Grimoire - Le livre des ombres de Nott
- Marcus GraystoneMinistère (terrain)
III - Auror
Singularité : Animagus déclaré
Orientation :
Statut civil : Papa
DC : Malicia Addams
Grimoire des ombres
Marcus Matthew Graystone Nott
Compos Mentis
Marcus Matthew Graystone Nott
Souvenir d’enfance
Elle riait.
Encore.
De ce rire aigu, démentiel.
Celui qui lui donnait envie de garder sa tête sous son oreiller ou de s’enfuir à la cabane du gardien simplement pour ne pas l’entendre. Mais il ne pouvait pas. Le nez mutin par-dessus la couverture, son regard perçait l’obscurité pour observer le minois effrayé de sa sœur et de son frère qui attendait au pied du lit improvisé. Cheveux défaits, trait tiré de ceux qu’on éveil pendant la nuit, ni l’un ni l’autre n’osait ne serait-ce que respiré trop fort. L’enfant regarda une autre fois l’installation précaire qui bloquait la porte de la pièce. La chaise bloquant la poignée, il avait cru bon d’ajouter la commode devant la porte. Mais que pouvaient faire les simples meubles face à un sortilège? Mais elle ne viendrait pas ici.
Elle ne les trouverait pas.
Re: Grimoire - Le livre des ombres de Nott
- Marcus GraystoneMinistère (terrain)
III - Auror
Singularité : Animagus déclaré
Orientation :
Statut civil : Papa
DC : Malicia Addams
Octobre 2022
Une douce chaleur réchauffait sa peau, les bras refermés sur une ombre sans visage. Il sentait ses longs cheveux chatouillés son nez, le goût sucré de ses lèvres glisser sur ses papilles affamées. Elle réveillait en lui une soif intarissable, un besoin qu’il se tardait d’assouvir. Cette envie de la garder prisonnière, indéfiniment. La chaleur sur sa peau devenait brasier, effaçant toutes traces de douceurs. La créature devenait encre, son corps liquide laissait des traces poisseuses sur sa peau, un limon noir qu’il sentait s’agiter, vibrer sous les rythmes psalmodiques des chants qui résonnaient au loin. Les paroles latines résonnaient en lui, la magie noire faisant trembler l’abysse qui en demandait toujours plus. Et lui restait là, figé, incapable de fuir, incapable de bouger, le souffle lui manquant sous le néant qui s’enroulait autour de son cou à la manière d’un tentacule. Des ombres le regardaient, rigolant entre eux, regardant sa baguette s’agiter sans que rien ne se produise. Sorcier pathétique. Il ne valait rien, rien de plus que son incapacité à se sortir de cette situation. Le tentacule sera plus fort, le clouant au milieu de ce brasier qui léchait ses membres, brulant sa peau, faisant résonner le rire clair et machiavélique de la femme aux cheveux roux. Les corps devenaient danse macabre autour de lui, visage sans vie, tordue dans des rictus qui le dévisageaient de leurs yeux creux. La douleur grugeait ses os, éclatait à ses tempes. Il aurait voulu crier, mais aucun son ne pouvait sortir de sa gorge comprimée. Le souffle lui manquait. Il allait mourir là, maintenant, avaler par le feu ou par l’abysse, aussi faible qu’un moldus agitant un morceau de bois...
