Sean avait disparu.

C’était Maxwell qui avait prévenu James. L’ancien batteur n’avait plus eu de nouvelles de son petit-ami depuis deux jours et il pensait qu’il avait sûrement rejoint le brouillard, comme beaucoup de contaminés.
James avait insisté pour que Max reste en Ouganda, loin de la brume. Lui aussi était contaminé, même pire depuis peu. L’attrapeur voulait donc s’assurer que son meilleur ami demeure en sécurité et qu’il ne suive pas Sean.
C’était donc James qui était parti à la recherche du futur magenmage. Le joueur de Quidditch aurait préféré quitter son équipe plutôt que de retourner dans ce fichu brouillard mais il devait bien cela à Maxwell… Et il allait forcément devoir s’y aventurer. Autant l’accepter dès maintenant.
Quand il arriva sur le terrain des Blackmore, James prit le petit chemin qui menait à la dépendance où vivait Sean. Il n’eût même pas besoin de lancer un sort de déverrouillage car la porte était tout simplement ouverte. Le disparu semblait être parti sans fermer derrière lui. Espérant malgré tout le trouver au lit et atteint d’une dragoncelle fulgurante, James entra en laissant la porte d’entrée ouverte et se décida à l’appeler :

”Sean ? T’es là ? C’est James, c’est Max qui m’envoie, il s’inquiète ? Rassure moi et dis moi que t’es juste trop mourant pour le contacter !…”

Aucun écho ne répondit à son appel et quand James arriva du côté de la chambre de Sean, il ne trouva que le lit défait et désert… Dommage pour la dragoncelle, cela aurait toujours était mieux qu’une disparition dans la brume.
Lâchant un soupir, James chercha le moindre signe de sa possible localisation et il ne trouva absolument rien. C’était comme Sean s’était évaporé sans même prendre la peine de prendre son manteau…. Du moins… Ce fut sa première conclusion car une énorme tache noire sur le coin d’un meuble de cuisine attira son attention. Ce n’était pas du sang, du moins, il n’en avait pas l’impression… et à l’aspect, James devinait que c’était sec.
Ne touche à rien de noir et de visqueux provenant du brouillard, tu m’entends ? avait un jour asséné papa Potter… Et pour la toute première fois, James se dit qu’il valait peut-être mieux l’écouter.
Restant quelques longues secondes à observer la tâche, James sembla prendre un temps immémorial à se décider avant de chercher si une autre d’entre elle apparaissait quelque part.

C’était le cas.

Il y avait plusieurs petites taches, le conduisant vers la sortie et s’arrêtant sur une paire de chaussure rangée sur le palier. Est-ce que Sean s’était blessé en se cognant dans un meuble ? Peut-être bien…? Lâchant un nouveau soupir, l’attrapeur releva alors les yeux et observa la porte qu’il avait laissé ouverte. Une trace noire semblait dépasser sur le côté.
Hésitant, il ferma la porte et vit alors toute l’étendue de cette nouvelle tâche qui prenait la forme d’un mot.

Carlisle

Son père était contrarié.

Assis devant son bureau, il observait James avec un air sévère. Le jeune homme avait déboulé dans son bureau lui demandant si Carlisle était un mot qui lui disait quelque chose. Évidemment c’était le cas.
Un de ses aurors avait pu suivre les traces d’un des enlevés jusqu’aux alentours de la petite ville écossaise. Ils étaient d’ailleurs en train de constituer l’équipe qui devrait s’y rendre, regroupant volontaires et agents du ministère pour s’occuper d’aller secourir ces hommes et ces femmes…
Mais voilà que James avait affirmé vouloir s’y rendre et l’homme s’était soudain braqué.

“Je dois y aller papa. J’ai promis à Max de retrouver Sean”

Son père ne dit pas un seul mot. Des nouvelles étaient venues d’Ouganda pour l’informer que Maxwell avait disparu le matin même… Mais il y avait des choses qu’il valait mieux ne pas dire à James.

