Le Lac n’était plus qu’une gigantesque patinoire. La neige avait recouvert tous les reliefs alentour. Un manteau glacé, brillant à de rares endroits, là où les faibles rayons du soleil daignaient se poser. À l’extérieur des murs du château, les températures avaient dégringolé peu avant Noël. Depuis la reprise des cours, rares étaient les étudiants qui osaient s’aventurer à l’extérieur sans écharpe aux couleurs de leur maison devant leur nez. Le froid écossais savait pénétrer la peau comme les crochets empoisonnés d’un serpent et glacer les os malgré plusieurs couches de vêtements superposées. Encore aujourd’hui, Zéphyr Fantomhive avait bien du mal à s’y habituer. Le froid ne lui convenait pas contrairement aux chaleurs parfois écrasantes qu’il avait appris à supporter en Égypte des années durant. Il finirait par s’y faire, avec le temps, comme il se faisait à tout mais pour l’heure, il préférait observer les paysages enneigés de l’intérieur.

Stelmaria savait parfaitement l’imiter. Perchée sur le rebord d’une fenêtre de la petite salle de cours, elle fixait l’horizon, la queue battant la mesure. Depuis le début du mois de décembre, le fléreur refusait catégoriquement de sortir du château et passer plus de temps que jamais roulée en boule devant l’âtre crépitant des cheminées. Chaque chose en son temps. Elle s’était déjà habituée à la présence des élèves – dès lors qu’ils ne s’approchaient pas trop d’elle – et au brouhaha permanent dans les couloirs et ça n’avait pas été là une mince affaire ! L’hiver et son tempérament attendraient bien une année de plus. Les oreilles soudain dressées, Stelmaria émit un léger miaulement alors qu’on frappait à la porte de la salle. Entrez, entrez !

La grande horloge indiquait précisément l’heure du rendez-vous. Le premier cours d’alchimie de la nouvelle année et pour celui-ci, l’héritier Lestrange avait été particulièrement inspiré – probablement à cause de quelques aller-retours qu’il avait du effectué à Ste Mangouste pendant les vacances pour un cas bien particulier. Prenez place jeunes gens, nous avons du pain sur la planche aujourd’hui ! J’espère que vous avez bien révisé pendant les vacances. Le regard malicieux de l’alchimiste trahissait l’aspect rhétorique de sa question. Bien évidemment qu’il ne s’attendait pas à ce que ses élèves aient révisé quoi que ce soit. Noël avait au contraire l’étrange faculté de leur faire perdre la mémoire. Un rappel du premier semestre ne serait pas de trop avant d’entrer dans le vif du sujet.

HRPG:

Voilà plus d’un an que Zéphyr Fantomhive avait pris le direction de Serpentard, plus d’un an qu’il assurait l’enseignement exigent qu’était celui de l’alchimie à Poudlard. Lui qui avait fait ses études sur un autre continent ne regrettait aucunement sa nomination et le temps passé au château lorsqu’il n’était pas missionné par le Ministère. Il prenait plaisir à voir grandir les élèves de sa maison, les plus petits et les plus grands, et à former, mois après mois, l’esprit des plus courageux qui avait choisi son option. Particulièrement fier, assis sur le coin de son bureau, il laissa son regard faire le tour de la pièce avant d’incliner légèrement la tête en reprenant la parole.

Monsieur Truesdale, dit-il, vous me voyez étonné de vous voir parmi nous. Sauf erreur de ma part, je ne vous retrouve pas sur ma liste d’appel pour le cours d’aujourd’hui. Y aurait-il eu une coquille administrative ? À ses côtés, Stelmaria émit un léger miaulement. Elle avait quitté la fenêtre avant de bondir sur le bureau de l’enseignant. Mais puisque vous êtes là, continua-t-il, n’hésitez pas à nous faire part de vos lumières. Nous ne seront pas de trop avec un cerveau supplémentaire. À ces mots, il se redressa et sortit sa baguette de la poche intérieur de son veston. Ceci étant dit, jeunes gens, il est grand temps de commencer ! Nous allons tout d’abord revoir un point qui s’avèrera essentiel pour la partie pratique de ce cours !

