Un bonnet sur la tête, un manteau d'hiver sur les épaules, rien n'aurait pu laisser croire que c'était encore l'été dans la tenue de Sean Abbot. C'était pourtant le cas mais le jeune homme s'était habillé chaudement pour la mission qui leur avait été confiée : retourner dans le brouillard et négocier avec les hybrides.
Leur dernière excursion dans ces brumes n'avaient pas été des plus agréables. Max et lui en étaient ressortis infectés, malades même. Ils avaient du séjourner à Saint Mangouste un certain temps et y faisaient régulièrement des allers-retours. Ils s'étaient liés avec certains médicomages et c'est comme cela qu'ils avaient été débauchés comme volontaires dans cette mission. Les risques d'une contamination étaient réels, autant envoyer des gens déjà contaminés.

Un véritable sérum de protection avait été mis en place. Les médicomages et autres scientomages avaient étudiés la résistance des hybrides au brouillard et l'avaient synthétisés à partir de leurs résultats... De son côté, Sean, ne faisait pas tout à fait confiance à ce sérum. Les Hybrides n'étaient serte pas infectés par le brouillard, mais leur réaction face à ce qui pouvait se trouver dedans n'avait rien de normale. Se dire que le sérum était tiré d'études sur eux laissait entendre que chaque consommateur pourrait peut-être développer la même sensibilité. Bref, si on lui avait demandé son avis, Sean aurait surtout fait des recherches sur les moldus, pas sur les hybrides... Mais il n'était pas magicomage et s'était déjà porté volontaire. Aussi, quand le petit groupe transplanna dans une maison au beau milieu du brouillard, Sean but le sérum, comme la plupart de ses camarades du jour.

Un homme semblait diriger la mission et donnait des consignes de sécurité aux quelques volontaires. Il faudrait prendre contacte et discuter. L'usage de sortilèges d'attaque n'était autorisé qu'en cas de légitime défense. Sean écoutait et jetait régulièrement des regards à Maxwell à côté de lui.

"Bien, vous savez tout. Au moindre soucis, envoyez des étincelles rouges !" conclu l'homme avant de sortir dans le brouillard suivit des trois autres volontaires.

"Tu es prêt ?" demanda Sean à Maxwell

Une nouvelle expérimentation dans le brouillard, un nouveau sérum, mais cette fois, tout serait différent. Max avait profité d’un passage à Sainte-Mangouste pour s’inscrire avec Sean à un programme volontaire consistant à ingérer un antidote au brouillard consacré par le ministère, dans l’espoir de ramener à eux des sorciers hybrides captifs de la volonté de l’entité. Le jeune homme n’avait pas hésité avant de choisir de participer. D’abord, il y avait l’argument très pragmatique que, quitte à être contaminé par le Brouillard, autant que cela serve à quelque chose. Ensuite, son petit ami était motivé pour y aller, et il était hors de question de le laisser y aller seul. Enfin, Max espérait donner un sens au massacre qu’ils avaient vécu en mai dernier. Il allait mieux, surtout après cet éloigné de l’Angleterre pendant l’été. L’opposition sensorielle entre la chaleur sèche de Kampala et l’atmosphère froide et moite du Royaume-Uni le rassurait, tant qu’il sentait la chaleur se diffuser, les entités meurtrières étaient loin. Mais il se sentait lâche de fuir, alors que d’autres continuaient de subir les assauts du Brouillard. Et puis, il se disait que si cette fois, ils réussissaient à extraire ne serait-ce qu’un sorcier de cette influence néfaste, alors tout ce qu’ils avaient vécu n’aurait pas été pour rien. S’ils réussissaient, ce serait bien en partie parce qu’ils connaissaient maintenant le comportement du Brouillard et de ses limons ou rejetons, non ? Leur mésaventure aurait servi à quelqu’un. Peut-être que Max ferait moins de cauchemars la nuit s’il avait l’impression d’avoir maintenant un peu de contrôle sur le Brouillard, la possibilité d’une contre-attaque. La dernière fois, les deux garçons avaient constaté des choses. Ils étaient plus à même de se défendre. Et Maxwell avait appris des choses utiles depuis le début de sa formation de briseur de sorts, il pourrait les mettre à contribution.

Avant le départ, puisqu’ils avaient une demi-journée devant eux entre la fin de leur session de traitement à Sainte Mangouste et le début de l’expérimentation, Max avait proposé à Sean des sorties dans le Londres sorcier, des balades dans des parcs bucoliques où des écureuils venaient presque dans leurs mains pour manger, un tour en barque sur un lac, partager un repas, rentrer ensemble... il était simplement heureux comme ça. Il espérait que Sean aussi. Parfois, il culpabilisait de les priver de ces plaisirs au quotidien en ayant choisi de partir... même si en ce moment, ils se voyaient régulièrement puisque Max revenait pour son traitement et pour voir les matches de James. Max pensait qu’il avait pour l’instant le meilleur des deux mondes, la découverte de son deuxième pays avec sa formation en Ouganda et des sorties fréquentes avec ses plus proches en Angleterre. Mais est-ce que cela allait durer longtemps ?

