Il se passe des choses bizarres avec le lac, vraiment trop bizarres.
Depuis la rentrée, on commence à apercevoir des bulles remonter vers la surface, ce qui a le don de nous intriguer, tous autant que nous sommes.

Ce matin, au vu des bulles de plus en plus importantes visibles depuis nos fenêtres, des serpents ont décidés de se réunir dans la salle commune pour tenter de percer le nouveau mystère de Poudlard malgré les avertissements que nous avions reçus de ne pas chercher à comprendre ce qui se trame sous les eaux du Lac Noir.
Vous vous doutez bien que nous n’avons que faire de ce genre de paroles, c’est comme dire à un enfant de ne pas appuyer sur un bouton, vous allez juste réussir à le tenter de le faire.

Mais pour ma part, je ne joins pas au groupe d’apprentis enquêteurs, c’est un coup à se faire capter ou se mettre en danger inutilement !
Je préfère partir de mon côté, continuer mes innombrables essais pour me retransformer en louve tant que j’ai la forêt interdite à ma disposition. Le seul lieu de ce domaine dans lequel je n’ai aucun souvenir avec l’Intrépide qui avait volé mon cœur un an plus tôt pour finalement décider de ne rien en faire une fois les vacances terminées.

C’est la vie ! Je ne vois même pas pourquoi j’ai osé croire en cette histoire idiote. Maintenant je souffre, et je ne peux même pas dire que je n’ai pas été prévenue, c’est peut-être ça le pire dans cette histoire.

Les cheveux noués au niveau de la nuque, ma célèbre pomme à la main, je me dirige vers le bois encore verdoyant en ces derniers jours d’été. Je tente la technique qu’Elida ne m’a pas conseillée mais m’a plutôt soufflée l’année passée, c’est à dire que je change d’horaires pour transgresser l’une des règles les plus évidentes du château.

Je me demande si elle l’a remarqué ! La connaissant, ça ne fait aucun doute !


En sortant de la forêt, j’aperçois une silhouette qui longe le lac. Habituellement, je n’y aurais pas prêté attention (elle fait bien ce qu’elle veut), mais mon instinct me dicte qu’il ne faut pas la laisser seule, surtout en sachant qu’il se trame des choses pas nettes, que même les adultes ne semblent pas comprendre.

- Heeeey !

Je tente de l’appeler mais je suis bien trop loin pour qu’elle m’entende.

- Eh m*rd* !

J’avais tout sauf envie de jouer aux gardes du corps, mais au vu de la situation, je me vois mal prévenir un adulte que « je sortais de la forêt interdite quand j’ai aperçu cette silhouette longer le lac », alors pour assurer la suite de mes activités interdites, je prépare déjà une nouvelle version en me dirigeant vers elle.

Je n’aurai qu’à dire que je l’ai suivi depuis un autre point, personne ne pourra le vérifier... J’espère ?

- Eh oooh !

J’ai beau crier de toutes mes forces, cette fille que je distingue un peu mieux au fur et à mesure de mon avancée ne m’entend pas !
C’est qu’elle va me faire courir en plus !

Ah ! La voilà qui ralenti, c’est le moment d’accélérer pour combler l’écart.

- Eh, arrêtes toi !

Je me suis prise pour la police ou bien ? Peu importe, je ne suis qu’à quelques mètres d’elle quand mes yeux quittent ses cheveux roux pour se diriger vers un truc noir, vraiment peu ragoutant.

Je m’arrête à la hauteur de l’inconnue, essoufflée, et avec une spontanéité venue de nulle part je lance un :

- Beurk, c’est quoi c’truc ?!

Je jette un regard intrigué à la fille que j’ai suivi avant de reposer les yeux sur la chose. Ce serait ce machin qui fait des bulles depuis la rentrée ?
Ah bah super, moi qui voulais rien savoir, je me retrouve devant le potentiel coupable du mystère que les Serpentard tentent de résoudre.

- C’est à toi ? Je le demande à la fille comme si elle était venue volontairement ici. Si c’est le cas, sache que ta créature inquiète tout le corps professoral, les médias, ces bestioles visiblement, ET depuis peu, ceux qui dorment sous ce lac !

J’accompagne mes derniers mots d’un sourire pincé en me pointant du doigt.
J’espère secrètement que cette théorie folle est la vérité, que je peux encore être surprise par les sorciers après sept ans dans leur monde et que tout cela n’est qu’un malentendu entre élèves et professeurs depuis le début.

Oups, j’ai effrayé la rouquine. Je pense même qu’elle commence à paniquer à mesure que je parle. Faut dire, je lui ai pas laissé le temps de répondre.
Coup de karma ou juste hasard de la vie, moi-même je sursaute quand Fanny arrive ! Nous sommes maintenant trois, loin du château et des autres. Je fronce les sourcils, mais je n’ai pas le temps de me concentrer sur l’incompétences des surveillant du château que la Jolie se défend.

Elle aurait rien avoir avec l’histoire, quand Fanny pense que ce sont les habitant sous le lac qui font la fiesta. Deuxième espoir qui fini réduit en poussière.

- Ca sent pas bon tout ça, faudrait peut-être revenir sur nos pas et faire comme si on avait ri... Tu fais quoi ?

Je vois l’Aventurière se saisir d’un bâton pour toucher la forme noire. Elle n’a visiblement peur de rien.

- Vous pensez que c’est ce truc qui respire sous l’eau qui produit les bulles du coup ?
- J’aurais tendance à dire qu’elle expire vu toutes ces bulles.
- Qu’est-ce qu’on fait ? On va peut-être pas laisser ça comme ça ? En plus, si ça se trouve, c’est dangereux, voire toxique, pour la vie aquatique !

J’ai envie de reprendre mon idée initiale de retourner en sécurité, mais cette fois, ce n’est plus ma phrase qui se coupe mais mon élan.

- C'est normal ça ?
- Eh m*rde ! Bis.

Ca s’agite, ça grandit, alors dans un réflexe je recule de quelque pas en entrainant derrière mon bras la Poufsouffle non loin de moi. Comme pour la protéger inconsciemment.

- Reste pas trop près de ce machin, on sait pas ce qu'il pourrait te faire !! Dis-je à la fille que j’ai suivie plus tôt.

Il faut qu’on réfléchisse mais la chose ne nous laisse pas le temps de nous mettre d’accord.

- Si c’est vraiment toxique, elle ne doit surtout pas nous toucher, on est trop loin pour accéder aux soins des infirmiers.

Vu l’urgence à laquelle on fait fasse, on ne peut prévenir personne, à moins que l’une de nous ne veuille courir jusqu’au château ? Si seulement je pouvais me transformer, juste le temps de cette course infernale.

- On peut pas enfermer ce truc avec un sort, genre, un protego retourné ?

J’essaie de rester calme pour réfléchir, mains sur les tempes, tandis que la panique monte en flèche chez l’Aventurière ! Ça alors, quel changement d’ambiance. Elle redescend et acène la chose de sortilèges offensifs, qui semblent la calmer.

- Yeah, victoire !

Ne jamais crier victoire trop vite, la créature se remets déjà à bouger, tandis que Fanny suggère d’appeler les profs après nous avoir protégé de ses protego.
Je dois trancher mais d’abord je tente d’emprisonner la créature :

- Incarcerem !

Ca a l’air de marcher, ça me laisse assez de temps pour dire à la jaune/rose :

- Attends !! Laisse-moi tenter un sort avant de les appeler !! Reculez-vous !

J’attends un instant que les filles soient éloignées pour lancer un :

- Confringo !

Je ferme les yeux, me retourne pour couvrir mon visage et m’accroupi pour éviter les éventuels impacts. Donc je ne vois pas comment mon sort agi sur la chose noir, ça a marché ?

J’attends des débris noirs qui ne viennent pas, me retourne et constate que la créature est toujours sur le bord du lac. En très mauvaise posture certes, mais toujours en vie.

- Solide.

Le paysage autour d’elle a subi des dégâts à cause de mon sort, c’est déjà ça.

- Waouh, tu gères !

Je me retourne pour faire face aux filles. Heureusement, elles n’ont rien. Protégées par le bouclier et la distance, les impacts n’ont pas pu leur faire de mal.
Je leur souris en tendant tout de même l’oreille au cas ou un bruit suspect indiquerait que la chose se mettrait en mouvement.

- Tu voudrais pas continuer à essayer de l’immobiliser pendant qu’on va chercher de l’aide ?

Mon regard se pose sur la rouquine, surprise de la demande mais pas fermée à cette idée.

- Euh, je, oui bien sûr.

Le seul détail qui m’inquiète est de me dire que les profs vont savoir que nous nous sommes aventurées au-delà de ce qui est permis dans le règlement. C’est c*n, mais je me dis que même si on les aide à résoudre un mystère, ils seraient capables de nous en vouloir. On verra bien ! Car même si mes intérêts personnels sont en danger, je ne nie pas que nous avons besoin d’aide.

La jeune rousse s’enfuit vers le château avec une allure impressionnante tandis que Fanny lance des étincelles dans le ciel. Je me tourne à nouveau pour surveiller la créature qui respire de plus en plus fort.

- Tu pense que tu as réussi a vaincre la créature ? Si ça se trouve le problème est réglé !
- Mh.. Je crois pas l’avoir vaincue, elle respire toujours.

Si on peut dire ça comme ça.

- Mais elle a l’air d’avoir compris le message. Heureusement !

C’est le moment ou on attend. Ensemble en ayant jamais eu de discussion, du moins pas que je me souvienne. Du coup je tente de meubler un peu :

- Comment tu nous as trouvées ?

La question se veut formulée sans une once d’accusation, simplement de la curiosité. Cette fille a toujours eu un air sympathique, lumineux avec une pointe d’extravagance dans les cheveux. Une personnalité qui impressionne les plus renfermés comme moi, sans pour autant faire qu’on les déteste. J’ai juste du mal à l’approcher sans me sentir intimidée.

Le temps passe, la créature regagne en force et l’Aventurière n’est pas encore de retour. Je suis perdue dans mes pensées. Maintenant que j'ai le temps pour, je repense à ce que j’avais suggéré plutôt, vous savez, le fameux protego inversé. Je tente une technique qui consiste à retrouver le nom de ce sortilège en parcourant l’alphabet, ensuite les consonnances pour enfin arriver à :

- Ebublio !! Fanny ! J’ai trouvé le sort que je cherchais !!

On dirait une enfant, fière de sa trouvaille. En attentant la rouquine je n’ai plus qu’à lancer le sort face à la créature.

- Ebublio !

Le mouvement est simple, la concentration est présente et surtout, j’y mettais toute mon énergie pour m’assurer que la chose soit bien enfermée.
Plus qu’à attendre les secours maintenant !

Et en parlant de secours, j'aperçois Maeve accompagnée de plusieurs adultes. Ils n'ont pas l'air ravi de nous voir hors du périmètre autorisé par l'établissement. Mais quelque part, j'ai le sentiment qu'ils sont soulagés que rien ne nous soit arrivé. Difficile de le dire. Les adultes sont si mystérieux.

Dans tous les cas, les voilà qui sont entrain de prendre en charge la créature enfermée pendant que nous, nous sommes raccompagnées au château.
Je regarde mes camarades et leur souris, heureuse que tout aille bien. Avant de partir, je demande à la rouquine :

- Au fait, comment tu t'appelles ?

Peut-être est-ce le début de nouvelles amitiés ou du moins, connaissances dans ce vaste château.