Mudblood Threat [PV Arabella Bullstrode]

Mudblood Threat

Beth bondit de joie en trouvant le petit parterre de fleurs sauvages qui avait survécu aux grands froids. Elle avait envie de rapporter un petit quelque chose à son père et il était évident qu'un bouquet de fleurs serait le cadeau parfait, dans l'immédiat, en attendant de pouvoir faire mieux pour Noël. Beth aimait beaucoup Noël et elle était impatiente de le fêter avec son cher papa. Elle n'aurait jamais cru qu'elle pourrait être adoptée un jour de cette façon et trouver le bonheur d'avoir une famille, même si elle ne se constituait que d'un papa. C'était toujours un parent de plus que ce qu'elle avait eu jusque là.

Elle avait évité de trop s'éloigner de la maison. Pourtant, elle devait apprendre que le danger était tout-de-même présent à si grande proximité. On aurait pu croire que la plus grande menace viendrait des moldus, d'autant qu'on se trouvait dans la partie moldue de Londres. Mais c'étaient des sorciers qui venaient de surgir dans le parc où elle cueillait gentiment les fleurs, des sorciers qui l'avaient pistée, de qui elle était la cible, ou plus exactement, une cible parmi tant d'autres nés-moldus qui pouvaient le devenir. Mais cette fois, c'était son tour. Et elle ne s'y était pas attendue du tout, pas ici, loin de l'école.

Un jet magique discret la heurta et elle fut propulsée au sol. La douleur, l'angoisse, qui s'agrandit en les voyant prendre place autour d'elle, en les entendant l'appeler Sang-de-Bourbe. ils affirmèrent qu'elle n'avait pas sa place parmi eux, qu'elle n'avait sa place nulle part, qu'elle était un monstre. Si elle s'était souvent fait traiter de monstre, qui n'avait sa place nulle part, Beth n'avait jamais eu aussi peur de ce qui pourrait se produire. Les sorts pleuvaient sur elle et elle était incapable de réagir. Elle ne pouvait rien faire que d'appeler au secours, un cri qui était des plus parlants pour la nouvelle adoptée, même s'il ne pouvait l'entendre.

« Au secours, Papa... »

Il faisait encore bien frisquet, l'hiver s'étant bien installé en Angleterre à présent. Londres ne faisait pas exception à la règle, et le froid y était vivace. Et pourtant, la fraîcheur générale n'avait pas suffit à prévenir le dernier coup de sang de Kaleb. Il commençait à avoir le nez pour deviner quand Bella était mêlée de près ou de loin à la résolution d'une affaire, ou à un coup de filet imprévu de la police magique. Et une fois encore, la demoiselle s'était faite vertement réprimander. Entre ça, et ses visites un peu trop régulières à Sainte-Mangouste à cause des accidents violents qu'engendraient ses tentatives de création de sorts, la noble rousse avait une vie.... Mouvementée. Et les nerfs de son grand-frère étaient mis à rude épreuve. Une fois de trop. A défaut de pouvoir la priver de sortie sans avoir à faire une séquestration musclée et illégale, Kaleb.... Lui avait confisqué sa baguette. Du moins le croyait-il. La vie avait appris à la sorcière a avoir de la ressource et des ressources. Ainsi.... Elle n'avait pas une, mais deux baguettes ! Une précaution qu'elle avait suite à un lancer de sortilège de sa création qui avait très mal fini.

Le risque qu'un jour sa baguette soit détruite dans un de ses essais était réel, et elle ne pouvait pas se permettre de se retrouver sans rien. Aussi, quand Kaleb était partie avec sa première baguette, elle avait pris grand soin de jouer l'indignation, faisant un véritable scandale.... Avant de s'en retourner à ses activités, ou presque. Elle était sensée ne pas avoir de baguette. Elle devait donc agir comme tel, et avec prudence. Elle avait prétexté une envie de prendre l'air, et si au départ son frère était sceptique, le fait qu'elle se rende dans le Londres Moldu l'avait quelque peu apaisé. L'univers moldu était peut-être l'endroit le plus sûr pour elle ! Il était loin de se douter que la chipie était partie faire le tour de quelques indicateurs pour savoir ce qui se tramait dans l'ombres....

Mais pour l'heure, elle avait fait chou blanc. Rien de concret à se mettre sous la dent. Elle aurait pu être déçu, mais ce n'était pas plus mal. Elle n'allait pas se plaindre que la criminalité baisse, même temporairement. Rabattant son grand manteau blanc en fausse fourrure sur elle, elle s'apprêtait à rentrer, flânant légèrement. Après tout, sans magie, elle devait prendre des transports moldus pour se déplacer, ce qui prenait infiniment plus de temps. Autant offrir une illusion parfaite en prenant son temps. Mais alors qu'elle longeait un parc, elle se figea de stupeur en entendant des voix, et surtout ce qu'elles disaient.

Monstre de sang de bourbe !
Tu ne devrais pas exister !
Ta place n'est pas chez les sorciers, disparais !

Si Bella était déjà estomaquée par le fait que visiblement, un groupe de sorcier avait jugé pertinent de balancer ces tirades haineuses et des sortilèges en plein Londres moldus, la suite allait finir de lui flanquer un violent coup de sang.