Pour le savoir, il fallait déjà survivre à leur petite expédition de la journée. Le moment venu, Maxwell écouta avec beaucoup d’attention les consignes de sécurité. Ce ne serait pas comme la dernière fois – il y a avait tout un service d’intervention et de récupération pour les volontaires qui seraient attaqués. Il avait peur de paniquer, d’avoir des flash-backs traumatiques, ou tout ce genre de symptômes qu’un psychomage débordé de Sainte-Mangouste lui avait décrit après son unique séance avec lui, mais il se sentait calme. Il en était un peu surpris. La présence de Sean n’était pas pour rien dans cela. Lorsqu’ils avaient été dans la tourmente la dernier fois, Max avait dû sa survie à plusieurs personnes. Marx Sohei, qui avait essayé de le relever, Arabella, qui les avaient tous deux expulsé loin des tentacules, et Sean. Sean qui l’avait soutenu jusqu’à ce qu’ils quittent ce cercle de l’enfer. Lorsqu’ils étaient ensembles, Maxwell percevait toujours les échos du soulagement extrême et du bonheur qu’il avait ressenti lorsqu’il avait de nouveau senti son corps contre le sien. Lorsqu’il lui avait dit qu’il l’aimait.

« Allons-y pour la balade en amoureux. Je suis prêt. » Glissa-t-il à Sean, le cœur lourd mais le ton léger, juste avant qu’ils ne s’engouffrent dans le brouillard.

Max lança un sort de Quatre-Points pour les aider à se repérer et à garder leur itinéraire. Il avait beau être très couvert, il sentit très vite la morsure du froid, il avait l’impression que des particules glacées rentraient à l’intérieur de ses os, et qu’elles prenaient du volume, en menaçant d’exploser ses articulations et cartilages.

"Oh, j'y pense.."

Le garçon incanta un protego Maxima sur lui et sur Sean, et il appliqua une équation artithmantique avec pour clé le chiffre 7.

"C'est un Protego renforcé avec l'arithmancie, c'est ce sur quoi je travaille en ce moment avec le centre Zêta... normalement il devrait fonctionner assez longtemps, et si on nous attaque, on devrait pour repousser deux ou trois assauts avec..."

« Bon, ça va, tu n’as pas de marques noires partout sur le visage ni des yeux d’une autre couleur… Il semblerait que les effets secondaires de ce sérum soient contrôlés.. » Max se mit ensuite à feindre l’effarement. Et moi alors ? Je n’ai pas de cheveux blancs, hein ? » Il reprit ensuite un peu plus sérieusement, exprimant des inquiétudes réelles. «Ce ne sera pas comme la dernière fois. Cette fois, on sait ce qui nous attend, des équipes de récupérations sont là, c’est toujours le brouillard mais ce n’est pas un endroit aussi dangereux… ça va aller »[/i] lista-t-il, autant dans l’idée de rassurer Sean que de se rassurer lui-même. Dans sa vie, Max avait toujours eu l’impression d’aimer le risque, de ne pas reculer face aux dangers… Mais maintenant qu’il y était vraiment confronté il ne se sentait pas aussi à son aise. Il avait l’impression d’être fragile. C’était nouveau. Et il n’aimait vraiment pas ça. Il essayait d’aller à l’encontre de ses instincts concernant le brouillard.

Les deux jeunes adultes progressèrent dans la brume. Les pas se multipliaient, dans une purée de poids terrible. Maxwell devait souvent vérifier leur direction, il demandait parfois l’aide de Sean. Finalement, il dépassèrent leur dernier point de repère avant la première position d’hybrides connus.
« Ah tiens, ça y est, je vois le sentier de randonnée moldu. Oh merde, j’en vois même un, viens, on se cache derrière le rocher le temps qu’il arrive. Le gars il se balade en short et en t-shirt… il va pas comprendre en nous voyant comme ça… D’ailleurs… Tu te sens comment toi ? Tu tiens dans le Brouillard ? J’ai l’impression d’être… bien pire que quand on est venus dans le brouillard la première fois. Genre froid comme si mes orteils allaient tomber. Mais ça va. »

En attendant que le moldu s’éloigne, ce fût l’occasion d’une dernière pause. Max s’emmitoufla dans une écharpe, enfila des gants anti-dérapants et mit une casquette polaire par-dessus son bonnet. On aurait dit qu’il partait en expédition en Antarctique. Il sortit également sa bouteille de café magiquement conservée à une température élevée, et proposa à Sean d’en prendre aussi quelques gorgées. Après cela, ils continuèrent leur route…
« Là, je vois une silhouette… je pense que c’est un hybride » chuchota Max. Il fallait maintenant se rapprocher pour l’identifier… et trouver comment débuter le dialogue.

