lacunes de l’instruction préparatoire, ainsi que les étonnants partis-pris par Madame Painswick qui semblait avoir détourné les yeux, à dessein, d’éléments à la décharge de l’accusé. Comme la peine encourue était un séjour à Azkaban à perpétuité, sa négligence fit scandale.
Cependant au Ministère, on savait qu’on ne pouvait se débarrasser de la présidente-instructrice Painswick si facilement. Elle était issue d’une prestigieuse famille, en lien avec des Sang-pur de très haute lignée. La jeter dehors fut d’autant moins aisé que lorsqu’on lui avait demandé des comptes, elle avait défendu bec et ongle sa stratégie. Ses arguments, mais aussi ses nombreux soutiens de poids avaient au moins eu le mérite de déstabiliser à court terme ceux qui voulaient la voir sauter de son siège. Depuis, cependant, on cherchait par tous les moyens comment lui faire prendre la porte sans se heurter à son prestigieux statut.
Humphrey entra à son service l’année où une affaire qui s’avéra revêtir une très haute importance s’abattit sur le monde de la magie et sur le bureau de Madame Painswick. Gillian s’en souvenait comme si c’était hier.
Un beau matin, un petit sorcier moustachu du Département des Mystères avait fait irruption dans l’office, un sourire cynique sur le visage. Il avait lâché dans un gras fracas une liasse de documents sur le bureau de Madame Painswick, en la gratifiant d’un « cadeau ! » tonitruant.
- Tenez, avait fait le petit moustachu, tout commence par une lettre que nous avons reçue au département. Un individu qui prétend se nommer Wallabreigh revendique le vol d’un objet au manoir de campagne de la famille Diggins. J’ignore si vous les connaissez, c’est un couple de collectionneurs qui importent des objets magiques d’à peu près n’importe où. Amusant, n’est-ce pas, un malfaiteur qui vient dénoncer de lui-même son propre délit ?
- Qu’est-ce qui aurait été volé ? avait demandé Madame Painswick, plus dérangée qu’autre chose par cette arrivée impromptue.
-C’est là que cela devient intéressant : la lettre mentionne une boule de cristal, dans laquelle aurait été scellé dans le plus grand secret un Obscurus.
Un silence de mort s’était abattu dans le bureau, car personne, de Madame Painswick ou de Gillian, n’avait envie de sourire comme le petit sorcier moustachu à l’évocation d’une pareille engeance.
- Mais enfin… qu’est-ce que les Diggins faisaient avec une telle chose ? Les avez-vous seulement interrogés sur la question ?
- Cela s’est avéré complètement inutile : lorsque notre agent est allé les voir à la suite de la première lettre, il les a retrouvés en proie à de violents délires causés par plusieurs puissants sortilèges. Les désenvouter a pris un temps fou, vous pouvez me croire. Quoiqu’il en soit, ils n’avaient aucunement le souvenir d’avoir été agressés, ni d’avoir un jour possédé pareil objet.
- Tout ceci ressemble à une plaisanterie. Mais vous avez dit « première lettre » ?
- Car nous en avons reçu plusieurs, à échéance régulière. On en totalise une dizaine, à l’heure d’aujourd’hui.
Ce disant le petit sorcier avait tendu à Madame Painswick le paquet de ces lettres.
- Puisque nous n’avons fichtrement aucune idée de ce qu’il s’agirait d’une affaire sérieuse ou d’une vaste mascarade, nous avons pris attache avec le département de la Justice magique. Toute votre hiérarchie est tombée d’accord pour que cette affaire vous soit confiée.
Il n’avait même pas pris la peine de dissimuler la profonde jubilation que lui inspirait ce transfert de compétence.
- Un dernier détail, bien entendu : aucune personne, dans le monde des Sorciers, ne répond au nom de Wallabreigh. C’est bien là le seul élément que nous avons pu vérifier. Sur ce, je vous souhaite une bonne journée.
L’enquête avait été ouverte un an auparavant. On avait accordé à Madame Painswick très peu de moyens, à savoir trois agents de la brigade de police magique, et un éventuel Auror en cas de nécessité absolue. Les lettres de Wallabreigh lui arrivaient directement, et rien de ce qu’elle put mettre en place pour le retrouver – sortilèges de traçage, de révélation, appel à des indics, recherche de renseignements du place, interrogatoires – ne lui permit de trouver la moindre piste. Elle fut bientôt désespérée, d’autant qu’on ne lui avait confié, dans un acharnement pervers, aucun autre dossier que celui-ci.
Alors que Gillian relisait en silence quelques-uns des éléments du dossier qui s’y étaient entassés depuis un an et qui flottaient au bout de sa baguette, sa patronne lui lança avec férocité :
- Cessez donc de rêvasser et rangez-moi ce bazar. J’en suis désormais presque sûre, tout ceci n’est qu’une grotesque plaisanterie destinée à me rendre folle. Tout le monde ici attend que je démissionne.
- Allons, dit Gillian qui s’exécutait, vous exagérez.
- Mais arrêtez de me parler comme si j’étais une enfant ! s’emporta vivement Madame Painswick, qui frappa son bureau. On dirait que ça vous amuse, de me voir ainsi ridiculisée !
Elle n’eut pour réponse qu’un regard à la fois interloqué et, on pouvait le voir, un peu blessé.
- Je vous demande pardon. Mais c’est de votre faute, aussi, on ne peut pas s’empêcher d’être méchante avec vous. On dirait que vous aimez ça.
Un sourire triste teinta la figure de Gillian. Cette phrase elle l’avait déjà entendue sans l’entendre, de la part de son père. Ce qu’elle avait pu le décevoir, dès son plus jeune âge. Du seul fait de son existence d’ailleurs, puisqu’il ne l’avait jamais désirée. Il aurait souhaité avoir un fils, Gillian l’avait compris avant même d’avoir atteint l’âge de cinq ans. Toutes ses tentatives pour recoller les morceaux s’étaient soldées par un échec. Peut-être que sa mère aurait pu aider, si elle n'avait été internée à l'hôpital de Sainte-Mangouste à raison de ses effroyables crises de délires qui avec le temps lui ôtèrent la parole. Elle ne reconnaissait même plus sa fille. Peut-être était-ce là le problème de son père : il ne pouvait s’empêcher d’être méchant. Quelles que furent ses réussites, rien ne semblait trouver grâce aux yeux de ce patriarche impitoyable, plus soucieux de ses maîtresses que de sa fille.
Gillian n’avait même pas envie de l’en blâmer, puisque c’est cette attitude distante qui avait poussé son oncle et sa tante à s’occuper d’elle et à l’accueillir chez eux, eux qui n’étaient pas parents. Oui, elle devait tout à oncle Terrence et tante Judith. Comment papa Humphrey pouvait-il être si différent de son frère, Gillian l’ignorait. Et s’en était vite fichue, puisque ce sont ces merveilleux oncle et tante qui lui apprirent tout. Et notamment, son goût pour la magie oubliée, insolite, ce qui fait des nœuds à l’esprit nécessitant jusqu’à la dernière goutte d’intelligence pour le résoudre. Tante Judith avait l’habitude de dire une chose.
- Il ne faut pas redouter ce qui est complexe.
- Qu’avez-vous dit ? se réveilla soudain Madame Painswinck, qui lisait une pièce du dossier.
- Rien, Madame.
Aux yeux de Gillian, cette affaire n’avait rien d’une farce. Bien que cela dépasse de très loin son travail de simple greffière, elle avait pris goût à ce dossier et s’y plongeait dès que sa patronne avait le dos tourné – ce qui n’était pas rare et proportionnel à sa lassitude. Prenant l’affaire comme une énigme, une énigme difficile, Gillian après plusieurs lectures attentives était parvenue à comprendre que les lettres délivrées au fil des mois par le dénommé Wallabreigh étaient en réalité des messages codés. Elle avait essayé de s’en ouvrir à la juge Painswick, qui l’avait priée de rester à sa place en ces termes :
- Décidément, ma pauvre fille, vous ne comprenez rien à rien. J’ai hésité à reprendre un greffier après le départ de votre prédécesseur. Plus je vous regarde vous agiter, plus je me dis que je ferais mieux d’investir dans une plume-à-papote.
Mais force était de constater que Madame Painswick ne parvenait pas à se résoudre à rédiger l’ordonnance de non-lieu à poursuivre qu’elle brûlait pourtant d’écrire, pour enfin mettre un terme à ce qu’elle pensait être une mauvaise farce. Au fond, elle craignait bien trop que cet acte ne soit celui que l’on attendait, au-dessus, pour sonner le glas de sa carrière. Alors l’enquête continuait, poussivement.
Un point posait encore difficulté à Gillian. Elle savait les messages codés, elle savait qu’un sort venait brouiller la lecture qui devait en être faite, mais elle ne parvenait pas à en saisir l’essence. La nature profonde, le sens, la logique, qui lui permettrait de le désamorcer et d’avancer vers une nouvelle piste.
- J’aimerais beaucoup pouvoir vous aider, Gillian, vous le savez.
- Et vous Hector, vous savez bien que ce n’est pas possible.
Hector Flemming était un Auror au bord de la retraite qui s’était pris d’affection pour Gillian, depuis qu’il avait appris qu’elle n’était autre que la nièce de son grand ami Terrence, avec qui il partageait de merveilleux souvenirs de ses années à Poudlard. Peut-être même les meilleurs de sa vie. Hector était un homme grand, rieur, cultivé, chaleureux, très éloquent et plus doué pour la magie que la plupart de ses semblables. Un véritable modèle pour qui voulait bien dépasser la jalousie de se trouver aussi insignifiant face à un sorcier de sa stature. Gillian et lui avaient pris l’habitude de déjeuner ensemble au moins une fois par semaine, quand leurs emplois du temps respectifs le leur permettaient.
- Mais que fait donc mon collègue qui vous a gentiment été prêté par mon département, tout spécialement pour Madame Painswick ? Ne participe-t-il pas aux investigations ?
- Trop de travail par ailleurs apparemment, répondit Gillian dans un haussement d’épaules. Il n’est pas passionné par la prose de Wallabreigh.
- Mais enfin, il va bien falloir arrêter les agissements de cet individu. Qu’il dise vrai ou faux, le département de la justice magique ne peut pas rester la risée du premier venu sans une réponse ferme. Et que pense Madame Painswick de votre découverte ?
Quelques mots suffirent à Gillian pour exposer la situation. Des mois qu’elle avait compris la nature de l’énigme, et autant de temps qu’elle était bloquée à ne pas parvenir à en saisir la clé. Elle aussi commençait à se sentir frustrée, et fatiguée. Hector se dressa de toute sa hauteur, qui faisait presque songer à celle d'un demi-géant.
- Je ne vois qu’une solution, ma chère Gillian : vous allez me montrer les éléments dont vous disposez. Deux cerveaux valent mieux qu’un et mon expérience vous sera assurément utile.
- Mais Hector, je vous ai dit que c’était impossible. J’y suis contrainte par sortilège et par… conscience professionnelle !
- Le sortilège vous empêche de m’en parler, mais certainement pas de m’emmener dans l’office de Madame Painswick...
Gillian ne fut pas très fière de la suite, mais puisqu’il s’agissait d’arrêter un individu potentiellement dangereux… Elle concocta, au milieu des toilettes de l’office, une petite décoction destinée à provoquer une importante migraine qu’elle versa dans le thé de l’après-midi de sa patronne. Dès dix-huit heures trente, Madame Painswick s’en alla pour se reposer chez elle. Hector parut un quart d’heure plus tard derrière la porte, sous les traits du Cracmol – assommé pour l’occasion – que le département engageait pour faire le ménage avec tout l’attirail de celui-ci dans les mains.
- Je garde toujours une flasque de polynectar pour ce type d’urgence, vous devriez en faire de même. Mettons-nous au travail immédiatement, le temps nous est compté.
L’heure d’effet du polynectar n’était assurément pas suffisante pour permettre aux deux sorciers de résoudre l’énigme Wallabreigh. Bien que Gillian n’y fût guère favorable et à sa grande honte, il fallait bien avouer qu’elle répéta plusieurs fois le stratagème utilisé la première fois pour éloigner sa patronne. Cela aurait pu paraître suspect à l’intéressée si elle ne s’était complue pas dans ses propres malheurs. En d’autres circonstances, ses indéniables talents de sorcière l’auraient immédiatement mise sur la piste d’un acte malveillant. Quelque part, Gillian était peinée de voir que cette affaire brisait à ce point un si grand esprit car malgré tout, la réputation de sa patronne n’était plus à faire. Du moins, avant sa bévue.
Hector et Gillian se retrouvèrent ainsi une petite vingtaine de fois. Ensemble, ils faisaient léviter le dossier dans l’office et en relisaient chaque détail, chaque lettre envoyée par le plaisantin, chaque rapport de constatation, chaque ligne des nombreux interrogatoires des Diggins, et de leurs courriers où ils écrivaient être à bout, eux aussi, à cause de ce qu’ils pensaient être un canular. Rien, non aucun détail ne fut oublié par les deux enquêteurs improvisés. Chaque nouvelle lettre de Wallabreigh envoyée entretemps était bien entendu ajoutée au reste du dossier, et faisait l’objet d’une étude tout aussi minutieuse.
Ce fut à l’occasion de la lecture du tout dernier parchemin reçu en date qu’Hector marmonna une observation des plus pertinentes :
- Ce qui m’interpelle le plus, c’est ce nom, Wallabreigh, qui ne correspond à personne. Pensez-vous qu’il s’agisse d’un simple pseudonyme ? Auquel cas, j’admets être étonné de ne le voir associé qu’à des lettres malveillantes. D’ordinaire les criminels qui se surnomment aiment à passer à l’action, pour la gloire d’un acte funeste. Lui ne bouge pas.
Gillian tiqua. D’un coup de baguette elle discrimina les lettres du malfaiteur et fit un pas en arrière pour les considérer d’un peu plus loin.
- Bon sang, souffla-t-elle, c’était sous notre nez depuis le départ.
Gillian se précipita vers son petit bureau et sorti de son tiroir son exemplaire complètement élimé de sa Nouvelle Théorie de la numérologie. Chaussant son épaisse paire de lunette en acier, elle se mit à griffonner avec sa plume, dans une concentration qui frisait la transe. Hector, décontenancé, se pencha par-dessus son épaule et lut ce qu’il reconnut être de l’arithmancie.
- Huit, sept et un.
- Mais où diable voulez-vous en venir, Gillian ?
- La clef, c’est Wallabreigh, et si je parviens à trouver la formule, nous pourrons enfin lire ces lettres tel qu'il le souhaitait. Hector, nous avons du pain sur la planche : je pense qu’il faut procéder aux mêmes calculs sur les lignes huit, sept et une de chaque parchemin qui nous ont été envoyés.
- Vous ne voulez pas dire… ?
- Que je vais procéder aux calculs de tous les mots que je lirai sur ces lignes ? Bien sûr que si. Et ce n’est qu’un début, croyez-moi.
Le début, en effet, d’une interminable série de calculs, de conversation, de traductions de runes dissimulées parmi les chiffres, de recherches, de correction d’erreurs, de recalculs, de retraduction. Une nuit n’aurait certainement pas suffit à Gillian pour terminer. En tout, il lui fallut près de trois semaines. Trois semaines de très dur labeur, durant lesquelles Hector demeura son complice, alors qu’elle devait tout dissimuler de ses recherches à Madame Painswick, en continuant d’assurer son travail de greffière, gérer les émotions sensibles de sa patronne ainsi que celles des Diggins, de moins en moins patients concernant l’avancée du dossier. Ils envoyaient leur petite bonne sonner à la porte de l'office au moins trois fois par semaine, et prendre le temps de la rassurer était particulièrement chronophage. C’est pourquoi la plupart du temps, Gillian poursuivait ses travaux clandestins de nuit, au risque de presque y perdre la santé.
Un soir, échevelée, en sueur et non sans un certain soulagement, elle posa le point final sur le dernier parchemin de la bonne centaine qu’elle avait griffonnés de ses recherches. Gillian pensait tenir, enfin, l’incantation qui permettrait de briser le sort brouillant les lettres, et par là-même les motivations de cet individu qui signait d’une si mystérieuse manière. L’appréhension s’empara de son ventre lorsque, se levant ainsi que sa baguette, elle l’agita devant les parchemins signés de Wallabreigh.
- Male acquisitis non prodest (**)
Les pages des parchemins tremblèrent, s’illuminèrent, s’envolèrent en tous sens dans un fracas tel que bientôt le bureau de Madame Painswick ressembla à un champ de bataille. Les lettres s’assagirent, et enfin, Gillian et Hector purent lire le véritable contenu de ces mystérieuses missives. Ils venaient de terminer leur longue et édifiante lecture lorsqu’une figure sévère et bien connue fit irruption dans la pièce :
- Puis-savoir, par Merlin, ce qui se passe ici !
Madame Painswick n’avait encore jamais autant élevé la voix.
- Gillian, je trouvais votre propension à faire des heures supplémentaires particulièrement curieuse, je constate que mes soupçons étaient fondés. Nom d'un hibou déplumé, que fait ce Cracmol dans mon bureau ? Non contente de violer le secret de l’instruction magique, vous divulguez les informations de l’enquête ? Je devrais vous faire renvoyer sur le champ !
- D’accord Madame, je comprends, répondit Gillian qui avait déjà oublié sa surprise d’avoir été démasquée, mais l’enquête est justement sur le point d’être résolue et il faut absolument que vous voyiez tout cela. Oh et il ne s’agit pas du Cracmol, comme vous dites, mais de Sir Hector du bureau des Aurors.
Madame Painswick ne se laissa pas facilement attendrir, et il fallut aux deux complices développer des trésors d’argumentation pour parvenir à la convaincre de les écouter. Hector dû même attendre de recouvrer son apparence afin que ses paroles soient davantage prises au sérieux.
- Comment avez-vous compris que ces lettres étaient magiquement codées et comment êtes-vous parvenue à un tel résultat ? demanda la patronne, dubitative.
- Grâce à la signature. Lorsque j’ai compris que les écrits de Wallabreigh n’avaient aucun sens, j’ai commencé à chercher la clef qui permettrait de lever le sortilège d’encodage. S’ils sont redoutables, ces sortilèges présentent une faille assez importante : ils comportent nécessairement une clef, qui même si elle est dissimulée, existe au sein de l’objet ensorcelé. C’est Sir Hector qui m’a permis de m’apercevoir qu’il fallait certainement chercher du côté de la signature, le seul point commun à chacune des lettres. Et pour décoder ou briser un sortilège, il faut faire appel à l’arithmancie. Et c’est ainsi que… j’ai trouvé la bonne incantation.
Madame Painswick considéra Gillian derrière ses petites lunettes, d’un air plus sévère que jamais, puis laissa traîner son regard sur les parchemins de Wallabreigh au contenu révélé. Elle ouvrit la bouche pour ce que Gillian craignit être une énième remontrance :
- Allons, cessons de bayer aux corneilles et remettons-nous au travail. Mais plus de cachotteries, voulez-vous ?