Aussitôt, des formes rondes s’élevèrent dans les airs jusqu’à flotter au milieu de la salle, au-dessus de la tête des élèves. Prenons un peu de hauteur, beaucoup de hauteur, si vous le voulez bien et abordons à nouveau les sept aspects planétaires. Il agita sa baguette. Voyez-vous, l'espace est un vaste foyer de nombreuses merveilles qui affectent notre magie au jour le jour. Les formes rondes s’organisèrent alors jusqu’à ce que l’on reconnaisse aisément le système solaire flottant paisiblement. Je ne vous apprends rien, un des objectifs principaux de l’alchimie consiste à transformer un métal en un autre, processus qui n’est pas appelé métamorphose mais transmutation. À chaque métal est associé une planète en raison de leurs correspondances symboliques et de leurs caractéristiques communes.

D’un mouvement souple, il agita à nouveau sa baguette. Au-dessus de chaque boule en lévitation apparut aussitôt le nom de la planète qu’elle représentait. Au centre du système, une particulièrement proéminente s’illumina lorsque Zéphyr la pointa. Par exemple, on associe le soleil à l’or en raison de son éclat et de sa luminosité tandis que la lune, qu’il pointa ensuite, est associée à l’argent en raison de sa couleur pâle et de ses phases changeantes. Il joignit ses mains et s’avança vers ses élèves. Voici donc votre premier exercice de la journée. Un par un, pourriez-vous associer chaque planète à son métal correspondant s’il vous plaît  ?

HRPG:

Le regard des élèves passait lentement de planète en planète. À mi-hauteur du plafond, elles continuaient leur courses autour de leurs orbites, en silence. Parfaitement Monsieur Olsson ! Je me permets de compléter votre réponse, bien que je ne remette absolument pas en doute vos connaissances en astronomie. Mars est la quatrième planète du système solaire connue sous le nom de "Planète rouge", aussi rouge que peut l’être l’oxyde de fer plus communément appelé rouille. La baguette pointée, Zéphyr ordonna à la forme qui représentait Mars de s’illuminer.

Cela ne vous aura pas échappé, Mars porte le nom du dieu romain de la guerre et c’est également pour cela que le fer lui est associée, aussi chaotique et réactif que la divinité elle-même ! Des points pour Gryffondor, Monsieur Olsson ! Zéphyr abaissa le bras et la planète perdit aussitôt son éclat. Une autre réponse ne se fit alors pas attendre, suivie immédiatement d’un commentaire d’un autre élève. Parfaitement Monsieur af Glücksborg, répondit l’enseignant. Je vous remercie d’avoir corrigé votre camarade. Cependant, vous auriez pu le faire avec plus de bienveillance. Je mets un point d’honneur à maintenir un climat de confiance dans ce cours.

Il n’y avait heureusement aucune froideur dans ce commentaire. Zéphyr n’en avait jamais eu besoin pour se faire respecter. Le timbre de sa voix suffisait à imposer le respect. Cependant, il espérait que ce rappel ne tombe pas dans l’oreille d'un sourd, d’autant plus que l’oreille en question appartenait à un préfet de sa propre maison. Pour votre bonne réponse, j’accorde tout de même quelques points pour Serpentard. Il fit alors quelques pas en longeant la première ligne de bureau en pointant la planète dont il était question. On associe effectivement Saturne au plomb puisqu’il est considéré par les alchimistes comme un métal stable, dense, solide et particulièrement froid. De la même manière, la période des saturnales précède le solstice d’hiver et donc la période la plus froide de l’année. Sans attendre, il reprit, en regardant ses élèves. Il manque encore des planètes, quelqu’un d’autre peut-être ?

HRPG: