Tout s'explique finalement lorsqu'elle me répond : elle a le vertige, elle prétend être incapable de voler sur un balai. Bon en réalité, ça explique seulement qu'elle ne parvienne pas à remonter dessus. En revanche, ça soulève d'autres incompréhensions de mon côté : qu'est-ce qu'elle fait perchée là-haut suspendue à un balai si elle déteste ça ? Ca me fait penser à un mauvais conseil qu'on aurait pu lui donner, comme de vaincre le mal par le mal en se forçant à faire un petit vol inaugural alors qu'elle serait seule. Un véritable conseil ou une mauvaise plaisanterie ? J'en connais de mon ancienne école qui auraient été du genre à donner de tels "conseils" juste pour se moquer et enfoncer encore plus la personne...

Bref, nous verrons cela plus tard. Pour le moment, il y a plus urgent : l'aider à redescendre sur la terre ferme, sans se blesser idéalement. Je monte à sa hauteur et l'invite à essayer de venir s'asseoir sur mon balai, espérant dans le fond que j'arriverai à garder la maîtrise de mon engin une fois qu'elle y sera. En vérité, même si elle s'exécute avec la meilleure délicatesse possible, je ne sais même pas si je pourrai nous maintenir sans problème en l'air. Je n'ai jamais partagé mon balai avec qui que ce soit jusqu'à présent après tout, et ce n'est pas vraiment mon domaine de prédilection non plus. Mais évitons de lui partager mes craintes, je doute que ça l'aidera.

Je suis maintenant très près d'elle, mais toujours pas suffisamment à son goût visiblement. Elle me demande en effet de m'approcher encore un peu. Je ne vais tout de même pas fusionner nos deux balais non plus... Toutefois si elle a le vertige, je peux comprendre que cette situation soit compliquée pour elle. Je vais essayer de faire au mieux et sans la brusquer, même s'il va bien falloir qu'elle se lance à un moment.

"Voilà, je suis tout près maintenant. Tu n'as plus qu'à me rejoindre sur le balai. Ca ne prendra qu'un instant, ça sera fini après."

Et plus l'instant sera bref, mieux ce sera. Car je réalise que je ne suis pas parfait en vol stationnaire non plus. Ca bouge un peu, j'ai du mal à maintenir une immobilité parfaite. Je n'y avais jamais fait attention jusqu'à présent car on a rarement besoin de ne pas bouger à ce point, mais dans le cas présent je vois bien la difficulté que ça représente. J'espère qu'elle ne s'en apercevra pas, ou du moins que ça ne l'empêchera pas d'agir. Sinon... tant pis pour la brusquerie, il faudra bien faire quelque chose si elle doit rester tétanisée sans possibilité de bouger. Je préfèrerai éviter de lui infliger ça, mais si elle ne me laisse pas le choix...

"Le plus dur est fait, t'as réussi à tenir tout ce temps. Tu n'as plus qu'à lâcher pour t'asseoir sur mon balai maintenant. Je vais te rattraper aussi ne t'inquiète pas, tu ne peux pas tomber. Entre mon balai et moi, il ne peut rien t'arriver."

Ce sont mes derniers encouragements pour l'inciter à franchir le pas d'elle-même. Après ça, je mettrai une autre idée en oeuvre. Une idée qui sera sûrement trop bruyante pour mes pauvres oreilles, mais tant pis... Car je ne sais pas depuis combien de temps elle tient à bout de bras comme ça, mais elle va forcément lâcher d'ici peu, que ce soit volontaire ou non. J'en suis presque sûr.