Dès lors la lecture reprit. Les trois sorciers découvrirent que les lettres de Wallabreigh étaient en réalité une série de dénonciations coup de poing concernant des biens dont les Diggins avaient fait l’acquisition pour les revendre. Ces biens présentaient le point commun d’être issus d’expériences illégales de magie noire, réalisées au détriment de sorciers ou créatures magiques dans la peine. Ces victimes avaient vendu pire que leur âme pour permettre la naissance de ces artefacts et trouver un semblant de salut, l’esprit ravagé par les mensonges de ceux qui leur avaient fait croire à une existence inutile. Les Diggins, s’ils n’avaient rien fabriqué, alimentaient en grande part ce qui s’avérait être un trafic international organisé entre la Roumanie et le Royaume-Uni. Aux dires du délateur, ils avaient bâti leur fortune en s’adonnant à ces ventes, ces achats, ces reventes d’objets, tous plus détestables les uns que les autres.
La juge Painswick reprit les choses en main afin de retrouver chacun des biens revendus par les Diggins. Comme si elle s’était réveillée d’un long sommeil, elle mit en branle toute son intelligence et tous ses pouvoirs magiques et de magistrate pour remonter la piste de chaque artefact. Quelques trois mois plus tard, tous étaient saisis et scellés magiquement, dans les salles les plus secrètes du département de la Justice magique.
Bien entendu, les Diggins furent arrêtés. Après des aveux très dignement obtenus, Madame Painswick eut le plaisir de signer une ordonnance de mise en accusation devant la Cour de justice du Magenmagot. Au très grand désarroi de leur petite bonne, qui de fait, se retrouva sans emploi.
Au département, cette affaire qui avait commencé comme une blague alimentait à présent les plus vifs enthousiasmes. Une telle démonstration de travail acharné et de compétence de la part de la présidente-instructrice ne put qu’inspirer le respect, et petit à petit, sa cote de popularité fut revue à la hausse.
Il demeurait cependant un détail, qui n’en était pas un, à compléter sur le tableau de l’enquête.
- Nous ne savons toujours pas qui est ce Wallabreigh, lança Hector lors d’un thé de l’après-midi auquel Madame Painswick l’avait convié.
- Cette personne en sait en tout cas beaucoup sur les Diggins, répondit cette dernière, je dirais même qu’elle en a une connaissance encyclopédique. Une perquisition, aussi minutieuse fût-elle, n’aurait permis de glaner autant de renseignements qu’en possède ce délateur. A croire qu’il s’agit d’une ombre qui rôde sur les murs de leur manoir.
- Une personne qui voit tout mais que l’on ne remarque pas, ajouta Gillian sur le ton de ceux qui réfléchissent à voix haute.
Madame Painswick et elles échangèrent aussitôt un regard entendu, qu’Hector souligna une seconde plus tard. Tout était plus clair que de l’eau de roche.
Le lendemain, à quinze heures, on frappa à la porte de l’office. Gillian s’empressa d’aller ouvrir la porte, sur le pas de laquelle se tenait la petite silhouette blonde de l’ancienne domestique des Diggins.
- Entrez, Mademoiselle Ionescu. Installez-vous, je vous en prie, lui dit froidement Madame Painswick.
- Je ne comprends pas ce que je fais ici Madame, fit l'intéressée, je vous ai déjà dit tout ce que je savais.
- J’ai un avis contraire, répondit la juge, désireuse d’aller droit au but. Ce disant elle agita sa baguette et fit léviter entre elles les parchemins de Wallabreigh. Reconnaissez-vous, chère Mademoiselle, votre prose, qui nous a causé tant de tracas ?
Mademoiselle Ionescu tâcha, une minute, de garder contenance. Puis son visage changea. Dans une tentative désespérée, elle dégaina sa baguette, mais Gillian et Hector furent plus rapides et la tinrent en joue. Madame Painswick pour sa part ne lui fit pas même le plaisir d’un sourcillement. Aculée, la petite sorcière se résigna.
- Vous savez ce qu’est la pauvreté ? Mon frère et moi n’avons connu que ça, sans nos parents. On travaillait comme on le pouvait, mais en Roumanie, dans ce fichu pays… Quand Stefan a vendu ce qui restait de son âme à ces trafiquants, j’ai cru que j’allais devenir folle. Peut-on connaître quelque chose de plus horrible que de voir le seul être qui vous est cher devenir une coquille vide, un corps qui erre. Je ne sais même pas comment ils ont fait pour en arriver à ce désastre. J’ai appris que les Diggins avaient acquis à très bon prix la boule de cristal dans laquelle on avait scellé ce qui restait de lui. Je suis douée pour fouiner, vous l’aurez remarqué. Puis ils l’ont vendue… et j’ai perdu toute trace de ce qui restait de mon frère.
Son regard transpirait de la haine que lui inspiraient ceux qui s’étaient enrichis en partie grâce aux malheurs de sa famille. Gillian eut du mal à contenir ses tremblements en écoutant son récit. Hector et Madame Painswick parvinrent à rester impassibles.
- Vous n’avez même pas pris la peine de changer votre identité, dit l’Auror avec une pointe de tristesse dans la voix.
- Mon nom, roumain ou pas, n’a aucune importance pour les gens comme les Diggins. Je ne suis rien ni personne. Juste une domestique que l’on sonne.
- Pourquoi Wallabreigh ? demanda Madame Painswick, pas émue pour deux sous.
- Ah ça. C’est le nom d’un personnage de conte en Roumanie. Un mage-voleur qui rétablit la justice. J'aimais ses aventures. Ce long voyage jusqu'en Angleterre ne m'a pas fait peur. Tout comme il a été facile de me faire embaucher chez ce maudit couple.
La juge considéra un instant ce petit bout de sorcière, haineuse et désespérée, assise bien droite juste devant elle.
- Couple auquel il était moins dangereux de s'en prendre, plutôt que d'attaquer directement les bourreaux de votre frère. À supposer que vous ayez jamais su de qu'il il s'agissait, d'ailleurs. Ces gens doivent s'être mi eux caché que leurs complices. Mais pourquoi ne pas avoir tout simplement dénoncé les Diggins ? Vous avez gâché votre talent magique à commettre de telles bassesses. A quoi bon vous être donné tant de mal ?
Ionescu esquissa un sourire que Gillian n’oublierait jamais.
- C’est enfantin, je voulais qu’ils souffrent.
Elle éclata d’un petit rire fou.
- Ce que ça a marché. Vous les auriez vu, sur la fin, à moitié fous. A sursauter à chaque hibou qui franchissait la fenêtre, à bruit de leur propre maison, à chaque visite. Ils se retournaient même pour aller dans leur chambre.
Son visage s’éteignit d’un seul coup, et toute trace d’âme qui vive quitta la petite sorcière.
- C’est bien fait. Ils étaient à vomir.
Hector, assis devant Gillian sur la petite table où ils partageaient un déjeuner, parlait avec autant d’enthousiasme qu’il mangeait.
- Après vérification, je peux vous affirmer que cette histoire d’Obscurus n’est que pure invention. En réalité, Ionescu n’a elle-même rien dérobé – si ce n’est la vérité sur ses affreux maîtres. Il faut voir cette part de l’histoire comme une accroche, destinée à attirer notre attention.
Gillian acquiesça, d’un air rêveur et triste.
- Tout ceci est tellement tragique.
- Allons ma chère, vous êtes parvenue à dénouer la situation et par là-même à faire cesser une injustice. Quoi que l’on en pense, Ionescu bénéficiera de circonstances atténuantes lors de son procès.
- Vous le pensez ?
- C’est une certitude. Avez-vous lu la Gazette du Sorcier, aujourd’hui ? Notre bonne Madame Painswick a droit à une interview en page quatre.
Gillian se pencha sur la page du journal qui voleta entre elle et Hector. Même photographiée, Madame Painswick avait l’air rigide. Si on ne la voyait pas étirer son petit sourire nerveux, on aurait pu croire à un cliché de moldu.
- Oh ça alors, remarqua Hector de son œil de lynx, elle mentionne votre nom !
- Comment ?
Le regard de Gillian se promena rapidement sur l’article. Et en effet, en milieu de colonne, on pouvait lire les propos élogieux de Madame Painswick à son endroit.
Gillian eut grand peine à ne pas sourire à la lecture des compliments publics qui lui étaient faits par sa terrifiante patronne.
- Elle vous mentionne aussi, Hector.
- Oh, fit-il avec désinvolture, moi j’ai l’habitude, pensez donc.
Et elle pouffa.
Le lendemain ce fut une véritable douche froide.
- Mais comment ça, « vous démissionnez » ?
- Inutile de parler si fort, je suis vieille mais pas encore sourde.
Madame Painswick avait annoncé sa décision à Gillian, de but en blanc, un jour de travail qui commençait, comme bien d’autres, par une matinée qu’on aurait pensée sans surprise. La présidente-instructrice lui expliqua qu’elle avait envoyé sa lettre de démission à sa hiérarchie et que sa décision, à dire vrai, avait été prise dès l’issue du procès de Mademoiselle Ionescu.
- Cette affaire m’aura fait comprendre une chose : j’ai fait mon temps. Il me semble que c’est la décision la plus sage qui soit à prendre. Voilà plus de quarante ans que j’exerce ces fonctions. Il est plus que temps de passer la main.
Voyant que le regard de Gillian s’intéressait de près à ses chaussures, la grande sorcière sourit.
- Ne soyez pas si désolée, Humphrey. D’ailleurs, je dois vous remercier. Votre aide précieuse me permet de finir ma carrière en beauté, au lieu de tomber en disgrâce.
Madame Painswick s’adossa plus confortablement dans son fauteuil. Gillian lui trouva un air plus apaisé, comme si débarrassée d’un fardeau, sa patronne avait le cœur plus léger.
- Et vous ? Qu’allez-vous faire, maintenant ?
