Je déteste la neige, encore plus que la pluie. C’est froid, ça mouille, ça glisse. Tout ça, ça me convient pas. Je me souviens qu’avant d’intégrer Poudlard, tous mes petits camarades moldus – je pensais l’être aussi à cet instant, sans même connaître le mot moldu d’ailleurs – étaient toujours ravis de raconter leurs vacances à la montagne, décrivant dans les moindres détails le style quasi-professionnel avec lequel ils descendaient les pistes, armés de leurs skis flambant neuf, avec le plus souvent quelques vidéos à l’appui. Et bien, tout ça, je leur laissais volontiers. Je préférais – et je préfère toujours – rester à l’intérieur, au chaud, plutôt que de risquer une belle fracture à cause de la vilaine poudreuse. Malheureusement, Poudlard ne me laisse pas trop le choix. L’Écosse toute entière semble avoir passé un pacte diabolique avec la neige et la température terriblement basse qui me glace les os. Je réponds avec un léger sourire pour oublier le véritable enfer de l'hiver. De plutôt bonnes vacances oui, et toi ?

La nuit, c’est encore pire – quoi que pour moi tout est trop froid en-dessous de quinze degrés. Heureusement, j’avais su développer au cours des années une technique – presque – imparable pour éviter de me faire croquer par le froid qu’on pourrait modestement appeler la technique de l’oignon ; technique qui consiste à superposer des couches de vêtements comme les feuilles du bulbe dont elle tire le nom. C’est ainsi endimanché que je mets le nez dehors accompagné de Caesar. Je me suis reposé plus qu’autre chose, j’avais besoin de souffler. Le ciel est sans étoile ce soir, on n’y voit grand-chose même sur le pont suspendu. Un nouveau morceau ? Il sait comment m’intéresser. Je croise les bras avec un air de défi et un sourire en coin. Si c’est nul, je te le dirai, même si pour tout avouer ce qu’il joue n’est jamais nul et par conséquent, je n’ai même pas l’occasion et le plaisir d’être critique.

Je jette un coup d’oeil autour de moi. Nous sommes seuls, pas une seule âme qui vive, pas un bruit à l’exception du vent qui siffle contre le pont. Je complète ma réponse en frissonnant. Mais pas longtemps hein, le Professeur Humphrey compte sur moi, on a encore une partie du château à vérifier. Faut dire que je prends ma tâche de Préfet très à coeur. Je n’ai aucunement envie de décevoir ma Directrice de maison. Il faut que je sois à la hauteur. Heureusement, compte tenu de la température actuelle, peu d’élèves se risquent à sortir dehors après le couvre-feu. Dans les couloirs, c’est une autre paire de manche. Les escapades nocturnes sont légions pour d’obscures raisons. Du moment qu’il ne s’agit pas d’élèves de ma maison, j’avoue être moins regardant mais dès lors que j’aperçois le bleu des Serdaigle, je fais de leur cas mon affaire...