Les paupières battirent encore et encore, cherchant à effacer la lourdeur qui les plombait. Les membres remuaient sur le lit, s’agitant, se démenant à se soustraire de la couverture qui le brulait plus certainement encore que les flammes du cauchemar auquel il avait échappé. Il devait sortir de là, bouger, échapper à cette langueur qui menaçait de le renvoyer au pays des cauchemars. Un tentacule? Du limon? Pourquoi n’arrivait-il pas à s’en échapper? Les iris se fixèrent, les paupières acceptant enfin de rester ouvertes. La respiration erratique il chercha l’air un instant, un plafond clair se dessinant sous son regard. Marcus se redressa sur un coude, abandonnant aussitôt le geste sous le bras tremblant refusant de supporter son poids. Non d’un dragon que lui arrivait-il? La douleur résonnait dans ses membres trempés de sueurs. Le petit flacon posé sur la table de chevet fut saisi, les comprimés avalés d’un seul trait, laissant la médecine moldus faire son œuvre. Lentement, son rythme cardiaque se calma, ses tremblements également, lui permettant enfin de respirer à pleins poumons. Le dos se laissa de nouveau aller sur le matelas. Depuis combien de temps s’égarait-il dans cette léthargie peuplée de cauchemars? Et dire que son calvaire ne faisait que commencer.
Le brouillard vaincu, Graystone avait fini à Ste-Mangouste comme beaucoup de ses collègues. Ses blessures physiques avaient été soignées, mais l’esprit avait été épuisé, tordu, poussé à des retranchements qu’il n’aurait pas dû frôler. Le séjour entre les quatre murs de la chambre d’hôpital n’avait pas amélioré l’humeur sombre du jeune homme. La colère grognait en lui. Il avait l’impression d’avoir été trahi, envoyé comme un chien à l’abattoir sans aucun moyen de défense. Il avait été vaincu par un vulgaire professeur de potion! À quoi valait les entrainements chez l’Élite s’il n’était pas capable de venir à bout d’un simple membre du corps enseignant! Ce n’était pas Dumbledore tout de même! La colère de l’apprenti avait également enflé lorsqu’il avait appris que la plupart des accusations contre les membres du brouillard n’auraient pas lieu. Contaminé avaient-ils dit. Contre leur volonté. Comment pouvaient-ils être assez dupes pour croire que tout était l’œuvre du brouillard? Il n’était pas apparu tout seul! Il avait été aidé, et ses protagonistes allaient s’en sortir? Inacceptable. Et l’héritier de la famille Nott était bien placé pour savoir qu’il était aisément facile de faire passer des actions sous le signe de la manipulation. Le mensonge coulait dans les veines de sa famille depuis longtemps. Alors quand Melody sa responsable s’était pointée à sa chambre, c’était elle qui avait subi les foudres du jeune homme, trouvant en elle la victime idéale du ressentiment qu’il trainait sur ses épaules depuis un moment déjà. Mais que pouvaient-ils faire? Des membres de leur équipe étaient tombées au combat, leurs propres agents s’étaient retournés contre eux, victimes du brouillard. Était-il prêt à condamner Evans? Hunt? À regarder tous ceux qui avaient été envahis par le limon et les envoyer à Azkaban? Bien sûr que non. Mais c’était si facile d’errer dans les zones grises. Marcus se sentait trahi, à fleur de peau, comme s’il se reprochait lui-même d’avoir été intransigeant, mais pourquoi? Il n’avait condamné personne encore. Mais ce n’était pas suffisant. Toute cette mascarade du bureau des aurors n’était pas suffisante. Ils n’étaient pas assez préparés, lui ne l’était pas. En bon mentor, Melody avait écouté les remontrances du jeune homme, le laissant vider son sac jusqu’à plus soif, attendant qu’il soit bien épuisé, à bout, pour venir lui dire ce qu’il savait déjà; il avait besoin de repos. La discussion avait déjà eu lieu avec les instances plus hautes. En tant qu’apprenti il en avait trop fait, trop vue. Il devait se reposer, reprendre du poil de la bête. Le bureau attendrait. Elle lui avait alors imposé un arrêt obligatoire de quelques semaines, le temps de laisser passer les fêtes, avant que le médicomage ne lui redonne l’autorisation de revenir au travail. Comme elle s’y attendait, son annonce avait fait réagir Graystone qui avait retrouvé de quoi alimenter sa colère, mais elle était demeurée inflexible.
Il devait se reposer.