- Je suppose que je vais rester ici…
- Sottises absolues, lâcha Madame Painswick avec humeur. Regardez-vous un peu. Vous êtes savante, perspicace, d’une efficacité redoutable et vos talents de Sorcière sont impressionnants. Non, on ne peut pas se permettre de gâcher votre potentiel au Ministère de la Magie. Surtout au département de la Justice.
Madame Painswick paraissait follement amusée. Gillian pour sa part ne savait plus où se mettre.
- C’était très bien vu, l’arithmancie. Un art magique auquel je ne pense pas assez, voyez comme cela m’a joué un tour. J’ai bien trop sous-estimé l’affaire Wallabreigh – voyez, quand je vous dis que j’ai fait mon temps. Pourquoi ne pas vous y consacrer, à l’avenir ?
- Eh bien, hormis mener une carrière de briseur de sortilèges, je ne vois guère de perspectives.
- Cette profession ne vous intéresserait pas ? A Gringotts on s’arracherait votre candidature.
Gillian baissa les yeux. Gringotts, non, surtout pas. Ce lieu où seules les richesses comptaient, où son père travaillait, où tout rappelait ce luxe qu’il affectionnait tant, ce lieu froid comme cet homme qui n’était même pas capable de dire de quelle couleur étaient les yeux de sa fille. Oncle Terrence lui avait déjà fait cette suggestion, mais Gillian s’y était opposée avec une virulence qu’il ne lui connaissait pas. Avec le temps, elle ignorait si elle craignait encore son père, comme la fillette en elle, ou si tout s’était mû en aversion pure et amère.
Le regard perçant de Madame Painswick ne manqua pas un seul détail de l’émoi de Gillian, mais sa discrétion lui dicta de ne pas insister sur le sujet.
- Et la voie de l’enseignement, vous y avez pensé ? Mon filleul qui étudie en ce moment à Poudlard m’a affirmé que le professeur actuellement en poste va bientôt prendre sa retraite. Vous devriez leur écrire.
- A dire vrai, je n’y ai jamais pensé. Je ne pense pas en être vraiment capable.
- Vous êtes trop hésitante, Gillian. Si c’est là ce que vous aimez et ce pour quoi vous êtes douée, jetez vous à l’eau. Si vous pouvez former de jeunes esprits à devenir aussi capables et compétents que le vôtre, un grand service serait rendu au monde des Sorciers.
Gillian rougit, profondément touchée.
- Écrivez-leur, vous dis-je. J’appuierai votre candidature. N'est-ce pas vous qui dîtes "il ne faut pas redouter ce qui est complexe" ?
Pour la première fois, Gillian vit un sourire malicieux se déployer sur le visage de l’austère Madame Painswick.
Gillian suivit son conseil et écrivit à Poudlard. Elle commença comme enseignante adjointe, pendant une première année, puis finit par entrer en poste en tant que Professeur titulaire, à l’âge de vingt-cinq ans.
Aujourd’hui, cela fait trois ans qu’elle enseigne à Poudlard. Trois années au cours desquelles Gillian apprit autant de choses sur elle-même qu’elle en enseigna à ses élèves. Elle se révèle être une professeure patiente et pédagogue, à l’autorité naturelle, qui tâche d’encourager tous ceux qui s’intéressent à sa matière adorée. Félicitant les doués et encourageant les plus fragiles, Gillian met un point d’honneur à ce que ses élèves passent le meilleur moment possible pendant ses cours. Ou en tout cas, le moins barbant. Enfin, on fait ce qu’on peut. Et puis, les plus rêveurs ont toujours le loisir de s’amuser des cascades de Bémol, qui ne manque jamais le moindre cours de sa maîtresse – à croire qu’il s’y intéresse lui aussi. Gillian tâche de stimuler les esprits, de corriger les parchemins en temps et en heure, de toujours motiver ses appréciations et les notes distribuées. D’être claire, d’être présente, d’être à l’écoute de chacun de ses élèves. En somme, Gillian souhaite être la plus juste possible.
Une chose est absolument certaine pour elle, depuis qu’elle a de nouveau franchi les portes de ce prestigieux Château en tant que professeur : Gillian se sent chez elle, et à sa place.
Elle chérit particulièrement le souvenir de son premier jour à l’école, où le ventre tordu par le trac, elle était allée se réfugier dans son tout petit bureau de l’époque. Alors un hibou avait tapoté du bec à sa fenêtre, avec à sa patte un petit parchemin. La missive était signée d’une main qu’elle avait souvent vu tenir une baguette ou une plume, au cœur d’un office du département de la Justice magique. On pouvait y lire ce mot, aussi pudique que chaleureux :
Il n’était pas inhabituel d’entendre vociférer la voix stridente de la présidente-instructrice (*) Painswick dans les couloirs du département de la justice magique. Ce qui l’état davantage, c’est que cette fois-ci elle commençait dès huit heures du matin, avant même d’avoir pénétré les portes de son office. D’un geste sec de sa baguette magique, elle les ouvrit et jeta sa cape sur l’un des fauteuils qui trônait devant l’immense bureau d’acajou derrière laquelle elle s’asseyait pour travailler. Cette grande sorcière toute maigre, dont le long nez fin était décoré de petites lunettes rondes, avait des cheveux courts aussi blancs qu’ils étaient souples. Elle jeta rageusement un document épais juste devant elle, en poussant de sa petite bouche habituellement pincée un soupir digne de ceux qui surviennent en fin de journée après un dur labeur. Elle s’avachit dans son fauteuil et ferma les yeux, comme déjà lasse du travail qui l’attendait.
- Humphrey, dit Madame Painswick d’un ton lointain, vous allez coter et classer cet énième rapport qui ne nous mène nulle part dans le reste du dossier.
La juge rouvrit l’un de ses yeux et considéra sa jeune greffière de tout juste vingt-trois ans avec sévérité. Elle ignorait ce qui l’agaçait le plus chez elle : ses silences assourdissants, son calme imperturbable ou sa manière de regarder droit dans les yeux quand elle se faisait houspiller.
Humphrey ferma la porte du bureau et s’approcha pour traiter le document tel qu’ordonné par Madame Painswick. Elle sortit sa baguette de sa poche et l’agita contre les étagères qui prenaient tout le mur, sur lesquelles s’entassaient dossier d’instruction sur dossier d’instruction. La cote très dense à couverture bleue qu’elle recherchait sortit des rangs et son contenu se déploya en l’air. Le dernier rapport vint se ranger à sa place. D’humeur à se plaindre, Madame Painswick reprit d’une voix monocorde :
- Je sais pertinemment que l’on m’a assigné cette affaire pour se débarrasser de moi. Je ne suis pas sotte. Cela fait deux ans que la hiérarchie essaye de me pousser dehors.
Gillian savait qu’il y avait de cela deux ans, Madame Painswick avait mené un dossier lequel elle avait commis plusieurs fautes professionnelles, dues à une trop grande confiance en ce qu’elle appelait son flair et son expérience. L’audience devant le Magenmagot avait révélé les ahurissantes lacunes de l’instruction préparatoire, ainsi que les étonnants partis-pris par Madame Painswick qui semblait avoir détourné les yeux, à dessein, d’éléments à la décharge de l’accusé. Comme la peine encourue était un séjour à Azkaban à perpétuité, sa négligence fit scandale.
Cependant au Ministère, on savait qu’on ne pouvait se débarrasser de la présidente-instructrice Painswick si facilement. Elle était issue d’une prestigieuse famille, en lien avec des Sang-pur de très haute lignée. La jeter dehors fut d’autant moins aisé que lorsqu’on lui avait demandé des comptes, elle avait défendu bec et ongle sa stratégie. Ses arguments, mais aussi ses nombreux soutiens de poids avaient au moins eu le mérite de déstabiliser à court terme ceux qui voulaient la voir sauter de son siège. Depuis, cependant, on cherchait par tous les moyens comment lui faire prendre la porte sans se heurter à son prestigieux statut.
Humphrey entra à son service l’année où une affaire qui s’avéra revêtir une très haute importance s’abattit sur le monde de la magie et sur le bureau de Madame Painswick. Gillian s’en souvenait comme si c’était hier.
Un beau matin, un petit sorcier moustachu du Département des Mystères avait fait irruption dans l’office, un sourire cynique sur le visage. Il avait lâché dans un gras fracas une liasse de documents sur le bureau de Madame Painswick, en la gratifiant d’un « cadeau ! » tonitruant.
- Tenez, avait fait le petit moustachu, tout commence par une lettre que nous avons reçue au département. Un individu qui prétend se nommer Wallabreigh revendique le vol d’un objet au manoir de campagne de la famille Diggins. J’ignore si vous les connaissez, c’est un couple de collectionneurs qui importent des objets magiques d’à peu près n’importe où. Amusant, n’est-ce pas, un malfaiteur qui vient dénoncer de lui-même son propre délit ?
- Qu’est-ce qui aurait été volé ? avait demandé Madame Painswick, plus dérangée qu’autre chose par cette arrivée impromptue.
-C’est là que cela devient intéressant : la lettre mentionne une boule de cristal, dans laquelle aurait été scellé dans le plus grand secret un Obscurus.
Un silence de mort s’était abattu dans le bureau, car personne, de Madame Painswick ou de Gillian, n’avait envie de sourire comme le petit sorcier moustachu à l’évocation d’une pareille engeance.
- Mais enfin… qu’est-ce que les Diggins faisaient avec une telle chose ? Les avez-vous seulement interrogés sur la question ?
- Cela s’est avéré complètement inutile : lorsque notre agent est allé les voir à la suite de la première lettre, il les a retrouvés en proie à de violents délires causés par plusieurs puissants sortilèges. Les désenvouter a pris un temps fou, vous pouvez me croire. Quoiqu’il en soit, ils n’avaient aucunement le souvenir d’avoir été agressés, ni d’avoir un jour possédé pareil objet.