Nombre aléatoire (1,4) : 2

Si 1 : l’hybride est un sémi-vélane
Si 2 : l’hybride est un loup-garou
Si 3 : l’hybride est un demi- gobelin
Si 4 : l’hybride est un demi-géant


Résumé : Max et Sean commencent à marcher dans le brouillard. Max commence à souffrir des effets de la contamination, notamment du froid. Il discute avec Sean, alternant entre plaisanteries et inquiétudes. Ils arrivent finalement près d’une silhouette hybride…

Qu'est-ce qui était le plus étrange dans tout cela ? Le froid mordant qui secouait Sean de tremblements incontrôlables, le moldu se baladant en bermuda comme si rien ne recouvrait l'écosse depuis des mois ou le loup-garou qui se trouvait juste devant eux ?
Parce que s'en était un, de loup garou. Il était difficile de se tromper, même avec ce brouillard. Dès qu'il s'était retourné vers eux, Sean avait pu voir son teint pale et les cicatrices sur son visage. Cela faisait peine à voir mais écartait immédiatement la plupart des autres hybrides possibles.
Maxwell et lui s'étaient approchés, côte à côte, presque collés, comme pour faire front ensemble à ce qui les attendait. Sean avait les mains dans ses poches, l'une d'elles refermées sur sa baguette. Il avait fait attention à dégager son visage en écartant son écharpe de son menton... Cependant, l'accueil ne fut pas des plus chaleureux. A l'instant même où ils sortirent de leur cachette, il pu remarquer le regard méfiant de l'hybride. C'était un homme, roux et assez petit. Son corps était fin, on voyait le tracé de ses os et il n'était pas plus couvert que cela..

"Nous sommes venu discuter. Nous n'allons pas attaquer."

A contre cœur, et contre toute logique : Sean lâcha sa baguette. Il sortit ses mains de ses poches et les déplias face à l'hybride, signe qu'il n'était pas armé.

"Nous voulons simplement parler et vous convaincre de rentrer chez vous monsieur. Votre famille se fait surement du soucis."

Il avait surement du faire parti de ceux qui avaient répondu à l'appel. L'appel de quoi ? Difficile à dire, du moins pour eux. Mais peut-être que s'ils le questionnaient adroitement, ils parviendraient à éclaircir ce point.

« Ma famille? » répéta l’homme roux avec un air perdu et une voix éraillée, comme si cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas prononcé un mot. Il fronçait un peu les sourcils, comme s’il essayait de trouver un sens aux paroles de Sean.

Maxwell observait l’homme avec beaucoup d’attention. Comme son petit ami, il s’était désarmé pour montrer qu’ils ne voulaient aucun mal, mais cela lui laissait une impression désagréable. Il sentait son estomac se tordre sous l’effet du stress. Il n’avait pas peur du sorcier en face d’eux, qui semblait méfiant, mais pas tellement agressif. Il avait aussi l’air épuisé, avec des yeux cernés, un visage très pâle, un corps maigre. Il émanait de lui une impression de fragilité. En revanche, Max ne pouvait s’empêcher de jeter des coups d’œil rapides et inquiets à ce qu’il voyait derrière lui: des tentacules violettes, plus grosses que celles qui les avaient attaqués au mois de mai, mais immobiles. Et si le sérum cessait de faire effet ? Et s’il n’était absolument pas efficace ? Et si il avait un raté et ils se retrouvaient à leur tour manipulés par le brouillard. Les angoisses se bousculaient dans son cerveau. Il avait quand même suivi l’initiative de Sean, se dépouillant à son tour de sa baguette. Il la posa juste à côté de ses pieds, le plus près possible. Il essayer de calmer sa peur avec des stratégies. Si ça tournait mal, les deux garçons devaient être abrités suffisamment longtemps par le Protego pour leur donner le temps de réagir. Puis avec ses notions de manumagie - il avait poursuivi son apprentissage avec ses grands parents pendant l’été, Max pourrait lancer un Accio pour vite reprendre sa baguette dans les mains. Normalement.

« Ma famille... Je ne suis plus le fils ni le frère de personne.