James quant à lui avait bien conscience de ce qu'il se passait dans la tête de son père. Plus que quiconque, l’homme avait conscience du danger que représentait la brume et ses créatures. Il avait conscience que la mort y avait trouvé de nombreux sorciers et il semblait éprouver des difficultés à envoyer le plus inconscient de ses enfants vers ce qui pourrait représenter une mort certaine. James se dit qu’au fond, qu’il cherchait juste à protéger son fils, comme n’importe quel père.
Pourtant, le manque d’effectif dû être ce qui finit par faire soupirer l’homme qui se contenta d’agiter la main et de lui préciser :

“Va rejoindre Martinez. Tu pars avec eux”

James eut un sourire vainqueur qui disparut aussi vite qu’il se rappela qu’est-ce qu’il venait de gagner… Un aller simple pour le brouillard.
Il hocha donc la tête et prit le chemin de la porte, sortant de la pièce en étant accompagné d’un “Ne meurs pas James”
C’est le ventre douloureux qu’il alla rejoindre son équipe et prit connaissance des ordres.
Il fallut moins d’une demi journée pour réunir l’ensemble des volontaires. Là, ils transplanèrent tous dans une zone accessible avant de prendre des voitures moldus et de rouler pendant plusieurs heures vers Carlisle.
“C’est fou qu’ils soient si nombreux et qu’ils ne voient pas ce qu’il y a juste sous leur nez” commenta James qui ne pouvait s'empêcher de regarder les moldus vivre leur vie dans leurs voitures.
“Les moldus n’ont jamais été les plus clairvoyants… Ils ne voient même pas les détraqueurs” répondit Martinez
Quand ils arrivèrent aux alentours de la cible, ils prirent deux minutes pour boire une nouvelle dose de sérum avant d’avancer en formation vers les ennemis.
On les avait prévenus qu’ils n’auraient pas l’effet de surprise, mais James ne s’était pas attendu à une telle débacle. Rapidement, leur groupe se retrouva sous le feu des contaminés. La plupart d’entre eux, des aurors, parvinrent à mettre hors d’état de nuire plusieurs de leurs adversaires mais James devait reconnaître qu’il essayait de s’approcher le plus possible afin de pouvoir trouver Sean.
Il finit par le voir quand un des volontaires atterrit à quelques mètres de lui, dans un gémissement de douleur. Étant persuadé d’avoir reconnu sa silhouette entre deux volutes de brumes, James s’avança à toute vitesse et tenta même de l’appeler :

“Sean !”

Et là leurs regards se croisèrent. L’ancien gryffondor n’avait plus rien de lui-même. Ses yeux étaient noirs, ses lèvres l’étaient comme ses veines qui ressortaient grisâtres. Des cernes se dessinaient sous ses yeux et ses joues semblaient plus creusées qu’à l'accoutumée. Les rapports disaient le brouillard faiblissant, ses enfants l’étaient-ils tout autant ?
James se permit un sourire, tentant de le ramener à la raison : “C’est moi, Jam-”

Il n’eût pas le temps de prononcer ces derniers mots car Sean lança un bombarda sur lui, l’emportant dans une explosion.

Billie était là. Son odeur de fleur d'oranger embaumait la pièce. Elle était assise sur leur canapé tandis que James était allongé contre elle, les yeux fermés. Sa voix le berçait, il avait toujours aimé sa voix, même quand elle se contentait de le critiquer ou de cafter le moindre de ses faits et gestes... Mais depuis peu, c'était plutôt des douceurs qu'elle prononçait.. Et lui, il l l'aimait tellement. Pas seulement sa voix au final, elle tout entière.

Elle était en train de parler Quidditch

Du moins c'est ce qu'il semblait à James car il ne l'écoutait plus vraiment. Il avait l'impression de sombrer dans le sommeil ne réagissant même plus à ses "tu m'écoutes ?" autrement qu'en grommelant un "oui oui" à peine audible. Mais il ne bernait personne car elle s'acharnait à lui poser milles questions, à tenter de le réveiller. Et au milieu de tout cela, elle l'appelait. Encore, encore et encore : "James ! James ! James !"

Lui pendant ce temps sombrait toujours plus... Il avait envie de dormir, de rêver sans avoir besoin de se réveiller le lendemain matin. De trouver ce sommeil réparateur qui lui tendait les bras et l'entrainait avec lui, toujours plus profondément... Mais c'était sous-estimer la force de caractère de sa petite amie qui ne sembla plus aussi satisfaite de simplement l'appeler car elle lui asséna une gifle qui le fit se redresser en sursautant.



















Quand il se réveilla au milieu de nulle part, il était entouré de Martinez qui l'observait d'un air inquiet et de Sean, ligoté sur le sol, à ses pieds : "Bon sang gamin, tu m'as fichu la frousse. J'ai cru que t'avais cassé ta pipe."

"Je voulais pas... Je contrôlais rien je te jure... Je devais protéger le père"

Ce furent les premiers mots que James entendit de Sean. Le jeune homme  était immobilisé à côté de lui, un air coupable sur le visage et visiblement en larmes...  L'attrapeur ne devait pas être très joli joli à voir vu les douleurs qu'il ressentait sur toute la face de son corps. Il sentait cependant que le sort que Martinez lui avait lancé faisait effet, diminuant un peu la douleur en la rendant un peu plus supportable.
James voulut répondre à Sean, lui affirmer que tout allait bien (c'était faux) et qu'ils allaient tous les deux s'en sortir (ça par contre, c'était vrai) mais il n'eut pas le temps de s'éclaircir la gorge que Martinez le rappela à l'ordre.

"Bon sang Potter, tais toi. Tu vois bien que t'es pas en état, contente toi de rester éveillé et on t'emmènera au poste de soin le plus proche. " Bien que blessé, James afficha un air outré... Il était vrai que son visage lui faisait un mal de chien et que le simple fait de respirer avait quelque chose proche de l'effort soutenu. Mais tout de même !... Cependant, Martinez n'en avait pas fini et se tourna vers Sean : "Et toi le contaminé, arrête de chouiner. Tu t'en es sorti et par je ne sais quel miracle cette chose n'est plus dans ta tête. Ca se fête, ça se pleure pas.  Y en a qui ont été moins chanceux dans toute cette histoire."


James trouva les mots un peu dur mais ne parvint pas à le dire, tandis qu'il suivait Martinez du regard. L'auror s'éloigna pour rejoindre le reste du groupe. Visiblement, l'assaut était terminé et c'était une défaite pour le brouillard. L'attrapeur poussa un soupir de soulagement tandis que ses yeux retombaient sur Sean toujours immobilisé...

Il l'avait retrouvé, pas vrai ? Ca ne s'était pas passé comme prévu, mais il avait tenu sa promesse ! Se concentrant, James prit le temps de bien former chaque son tandis qu'il parvenait enfin à parler.
C'était compliqué, douloureux et ça demandait des efforts. Mais c'était possible. Cheh Martinez.

"Max sera content. C'est lui qui m'a demander de venir te chercher"

"On t'a dit de pas parler, tu sais vraiment pas écouter la plus basique des règles toi..." répondit Sean

James éclata de rire, provoquant alors une vague de toussotement qui lui décrocha un gémissement de douleur... Bon d'accord, parler c'était possible mais rire était la pire idée ! Le jeune homme se concentra du mieux possible pour retrouver son calme..

"Désolé" chuchota Sean.

Désolé de quoi ? Il avait été hypnotisé par cette créature... Tout ça, c'était le brouillard, pas lui... Mais bon, James était en trop sale état pour ne pas s'amuser un peu de la culpabilité de son ancien camarade de dortoir :

"T'en fais pas... Quand j'aurais besoin d'un truc, je te rappellerai le jour où t'as faillis me tuer"

Il se trouva lui-même très drôle et se remit à rire... Mauvaise idée, il toussa encore plus fort avec l'impression de se décrocher les poumons et une remontrance de la part de Martinez :

"BON SANG POTTER, m'oblige pas à écrire dans mon rapport que ton père t'a élevé comme une goule incapable de suivre le moindre conseil !"

James leva les yeux au ciel abdiquant enfin. Il allait se taire et attendre gentiment qu'on l'emmène au centre de soin. Il leva les yeux au ciel et ne vit que les drapés blanc de la brume. Il se concentra sur elle et attendit que le temps ne passe... Avant que Sean ne décide de lui avouer la présence de Maxwell dans le brouillard.

"Pardon ?" articula-t-il, mais c'était sans compter sur son ancien camarade qui avait sombré avant d'avoir pu répondre... Sauf que non, pas maintenant ! Il ne pouvait pas sombrer ! Max était en danger !
Cherchant à se redresser, James s'agita sans réussir à trouver le moindre appuis et en criant soudain "MARTINEZ !" suivit d'une quinte de toux qui fit approcher l'auror avec un air agacé :
"Je te jure que si tu recommence à parler je me charge de te rendre muet !"
"Maxwell Shacklebolt ! Faut le sortir de là ! Envoie une équipe fais quelque ch- !"

James n'eut pas le temps de finir sa phrase car sa bouche disparue à cause de l'oscausi de l'auror qui lui lançait un regard qui voulait clairement dire "Je t'avais prévenu gamin"

L'insultant mentalement de tous les noms d'oiseaux de sa connaissance, James ne pu plus rien dire jusqu'au soir, quand les magicomages du centre de soin l'eurent soigné en grande partie...

Mais même après qu'il eut retrouvé l'usage de la parole, il ne pu rien faire car il fut alité quelques jours.

-Fin pour James-