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Encore cette histoire de Noël qui revenait sans cesse sur les lèvres de tout le monde au point de sonner comme une rengaine incessante de chansons doublée d’odeur de pain d’épice si forte qu’elle donnait la nausée. On l’aura compris il y a longtemps, Marcus Graystone n’était définitivement pas l’un de ces fervents admirateurs de la dernière fête de l’année avec ses rubans, ses banderoles, ses sons de clochettes qui tintaient à tout et à rien. Il avait l’impression d’être revenu à Poudlard quand les sorciers faisaient de leur mieux pour rendre encore plus ‘’magique’’ la saison hivernale. Il ne manquait plus que Léto ne reproduise le même plafond magique de la Grande Salle pour que l’atmosphère à la maison y soit pareil. Désireux d’échappé un peu à cette atmosphère étouffante de sucre et de paillette brillante, le jeune auror avait prétexté une balade pour se sauver avec la Merveille, laissant la nouvelle maman libre court à sa magie pétillante.

Si se sauver de la maison l’avait éloigné un peu de l’esprit des fêtes, mettre les pieds dans le quartier des magasins lui avait donné l’impression d’y replonger tout aussitôt. Décoration, chorale, chocolat chaud aux guimauves colorées, impossible de fuir ce Noël qui venait le harceler jusqu’au milieu de la rue. Encore plus difficile de garder un air sérieux et blasé quand on se promenait avec un poupon au nez rougi et au rire cristallin qui s’amusait de toutes les lumières et musiques qu’elle entendait. Difficile aussi d’éviter les sorcières qui l’arrêtaient à chaque instant pour se pencher sur la poussette telle des fées Carabosse pour s’extasier devant la petite peste malicieuse qui gazouillait doucement. Il aurait bien aimé voir si ces dames affichaient encore la même mine devant la Merveille et sa couche débordante. Là curieusement il n’y avait jamais de spectateur pour venir prendre part au spectacle.

Étouffé par cette ambiance bon enfant, Marcus s’engouffra dans un magasin, se dissimulant lui et le carrosse à travers les rayons pour souffler un peu. C’était ridicule, à croire que les gens n’avaient jamais vu de bébé de leur vie. Regard accusateur bien vite effacer devant la petite étoile qui souriait d’un air innocent. Non certainement personne n’avait jamais vue de bébé aussi beau que le sien, ça il en était certain.

-Tant qu’à être ici, que dirais-tu de chercher un cadeau pour ta maman?

Sourire complice avec la partenaire en crime. Avec l’agitation des derniers mois, Léto méritait bien un petit présent rien que pour elle. L’intention était bonne, ne restait plus que trouver l’idée du siècle. Peut-être de nouveaux ustensiles de cuisine comme elle passaient la majorité de son temps devant les fourneaux à faire compétition aux elfes de Poudlard? Ou alors un bon livre? Quoiqu’il doutait que la sorcière soit capable de rester immobile assez longtemps pour finir un chapitre. Museau tentateur passa rapidement la section de la lingerie féminine, ce n’était pas un endroit où amener une jeune demoiselle! Le pas ralentit devant les petites tasses mignonnes dont l’une indiquait maman. C’était un beau cadeau pour Léto non?

-T’en penses quoi?

Trouvaille montrée au bébé attendant son verdict.

Il allait falloir se bouger.

La demande en mariage n’avait que trop tardé. Il ne pouvait quand même pas précipiter les choses non plus! Léto y verrait une tentative de clarifier la situation avant ce stupide souper dans sa famille de sang bleu. Impossible ensuite de lui prouver que le projet était murement réfléchi depuis des semaines. Il n’était quand même pas pour lui demander sa main à Noël? Quelle horreur ! Cette situation l’énervait. Il avait l’impression de se faire prendre de court alors que c’était lui-même qui réfléchissait au projet depuis déjà longtemps. Œil maussade, il tenta de retrouver un peu de motivation en demandant l’avis hautement judicieux du poupon mignon. La tasse était belle, une autre de plus que Léto pourrait laisser trainer sur le comptoir, encore rempli à moitié d’un café froid qui n’aurait pas eu le temps d’être bu.