-Je pense que vous vous trompez monsieur. Votre famille vous recherche. Votre disparition les désespère, ils vous ont cherché par tous les moyens avant de découvrir que vous aviez disparu dans le Brouillard. Ils ont alerté la brigade de la police magique, ils vous ont envoyé des courriers qui ne sont jamais revenus... ils ont tout fait pour qu’on sache que vous étiez là, pour vous venir en aide. Ils tiennent à vous, beaucoup.

-Ma mère, mon père, mes sœurs... nous ne sommes plus du même monde. S’ils savaient... ils me claqueraient la porte au visage... à la gueule. Ma seule famille désormais est ici. Ici... je sens que j’appartiens. J’ai entendu l’appel et c’était une évidence. Ma place dans le monde est là... vous ne pouvez pas comprendre. Vous ne ressentez pas cette bienveillance. Le bonheur et le bien-être qui vient avec l’air que je respire. Je comprends et tout est lié... ils disent que c’est Ch’toth. J’ai entendu sa voix et je ne suis plus. Il n’y a plus qu’un tout harmonieux dont je fais partie.

-Monsieur, ce brouillard n’a rien de bienveillant, mais il est trompeur. Essayez de vous souvenir. Vous n’êtes pas venu ici de votre plein gré, avec le contrôle de vous-mêmes. Le brouillard vous a attiré et vous a arraché à votre vie. Vous n’êtes pas rien, vous n’êtes pas vide. Vous avez un nom, une famille, une vile, des projets. Rappelez-vous.

-Un nom... Théod... un monstre ne devrait pas avoir de nom.

-Théodore. Vous êtes un humain, qui a autant le droit de vivre que tout le monde. Loup-garou, ou pas. Et ça ne vous définit pas. Rappelez-vous encore. Que faisiez-vous le jour de l’appel?

-J’allais acheter des billets... pour la Coupe du Monde... avec mon amie. J’avais beaucoup économisé. »

Une ouverture. Ça tombait bien. Max et Sean adoraient le Quidditch, et pouvaient parfaitement faire revivre la passion de Théodore, en racontant les sensations de vol et la Coupe du Monde. Une expression nostalgique apparut sur le visage de l’homme. Max reprit ce récit pour essayer de faire prendre conscience à l’homme que le brouillard volait sa vie, qu’il n’était absolument pas bienveillant. Les deux jeunes hommes racontèrent comment des élèves hybrides de Poudlard avaient été manipulés par le Brouillard. Ils lui firent le récit de leur sortie d’horreur dans l’entité, les morts, leur maladie... Théodore avait une expression douloureuse, une larme arrivait au coin de son œil.

« Mais si je m’en vais... les rejetons vont mourir. C’est ma seule famille maintenant. Peut-être que ma famille est horrible pour vous, vous qui êtes normaux, bien-portants... mais ils défendent leur existence contre tous. Et ils me protègent. S’ils ne sont plus là... je serai complètement seul. Et les vôtres me poursuivront. Si le brouillard disparaît, alors moi aussi. Mes parents... s’ils savaient, eux-mêmes...

-Vous ne serez pas seul, Théodore. Votre famille vous attend, elle sera là pour vous. Elle ne cessera pas de vous soutenir, elle connaît votre condition. Et vous avez des droits dans la société.

-Non... s’ils savaient ce qui s’est passé cette nuit-là… »


Prononcer le mot « nuit » changea le comportement de Théodore, qui n’était plus prêt du tout à engager la discussion.

« Partez !
-Pas sans vous, Théodore. Votre place n’est pas ici, elle est avec nous. » dit Max sur un ton calme, en se rapprochant de lui, une main tendue, pour la poser sur son épaule. Théodore la repoussa.
« Non, vous ne comprenez pas !
-Le brouillard vous utilise et il n’hésitera pas à vous sacrifier lorsqu’il n’aura plus besoin de vous !
-ALLEZ-VOUS EN ! »

Mais il était trop tard. Le corps de Théodore commençait déjà à changer, sujet à de douloureuses torsions. Son visage s’allongeait, et prenait la forme de celui d’un loup. Si le brouillard ne masquait pas leur vision, Max et Sean aurait pu voir une pleine lune commencer à se lever dans le ciel…

En même temps que la forme lupine, l’instinct meurtrier arrivait. Théodore se jeta sur Max, le plus proche de lui, plusieurs fois. Le Portego résista à plusieurs assauts, puis il céda. Les crocs du loup s’enfoncèrent profondément dans le bras de l’ancien Gryffondor. Max hurla de douleur. Il était impossible de se défaire de l’emprise. Théodore retrouva un instant de lucidité et un son désolé montant de la gorge de l’homme qui desserra la mâchoire, permettant à Maxwell de s’échapper. Il recula un moment… puis perdit le contrôle et se jeta de nouveau sur les deux jeunes hommes.