« Au secours, Papa... »

.... Une enfant. Une petite fille. Ces décérébrés non seulement ne respectaient pas le secret magique, étaient racistes, mais en plus ils s'en prenaient à une enfant. Bella ne réfléchit pas un instant de plus. Elle souffla un Repello Moldum entre ses dents pour s'assurer qu'aucun moldu ne pourrait assister à ce qui allait suivre. Et son courroux frappa.

Alors, on fait moins la maline la sang de b-OUAAAAAARHG !!!

Le sorcier ne put finir sa phrase qu'il fut violemment projeté contre l'arbre le plus proche. Ses complices n'eurent que le temps de l'observer choqués, avant que la colère du cygne ne les frappe à leur tour. D'abord une valve d'Experlliarmus, et ensuite, le florilège ! Des Diffindos, des Furonculose, des Aguamentis.... Aguamentis ? Ho que oui ! Non seulement avec les températures particulièrement fraîches ils allaient souffrir du froid, mais en plus.... Cela avait le don de pimenter savoureusement l'Electrocorpus qu'elle leur lança, histoire de les mettre au courant de son franc agacement à leur encontre. Elle avait eu la bonté de ne pas leur infliger un choc électrique trop violent, mais suffisamment pour bien les secouer. La situation était d'autant plus troublante que pour lancer ses sortilèges, la demoiselle n'avait pas pipé un mot. Elle avait eu maintes occasions de constater que les sortilèges informulés étaient beaucoup plus perturbants que les formulés. Elle acheva cette séance de correction en administrant un Fulgari à tout ce petit monde. Elle avait avancé vers eux tout du long de cette offensive punitive, et au moment où elle avait terminé, elle était arrivé à la hauteur de la malheureuse jeune fille.

A cinq adultes contre une enfant, il n'y a pas de mots pour décrire votre degré de médiocrité, misérables lombrics.

Elle s'accroupit au chevet de la pauvrette, lui lançant un Revigor et un Episkey, espérant lui redonner un peu d'aplomb. Elle lui tendit délicatement la main, avant de lui demander doucement.

Ça va aller ? Vous n'êtes pas trop blessé ? Vous pouvez vous relevez ?

U-une Bulstrode ?! Mais ! Traitresse !!! Pourquoi une sang-pur aide cette sang de b-leurgheugh ?!

L'homme finit sa question en crachant une flopée de limace, l'air écœuré.

Justement, en tant que telle j'ai à cœur de montrer l'exemple en ne prêtant aucune crédibilité à des considérations aussi stupides. Maintenant je vous conseille d'économiser votre salive pour la police magique, je suis certaine qu'ils seront ravis d'entendre vos explications pour votre crime organisé, agression sur mineure, et le fait d'être assez idiot pour user de votre magie en plein Londres moldu.

Vous avez fait parei-flurgheugh !!!

Un autre cracheur de limace à déplorer.... La noble rousse se releva, se tenant droite et ferme sur ses appuis avant de lancer un regard parfaitement méprisant aux sorciers à terre.

J'ai eu le bon goût d'user d'un Repello Moldum avant d'intervenir, concentré d'idiotie majeure.... Maintenant hors de ma vue. Votre simple existence m'exaspère.

D'un coup de baguette, elle envoya les sorciers grelotter et claquer des dents dans les fourrés. Même si elle avait pris ses précautions vis-à-vis des moldus, elle préférait ne pas prendre de risque. Et surtout elle avait tout loisir de s'occuper de la petite rescapée. Elle baissa son visage vers elle, et lui demanda avec un léger sourire.

Je m'appelle Arabella. Arabella Bulstrode. Et vous ?

Mudblood Threat

Ce n'était peut-être pas son papa qui venait de lui sauver la vie, mais quelqu'un était bel et bien intervenu pour empêcher ses bourreaux de continuer leur sinistre ouvrage. Elle n'avait pas la moindre idée de qui cette personne était, mais elle lui était particulièrement reconnaissante de son intervention. Elle n'avait pas fait exprès de se retrouver dans cette situation, et elle n'avait jamais pensé valoir plus que les autres. Mais elle n'avait pas envie de mourir et elle était persuadée que sa vie était en jeu avant que la femme n'intervienne. La raison pour laquelle même les enfants en devenaient une cible, elle ne la comprenait pas.

À-peine les agresseurs hors d'état de nuire, la première chose que fit la sorcière fut de s’inquiétait pour elle et pour son bon rétablissement. Beth aurait voulu dire que ce n'était rien et qu'elle n'était pas blessée, mais elle en était incapable dans l'immédiat tant elle avait eu peur. Si physiquement, la femme était arrivée à temps, la fillette allait avoir besoin d'un instant pour se remettre de sa frayeur avant de pouvoir donner le moindre détail. Et les autres avaient l'air de se sentir concernés par le nom de famille de cette femme, mais la fillette n’arrivait pas à réfléchir à la raison qui causait cela. Il fallait dire qu’elle aurait été bien en peine de donner les noms des grandes familles de sorciers au sang pur.

« Je… » commença-t-elle avant d'être interrompue par un individu qui fut lui-même interrompu par vomissement de limaces.

Beth fit la grimace. Elle n'avait jamais trouvé les limaces particulièrement attractives, même si elle savait que la femme avait fait ça pour la protéger. Elle avait l'air d'être très en colère, et les autres semblaient vouloir la prendre en traître en lui reprochant des comportements identiques à ceux qu'ils avaient eu. Il ne lui fallut pas longtemps pour leur faire comprendre qu'elle avait pris bien des précautions que cela ne s'était pas permis de prendre, prouvant qu'ils n'étaient pas seulement lâches et brutaux, ils étaient stupides. Ces menaces eurent le mérite de faire fuir les individus et de permettre à la femme de se concentrer sur Beth.