Malheureusement le conseil des sages devrait attendre puisque les explications en gazouillis de Cassie se stoppèrent net alors qu’une voix forte et beaucoup trop enjouée venait interrompre grossièrement leur séance de magasinage. Les sourcils se froncèrent aussitôt, levant la tête pour croiser le regard de l’un des derniers sorciers qu’il aurait aimé rencontrer.

L’héritier Potter en personne.

La barbe. Il manquait vraiment de chance. Et voilà que le joueur de quidditch venait lui donner son opinion sur les achats de cadeaux.

-Je ne me souviens pas de t’avoir demandé ton opinion.

Mais le pire était qu’il avait raison. Reposant la tasse sur l’étagère, la main se serra sur la poignée du carrosse alors que le museau se penchait sur son bébé, soudainement silencieuse. Heureusement, Potter n’eut pas l’imbécilité d’insulter la merveille en sa présence, faisant gonfler l’égo démesuré du nouveau papa.

-Elle ressemble à sa mère.

De qui elle ne pouvait qu’avoir reçu sa beauté. Ou elle était un bébé vélane. Mais la suite le désenchanta assez rapidement. Piqué au vif, le rouge lui monta aux joues, le regard d’émeraude s’assombrissant alors qu’un doigt accusateur présentait la merveille.

-C’est une fille.

Évidence même! Bon, la mousseline blanche parsemée de vif d’or et de balais pouvait peut être porté à confusion, tout comme son pyjama vert (qui avait remplacé la magnifique petite robe qui avait été tachée quelques instants avant de partir et qui avait obligé à pensée au plan b) mais il était ÉVIDENT que c’était une fille. Désormais de mauvaise humeur, Marcus rapprocha la poussette de lui, posant sa main sur le petit pied caché du bébé pour chatouiller le molet, histoire de la rassurer qu’elle n’était pas seule devant la face de balais qui s’était penchée sur elle à la manière d’une fée Carabosse.

-Pas étonnant que vous ayez perdu votre dernier match. Si t’es incapable de voir que c’est une fille, pas étonnant que le vif d’or t’ait échappé.

Vilain qui venait les déranger. Voix douce en direction du poupon qui avait recommencé à sourire en voyant le museau de Papa.

-Ne l’écoute pas, tu es la plus belle, il n’a pas l’habitude de voir de belle chose.

Ce n’était que l’explication la plus logique pour un manquement aussi impoli. Autant contre attaqué tout de suite.

-Qu’est-ce que tu fais ici balais? Je pensais que tu avais des serviteurs pour faire tes courses, un elfe de maison ou deux, le pauvre Potter s’abaisse à faire les boutiques lui-même?

Baissant la voix sur un ton moqueur, il ajouta :

-Ou pire tu voulais tester tes talents de cleptomane ailleurs que chez papa.

Il n’y avait pas des protections magiques dans le magasin pour éviter ce genre de situation? Nah il devait avoir une autre explication.

-Ne me dis pas que tu n’avais plus de chandail avec ta tronche dessus, tu es venu en faire un autre?

Il n’aurait pas été surpris que ce soit là la vraie raison. Potter était assez égocentrique pour ce genre de chose.

-Mais je tiens ton idée, la tasse sera pour une autre fois n’est-ce pas ma belle? Nous allons trouver autre chose pour ta maman.

Ce qu’il était pénible !

Pour vrai, une vraie tête de cognard qui donnait envier de l’essayer avec une nouvelle batte pour voir si elle sonnait aussi creux qu’elle en avait l’air. Levant les yeux au ciel, une main sur la petite, il soupira bruyamment, enterrant les paroles de l’autre par la même occasion, s’attirant un sourire mielleux de son bébé. C’est fou ce qu’il pouvait parler pour ne rien dire. Prenant un air blasé, Marcus se contenta de hausser les épaules avec désinvolture.

-Sa mère est une vélane, pour certain elle en aura pris la beauté.

Était-ce vrai? Parfois il se le demandait lorsqu’il enfouissait son museau dans la chevelure sombre de sa belle sorcière. Mais il la préférait plus tangible que les créatures célestes. Sourire de bravade envoyé aux balais pour le remettre à sa place, il s’assurait ainsi de marquer un point. Impossible que le Potter ait une compagne pour endurer sa salle en tête d’épave. Nouvelle vacherie dissimulée sous un sourire tandis que le vendeur revenait, tenant dans ses mains une horreur sans nom. Marcus manqua de s’étouffer avec sa salive, dissimulant son rire sous une quinte de toux. Il n’avait pas osé? Meilleur frère au monde? Dieu qui plaignait le rejeton de la famille qui allait recevoir cette horreur.

-Alors pour détester, il va détester. Tu ne trouves pas ça contreproductif de dépenser de l’argent sur quelque chose qu’il va jeter? Quoique moi je le mettrais en vente, sûrement une ou deux âmes désespérées seraient preneuse pour se faire passer pour ton frère.

Le sens des affaires avant tout. Faisant un geste de va-et-vient avec la poussette pour la garder en mouvement comme tout parent qui savait que les bébés détestaient lorsque la poussette restait immobile, Marcus réfléchis un instant. Il était moins idiot qu’il en avait l’air le Potter. Ses suggestions avaient presque du sens après tout! Il aurait presque pu qualifier le tout de bonne idée. Un exploit en soi quand on voyait de quoi avait l’air les propres cadeaux qu’il comptait offrir.

-T’es pas aussi stupide que tu en as l’air en fait, balais, tu pourrais presque te garder ses bonnes idées pour tes propres cadeaux!

Car personne au monde ne voulait recevoir un chandail avec la tronche de son frère dessus. Littéralement personne.

-Allez princesse, en route pour l’étage bijouterie!

Petit bruit d’accélération alors que le carrosse de la demoiselle se remettait en route. Jusqu’à ce qu’un coup d’œil par-dessus son épaule le fasse grimacer.

-Tu nous accompagnes? Et si je décidais de t’offrir quelque chose, il ne faudrait surtout pas que tu le voies!

Mine faussement scandalisée. Une roche dans ses souliers c’est tout ce que méritait le sale garnement. Pourtant, Marcus ne fit pas d’effort supplémentaire pour chasser le crétin de service. Sait-on jamais, il aurait peut-être une autre idée de génie? Petit duo et poussette dans l’ascenseur, le museau se plissa devant l’affiche apposée sur le bouton 4.

-Pourquoi est-ce que le reste du magasin serait ouvert et pas la section bijouterie?

C’était du gros n’importe quoi! À cette période de l’année en plus! La plus achalandée. Potter étant toujours aussi prompt à l’action, le bouton fut actionné même si l’écriteau mentionnait cette inutilité. Ils pouvaient toujours s’essayer. Au pire, Marcus promettrais à la vendeuse un tête à tête avec la face de balais pour qu’il puisse magasiner un bijou pour Leto. Un sacrifice qu’il était prêt à faire, à n’en point douter. Les portes s’ouvrirent et les deux jeunes hommes furent accueillir par une obscurité peu accueillante. Pas de toute c’était bien fermé.

-Je devrais aller me plaindre au directeur du magasin et

La voix se tut, déranger par le bruit de verre qui éclatait. Tirant le Potter par le bras, Marcus avança la poussette jusqu’à un comptoir derrière lequel ils s’abritèrent. Au loin des voix aigue se disputaient.

-Pourquoi tu brises tout!

-C’est plus rapide!

-Mais plus bruyant! Va voir la sorcière dans le bureau, elle doit bien avoir les clés!

Marcus observa le balais d’un air effaré. Ne dites pas qu’ils étaient tombés sur une bande de voleurs!