"CONFRINGO !"

C'était parti tout seul.

C'était sûrement bien trop offensif mais Sean n'avait pas réfléchi. Tout s'était passé très vite. L'hybride avait parlé avec eux. Max et Sean avaient presque faillis le convaincre de les suivre hors du brouillard. Il l'aurait d'ailleurs sûrement fait si la nuit n'était pas tombée au dessus de la brume. Une nuit de pleine lune, ils n'avaient pas vérifié que cela tomberait aujourd'hui.. à dire vrai, ni Sean ni Max ne s'en étaient jamais soucié jusqu'ici... Autant dire que ce ne serait sûrement plus jamais le cas car Theodore muta sous leurs yeux : ses membres et son nez s'allongerent, ses poils apparurent. Un frisson parcouru l'échine de Sean tandis qu'il se sentait soudain très faible. Le loup garou se jeta sur Max avant que les deux garçons n'aient le temps de réagir. Il mordit le jeune home tandis que Sean tenta de lui lancer un Stupefix. Le sort ricocha sur la créature et cela ne sembla provoquer qu'un sursaut de conscience pour l'homme qui se cachait sous la bête. Sean eut tout juste le temps d'écarter un Maxwell sanguinolant avant de voir la creature succomber à nouveau à ses instincts et leur foncer dessus. C'est là que le confringo était parti.
Il provoqua une explosion sur la créature qui fut projetée au sol, l'odeur de poils cramés emplissant l'air. La baguette pointée sur lui, Sean ne put se résoudre à arrêter :

"DURO !"

L'hybride déjà à terre et fumant se transforma alors en pierre incapable de bouger. Sean profita des quelques minutes gagnées pour attraper Maxwell et le mettre sur son dos. Il partit aussi vite que possible, revenant sur ses pas. Le lieu de repli prévu était trop loin, Sean avançait moins vite et Maxwell perdait du sang. Jetant des coups d'oeils affolés autour de lui son regard finit par capter la masse sombre d'un mur. Il le longea et finit par trouver une porte qu'il ouvrit d'un sortilège... C'était une grange, surement moldu. Un regard paniqué autour de lui l'informa qu'elle était déserte, c'était la nuit et les moldus devaient dormir. Profitant d'être enfin hors du brouillard, Sean en profita pour transplanner dans la dépendance des Blackemore. Là, Sean laissa tomber Maxwell sur son lit et alla fouiller dans les potions de premier soin qu'il gardait précieusement dans l'un de ses tiroirs. Il était tremblant mais essayait de se contenir, refusant de penser à tout ce que pouvait induire une morsure de loup garou. Le jeune homme s'approcha de son petit ami et lui versa le contenu d'une de ses fioles sur la plaie. Sean était incapable de lancer un sort de soin. Heureusement, les sorciers vendaient toute sortes de potions utiles et celle-ci ferait l'affaire.

Après sa morsure, Max ne fut plus capable de rien faire. Il avait eu le réflexe de chercher sa baguette de sa main libre, mais une fois que ses doigts s’étaient recourbés sur le bois, il ne fût plus capable d’en faire quoi que ce soit. Il était comme plongé dans un flou immense, tout se brouillait sous l’effet de la douleur et du sang qui s’échappait trop vite de sa blessure. Ses perceptions de leur fuite étaient très confuses. Il sentit le corps de Sean contre le sien, et sa seule certitude fût que, cette fois encore, il devait sa vie à son petit ami. Il l’entendit crier des sorts, puis il se sentit plus mal encore, sa tête tournait, il perdait tous repères, il comprit qu’ils transplanaient. Ensuite, il sentit une douceur, il reposait sur quelque chose. Un lit. Il entendait Sean qui s’agitait. Il voulut prononcer son prénom, « Sean », et lui dire que ça allait, mais il avait la bouche trop sèche, et il fut incapable de prononcer un son.

Puis Sean appliqua des potions de premiers soins sur ses plaies, et peu après, Max récupéra un peu de lucidité et d’énergie.

« Poudre d’argent et dictame… pour les blessures de loup-garou… » récita d’une voix laborieuse le jeune homme dont les cours de potions des Aspics lui revenaient en mémoire. C’était sûrement ça qu’avait dû lui administrer Sean, avec les autres potions pour refermer les blessures. « La plaie n’est pas si profonde, n’est-ce pas ? Et tu l’as bien refermée avec les potions… Je n’ai pas besoin d’aller à l’hôpital, pas vrai ? Ensuite, ma mère pourra me faire des potions tue-loup et m’apprendre… » Les pensées de Max semblaient décousues, passant d’un sujet à l’autre, mais derrière tout cela, il y avait surtout une angoisse, qui faisait qu’il ne voulait surtout pas devoir se rendre à Sainte-Mangouste avant que sa blessure ne soit refermée et discrète. « Personne ne doit savoir.

Ou sinon, adieu, les ambitieux rêves de Maxwell Shacklebolt.

Ils passèrent un instant l’un contre l’autre, enlacés, pour se remettre de tout ça… Les yeux de Max se fermaient alors qu’il sentait contre lui battre le cœur de Sean – un son qui le rassurait. Tant qu’il battait, tout allait bien. « Sean » l’appela Max, doucement. Il leva son bras valide, et il effleura doucement de la main la joue de son partenaire. « T’es le meilleur. Merci.

Il sombra ensuite dans un profond sommeil, épuisé. Cependant, lorsqu’il se réveilla, bien après Sean, il n’avait qu’une idée en tête. Dès qu’il eut mangé quelque chose, il s’empressa de la communiquer à Sean.

« Sean, j’ai envie d’y retourner. On avait réussi à convaincre Théodore hier. Si ce n’avait pas été le jour de la pleine lune, il serait reparti avec nous, j’en suis sûr. Je n’ai pas envie de le laisser là-bas, je me dis que cette fois, on peut aller au bout… On ne risque plus rien de sa part, la pleine lune est passée, alors pourquoi pas ? On aura au moins sauvé quelqu’un dans tout cela. »

Maxwell éprouvait une vraie urgence à ne pas laisser Théodore être utilisé et sacrifié par le brouillard… Et il éprouvait beaucoup d’empathie pour l’homme et ses inquiétudes… Surtout maintenant qu’il était devenu… comme lui.

Et c’est ainsi que finalement, Max et Sean se retrouvèrent de nouveau dans le brouillard, prêts à continuer la mission de la veille, malgré la fatigue, le choc, et le froid qui les faisait toujours trembler de tous leurs membres. Ils transplanèrent au dernier endroit où ils avaient vu Théodore.

« THEODORE ! THEODORE ! NOUS SOMMES REVENUS POUR VOUS ! » hurla Max à plusieurs reprises. Après plusieurs minutes de recherche, il finit par apercevoir une chevelure rousse… qui sursauta en les voyant et fuit. « Non, ne partez pas, attendez ! » Avec un transplanage, les deux ex Gryffondors arrivèrent à sa hauteur.

« S’il vous plait. Ne partez pas. On s’inquiète pour vous.
– Je suis désolé… » murmura Théodore en regardant le bras de Maxwell.
« Vous n’y êtes pour rien. Vous n’avez pas de potion Tue-Loup depuis que vous êtes dans le brouillard. Et vous avez essayé de nous avertir, je n’ai simplement pas compris. »
– Laissez-moi. Je vous l’avais dit, ma seule place est ici. Je suis un monstre….
– Eh bien maintenant, on est deux. Alors vous pouvez bien rester parler avec nous. »

Max s’assit de nouveau sur le sol, comme la veille, et Théodore finit par le suivre… Ils avaient de nouveau une chance de le convaincre.

La première potion ne donna rien.. c'était pourtant des premiers soins ! Pourquoi cela ne se refermait-il pas ? Rapidement dépassé, Sean versa l'ensemble de ses potions sur la plaie de Max jusqu'à ce que l'une d'elle ne fonctionne. Quand il entendit le blessé énoncer les ingrédients nécessaires, Sean jeta un coup d'œil à l'étiquette qui se trouvait sur la fiole qu'il tenait encore.

Poudre d'argent et dictame c'était écrit, avec la mention fonctionne aussi pour les morsures de loup garou.. Il observa le flacon avec un air vide et se dit qu'il ne se rappellait pas de l'avoir acheté. Et pour cause, c'était un cadeau de son déchet de père. Après l'attaque à Pré-Au-Lard, il y avait presque deux ans de cela, leur père leur avait glissé ces potions de premiers soins dans les mains à Charlie et lui avant de retourner au chaudron baveur prendre sa cuite du jour. À l'époque il n'avait pas vu la mention sur les morsures de loup garou.. mais aujourd'hui, il était bien content d'avoir eu cette fiole sous la main. Comme quoi, tout n'était décidément pas à jeter chez son paternel.

La voix de Maxwell le tira de ses pensés. Il demandait si la blessure était profonde, refermée et affirmait qu'il ne fallait pas l'emmener à Sainte Mangouste. Que personne ne devait savoir... Mais savoir quoi ?
Dans un déni bien réel de ce qu'il venait de se produire, Sean s'allongea à côté de lui pour le serrer dans ses bras. Là il murmura autant pour Max que pour lui même :
"C'est en train de se résorber, ce sera bientôt qu'un mauvais souvenir... Et je suis sûr que ce n'est pas une de ces morsures qui contaminent."