- Tout ceci ressemble à une plaisanterie. Mais vous avez dit « première lettre » ?
- Car nous en avons reçu plusieurs, à échéance régulière. On en totalise une dizaine, à l’heure d’aujourd’hui.
Ce disant le petit sorcier avait tendu à Madame Painswick le paquet de ces lettres.
- Puisque nous n’avons fichtrement aucune idée de ce qu’il s’agirait d’une affaire sérieuse ou d’une vaste mascarade, nous avons pris attache avec le département de la Justice magique. Toute votre hiérarchie est tombée d’accord pour que cette affaire vous soit confiée.
Il n’avait même pas pris la peine de dissimuler la profonde jubilation que lui inspirait ce transfert de compétence.
- Un dernier détail, bien entendu : aucune personne, dans le monde des Sorciers, ne répond au nom de Wallabreigh. C’est bien là le seul élément que nous avons pu vérifier. Sur ce, je vous souhaite une bonne journée.
L’enquête avait été ouverte un an auparavant. On avait accordé à Madame Painswick très peu de moyens, à savoir trois agents de la brigade de police magique, et un éventuel Auror en cas de nécessité absolue. Les lettres de Wallabreigh lui arrivaient directement, et rien de ce qu’elle put mettre en place pour le retrouver – sortilèges de traçage, de révélation, appel à des indics, recherche de renseignements du place, interrogatoires – ne lui permit de trouver la moindre piste. Elle fut bientôt désespérée, d’autant qu’on ne lui avait confié, dans un acharnement pervers, aucun autre dossier que celui-ci.
Alors que Gillian relisait en silence quelques-uns des éléments du dossier qui s’y étaient entassés depuis un an et qui flottaient au bout de sa baguette, sa patronne lui lança avec férocité :
- Cessez donc de rêvasser et rangez-moi ce bazar. J’en suis désormais presque sûre, tout ceci n’est qu’une grotesque plaisanterie destinée à me rendre folle. Tout le monde ici attend que je démissionne.
- Allons, dit Gillian qui s’exécutait, vous exagérez.
- Mais arrêtez de me parler comme si j’étais une enfant ! s’emporta vivement Madame Painswick, qui frappa son bureau. On dirait que ça vous amuse, de me voir ainsi ridiculisée !
Elle n’eut pour réponse qu’un regard à la fois interloqué et, on pouvait le voir, un peu blessé.
- Je vous demande pardon. Mais c’est de votre faute, aussi, on ne peut pas s’empêcher d’être méchante avec vous. On dirait que vous aimez ça.
Un sourire triste teinta la figure de Gillian. Cette phrase elle l’avait déjà entendue sans l’entendre, de la part de son père. Ce qu’elle avait pu le décevoir, dès son plus jeune âge. Du seul fait de son existence d’ailleurs, puisqu’il ne l’avait jamais désirée. Il aurait souhaité avoir un fils, Gillian l’avait compris avant même d’avoir atteint l’âge de cinq ans. Toutes ses tentatives pour recoller les morceaux s’étaient soldées par un échec. Peut-être que sa mère aurait pu aider, si elle n'avait été internée à l'hôpital de Sainte-Mangouste à raison de ses effroyables crises de délires qui avec le temps lui ôtèrent la parole. Elle ne reconnaissait même plus sa fille. Peut-être était-ce là le problème de son père : il ne pouvait s’empêcher d’être méchant. Quelles que furent ses réussites, rien ne semblait trouver grâce aux yeux de ce patriarche impitoyable, plus soucieux de ses maîtresses que de sa fille.
Gillian n’avait même pas envie de l’en blâmer, puisque c’est cette attitude distante qui avait poussé son oncle et sa tante à s’occuper d’elle et à l’accueillir chez eux, eux qui n’étaient pas parents. Oui, elle devait tout à oncle Terrence et tante Judith. Comment papa Humphrey pouvait-il être si différent de son frère, Gillian l’ignorait. Et s’en était vite fichue, puisque ce sont ces merveilleux oncle et tante qui lui apprirent tout. Et notamment, son goût pour la magie oubliée, insolite, ce qui fait des nœuds à l’esprit nécessitant jusqu’à la dernière goutte d’intelligence pour le résoudre. Tante Judith avait l’habitude de dire une chose.
- Il ne faut pas redouter ce qui est complexe.
- Qu’avez-vous dit ? se réveilla soudain Madame Painswinck, qui lisait une pièce du dossier.
- Rien, Madame.
Aux yeux de Gillian, cette affaire n’avait rien d’une farce. Bien que cela dépasse de très loin son travail de simple greffière, elle avait pris goût à ce dossier et s’y plongeait dès que sa patronne avait le dos tourné – ce qui n’était pas rare et proportionnel à sa lassitude. Prenant l’affaire comme une énigme, une énigme difficile, Gillian après plusieurs lectures attentives était parvenue à comprendre que les lettres délivrées au fil des mois par le dénommé Wallabreigh étaient en réalité des messages codés. Elle avait essayé de s’en ouvrir à la juge Painswick, qui l’avait priée de rester à sa place en ces termes :
- Décidément, ma pauvre fille, vous ne comprenez rien à rien. J’ai hésité à reprendre un greffier après le départ de votre prédécesseur. Plus je vous regarde vous agiter, plus je me dis que je ferais mieux d’investir dans une plume-à-papote.
Mais force était de constater que Madame Painswick ne parvenait pas à se résoudre à rédiger l’ordonnance de non-lieu à poursuivre qu’elle brûlait pourtant d’écrire, pour enfin mettre un terme à ce qu’elle pensait être une mauvaise farce. Au fond, elle craignait bien trop que cet acte ne soit celui que l’on attendait, au-dessus, pour sonner le glas de sa carrière. Alors l’enquête continuait, poussivement.
Un point posait encore difficulté à Gillian. Elle savait les messages codés, elle savait qu’un sort venait brouiller la lecture qui devait en être faite, mais elle ne parvenait pas à en saisir l’essence. La nature profonde, le sens, la logique, qui lui permettrait de le désamorcer et d’avancer vers une nouvelle piste.
- J’aimerais beaucoup pouvoir vous aider, Gillian, vous le savez.
- Et vous Hector, vous savez bien que ce n’est pas possible.
Hector Flemming était un Auror au bord de la retraite qui s’était pris d’affection pour Gillian, depuis qu’il avait appris qu’elle n’était autre que la nièce de son grand ami Terrence, avec qui il partageait de merveilleux souvenirs de ses années à Poudlard. Peut-être même les meilleurs de sa vie. Hector était un homme grand, rieur, cultivé, chaleureux, très éloquent et plus doué pour la magie que la plupart de ses semblables. Un véritable modèle pour qui voulait bien dépasser la jalousie de se trouver aussi insignifiant face à un sorcier de sa stature. Gillian et lui avaient pris l’habitude de déjeuner ensemble au moins une fois par semaine, quand leurs emplois du temps respectifs le leur permettaient.
- Mais que fait donc mon collègue qui vous a gentiment été prêté par mon département, tout spécialement pour Madame Painswick ? Ne participe-t-il pas aux investigations ?
- Trop de travail par ailleurs apparemment, répondit Gillian dans un haussement d’épaules. Il n’est pas passionné par la prose de Wallabreigh.
- Mais enfin, il va bien falloir arrêter les agissements de cet individu. Qu’il dise vrai ou faux, le département de la justice magique ne peut pas rester la risée du premier venu sans une réponse ferme. Et que pense Madame Painswick de votre découverte ?
Quelques mots suffirent à Gillian pour exposer la situation. Des mois qu’elle avait compris la nature de l’énigme, et autant de temps qu’elle était bloquée à ne pas parvenir à en saisir la clé. Elle aussi commençait à se sentir frustrée, et fatiguée. Hector se dressa de toute sa hauteur, qui faisait presque songer à celle d'un demi-géant.
- Je ne vois qu’une solution, ma chère Gillian : vous allez me montrer les éléments dont vous disposez. Deux cerveaux valent mieux qu’un et mon expérience vous sera assurément utile.
- Mais Hector, je vous ai dit que c’était impossible. J’y suis contrainte par sortilège et par… conscience professionnelle !
- Le sortilège vous empêche de m’en parler, mais certainement pas de m’emmener dans l’office de Madame Painswick...
Gillian ne fut pas très fière de la suite, mais puisqu’il s’agissait d’arrêter un individu potentiellement dangereux… Elle concocta, au milieu des toilettes de l’office, une petite décoction destinée à provoquer une importante migraine qu’elle versa dans le thé de l’après-midi de sa patronne. Dès dix-huit heures trente, Madame Painswick s’en alla pour se reposer chez elle. Hector parut un quart d’heure plus tard derrière la porte, sous les traits du Cracmol – assommé pour l’occasion – que le département engageait pour faire le ménage avec tout l’attirail de celui-ci dans les mains.
- Je garde toujours une flasque de polynectar pour ce type d’urgence, vous devriez en faire de même. Mettons-nous au travail immédiatement, le temps nous est compté.
L’heure d’effet du polynectar n’était assurément pas suffisante pour permettre aux deux sorciers de résoudre l’énigme Wallabreigh. Bien que Gillian n’y fût guère favorable et à sa grande honte, il fallait bien avouer qu’elle répéta plusieurs fois le stratagème utilisé la première fois pour éloigner sa patronne. Cela aurait pu paraître suspect à l’intéressée si elle ne s’était complue pas dans ses propres malheurs. En d’autres circonstances, ses indéniables talents de sorcière l’auraient immédiatement mise sur la piste d’un acte malveillant. Quelque part, Gillian était peinée de voir que cette affaire brisait à ce point un si grand esprit car malgré tout, la réputation de sa patronne n’était plus à faire. Du moins, avant sa bévue.
Hector et Gillian se retrouvèrent ainsi une petite vingtaine de fois. Ensemble, ils faisaient léviter le dossier dans l’office et en relisaient chaque détail, chaque lettre envoyée par le plaisantin, chaque rapport de constatation, chaque ligne des nombreux interrogatoires des Diggins, et de leurs courriers où ils écrivaient être à bout, eux aussi, à cause de ce qu’ils pensaient être un canular. Rien, non aucun détail ne fut oublié par les deux enquêteurs improvisés. Chaque nouvelle lettre de Wallabreigh envoyée entretemps était bien entendu ajoutée au reste du dossier, et faisait l’objet d’une étude tout aussi minutieuse.
Ce fut à l’occasion de la lecture du tout dernier parchemin reçu en date qu’Hector marmonna une observation des plus pertinentes :
- Ce qui m’interpelle le plus, c’est ce nom, Wallabreigh, qui ne correspond à personne. Pensez-vous qu’il s’agisse d’un simple pseudonyme ? Auquel cas, j’admets être étonné de ne le voir associé qu’à des lettres malveillantes. D’ordinaire les criminels qui se surnomment aiment à passer à l’action, pour la gloire d’un acte funeste. Lui ne bouge pas.
Gillian tiqua. D’un coup de baguette elle discrimina les lettres du malfaiteur et fit un pas en arrière pour les considérer d’un peu plus loin.
- Bon sang, souffla-t-elle, c’était sous notre nez depuis le départ.
Gillian se précipita vers son petit bureau et sorti de son tiroir son exemplaire complètement élimé de sa Nouvelle Théorie de la numérologie. Chaussant son épaisse paire de lunette en acier, elle se mit à griffonner avec sa plume, dans une concentration qui frisait la transe. Hector, décontenancé, se pencha par-dessus son épaule et lut ce qu’il reconnut être de l’arithmancie.
W.A.L.L.A.B.R.E.I.G.H
5.1.3.3.1.2.9.5.9.7.8
5+1+3+3+1+2+9+5+9+7+8 = 53’’ (5+3 = 8) ‘’ > Nombre d’expression
Par conséquent :
Nombre intime (voyelles) > 1+1+5+9 = 16’’ (1+6 = 7)
Nombre de réalisation (consonnes) > 5+3+3+2+9+7+8 = 37’’ (3 + 7 = 10 = 1)
5.1.3.3.1.2.9.5.9.7.8
5+1+3+3+1+2+9+5+9+7+8 = 53’’ (5+3 = 8) ‘’ > Nombre d’expression
Par conséquent :
Nombre intime (voyelles) > 1+1+5+9 = 16’’ (1+6 = 7)
Nombre de réalisation (consonnes) > 5+3+3+2+9+7+8 = 37’’ (3 + 7 = 10 = 1)
- Huit, sept et un.
- Mais où diable voulez-vous en venir, Gillian ?
- La clef, c’est Wallabreigh, et si je parviens à trouver la formule, nous pourrons enfin lire ces lettres tel qu'il le souhaitait. Hector, nous avons du pain sur la planche : je pense qu’il faut procéder aux mêmes calculs sur les lignes huit, sept et une de chaque parchemin qui nous ont été envoyés.
- Vous ne voulez pas dire… ?
- Que je vais procéder aux calculs de tous les mots que je lirai sur ces lignes ? Bien sûr que si. Et ce n’est qu’un début, croyez-moi.
Le début, en effet, d’une interminable série de calculs, de conversation, de traductions de runes dissimulées parmi les chiffres, de recherches, de correction d’erreurs, de recalculs, de retraduction. Une nuit n’aurait certainement pas suffit à Gillian pour terminer. En tout, il lui fallut près de trois semaines. Trois semaines de très dur labeur, durant lesquelles Hector demeura son complice, alors qu’elle devait tout dissimuler de ses recherches à Madame Painswick, en continuant d’assurer son travail de greffière, gérer les émotions sensibles de sa patronne ainsi que celles des Diggins, de moins en moins patients concernant l’avancée du dossier. Ils envoyaient leur petite bonne sonner à la porte de l'office au moins trois fois par semaine, et prendre le temps de la rassurer était particulièrement chronophage. C’est pourquoi la plupart du temps, Gillian poursuivait ses travaux clandestins de nuit, au risque de presque y perdre la santé.
Un soir, échevelée, en sueur et non sans un certain soulagement, elle posa le point final sur le dernier parchemin de la bonne centaine qu’elle avait griffonnés de ses recherches. Gillian pensait tenir, enfin, l’incantation qui permettrait de briser le sort brouillant les lettres, et par là-même les motivations de cet individu qui signait d’une si mystérieuse manière. L’appréhension s’empara de son ventre lorsque, se levant ainsi que sa baguette, elle l’agita devant les parchemins signés de Wallabreigh.
- Male acquisitis non prodest (**)
Les pages des parchemins tremblèrent, s’illuminèrent, s’envolèrent en tous sens dans un fracas tel que bientôt le bureau de Madame Painswick ressembla à un champ de bataille. Les lettres s’assagirent, et enfin, Gillian et Hector purent lire le véritable contenu de ces mystérieuses missives. Ils venaient de terminer leur longue et édifiante lecture lorsqu’une figure sévère et bien connue fit irruption dans la pièce :
- Puis-savoir, par Merlin, ce qui se passe ici !
Madame Painswick n’avait encore jamais autant élevé la voix.
- Gillian, je trouvais votre propension à faire des heures supplémentaires particulièrement curieuse, je constate que mes soupçons étaient fondés. Nom d'un hibou déplumé, que fait ce Cracmol dans mon bureau ? Non contente de violer le secret de l’instruction magique, vous divulguez les informations de l’enquête ? Je devrais vous faire renvoyer sur le champ !
- D’accord Madame, je comprends, répondit Gillian qui avait déjà oublié sa surprise d’avoir été démasquée, mais l’enquête est justement sur le point d’être résolue et il faut absolument que vous voyiez tout cela. Oh et il ne s’agit pas du Cracmol, comme vous dites, mais de Sir Hector du bureau des Aurors.
Madame Painswick ne se laissa pas facilement attendrir, et il fallut aux deux complices développer des trésors d’argumentation pour parvenir à la convaincre de les écouter. Hector dû même attendre de recouvrer son apparence afin que ses paroles soient davantage prises au sérieux.
- Comment avez-vous compris que ces lettres étaient magiquement codées et comment êtes-vous parvenue à un tel résultat ? demanda la patronne, dubitative.
- Grâce à la signature. Lorsque j’ai compris que les écrits de Wallabreigh n’avaient aucun sens, j’ai commencé à chercher la clef qui permettrait de lever le sortilège d’encodage. S’ils sont redoutables, ces sortilèges présentent une faille assez importante : ils comportent nécessairement une clef, qui même si elle est dissimulée, existe au sein de l’objet ensorcelé. C’est Sir Hector qui m’a permis de m’apercevoir qu’il fallait certainement chercher du côté de la signature, le seul point commun à chacune des lettres. Et pour décoder ou briser un sortilège, il faut faire appel à l’arithmancie. Et c’est ainsi que… j’ai trouvé la bonne incantation.
Madame Painswick considéra Gillian derrière ses petites lunettes, d’un air plus sévère que jamais, puis laissa traîner son regard sur les parchemins de Wallabreigh au contenu révélé. Elle ouvrit la bouche pour ce que Gillian craignit être une énième remontrance :
- Allons, cessons de bayer aux corneilles et remettons-nous au travail. Mais plus de cachotteries, voulez-vous ?
Dès lors la lecture reprit. Les trois sorciers découvrirent que les lettres de Wallabreigh étaient en réalité une série de dénonciations coup de poing concernant des biens dont les Diggins avaient fait l’acquisition pour les revendre. Ces biens présentaient le point commun d’être issus d’expériences illégales de magie noire, réalisées au détriment de sorciers ou créatures magiques dans la peine. Ces victimes avaient vendu pire que leur âme pour permettre la naissance de ces artefacts et trouver un semblant de salut, l’esprit ravagé par les mensonges de ceux qui leur avaient fait croire à une existence inutile. Les Diggins, s’ils n’avaient rien fabriqué, alimentaient en grande part ce qui s’avérait être un trafic international organisé entre la Roumanie et le Royaume-Uni. Aux dires du délateur, ils avaient bâti leur fortune en s’adonnant à ces ventes, ces achats, ces reventes d’objets, tous plus détestables les uns que les autres.
La juge Painswick reprit les choses en main afin de retrouver chacun des biens revendus par les Diggins. Comme si elle s’était réveillée d’un long sommeil, elle mit en branle toute son intelligence et tous ses pouvoirs magiques et de magistrate pour remonter la piste de chaque artefact. Quelques trois mois plus tard, tous étaient saisis et scellés magiquement, dans les salles les plus secrètes du département de la Justice magique.
Bien entendu, les Diggins furent arrêtés. Après des aveux très dignement obtenus, Madame Painswick eut le plaisir de signer une ordonnance de mise en accusation devant la Cour de justice du Magenmagot. Au très grand désarroi de leur petite bonne, qui de fait, se retrouva sans emploi.
Au département, cette affaire qui avait commencé comme une blague alimentait à présent les plus vifs enthousiasmes. Une telle démonstration de travail acharné et de compétence de la part de la présidente-instructrice ne put qu’inspirer le respect, et petit à petit, sa cote de popularité fut revue à la hausse.
Il demeurait cependant un détail, qui n’en était pas un, à compléter sur le tableau de l’enquête.
- Nous ne savons toujours pas qui est ce Wallabreigh, lança Hector lors d’un thé de l’après-midi auquel Madame Painswick l’avait convié.