« Elizabeth Saun… euh… Cortázar », se présenta-t-elle en se rendant compte que son nouveau nom était loin de lui être automatique. « Merci… pour m'avoir aidée… je ne sais pas pourquoi ils m'ont attaquée. Je ne leur ai rien fait, je vous assure. »

Après avoir dissimulés les motifs de fâcheries, Bella avait eu tout loisir de reporter toute son attention sur la petite demoiselle qu'elle venait de secourir. Pauvrette.... Elle devait avoir entre dix et douze ans, pas plus.... Si la noble rousse n'était pas assez naïve pour ignorer que les comportements racistes envers les sang-mêlés étaient toujours d'actualité, elle n'aimait pas du tout la tournure que cela prenait. Déjà qu'elle trouvait que le harcèlement que certains élèves de Poudlard pouvait subir de leur camarade était de l'ordre de l'inadmissible, alors des adultes qui faisaient des guet-apens sur des enfants, en bande organisée, on avait dépassé un stade de trop. Le petit lapin devant elle se présenta sous le nom de Elisabeth Cortázar. Mais la noble rousse avait noté qu'elle avait manqué de lui donner un autre nom initialement. Étrange.... Mais elle n'insista pas. Ce n'était pas le moment de jouer les indiscrètes, d'autant plus que la malheureuse avait eu son lot d'émotions pour la journée. L'ex-serdaigle s'accroupit à la hauteur de la jeune Elisabeth afin de lui parler à hauteur d'yeux, sur un ton doux.

C'est tout naturel Elisabeth. Et soyez tranquille, je vous crois. Ces sordides individus n'auraient jamais dû s'en prendre à vous. Ils vous ont attaqué parce qu'ils sont lâches et stupides. Parce que vous étiez isolée et jeune. Ce genre de misérables a décrété que ceux qui n'avaient pas un "sang pur" ne méritaient pas d'être sorciers. C'est la bêtise la plus infâme qu'on ait entendu depuis que le monde des sorciers existe.

Bella doutait que ce soit la première fois que des crétins viennent chercher des histoires à la demoiselle du fait de son sang. On lui avait sûrement rabâché les oreilles sur l'égalité entre sorcier, mais au vu des circonstances, la jolie rousse estima qu'un petit rappel ne serait pas superflus. Histoire d'enfoncer le clou.

.... Comme ces rustres l'ont dis, je suis effectivement une..... "Sang-pur". Et je peux affirmer en tant que tel qu'un sorcier de sang-mêlé est tout aussi valeureux qu'un sang pur. Ce n'est pas notre sang qui fait de nous une personne méritante ou non. Ce sont nos actions. Par exemple, ces idiots de la pire espèce sont très certainement des sang-pur, mais ils sont également la preuve vivante que leur prétendue pureté ne font ni d'eux des personnes intelligentes, et encore moins puissantes. Alors que vous.....

Bella esquissa un doux sourire avant de continuer.

.... Vous devez avoir une très grande force en vous pour que ces voyous se sentent obligés de venir à cinq contre vous, et toute seule dans un parc....

Ce n'était pas forcément vrai, mais autant utiliser la couardise ineffable de ces caricatures de sorcier pour tenter de redonner un peu de contenance et d'assurance à la petite demoiselle.

Est-ce qu'une bonne tasse de thé bien chaud vous ferez du bien ?

Bella mit la paume de sa main bien à plat devant elle, et lança un sortilège informulé de sa création, qui fit apparaître une tasse de thé chaude et sucrée, avec sa soucoupe et sa petite cuillère. Elle la tendit dans un sourire complice à la jeune fille.

On ne vous apprendra pas ce sort là à Poudlard.....

Mudblood Threat

À l'école, Beth avait déjà pu remarquer que certaines personnes se comportaient différemment avec certains élèves plutôt qu’avec d'autres. Et elle avait déjà compris qu'elle n'était pas dans le haut du panier. Elle savait qu'il s'agissait d'une histoire de sang mais elle devait avouer ne pas l'avoir bien comprise. De toute façon, on l'avait dédaignée chez les moldus parce qu'elle était une sorcière et on la dédaignait chez les sorciers parce qu'elle était une moldue. C'était à se demander si elle avait sa place quelque part. Elle aurait bien prétendu que non, mais elle savait que nombreux seraient qui le lui aurait reproché.

« J'ai déjà entendu des échos comme ça, à l'école. Mais je n'ai pas tout compris. Apparemment, ils pensent que je suis différente d'eux, mais je n'ai pas compris en quoi ni pourquoi. De toute façon, on m'a toujours dit depuis que je suis petite que ma vie ne sert à rien et que si je veux servir à quelque chose, il faut que je me rende utile. Et je m'y efforce, vous savez. »

Beth ne se trouvait absolument pas forte. Mais elle savait qu'elle devait essayer de montrer de la force si elle voulait ne gêner personne dans ce monde. Elle ne savait pas pourquoi ils avaient ressenti ce besoin d'être aussi nombreux pour s'attaquer à elle. Mais elle était certaine que ça n'avait rien à voir avec une prétendue force de sa part. C'était sans doute plus facile de s’attaquer à quelqu'un en groupe et de pouvoir reporter la faute sur les autres s'il y avait un problème. Beth connaissait bien cette façon de procéder dans le sens où elle adoptait souvent le point de vue du plus grand nombre par commodité et pour éviter les problèmes.

« Je ne sais pas si je suis forte ou si ce sont simplement des personnes lâches. Mais je suis certaine qu'ils ne sont pas capables de connaître leur propre valeur. Ils dépendent sûrement d'une personne qui doit leur dire qu'ils font bien ce qu'il faut. Si cette personne n'est pas là pour leur dire, ils se sentent peut-être perdus. Et peut-être qu'ils n'ont simplement pas choisi la bonne personne à écouter. »

Beth avait un peu trop tendance à se montrer bienveillante et à excuser les difficultés et les comportements que chacun pouvait rencontrer. Elle excusait même les violences physiques ou morales qu'on pouvait lui faire à elle. Son destin lui importait parfois beaucoup moins que le bien-être de personnes qu'elle n'avait jamais vues. La femme qui l'avait sauvée lui proposa une tasse de thé et elle accepta bien volontiers. Elle ne se sentait peut-être pas au mieux de sa forme et elle était peut-être quand-même prête à accepter beaucoup de choses mais dans tous les cas, boire quelque chose de chaud lui ferait du bien.

« Je vous remercie. je pense que ça me ferait beaucoup de bien. Je suis désolée de vous causer tous ces embêtements. Je ne pensais pas que ça arriverait en plein milieu de Londres. Ce n'est quand-même pas une très bonne idée de leur part de faire ça au milieu des moldus. Ils auraient facilement pu se faire repérer », s’étonna-t-elle en buvant une gorgée dans la tasse. « Vous êtes une sorcière impressionnante, je trouve. »

Mer 6 Mar 2024 - 17:36

La sorcière rousse put remercier son implacable éducation qui lui avait appris à garder bonne figure en toutes circonstances, car les déclarations de la petite demoiselle la firent bouillir. Elle aurait été présente au moment où on avait osé lui sortir des abominations pareilles, elle aurait jouer de sa baguette sans la moindre hésitation ! .... Comme à l'époque à bien y repenser.... Si elle n'avait pas eu beaucoup de monde pour la défendre face aux moqueries et mauvais coups des autres, elle n'avait jamais pu supporter d'assister impuissante à de tels comportements. Mais s'emporter maintenant ne servirait à rien. Le mal avait été fait, et le plus triste était que cette pauvrette croyait ces insanités. Voilà un point en revanche où elle pouvait peut-être encore agir. Elle vint plonger ses grands yeux bleus dans ceux d'Elizabeth, cherchant à capter toute son attention avant de lui dire.

Elizabeth, vous n'avez pas à vous rendre utile pour avoir le droit d'exister. Ce droit, chacun de nous le possède à partir du moment où il né. La seule personne qui peut attendre que votre vie ait une utilité ou un sens.... C'est vous. Et uniquement vous. Les autres n'ont pas voix au chapitre à ce sujet. Et pour cause ! C'est vous qui vivez votre vie, pas eux. C'est vous qui la ressentez, qui en êtes témoin à chaque instant, qui pensez, qui réagissez. Personne d'autre.... Alors comment quelqu'un d'autre peut exiger quoique ce soit de vous ?

Elle savait que pour une si jeune fille, ce genre de discours pouvait être assez perturbant, comme un idéal qui venait percuter de plein fouet une réalité qui était à l'inverse dudit idéal. Elle lui laissa le temps d'assimiler ces propos avant d'ajouter.

Je sais que le regard de l'autre prend rapidement une importance, surtout à votre âge. On se construit, on se juge par rapport à ce qu'on dit de nous. Mais.... Tous les regards ne sont pas bienveillants, et encore moins justes. Certains vous diront ce genre d'atrocités, en se moquant éperdument que ce soit faux et que ça puisse vous nuire. Et malheureusement il y a beaucoup de gens très prompt à venir déverser leur venin sur des personnes qui ne cherchaient qu'à comprendre leur place dans ce monde.... Qu'ils soient convaincus de leurs bêtises, ou qu'il ne réfléchissent même pas à ce qu'ils disent. Protégez-vous mademoiselle.... Vous ne méritez pas d'entendre des mensonges aussi blessant.

Mais comme pour parfaire un peu plus le tableau dramatique, voilà que la petite sorcière vint poser un regard miséricordieux sur ses propres détracteurs, leur cherchant même des excuses. Bella en aurait bien soupiré. Les victimes qui excusaient leur bourreau, ce monde tournait vraiment à l'envers.

Ne vous y trompez pas Elizabeth. Même si ces personnes sont sous l'influence de quelqu'un d'autre, ils n'en restent pas moins responsables des choix qu'ils font. Ils ont choisi d'écouter cette personne malveillante. Que ce soit parce qu'ils sont d'accords avec elle, ou par fainéantise intellectuelle. Mais ils ont fait le choix de suivre cette voie.... Et plus grave, ils ont fait le choix de passer à l'action, et de s'en prendre à une jeune fille innocente. A plusieurs. Ils sont adultes et capable d'utiliser leur cerveau. Ils n'ont aucune excuse. Et ils devront assumer les conséquences de leurs actes.

Bella réprima une fois encore un soupire. Elle n'aimait pas briser l'innocence, mais laisser Elizabeth dans l'ignorance revenait à l'exposer à la malveillance des autres. Elle entreprit alors de lui expliquer.

Certains sorciers imaginent que les sorciers qui ne sont pas issus d'une lignée de "sang-pur", sont des sorciers indignes, qui ne méritent pas d'être sorciers. Ainsi, tous les nés-moldus, ou les sang-mêlés, des sorciers ayant des moldus dans leur famille, subissent leur discrédit. Cette idéologie ne repose sur aucune vérité. Un sorcier né-moldu ou de sang-mêlé a les mêmes pouvoirs et la même légitimité qu'un sorcier dit sang-pur. Le sang ne change rien à l'affaire, et nous avons même bon nombre de célèbre sorciers qui illustrent cela. Imaginez un peu, selon eux Hermione Granger ne serait pas digne d'être une sorcière. Pourtant elle a endossé bien des rôles clefs dans l'histoire des sorciers.... En revanche, ceux qui font preuve d'intolérance ont engendré bien des drames dans notre histoire.... Avec souvent des massacres. Certains sorciers sang-pur, comme moi, essaient eux aussi de prouver que leur sang n'est en rien supérieur à ceux des autres, mais les mentalités sont dures à changer....

Et ce n'était pas faute de tordre régulièrement le cou aux intolérants en puissance....

En attendant, ne laissez personne vous dire que vous n'êtes pas une digne sorcière ou que vous ne méritez moins que les autres. Éloignez-vous le plus possible de ces gens, et ne restez qu'avec ceux qui seront suffisamment intelligent pour vous apprécier à votre juste mesure. C'est parfois long à trouver, mais ces personnes en vaudront la peine.

La noble rousse esquissa un sourire doux aux dernière paroles de la petite sorcière avant de lui répondre.

Vous ne me causer aucun tracas, rassurez-vous, j'ai connu bien pire. Mais vous avez parfaitement raison, ces fous ont enfreint nos lois en agissant de la sorte, et ils auraient pu mettre beaucoup de gens dans l'embarras. Encore une preuve qu'il ne sont vraiment futé.

Bella effectua une élégante révérence à la jeune fille suite à son compliment, avant d'ajouter.

Votre compliment me touche Miss Cortázar. Mais que diriez-vous de quitter les lieux ? J'aimerai vous raccompagner auprès de la personne qui prend soin de vous. Je doute qu'il y ait un autre gougnafier qui ose s'en prendre à vous dans l'immédiat, mais sait-on jamais. J'ose pouvoir affirmer que si tel était le cas, je saurais parfaitement les éconduire.

Elle ponctua sa parole en venant faire rouler sa baguette entre ses doigts, avant d'enjoindre Elizabeth à ouvrir la marche. Rejoindre le Londres sorcier serait le plus confortable, surtout si elle devait être amené à faire usage de sa magie. Et au fond d'elle, Bella ne pourrait souffler qu'une fois la petite sorcière entre les mains d'un adulte responsable et bienveillant.

Dim 24 Mar 2024 - 1:42

Mudblood Threat

Étonnamment, dans ce nouveau monde qu'elle avait intégré, les gens ne semblaient pas comprendre à quel point elle était un poids sur cette terre. Pourtant, depuis qu'elle était toute petite, elle avait pesé sur des gens alors qu'ils n'avaient pas sa responsabilité, spontanément. Elle comprenait que cela pouvait être vu comme quelque chose qui méritait compensation, mais la plupart des gens ne le voyaient pas, du moins, ce qu'elle voyait aujourd'hui. Cette femme ne comprenait pas non plus et s’évertuait à dire que c'était à elle de forger son utilité dans le monde par rapport à ses propres critères. Ce n'était pas faux et c'était un objectif logique en tant qu’adulte, mais elle n'en avait pas la possibilité à son âge.

« Vous ne comprenez pas. Vous pouvez choisir et être en autonomie sur votre propre destinée parce que vous êtes une adulte et que vous pouvez subvenir à vos besoins, mais je suis une enfant. Mes parents sont morts et j'ai dépendu de personnes pour survivre qui ne m'avaient pas mise au monde. Elles ont donné de l'argent, du temps et de nombreux moyens pour que je puisse grandir. Forcément, je leur en suis redevable. C'est pour ça que j'ai essayé de faire tout mon possible pour leur rendre un peu de ce qu'ils me donnaient. »

Elle ne se rendait pas forcément compte que en réalité, elle n'était pas censée leur donner quoi que ce soit, que la société les rémunérait pour prendre soin d'elle et qu’en plus, une enfant aussi jeune n'avait pas à travailler, encore moins sans compensation réelle en retour. Elle avait été réellement plus sollicitée qu'une enfant de la famille aurait dû l'être et le pire, c'était qu'on l'avait formatée pour qu'elle trouve cela normal. La femme était persuadée que la façon dont les autres la considéraient la touchait et lui faisait du mal mais ça faisait longtemps que ce n'était plus le cas. Elle avait été trop habituée à être déconsidérée pour que ça la touche encore.

« Oh non, je ne me soucie pas tellement de ce qu’ils disent. Je n'ai jamais refusé d'entendre que je pouvais ne pas être aussi importante que quelqu'un d'autre. Et je n'ai pas besoin d'être importante. Si je travaille dur et que j'entretiens ce que je suis naturellement capable de faire, je pourrais avoir ma place dans la société un jour. Et alors, je ne pèserai plus sur personne. Je peux me rendre utile en attendant, mais c'est mieux si je finis par être indépendante. Après, j'ai un papa maintenant et avec lui, il dit que c'est comme si j'étais sa fille pour de vrai. Il ne veut pas spécialement que je sois utile à la maison. J'ai de la chance d'avoir rencontré ce papa. »

Elle ne comprenait pas vraiment ses histoires de statut du sang. Elle avait toujours eu l'impression que ce qui était important, c'était de ne pas être un poids pour la société et d'avoir quelqu'un pour s'occuper de vous, mais les enfants nés de parents moldus avaient parfois leurs parents et pour autant, cela ne convenait pas forcément à d'autres sorciers. C’était un peu étrange parce que, fondamentalement, ces sorciers nés de parents qui n'avaient pas de pouvoirs ne représentaient pas une charge pour ceux qui avaient le sang pur. Ce n'était donc pas logique mais la jeune fille n'était pas du genre à se poser trop de questions sur le sujet. Elle préférait de beaucoup analyser les choses de la manière la plus rationnelle possible et être la meilleure sorcière possible pour réussir dans la vie.

« Je ne sais pas si je suis une sorcière très douée. Hermione Granger est une héroïne nationale. Moi je ne suis personne. Mais je fais de mon mieux et je travaille plutôt bien à l'école. Je pense que si je travaille dur, je pourrais devenir une sorcière plutôt efficace. Ce serait déjà quelque chose qui me ferait plaisir. »

Elle n'avait pu s'empêcher de la complimenter sur ses qualités magiques car elle avait été très forte en combattant les individus qui lui avaient fait du tort. La jeune femme proposa de la ramener à la maison et la fillette se dit que c'était une bonne idée. Elle ne savait pas s'il n'y avait pas d'autres fauteurs de troubles dans les parages et si jamais il lui arrivait quelque chose et qu'elle soit gravement blessée, elle savait que Geronimo serait très triste. Elle ne le voulait surtout pas. Rien que pour lui, elle devait faire attention et prendre soin d'elle le plus possible.

« D’accord, oui. Ma maison n'est pas très loin. Je ne suis pas imprudente, vous savez, je ne m'éloigne pas trop. Je sais que mon nouveau papa n'aimerait pas ça. »

Mer 27 Mar 2024 - 16:17

D'un côté, le discours de la petite demoiselle n'était pas sans noblesse. Elle était très loin d'être ingrate ou profiteuse. De l'autre.... Ce genre de considération, ou du moins à un niveau si profond, n'avait rien à faire dans la bouche d'une petite fille.... Elle réprima un soupir, et tâcha de corriger un peu le tir.

Certes, il y a des personnes qui ont pris la relève de vos parents pour s'occuper de vous, sans lien du sang. Mais ne vous y trompez pas Elizabeth. On ne vous a pas attribué à ces personnes au hasard. Ces gens ont choisi et accepté de s'occuper de vous, personne ne les a forcé à prendre cette responsabilité. Les familles d'accueil sont rémunérées par l'état pour prendre soin des orphelins le temps qu'une adoption soit possible. Elles veulent accomplir ce rôle. Pas toujours pour les bonnes raisons hélas. Mais en aucun cas les enfants qu'elles accueillent ne leur sont redevables outre mesure. Je ne dis pas que vous ne pouvez pas leur être reconnaissante, bien au contraire. Mais vous ne devez pas vous oubliez dans l'affaire. La meilleure manière de montrer votre gratitude est de vous épanouir et de vous concentrer sur votre avenir. Et si une famille d’accueil attend plus que cela de vous.... Méfiez-vous.... Toutes les personnes supposément chargées de prendre soin de vous ne sont pas forcément bien attentionnée.

C'était peut-être beaucoup de subtilité pour un si jeune esprit, mais même si aujourd'hui ce discours restait obscur, plus tard il finirait par prendre tout son sens. En revanche elle secoua la tête à la réponse bien trop résiliente sur ce que les autres pouvaient dire d'elle. L'acceptation était une forme d'adaptation, une stratégie de survie parmi tant d'autres, mais à quel prix ? Bella esquissa un doux sourire. Au moins la petite n'allait pas manqué d'humilité.

Chaque vie est importante Elizabeth. Et il n'y a pas de vie plus valeureuse qu'une autre. Si chacun est libre de penser le contraire, nous sommes également libres de ne pas vouloir entendre leur avis sur la question. Et leur avis ne doit pas avoir d'autre poids que cela.... Au cas contraire, ils finissent par se croire tout permis, comme l'ont prouvé les sinistres imbéciles de tout à l'heure.

La description légère du père venant de la bouche de la jeune fille eut le mérite de faire sourire la sang-pur. Au moins son père d'adoption avait l'air plus correcte que les personnes qui s'occupaient d'elle avant. Mais.... S'en assurer ne coûtait rien. Même si en dehors de faire peur à cet homme, elle ne pourrait rien faire s'il traitait mal la jeune fille. Au mieux un signalement mais elle connaissait les administrations, et le temps qu'ils s'activent.... Mais elle chassa de son esprit ces considérations négatives, préférant croire qu'il serait au contraire parfaitement adorable !

Il a l'air charmant en effet.

Elle ne put réprimer un petit rire à son raisonnement très cartésien, avant de venir le nuancer.