Un rictus étira les lèvres minces du jeune homme. Qu’allait-il faire de tout ce temps perdu? Le médicomage qui l’avait évalué l’avait trouvé plutôt en forme malgré ce qu’il avait vécu, sourire remplis de compassion devant ses mains tremblantes, son regard épuisé. Un bref euphémisme. Il lui avait parlé de ce qu’il vivrait, des moments de détresse, ce qu’ils appelaient des douleurs fantômes. Un signe que le corps et l’esprit travaillaient à se remettre de cette épreuve. Il faudrait qu’il en profite pour se reposer et prendre du temps pour lui. Encore une idiotie aux oreilles du jeune homme. Ne pouvaient-ils pas comprendre que son travail était toute sa vie? Que lui restait-il s’il sans ça? Il n’avait pas le temps de se reconstruire. Un sorcier de son rang ne pouvait se permettre d’être soumis aux caprices de son corps. Il devait à tout prix empêcher ses mains de trembler, son cœur de s’emballer, ses pensées de s’égarer. Le flacon orange trembla dans sa main, attirant aussitôt son attention paresseuse. Heureusement qu’il les avait. Les petits comprimés que lui avait donnés le professeur de potion étaient extrêmement salutaires en ces instants. Il avait l’impression que c’étaient eux qui lui permettaient de passer à travers ses journées.
Graystone s’assit dans son lit, passant une main contre son visage défait. Ses vêtements sortis sur la chaise captèrent son regard aux pupilles contractées. Pourquoi s’était-il donné la peine d’en sortir s’il n’allait nulle part? N’était-ce pas son uniforme du ministère? Le cerveau de l’apprenti auror prit un moment à chasser la confusion qui planait sur ses pensées. Puis une lueur perça ses pensées. Oui. La cérémonie. C’était aujourd’hui que le ministère organisait la cérémonie pour les agents tombés au combat.
Comme ce brave Taylor...
C’était à se demander quel tour machiavélique le destin s’amusait à jouer. Pourquoi un agent aussi chevronné et d’expérience avait succombé alors que lui et son arrogance avaient survécu?
Un rictus mauvais étira les lèvres de Marcus.
Une mascarade. Rien de plus.
Re: Grimoire - Le livre des ombres de Nott
- Marcus GraystoneMinistère (terrain)
III - Auror
Singularité : Animagus déclaré
Orientation :
Statut civil : Papa
DC : Malicia Addams
Souvenir d’hiver
•2014•
Des comptes, des chiffres, des documents d’investissements, ceux de la rente des Graystone, puis celle des Nott, la liste des bénéficiaires, les montants de pourvoiries, ceux de l’entretien des bâtiments.
Plongé devant le grand livre d’intendance, Marcus avait l’impression de s’être perdu dès la deuxième ligne. Comment était-il supposé pouvoir suivre la liste des dépenses et des achats s’il était incapable de savoir quoi servait à quoi? Main serrée sur la grande page de compte, il s’obligea à relire encore, cherchant à comprendre le sens caché des chiffres. Il n’aurait sans doute pas le choix de contacter l’homme de loi de la famille pour un cours accélérer sur les finances. La simple idée de devoir passer du temps avec le vieil Elwood donnait au gamin une envie de gerber mais il n’aurait pas le choix. Il fallait quelqu’un pour tenir la bourse dans cette maison. Wilhelmina avait besoin d’une nouvelle robe de bal, Jamie commençait l’école l’année prochaine et leur mère s’enlisait de plus en plus d’une crise à l’autre.
-Matt?
Le jeune garçon papillonna des yeux, levant un regard qui se voulait optimiste à sa jeune sœur. Willy, de deux ans sa cadette se tenait dans l’embrasure de la porte. Ses beaux cheveux blonds ébouriffés lui donnaient l’impression qu’elle venait sans doute tout juste de se lever de son lit.
-Je me doutais bien que tu serais ici à cette heure.
Marcus regarda autour de lui le grand bureau qu’il avait fait sien. Livres scolaires, documents du manoir, il réunissait à la fois la vie d’étudiant de Poudlard et celui d’héritier et de jeune gestionnaire de la famille. Se callant dans le fauteuil trop grand pour lui, le garçon observa sa sœur, attendant qu’elle poursuive.
-Nous avons reçus une lettre de papa. Il est en Espagne pour ses affaires, il ne pourra pas être là à Noël… encore une fois
Est-ce que la nouvelle le rendait triste? Pas vraiment. Pire, une indifférence grandissante s’installait tranquillement dans l’esprit de l’enfant. Il en avait l’habitude.
-Mais il va nous envoyer des cadeaux!
Le visage demeura impassible tandis que l’esprit s’évadait. Non seulement les cadeaux avaient-ils déjà été reçus mais également échangé. Comme à chaque année, Marcus avait intercepté les présents avant qu’ils n’atterrissent sous le sapin. Toujours occupé et en voyage, leur père avait perdu le fil depuis longtemps sur ce qu’il convenait de leur offrir à leur âge. La poupée destinée à Willy avait été remplacée par un chaton errant, elle qui souhaitait tellement avoir un animal de compagnie et le bilboquet criard de Jamie par un magnifique ensemble d’écriture avec trois encres de couleurs différentes. L’enfant n’avait pas remplacé le livre ''Le sorcier avisé, tous les conseils pour que les gallions soient vôtre" qui lui était destiné. Le seul cadeau de qualité était pour sa mère, un magnifique collier avec un saphir d’un bleu étincelant. Peut-être serait-ce suffisant pour qu’elle garde la tête claire pendant plus que les deux semaines et demie que duraient la période des fêtes? Noël était le seul moment où elle redevenait un peu plus normale. Mais pas pour eux. Non, la famille Nott organisait de nombreuses réceptions pour sang-pur et assistaient au bal les plus en vue. Leur calendrier était bien garni et les enfants devrait suivre en bon petit représentant de la famille. Ils avaient déjà une fête pour le lendemain, une énième réception chez les Carrows. Le gamin se demanda si la belle Léto serait présente. C’était une manière comme une autre de se désennuyer pendant qu’il serait planté dans un coin de la pièce. Sa grand-mère et sa mère présenterait Wilhelmina à tous les bons partie et son grand-père s’occuperait de Jamie. Un moment où il pourrait avoir la paix en somme.
Un bruit attira l’attention des deux enfants. Marcus serra instinctivement sa baguette dans sa main. Même s’il n’était pas autorisé s l’utiliser en dehors de l’école, le réflexe de défense c’était déjà encrée en lui. Une voix féminine chantonnait au rez-de-chaussée, un vieil air de Noël aux notes légères. Willy eu un sourire rempli d’espoir.
-C’est mère.
Un nouveau sourire de façade. Le réveillon approchait et leur grand parent viendrait leur rendre visite. Bien sûr que leur fille allait s’arranger pour être présentable. Mais quand elle s’enfonçait dans ses délires et la magie noire le reste de l’année il n’y avait plus personne. Sitôt les festivités terminées, le dernier invités partie, elle replongerait encore plus profondément. Marcus se demandait combien de temps avant qu’elle n’en sorte définitivement plus. Mais rien ne se refléta sur son visage sérieux. Du haut de ses treize ans, il était déjà passé maitre dans l’art de cacher ses pensées. Un sourire rassurant pour sa sœur, il consulta l’heure de la grande horloge avant de se lever.
-Allez viens, nous allons devoir nous lever dans 3 heures et tu es toujours de mauvaise humeur quand tu ne dors pas assez.
La boutade eu l’effet escompté. Sa sœur lui tira la langue avant de répondre d’un air offusqué.
-Moi? Regarde qui parle! Tu vas encore nous coltiner ton air sombre pendant tous le temps du bal de demain!
Sourire sincère, Marcus referma la porte derrière lui, s’avançant avec sa sœur sur la pointe des pieds.
On trouvait toujours un peu de joie à Noël.
|
|