- Cette personne en sait en tout cas beaucoup sur les Diggins, répondit cette dernière, je dirais même qu’elle en a une connaissance encyclopédique. Une perquisition, aussi minutieuse fût-elle, n’aurait permis de glaner autant de renseignements qu’en possède ce délateur. A croire qu’il s’agit d’une ombre qui rôde sur les murs de leur manoir.
- Une personne qui voit tout mais que l’on ne remarque pas, ajouta Gillian sur le ton de ceux qui réfléchissent à voix haute.
Madame Painswick et elles échangèrent aussitôt un regard entendu, qu’Hector souligna une seconde plus tard. Tout était plus clair que de l’eau de roche.
Le lendemain, à quinze heures, on frappa à la porte de l’office. Gillian s’empressa d’aller ouvrir la porte, sur le pas de laquelle se tenait la petite silhouette blonde de l’ancienne domestique des Diggins.
- Entrez, Mademoiselle Ionescu. Installez-vous, je vous en prie, lui dit froidement Madame Painswick.
- Je ne comprends pas ce que je fais ici Madame, fit l'intéressée, je vous ai déjà dit tout ce que je savais.
- J’ai un avis contraire, répondit la juge, désireuse d’aller droit au but. Ce disant elle agita sa baguette et fit léviter entre elles les parchemins de Wallabreigh. Reconnaissez-vous, chère Mademoiselle, votre prose, qui nous a causé tant de tracas ?
Mademoiselle Ionescu tâcha, une minute, de garder contenance. Puis son visage changea. Dans une tentative désespérée, elle dégaina sa baguette, mais Gillian et Hector furent plus rapides et la tinrent en joue. Madame Painswick pour sa part ne lui fit pas même le plaisir d’un sourcillement. Aculée, la petite sorcière se résigna.
- Vous savez ce qu’est la pauvreté ? Mon frère et moi n’avons connu que ça, sans nos parents. On travaillait comme on le pouvait, mais en Roumanie, dans ce fichu pays… Quand Stefan a vendu ce qui restait de son âme à ces trafiquants, j’ai cru que j’allais devenir folle. Peut-on connaître quelque chose de plus horrible que de voir le seul être qui vous est cher devenir une coquille vide, un corps qui erre. Je ne sais même pas comment ils ont fait pour en arriver à ce désastre. J’ai appris que les Diggins avaient acquis à très bon prix la boule de cristal dans laquelle on avait scellé ce qui restait de lui. Je suis douée pour fouiner, vous l’aurez remarqué. Puis ils l’ont vendue… et j’ai perdu toute trace de ce qui restait de mon frère.
Son regard transpirait de la haine que lui inspiraient ceux qui s’étaient enrichis en partie grâce aux malheurs de sa famille. Gillian eut du mal à contenir ses tremblements en écoutant son récit. Hector et Madame Painswick parvinrent à rester impassibles.
- Vous n’avez même pas pris la peine de changer votre identité, dit l’Auror avec une pointe de tristesse dans la voix.
- Mon nom, roumain ou pas, n’a aucune importance pour les gens comme les Diggins. Je ne suis rien ni personne. Juste une domestique que l’on sonne.
- Pourquoi Wallabreigh ? demanda Madame Painswick, pas émue pour deux sous.
- Ah ça. C’est le nom d’un personnage de conte en Roumanie. Un mage-voleur qui rétablit la justice. J'aimais ses aventures. Ce long voyage jusqu'en Angleterre ne m'a pas fait peur. Tout comme il a été facile de me faire embaucher chez ce maudit couple.
La juge considéra un instant ce petit bout de sorcière, haineuse et désespérée, assise bien droite juste devant elle.
- Couple auquel il était moins dangereux de s'en prendre, plutôt que d'attaquer directement les bourreaux de votre frère. À supposer que vous ayez jamais su de qu'il il s'agissait, d'ailleurs. Ces gens doivent s'être mi eux caché que leurs complices. Mais pourquoi ne pas avoir tout simplement dénoncé les Diggins ? Vous avez gâché votre talent magique à commettre de telles bassesses. A quoi bon vous être donné tant de mal ?
Ionescu esquissa un sourire que Gillian n’oublierait jamais.
- C’est enfantin, je voulais qu’ils souffrent.
Elle éclata d’un petit rire fou.
- Ce que ça a marché. Vous les auriez vu, sur la fin, à moitié fous. A sursauter à chaque hibou qui franchissait la fenêtre, à bruit de leur propre maison, à chaque visite. Ils se retournaient même pour aller dans leur chambre.
Son visage s’éteignit d’un seul coup, et toute trace d’âme qui vive quitta la petite sorcière.
- C’est bien fait. Ils étaient à vomir.
Hector, assis devant Gillian sur la petite table où ils partageaient un déjeuner, parlait avec autant d’enthousiasme qu’il mangeait.
- Après vérification, je peux vous affirmer que cette histoire d’Obscurus n’est que pure invention. En réalité, Ionescu n’a elle-même rien dérobé – si ce n’est la vérité sur ses affreux maîtres. Il faut voir cette part de l’histoire comme une accroche, destinée à attirer notre attention.
Gillian acquiesça, d’un air rêveur et triste.
- Tout ceci est tellement tragique.
- Allons ma chère, vous êtes parvenue à dénouer la situation et par là-même à faire cesser une injustice. Quoi que l’on en pense, Ionescu bénéficiera de circonstances atténuantes lors de son procès.
- Vous le pensez ?
- C’est une certitude. Avez-vous lu la Gazette du Sorcier, aujourd’hui ? Notre bonne Madame Painswick a droit à une interview en page quatre.
Gillian se pencha sur la page du journal qui voleta entre elle et Hector. Même photographiée, Madame Painswick avait l’air rigide. Si on ne la voyait pas étirer son petit sourire nerveux, on aurait pu croire à un cliché de moldu.
- Oh ça alors, remarqua Hector de son œil de lynx, elle mentionne votre nom !
- Comment ?
Le regard de Gillian se promena rapidement sur l’article. Et en effet, en milieu de colonne, on pouvait lire les propos élogieux de Madame Painswick à son endroit.
« C’est une jeune femme d’un talent remarquable. Sans sa perspicacité, jamais je ne serai parvenue à résoudre cette affaire. Je lui dois assurément la réussite de ces investigations. »
Gillian eut grand peine à ne pas sourire à la lecture des compliments publics qui lui étaient faits par sa terrifiante patronne.
- Elle vous mentionne aussi, Hector.
- Oh, fit-il avec désinvolture, moi j’ai l’habitude, pensez donc.
Et elle pouffa.
Le lendemain ce fut une véritable douche froide.
- Mais comment ça, « vous démissionnez » ?
- Inutile de parler si fort, je suis vieille mais pas encore sourde.
Madame Painswick avait annoncé sa décision à Gillian, de but en blanc, un jour de travail qui commençait, comme bien d’autres, par une matinée qu’on aurait pensée sans surprise. La présidente-instructrice lui expliqua qu’elle avait envoyé sa lettre de démission à sa hiérarchie et que sa décision, à dire vrai, avait été prise dès l’issue du procès de Mademoiselle Ionescu.
- Cette affaire m’aura fait comprendre une chose : j’ai fait mon temps. Il me semble que c’est la décision la plus sage qui soit à prendre. Voilà plus de quarante ans que j’exerce ces fonctions. Il est plus que temps de passer la main.
Voyant que le regard de Gillian s’intéressait de près à ses chaussures, la grande sorcière sourit.
- Ne soyez pas si désolée, Humphrey. D’ailleurs, je dois vous remercier. Votre aide précieuse me permet de finir ma carrière en beauté, au lieu de tomber en disgrâce.
Madame Painswick s’adossa plus confortablement dans son fauteuil. Gillian lui trouva un air plus apaisé, comme si débarrassée d’un fardeau, sa patronne avait le cœur plus léger.
- Et vous ? Qu’allez-vous faire, maintenant ?
- Je suppose que je vais rester ici…
- Sottises absolues, lâcha Madame Painswick avec humeur. Regardez-vous un peu. Vous êtes savante, perspicace, d’une efficacité redoutable et vos talents de Sorcière sont impressionnants. Non, on ne peut pas se permettre de gâcher votre potentiel au Ministère de la Magie. Surtout au département de la Justice.
Madame Painswick paraissait follement amusée. Gillian pour sa part ne savait plus où se mettre.
- C’était très bien vu, l’arithmancie. Un art magique auquel je ne pense pas assez, voyez comme cela m’a joué un tour. J’ai bien trop sous-estimé l’affaire Wallabreigh – voyez, quand je vous dis que j’ai fait mon temps. Pourquoi ne pas vous y consacrer, à l’avenir ?
- Eh bien, hormis mener une carrière de briseur de sortilèges, je ne vois guère de perspectives.
- Cette profession ne vous intéresserait pas ? A Gringotts on s’arracherait votre candidature.
Gillian baissa les yeux. Gringotts, non, surtout pas. Ce lieu où seules les richesses comptaient, où son père travaillait, où tout rappelait ce luxe qu’il affectionnait tant, ce lieu froid comme cet homme qui n’était même pas capable de dire de quelle couleur étaient les yeux de sa fille. Oncle Terrence lui avait déjà fait cette suggestion, mais Gillian s’y était opposée avec une virulence qu’il ne lui connaissait pas. Avec le temps, elle ignorait si elle craignait encore son père, comme la fillette en elle, ou si tout s’était mû en aversion pure et amère.
Le regard perçant de Madame Painswick ne manqua pas un seul détail de l’émoi de Gillian, mais sa discrétion lui dicta de ne pas insister sur le sujet.
- Et la voie de l’enseignement, vous y avez pensé ? Mon filleul qui étudie en ce moment à Poudlard m’a affirmé que le professeur actuellement en poste va bientôt prendre sa retraite. Vous devriez leur écrire.