Il ne servait à rien d'être pecisimiste. Toutes les morsures de loup garou ne devaient pas forcément vous transformer en l'un d'eux. Max se faisait des idées. Il irait bientôt très bien.

"Je dirai rien à personne" chuchota-t-il restant un long moment à serrer le jeune homme dans ses bras. Ce dernier le remercia et Sean détourna le regard, preferant enfouir sa tête dans le cou de Max pour cacher tous les remords qu'il pouvait ressentir. C'était encore lui qui avait entraîné Maxwell dans cette mission. Il n'aurait même pas été en danger de base si Sean n'avait pas encore eu la pire des idées.. Le sorcier se sentait pitoyable, incapable de prendre de bonnes decisions et conscient de risquer la vie de ses proches à cause de ça. Hunter était déjà parti à cause de lui, combien de temps avant que cela n'arrive à Maxwell ?... C'était.. comme si Sean était maudit.

Il eut un mal fou à dormir, son sommeil fut entrecoupé de micro réveils où il s'assurait toujours que la plaie de Maxwell se soit refermée et s'il respirait toujours. Quand les premiers rayons du soleil percèrent à travers les rideaux de sa chambre, Sean préféra se lever. Il lança un sort de nettoyage sur ses draps couverts du sang de Max avant de remettre toutes ses fioles en place.. dans la panique il avait même versé un remède contre les furoncles sur la plaie.

Il venait de lancer un sortilège qui se chargeait de préparer un café lorsque son petit ami se reveilla. Sean s'approcha et se mit à genoux devant lui pour observer sa plaie. Elle était refermée, seule une fine cicatrice, vouée à disparaitre, formait encore un arc de cercle sur son bras. En levant les yeux, Sean put remarquer de larges cernes mais se retint de faire une remarque. Max semblait ne pas vouloir en parler et ils prirent un petit déjeuner avant que l'idée d'y retourner ne fleurisse dans le duo :

"Je ne sais pas si c'est une bonne idée. Tu as perdu beaucoup de sang hier, tu ferais mieux de te reposer encore un peu" C'était la voix de la raison qui parlait, et c'était elle qui poussait une nouvelle tartine vers le jeune homme. Mais Maxwell semblait inflexible et Sean soupira.
"Ok ok.. reste là à manger tandis que je vais chercher des remèdes pour retourner dans le brouillard"

Il fit mine de s'écarter, lança un dernier "Mange" avant de transplanner au bureau des volontaires. Là il expliqua qu'ils avaient du fuir un hybride qui s'était transformé en loup garou et qu'ils y avaient fort heureusement échappé sans blessures. Il expliqua aussi qu'ils avaient presque réussi à le convaincre avant sa transformation et qu'ils souhaitaient y retourner. Il du signer quelques papiers avant de pouvoir repartir avec deux fioles. Là, il en tendit une à Max et ils en avalèrent tous les deux le contenu avant de transplanner à la recherche de Théodore...

C'est Max qui le trouva en premier et s'assit à côté de lui, discutant tranquillement et se qualifiant même de monstre.. Mais pourquoi ?

La morsure n'était pas si grave après tout.

Jamais cela ne le transformerait réellement, pas vrai ?

N'arrivant pas à mettre son doigt sur l'origine de son malaise, Sean ne se joint pas à la discussion. Il se contentait de les observer, debout, la main dans sa poche agrippée à sa baguette... Mais rien ne se produisit, si ce n'est que Maxwell réussit à convaincre l'homme de sortir du brouillard et d'être pris en charge. Après une accolade bien mérité, le duo décida qu'il passerait sa journée à lézarder et se reposer chez Sean.

Fin pour Sean : Mission réussie

« Vous savez, Théodore… Je ne sais pas ce qu’il s’est passé la nuit dont vous parlez, et je n’ai pas besoin de le savoir. Je veux simplement vous rappeler que vous étiez transformé en loup-garou. Vous n’aviez pas le choix de vos actes, et vous n’êtes pas responsable. Et c’est pareil pour ce qu’il s’est passé hier. Déjà, il n’y a pas de gravité, et ensuite, ce n’est pas de votre faute. J’ai simplement une question. La nuit dont vous parlez, elle a eu lieu lorsque vous étiez dans le brouillard, n’est-ce pas ?
– C’était ma première nuit de pleine lune ici… Cela faisait trois semaines que je veillais sur cet être… dit-il en désignant du menton la tentacule violette dont il avait consenti à s’éloigner au début de leur conversation, mais qui était encore visible.
– Vous étiez dans le brouillard, donc vous n’aviez plus accès à la potion tue-loup, c’est ça ?
– Oui…
- Et depuis, vous n’osez pas revenir, je me trompe ? Bien sûr, vous ressentez ce sentiment de bien-être et d’appartenance dont vous nous avez parlé hier, mais il n’y a pas que cela. Vous nous avez aussi dit que vous aviez l’impression que le camp de Ch’toht était le seul possible pour vous… parce que depuis ces événements de la pleine lune, vous pensez être passé définitivement du côté des « monstres ». C’est bien ça ? »