Miss Granger a été une élève tout à fait ordinaire avant de devenir une héroïne. Tout comme vous. Mais il n'est pas besoin d'être un héros pour être un sorcier talentueux. Je suis absolument convaincue que si vous travaillez sérieusement vous serez non seulement efficace, mais en plus vous serez libre d'être ce que vous rêvez d'être. Et si ce n'est pas utile à la société, rassurez-vous elle ne s'en portera pas plus mal. Mais vous avez le temps d'y réfléchir, vous êtes encore jeune. Aussi compliqué que cela puisse paraître comme conseil.... Profitez de votre jeunesse. Une fois adulte on a bizarrement beaucoup moins de temps pour s'amuser, et on nous pardonne moins nos bêtises.

Bella acquiesça aux précautions que prenait la demoiselle. Même si dans l'absolue, on pouvait avoir de sérieux ennuis même en bas de chez soi, comme l'avait prouvé la mésaventure d'Elizabeth. Pour autant, elle pouvait comprendre qu'on ne pouvait pas toujours rester sous le regard protecteur de son parent.

Vous faites bien. Si c'est un papa aussi bien que vous me le décrivez, je peux déjà deviner qu'il se fera toujours du soucis pour vous, comme tous les bons papas qui se respectent.

L'ex serdaigle accompagna donc sa protégée jusqu'à chez elle, veillant scrupuleusement à ce que sa présence soit un message clair et net à n'importe quel sombre fou d'humeur belliqueuse.

Mudblood Threat

Beth était vraiment naïve au point de penser qu'elle avait réellement une dette envers quelque chose ou quelqu'un. Concrètement, cette dette pouvait exister, en faveur de l'état d'Angleterre qui avait mis en place les structures nécessaires et qui payait des employés pour prendre soin des enfants orphelin. Mais ce n'était pas tout à fait comme cela que l'état concevait les choses, tout simplement parce que les enfants étaient considérés comme pupilles de l'état et à ce titre, celui-ci avait envers eux la responsabilité parentale que les parents ne pouvaient plus assumer. Il ne faisait donc que son devoir.

« Vous savez, vous n'êtes pas la première à me dire ce genre de choses et je dois reconnaître que je ne sais qu'en penser. J'ai souvent entendu que j'étais une charge pour la société, et je n'ai jamais envisagé la possibilité que ça ne soit pas vrai. J’étais un bébé lorsqu'on m'a recueillie pour la première fois, et j'imagine que lorsqu'on grandit avec une vérité, elle s'imprègne au fond de vous et vous ne pouvez plus la changer. Cela me rend triste de savoir qu'il y a des gens qui sont capables de faire de tels mensonges à un petit enfant. »

Elle n'avait jamais envisagé que cette façon d'accepter tout simplement l'opinion que ces familles avaient d’elle, cela pouvait ouvrir le champ des possibles en ce qui concernait le fait de prolonger ce comportement en le faisant subir à d'autres enfants, aussi innocents et confiants qu'elle avait pu l'être. Elle commençait à réfléchir à la façon dont les choses se faisaient et elle savait que si un jour, elle pouvait faire en sorte que des enfants comme elle soient protégés, elle n'hésiterait pas. Cela demanderait du courage et du pouvoir mais elle avait déjà l'un et il ne lui restait qu'à acquérir l'autre.

« Je dois avouer que cela m'importe peu en ce qui me concerne personnellement. Je ne peux pas revenir sur mon passé et je pense que mon avenir ne comportera pas autant de difficultés à ce niveau. Mais il y a beaucoup d'enfants qui n'auront pas cette chance et à qui on pourra dire tout ce qu'on voudra. Je n'aime pas ça. »

Pour le moment, elle avait un père et c'était un père qui allait prendre soin d'elle. Elle n'avait aucun doute là-dessus parce qu'il lui avait déjà tenu le même discours qu’à la jeune femme qui venait de lui porter secours. Il était donc évident qu'il était lui aussi dans cette optique. En revanche, même si elle avait la prétention de réussir ses études de sorcière, elle n'oserait jamais se comparer à Hermione Granger. La simple idée d'avoir un point de comparaison avec une personne aussi exceptionnelle lui faisait déjà tourner la tête. Et même si cette femme lui faisait valoir que Hermione avait été à sa place à une époque, ça ne changeait pas grand-chose, au fond.

« Je ne pense pas que je m'y illustrerai beaucoup dans le monde de la magie. Mais ça ne veut pas dire que je n'ai pas envie d'une grande carrière. C'est simplement que mes ambitions se trouvent davantage dans le monde moldu. J'aimerais énormément devenir une professionnelle de la musique classique. Je crois que je le pourrais en travaillant beaucoup. J’en ai déjà parlé à mon père et il est prêt à m'aider pour que je puisse y arriver. Je vais devoir étudier plus dur que les autres, parce que je n'ai pas la possibilité d'étudier la musique dans le monde moldu quand je suis à Poudlard, mais je suis sûre d'en être capable. »

Il était exceptionnel d'entendre la jeune fille dire qu'elle se sentait capable de quelque chose, mais le domaine de la musique était le seul où elle savait qu'elle avait un don et tous ceux qui l'avaient entendue s'accordaient à dire qu'elle avait le potentiel pour réussir dans ce domaine. Beth avait donc réussi à le croire, même si elle savait que ce serait malgré tout quelque chose de difficile. Il fallait beaucoup de persévérance et de courage pour percer dans ce domaine mais c'était le seul rêve auquel elle s'autorisait de croire, d'autant qu'il lui apporterait enfin l'indépendance qu'elle espérait.

