Un petit soupir.

Bref.

Délicat.

Petit nuage plissant le nez élégant de la créature. Curieuse d’avoir autant de maitrise dans un endroit où son aspect unique se perdait dans les étoiles et les paillettes. Le bar était tranquille en ce jour de semaine et pourtant, rien n’empêchait l’endroit de briller de mille feux. Le personnel aussi élégant qu’éblouissant retenait les regards de désir des invités venue s’en mettre plein la vue. Effluve de vélane bien inutile devant les parfums enchanteurs et les brillants qui ravissait les cœurs. Pas de traitrise ici, pas de magie superflue. Le lieu avait été choisis avec soin pour la discussion d’importance qui devait s’y dérouler. Petits espions de Spellcrafts répartie ici et là afin de jouer les éclaireurs, la Grande Dame avait réserver un salon à part, ne souhaitant pas être déranger avec son invité ou encore se laisser distraire par les divertissements offerts par l’établissement. L’heure n’était pas à l’amusement.

Il fallait parler affaire.

Assise dans le fauteuil de velours, la sorcière ressemblait à une statue d’une déesse antique. Sa robe sombre contrastait avec le tissu clair du meuble, enrobant sa silhouette élancée, le décolleté discret dévoilait une gorge blanche. Fixé dans une immobilité rarissime, on aurait presque pu la croire paisible. Les grands yeux d’azur glacial observaient les reflets des flammes qui se miraient sur les cristaux du lustres onéreux. Tout dans ce bar dénotait bon goût et luxe à revendre. Un décor enchanteur pour la rencontre d’importance qui devait se tenir.

Malicia n’était pas fan de cette nouvelle manière de procédé. Elle préférait agir par elle-même, sinueuse et tentatrice. Confier une mission à une ombre externe comportait des risques, des dépenses, autant de facteur qui la rendait peu encline à cette entrevue. Mais ses petites abeilles avaient bien défendu le maitre de l’ombre, affirmant une efficacité qui drapait la réputation d’un éclat doré suffisant pour retenir son attention. Il y avait également une part de curiosité dans la présence de la chef d’entreprise à cette rencontre. Elle aurait pu forcément envoyer une doublure, un paravent, Konstantin aurait été parfait pour cette mission, mais elle souhaitait rencontre cette mystérieuse Lady Midford. Une femme remplie de mystère et d’une redoutable efficacité.

Elle avait hâte de voir.

Il y avait quand même quelque chose d’excitant dans cette situation plus que banale. L’attente, quoique fort ennuyeuse, était ponctuée de cette curiosité à se demander de quoi pouvait bien avoir l’air leur mystérieuse visiteuse de ce soir. Celle-ci n’avait pas encore pointé le bout de son nez, du moins, elle ne s’était pas encore manifestée. Malicia se disait que dans le cas contraire, elle aurait pris possession des lieux bien avant pour voir les autres arrivés, mais on ne pouvait être aussi efficace qu’elle. Assise confortablement dans son fauteuil, donnant l’impression d’un ennui mondain, la Grande Dame n’en oubliait pas l’heure qui tournait. Le temps était de l’argent et les galions plus précieux que les noises. Elle aurait tout à fait pu se détendre, sa sécurité étant assurée par les petits espions qu’elle avait placés ici et là dans le bar, mais la sorcière ne se reposait jamais.

Il y avait encore tant à faire pour maintenir sa petite ruche en bon état et le nouveau corbeau qui veillait à la sécurité de leur domaine ouvrait de nouvelles possibilités des plus intéressantes. L’oiseau s’était bien débrouillé lors du fiasco ministère et il avait su gagner les talons qui lui permettaient d’ouvrir de nouvelles portes. Mais il allait encore falloir s’assurer de sa loyauté, et surtout que son récent passage à Azkaban n’avait pas enlevé en lui cette soif d’obscurité qu’elle avait crue apercevoir lors de leur entretien d’embauche. Ses espions lui apportaient des nouvelles peu enviables de copine et d’enfant à charge. Des poids précieux à garder en poche lorsqu’il fallait adoucir les plus récalcitrants, mais si cela le rendait bon enfant...

La voix douce sortit la grande dame de sa réflexion faisant relever ses yeux d’azur vers le visage qui se découvrait à son regard, les lèvres minces s’étirant dans un sourire de courtoisie. La mystérieuse était maintenant découverte. Malicia prit un instant pour apprécier le physique soigné de la visiteuse. La dame était grande et svelte, une silhouette qui convenait tout à fait à son travail qui se déroulait dans l’ombre. Sa propre pensée fit rire la sorcière. Il y avait longtemps que Malicia ne se souciait plus de l’apparence pour juger des compétences de ceux qu’elle engageait, surtout lorsqu’on savait que celle-ci pouvait être facilement modifiée, mais elle appréciait les efforts d’apparence. Tout ce qui était beau attirait l’œil de la vélane.

La robe rouge de la lady, merveilleux mélange de soi aux tissus vaporeux, convenait parfaitement à sa silhouette, mettant en valeur sa peau pâle, ses formes avenantes et l’éclat blond de sa chevelure. Un peu trop tape à l’œil au goût de la reine, mais dans un lieu telle que le mermaid, faire pâle figure risquait de se faire fermer la porte plutôt que de l’ouvrir. Se redressant sur son fauteuil, la femme lissa sa robe sombre, souriant avec entrain devant la visiteuse.

-Mrs Midford! Je suis bien heureuse que vous ayez répondu favorablement à ma demande, il n’a pas été facile de vous trouver croyez-moi.

Autant dire que ses petites abeilles avaient dû travailler fort pour faire le tri entre les escrocs de passage et les vrais professionnels du métier. Londres pullulait de ces pseudos amateurs qui vous soutiraient votre argent pour ne vous donner que du vent, menace ou pire, tenter de vous tuer une fois la mission accomplie. Mais Malicia n’était pas femme qui renonçait et cela faisait partie de son travail de trouvé des solutions mêmes aux problèmes domestiques de base.

-J’espère ne pas avoir froissé votre employeur en demandant vos services, mais on m’avait laissé entendre que vous acceptiez les contrats et j’ai besoin d’une main habile pour ma situation.

Oui, inutile de tourner autour du pot. Simple politesse envoyée pour s’assurer de ne pas déclencher de guerre interne où on l’accuserait de voler les employés d’un autre. Du moins, pas encore. Prenant son verre entre ses doigts délicats, la créature observa la dame sans siller, des éclats qui brillaient dans ses yeux clairs aux lèvres fines qui se mouvaient pour laisser passer les mots.

-Alors, Mrs Midford, parlez-moi un peu de vous.

Oui, comment devenait-on une espionne dans ce monde de sorcier?

Les iris brûlants dévorait de curiosité la petite espionmage qui se dévoilait à elle dans les manières les plus irréprochables. Ouh que de voir un joyeux aussi brillant faisait jubiler la sorcière. C’est que la Grande Dame avait un faible pour la qualité et la femme devant elle présentait tous les traits de l’aristocratique; de sa robe couteuse à son maintien impeccable. Ses manières délicates et précises, la grâce de ses mouvements, tout en elle donnait l’impression d’assister à un spectacle de danse ou légèreté était de mise. Cela changerait des rustres énervés que Malicia avait déjà côtoyés, qui se présentait à l’image de leur magie : de bas étages et sans aucune créativité. Or il fallait plus que de la témérité lorsqu’on voulait être efficace, la nuance et la subtilité étaient parfois plus mortelles que la force brute. Ne disait-on pas que les potions pouvaient être plus virulentes que les poisons?

La répartie de la demoiselle aurait pu offenser n’importe quels imbus de sa personne habituée à s’écouter parler et qu’on réponde à ses questions sans discuter. Toutefois la sorcière trouva sa réponse des plus délicieuses. La voix douce de la femme contrastait avec ses paroles remplies de mordant. Souriant avec expertise, la Grande Dame hocha doucement la tête.

-En effet, les potions les plus grandioses ne sont pas celles qui sont les plus simples à préparer. Où serait l’expertise si le talent était donné à tous.

Faux soupir devant l’évidence. En effet Midford avait été des plus difficile à trouver et Malici espérait secrètement que l’effort valait le prix. Dans le domaine de la discrétion toutefois, ses preuves n’étaient plus à faire. Le soulagement fit sourire davantage la présidente de SpellsCraft lorsqu’elle entendit que l’employeur actuel de la dame ne souffrirait pas de jalousie maladive à la voir œuvrer pour quelqu’un d’autre. Voilà qui enlevait un poids à la sorcière. Elle aurait détesté se retrouver entre deux feux en se faisant accuser de voler l’employé d’un autre. Les bons travailleurs étaient si rare de nos jours qu’il était normal pour les patrons de sortir bec et ongles lorsque venait le temps de garder un bon élément sous leur entreprise. Un peu comme son petit Corbeau.

-Voilà qui me sied aisément, devoir affronter un conflit de travail n’était pas dans mes projets.

Les belles paroles de lady Midford firent étinceler les étoiles d’or dans les yeux de la créature, se flattant intérieurement des compliments que la sorcière lui envoyait. Oh elle ne manquait pas de saisir l’allusion bien enveloppé de velours, la fouine précieuse avait fait ses recherches comme il se doit. En fait Malicia aurait été déçus du contraire. Seul un imbécile se serait lancé dans un contrat sans connaitre la teneur de l’employeur. Une précaution qui valait bien des usages à cette demoiselle polyvalente.

-Et bien cela en dit suffisamment sur vos talents chère dame.

Et c’était bien ce qu’elle venait chercher ce soir. Du talent. Poussant un petit soupir vaguement contrarié alors que le vif du sujet se dévoilait à leur table, une moue d’insatisfaction ourla la lèvre inférieure de la sorcière.

-Mon problème s’appelle William Crowford. Il est le représentant d’une association de ville de sorcier qui longe la côte de l’Irlande où mon entreprise s’est établie à leur plus grand mécontentement de ce qu’ils m’ont fait comprendre.

Bande d’imbécile trop attacher à leur étendue verte et boueuse pour voir l’avancé technologique que pouvait représenter la présence d’une entreprise comme la sienne. Ils auraient dû être heureux de sa présence au lieu de lui envoyer des beuglantes à n’en plus finir.

-Bien que le ministère m’ait grandement aidé dans m’on implantation, l’entreprise est en pleine croissance et nous devons agrandir certain de nos bâtiments vers la côte et c’est là que des sorciers écologistes ont décidé de mettre la pression sur leur élu pour sauvegarder le milieu naturel des fangieux. Comme si c’est horribles créatures avaient réellement besoin d’être défendu par des sorciers. Toujours est-il qu’ils craignaient un déversement où une menace du aux potions créer dans notre entreprise.

Les pauvres, ce n’était pas tant les potions qu’il fallait craindre mais plutôt les effets secondaires qu’ils créaient sur les petits testeurs. M’enfin, ce n’était là qu’un simple détail.

-Comme vous le savez un bateau avance d’une voile principale et il suffit qu’elle change de direction pour que le navire suive le même procédé.

Le visage de la sorcière se fit sérieux alors qu’elle s’avançait vers l’espiomage.

-Et cette voile Madame Midford doit changer de direction.

Il était hors de question que ses précieux projets se voient retardé par une bande de clown se prétendant soucieux de l’environnement et des créatures magiques.