Théodore répondit avec un silence coupable à Maxwell. Un regard qui se baissait vers le sol, une lèvre qui s’empêchait de trembler, une expression douloureuse sur le visage. Il n’avait pas besoin de confirmer à voix haute pour que Max comprenne que son analyse était bonne. Le jeune homme sentait qu’il arrivait au bout, et il avait trouvé la logique pour le convaincre. Il en était presque sûr. Il échangea un regard avec Sean, avant de poursuivre.

« Ecoutez, vous ne pouvez plus rien changer aux actes du passé, mais vous avez tout le pouvoir sur l’avenir. Ce que vous avez vécu lors de la pleine lune est un accident. Si vous revenez avec nous, vous pourrez prendre de la potion Tue Loup, autant que vous en avez besoin, et il n’y a aucune raison que vous soyez un danger pour les autres. Vous n’êtes pas quelqu’un de mauvais, vous aussi êtes une victime – victime de cette manipulation par le brouillard, qui vous empêche d’accéder à ce dont vous avez besoin. Je vois bien que cela vous est insupportable, de faire du mal aux autres. Vous n’avez pas votre place ici, à défendre une créature meurtrière, et à vous-mêmes blesser les autres car vous n’avez pas de moyens de contrôler vos transformations. D’accord, vous ressentez très profondément un bien-être, mais c’est une illusion, et vous le savez. Je sais que vous ne pouvez pas vous contenter de cela. Les remords que vous montrez depuis hier, ce sont la réalité. Alors arrêtez cela. Arrêtez cette torture contre vous, et venez avec nous. Je vous promet que vous aurez une place avec nous. On se battra ensemble pour cela. »

Le mots de Maxwell finirent de convaincre Théodore. La présence de Sean auprès de celui qu’il avait mordu la veille jouait aussi en leur faveur… Théodore ne disait rien, mais Max voyait bien les regards qu’il portait sur eux. Sur le soutien que Sean apportait. Maxwell avait été mordu, lui aussi était maintenant un loup-garou, mais son copain ne l’avait pas abandonné pour autant. C’était bien la preuve que la vie pouvait être « normale ». C’était en tous cas ce que l’ancien préfet supposait du cheminement mental du rescapé du brouillard.

Max et Sean escortèrent donc Théodore jusqu’au camp de base des volontaires, où il fut pris en charge par des équipes. Les deux garçons le saluèrent, et Max récupéra même ses coordonnés. Il espérait que bientôt, Théodore retrouverait sa famille…
Lorsqu’ils furent sortis du camp de base, il glissa sa main dans celle de Sean, et il lui adressa un large sourire, un sourire éclatant malgré la fatigue et le stress des derniers jours.

« Merci de m’avoir accompagné. Je suis content qu’on soit arrivé à le sortir de là… Dis, je peux revenir chez toi aujourd’hui ? Je ne me sens pas de repartir à Kampala aujourd’hui… même demain. Cet après-midi, on pourrait regarder le match Angleterre-Roumanie, c’est l’ouverture de la saison… » suggéra le garçon avec un petit sourire. Regarder du Quidditch, mettre en pause son cerveau, se détendre, ne pas penser aux conséquences… N’était-ce pas ce qu’il y avait le mieux à faire ? Un peu plus tard, lorsqu’il aurait digéré ce qui lui était arrivé et que l’adrénaline serait redescendue, Max devrait organiser la suite de sa vie avec les jours de pleine lune… et voir comment allait Sean après avoir vécu tout cela. Il sentait bien que son petit ami était perturbé, en même temps les dernières heures avaient été difficiles, et il n’avait pas dû dormir beaucoup. Et encore après, Max devrait décider d’à qui il parlerait de tout ça ou pas… Evidemment James serait au courant… mais même pour son meilleur ami, l’apprenti briseur de sort n’avait pas la force de tout raconter tout de suite. Réfléchir et discourir pour convaincre Théodore avait utilisé toute son énergie de la journée, et il n’aspirait plus qu’à se lover contre son petit ami, et ne plus penser à rien…

C’est ainsi que Max et Sean quittèrent le brouillard et la session de volontariat, après avoir extirpé Théodore du brouillard.