Elle sourit à la femme quand celle-ci lui affirma qu'elle se comportait bien en ce qui concernait son père et le fait de ne pas s'éloigner trop de la maison pour ne pas l'inquiéter. Elle aimait beaucoup Geronimo, et elle savait que ce n'était pas pour des raisons inavouable qu'elle avait été adoptée cette fois. Elle avait une famille pour la première fois et c'était la raison pour laquelle elle faisait tout particulièrement attention à ce père et à ce qu'il pouvait ressentir. Elle avait la conviction qu'il faisait partie des rares personnes à qui elle pouvait se livrer sans aucune limite et lui faire confiance pour guider ses pas dans sa vie.

« Il l’est », assura-t-elle à la femme. « C’est un excellent papa. »

Bella réprima un soupir. Autant la lucidité de la jeune fille était un atout qui lui serait on ne pouvait plus utile. Autant la sang pur se désolait que la petite sorcière en soit venue à découvrir un des sordides réalités de la vie si tôt. Les enfants avaient toute leur vie d'adolescents et de jeunes adultes pour accuser le coup des désillusions de l'existence. Mais elle était mieux placée que quiconque que la vie se moquait bien de l'âge. Et que lorsqu'elle vous tombait dessus, que l'on soit prêt ou pas, elle ne nous épargnait pas. L'ex serdaigle ne pouvait changer le passé d'Elizabeth, mais elle pouvait au moins tordre le coup aux inepties qu'on avait pu lui raconter.

Ces personnes oublient bien vite que ce sont les jeunes générations qui leur permettront de pouvoir couler des vieux jours dans des sociétés qui fonctionnent, et qui leur offriront de quoi satisfaire leur besoin. Et ce, peu importe que l'enfant en question soit à la charge de sa famille biologique ou de sa famille d'accueil. Et si on voulait pousser la réflexion encore plus loin, on pourrait même ajouter que les enfants sont un rouage économique, et que sans eux bien des institutions, des emplois et des commerces seraient en grandes difficultés. C'est donc non seulement faux, mais dans une certaine mesure, c'est également très ingrat de leur part. Mais le pire reste l'aspect culpabilisant d'un tel discours. Aucun enfant ne devrait avoir l'impression d'être un fardeau ou un poids pour qui que ce soit. C'est d'une injustice inadmissible....

Même si son discours était pertinent, Bella n'était pas satisfaite. Certes, elle n'avait pas tort. Mais après ? Ce n'était pas ça qui allait consoler la pauvrette qu'elle escortait. Elle vint alors poser doucement sa main sur son épaule, lui adressant un sourire.

Si certaines personnes n'ont aucun scrupule, il y a heureusement des personnes formidables qui méritent d'être connues. L'être humain est ainsi, capable du pire comme du meilleur. Et si l'on ne peut éviter ce "pire", ma foi il serait bien dommage de ne pas profiter du meilleur !

Elle pensait notamment à ce père d'adoption qui avait l'air d'être beaucoup plus méritant que les espèces d'empaffés cupides qui avaient abusé d'elle et de sa candeur.... Et une fois encore, la jeune sorcière fit démonstration d'une prise de conscience implacable à ce sujet. Bella ne pouvait pas lui mentir.... Et elle-même n'osait imaginer combien d'enfant subissaient des conditions de vie aussi déplorables, voire pire.

Je dois bien avouer que c'est une perspective qui ne m'enchante guère.... Mais si c'est là un fait, cela ne veut pas dire que c'est une fatalité immuable. Les choses peuvent changer et évoluer vers un meilleurs. Comme pour vous, même s'il reste encore du chemin. Cela sera certainement long bien sûr, mais les avancements se font doucement. Et qui sait, peut-être qu'une fois adulte vous pourrez œuvrer activement pour que ce processus accélère un peu le rythme ?

Et en parlant de rythme, la voilà qui lui dévoilait son appétence pour le domaine musical. Elle comprenait ses difficultés, Poudlard ne proposant effectivement pas de cours de musique, ni d'art en général en dehors des arts divinatoires. Un véritable tort aux yeux de la demoiselle, mais elle pouvait aussi comprendre qu'avec tout ce qu'il y avait déjà à apprendre, il avait fallu faire des choix. Elle acquiesça cependant à la remarque d'Elizabeth.

Je suis intimement convaincue que vous pourrez effectivement vous en sortir. Bien sûr cela vous demandera une organisation rigoureuse, et bien des efforts. Mais si la musique est votre passion, cela vous aidera grandement dans votre entreprise. J'espère pouvoir un jour venir vous voir donner des représentations ou des concerts ! On m'a enseigné à jouer quelques instruments à cordes enfants, et j'en ai gardé une préférence pour la musique classique. Et.... Il faut bien reconnaître qu'à ce sujet les moldus possèdent des chefs d’œuvres dont nous aurions tout intérêt à nous inspirer. Je me souviens avoir particulièrement apprécié de jouer le Clair de Lune de Debussy.... Je suis curieuse de voir ce don vous serez capable.

Bella esquissa un sourire attendri en entendant la petite sorcière affirmer que son nouveau père était un excellent papa. Un peu de joie dans ce monde de brute ! Et justement, elles étaient finies par arriver devant ce qui s'avéra être le logement d'Elizabeth et de son père d'adoption. La noble rousse allait enfin pouvoir mettre un visage et un nom sur cet "excellent papa".

Mudblood Threat [PV Arabella Bullstrode]

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