- A dire vrai, je n’y ai jamais pensé. Je ne pense pas en être vraiment capable.
- Vous êtes trop hésitante, Gillian. Si c’est là ce que vous aimez et ce pour quoi vous êtes douée, jetez vous à l’eau. Si vous pouvez former de jeunes esprits à devenir aussi capables et compétents que le vôtre, un grand service serait rendu au monde des Sorciers.
Gillian rougit, profondément touchée.
- Écrivez-leur, vous dis-je. J’appuierai votre candidature. N'est-ce pas vous qui dîtes "il ne faut pas redouter ce qui est complexe" ?
Pour la première fois, Gillian vit un sourire malicieux se déployer sur le visage de l’austère Madame Painswick.
Gillian suivit son conseil et écrivit à Poudlard. Elle commença comme enseignante adjointe, pendant une première année, puis finit par entrer en poste en tant que Professeur titulaire, à l’âge de vingt-cinq ans.
Aujourd’hui, cela fait trois ans qu’elle enseigne à Poudlard. Trois années au cours desquelles Gillian apprit autant de choses sur elle-même qu’elle en enseigna à ses élèves. Elle se révèle être une professeure patiente et pédagogue, à l’autorité naturelle, qui tâche d’encourager tous ceux qui s’intéressent à sa matière adorée. Félicitant les doués et encourageant les plus fragiles, Gillian met un point d’honneur à ce que ses élèves passent le meilleur moment possible pendant ses cours. Ou en tout cas, le moins barbant. Enfin, on fait ce qu’on peut. Et puis, les plus rêveurs ont toujours le loisir de s’amuser des cascades de Bémol, qui ne manque jamais le moindre cours de sa maîtresse – à croire qu’il s’y intéresse lui aussi. Gillian tâche de stimuler les esprits, de corriger les parchemins en temps et en heure, de toujours motiver ses appréciations et les notes distribuées. D’être claire, d’être présente, d’être à l’écoute de chacun de ses élèves. En somme, Gillian souhaite être la plus juste possible.
Une chose est absolument certaine pour elle, depuis qu’elle a de nouveau franchi les portes de ce prestigieux Château en tant que professeur : Gillian se sent chez elle, et à sa place.
Elle chérit particulièrement le souvenir de son premier jour à l’école, où le ventre tordu par le trac, elle était allée se réfugier dans son tout petit bureau de l’époque. Alors un hibou avait tapoté du bec à sa fenêtre, avec à sa patte un petit parchemin. La missive était signée d’une main qu’elle avait souvent vu tenir une baguette ou une plume, au cœur d’un office du département de la Justice magique. On pouvait y lire ce mot, aussi pudique que chaleureux :
« Chère Gillian,
Toutes mes félicitations.
Votre amie, Miranda Painswick »
Toutes mes félicitations.
Votre amie, Miranda Painswick »
Behind the screen
- Code:
https://i.servimg.com/u/f86/19/39/74/48/gillia10.jpg
Re: Gillian B. Humphrey, Professeur - Il ne faut pas redouter ce qui est complexe
Dim 22 Aoû 2021 - 22:28
- Sianyde Llansawel
- Singularité : Sorcier / Sorcière
Orientation :
Statut civil : Célibataire
DC : Waclaw H. Tuszynski // Elizabeth B. Abberline
© : Avatar/Crackship/Signature : moi
[Autorisation d'éditer le message de Sisi, pour cause de carambolage de PA dans la fiche ci-dessus]
REVENGE
Re: Gillian B. Humphrey, Professeur - Il ne faut pas redouter ce qui est complexe
Dim 22 Aoû 2021 - 22:31
- InvitéInvité
Bienvenue et bon courage pour ta fiche !
Re: Gillian B. Humphrey, Professeur - Il ne faut pas redouter ce qui est complexe
Dim 22 Aoû 2021 - 23:42
- Adonis Evans- Administrateur -
Ministère (terrain)
III - Auror
Singularité : Demi-Vélane
Orientation :
Statut civil : En couple pour la vie avec Arthur Digler
Activités : Tripoter Monsieur Digler
DC : Ambroise de Lancester
© : Yulna
Re-Bienvenue ici !
Ton perso a l'air juste super intéressant, j'ai hâte de le découvrir davantage !
Bon courage pour ce qu'il reste de la rédaction !
Des bisous
Ton perso a l'air juste super intéressant, j'ai hâte de le découvrir davantage !
Bon courage pour ce qu'il reste de la rédaction !
Des bisous
Re: Gillian B. Humphrey, Professeur - Il ne faut pas redouter ce qui est complexe
Lun 23 Aoû 2021 - 15:21
- InvitéInvité
Bonjour ! Bienvenue.
Une prof, c'est super ! <3
Un épouvantard Araignée ? Holalala , je vais cacher mon bébé :(
Une prof, c'est super ! <3
Un épouvantard Araignée ? Holalala , je vais cacher mon bébé :(
Re: Gillian B. Humphrey, Professeur - Il ne faut pas redouter ce qui est complexe
Lun 23 Aoû 2021 - 15:43
- Teddy T. LupinEnseignement
IV - Directeur de la maison Poufsouffle
Singularité : Métamorphomage
Orientation :
Statut civil : En couple...Avec une parent d'élève rajeunie et mariée et... Bref, c'est compliqué, mais le coeur tambourine beaucoup.
DC : Keith, Jordanaya & et Géronimo
Salut toi et bienvenue sur MIW! ** Une consoeur professeur, toute douce en plus. Ta petite Gillian et mon Teddy ne peuvent que bien s'entendre je pense! :D
J'ai adoré le début de ta plume, hate de voir comment tout ça va se solder par un poste à Poudlard.
J'ai adoré le début de ta plume, hate de voir comment tout ça va se solder par un poste à Poudlard.
Re: Gillian B. Humphrey, Professeur - Il ne faut pas redouter ce qui est complexe
Mar 24 Aoû 2021 - 0:06
- InvitéInvité
Hellooooo /o Bienvenue ^^
Re: Gillian B. Humphrey, Professeur - Il ne faut pas redouter ce qui est complexe
Mar 24 Aoû 2021 - 0:55
- Gillian B. HumphreySpécialiste
IV - Experte en arithmancie
Singularité : Animagus déclaré
Orientation :
Statut civil : Seule
Activités : Adore les échecs version sorcier et toutes sortes d'énigmes
DC : Olive Holmes, Lukas M. Rainforth, Josephine V. Lamora
© : Gigi
Bonjour à tous !
Merciii pour tous vos gentils petits mots et votre accueil, ça me fait très, très plaisir
J'en profite pour signaler que j'ai terminé la rédaction de ma fiche ! J'ai opté pour un format de RP un peu inhabituel (j'en conviens), j'espère que cela ne sera pas trop dérangeant.
Bien entendu, je me tiens prête à faire chaque modification nécessaire.
Des bisous à ceux qui veulent
Merciii pour tous vos gentils petits mots et votre accueil, ça me fait très, très plaisir
J'en profite pour signaler que j'ai terminé la rédaction de ma fiche ! J'ai opté pour un format de RP un peu inhabituel (j'en conviens), j'espère que cela ne sera pas trop dérangeant.
Bien entendu, je me tiens prête à faire chaque modification nécessaire.
Des bisous à ceux qui veulent
Re: Gillian B. Humphrey, Professeur - Il ne faut pas redouter ce qui est complexe
Mar 24 Aoû 2021 - 2:25
- InvitéInvité
Bienvenue Gill :3
Je te l'avais déjà un peu dit sur le Discord mais après avoir lu la fin de ta fiche je suis complètement séduite par ton style et par l'ambiance que tu mets en place, j'ai l'impression de lire un micro-Agatha Christie dans le monde sorcier
Contente de voir une nouvelle prof aussi, en plus Arithmancie c'est super cool :3
Je viendrai te proposer un lien avec Tadhg, vu que ce sont deux Irlandaisque penses-tu de la scandaleuse non-indépendance de l'Irlande sorcière d'ailleurs? amateurs de sorts et autres trucs compliqués :roll:
Bonne validation o/
Je te l'avais déjà un peu dit sur le Discord mais après avoir lu la fin de ta fiche je suis complètement séduite par ton style et par l'ambiance que tu mets en place, j'ai l'impression de lire un micro-Agatha Christie dans le monde sorcier
Contente de voir une nouvelle prof aussi, en plus Arithmancie c'est super cool :3
Je viendrai te proposer un lien avec Tadhg, vu que ce sont deux Irlandais
Bonne validation o/
Re: Gillian B. Humphrey, Professeur - Il ne faut pas redouter ce qui est complexe
Mar 24 Aoû 2021 - 11:11
- InvitéInvité
Bienvenue ici un peu en retard !
Re: Gillian B. Humphrey, Professeur - Il ne faut pas redouter ce qui est complexe
Mer 25 Aoû 2021 - 13:44
- Choixpeau Magique- PNJ -
- Orientation :
Activités : Ne me parle pas.
(Compte PNJ n'envoyez pas de MP)
Tu es validé(e) !
Bienvenue chez nous
Bienvenue @Gillian B. Humphrey chez les Professeurs !
Maintenant que tu es validé(e), tu peux visiter et remplir les sections telles que les relations de ton personnage, son journal de RP ou encore son grimoire où il peut déverser toutes ses idées !
Si tu es professeur, n'hésite pas à consulter le registre des étudiants pour t'organiser. Encore une fois, c'est optionnel.
Enfin, n'oublie pas de remplir les champs de ton profil et générer ta fiche de sorcier. Si tu as besoin d'aide, la boîte MP des admins est ouverte ainsi que le Discord du forum.
Nous n'avons plus qu'à te souhaiter un très bon jeu parmi nous o/
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum