Cette soirée n'était pas parmi les plus endiablées que j'avais pu connaître, mais.... J'étais aussi faible face à mes favorites et favoris, que face à mes plus vieux amis. Et en la matière, Sir Joseph Dwayne tenait la dragée haute à bien de ses concurrents. Ami de la famille, il m'avait connu alors que je n'étais qu'un jeune adolescent, déjà tumultueux et talentueux. Et.... je ne saurais l'expliquer mais mes bêtises et ma fougue avaient attendri l'homme bien plus que le reste de mon entourage. Le culot et l'ingéniosité de mes frasques s'étant avérés très rafraichissant et divertissant pour l'aristocrate. Autant dire qu'une telle mentalité dénotait par rapport au reste de mes proches ! J'en étais tout naturellement venu à m'intéresser à cet étrange adulte.... Et quel homme ! Un personnage ! Il collectionnait les pendules, les contraventions, les déceptions sentimentales et tous les recueils traitant de l'arithmancie. Ma foi ! Je n'étais pas hommes à juger ou critiquer les excentricités de chacun ! Même si je devais bien avouer qu'il y avait plus palpitant comme conversation que des chiffres et des pendules....

Néanmoins, nous n'étions pas dépourvus de centres d'intérêts communs pour autant ! Que ce soit en terme de femmes, de bons vins et de champagne, nous savions très bien nous entendre ! Et en matière de vins et champagne, avais-je besoin de préciser qu'il me devait les meilleurs adresses parmi ses fournisseurs ? Mais soyons sérieux ! J'avais gardé les vignerons aux bouteilles légendaires pour moi ! Et je m’enorgueillis aujourd'hui encore de ce choix avisé ! Sans cela, comment pourrais-je faire une arrivée triomphale à ce genre de petite sauterie, sans une caisse pleine de crus millésimés ? Et le succès avait été au rendez-vous ce soir encore ! J'avais laissé ce cher Joseph faire honneur à ces délicieux nectars pour m'enquérir de quelques invités que j'avais déjà vus. Gordon ne parvint pas à réprimer un soupir en me voyant, ce qui me fit sourire que davantage. Je le saluai bien bas, ce qui ne faisait que l'agacer encore plus, et, par conséquent, m'amusait que davantage ! Il n'avait visiblement toujours pas digéré cette affaire de mine gobeline qui lui était passée sous le nez à la dernière minute....

Mike me réserva un accueil plus chaleureux, en témoignait sa poignée de main vigoureuse et son sourire enjoué. Je le lui rendis, complice, non sans lui lancer une petite provocation dont nous avions le secret.

Prêt à une prochaine humiliation lors de la course du Gronian d'or ?

Cela dépend, tu comptes t'arranger pour tricher ou non ?

Voyons Mike, comment veux-tu que je triche sur des paris sportifs sur des sports auxquels je ne connais rien ?

Justement....

La chance mon ami, la chance ! Et si tu n'y crois pas, alors il reste le talent !

Ce qu'il ne faut pas entendre !

Je l'abandonnai dans un rire pour aller retrouver Darius.... Sous ses airs de fonctionnaire rigide du ministère se cachait un inestimable indic', qui m'avait déjà offert de précieuses informations qui n'auraient jamais dû être ébruitées.... Mais l'argent était une magie à part entière ! Elle savait délier les langues plus efficacement que tous les sérums de vérité du monde ! Et d'ailleurs ce soir, je comptait bien me mettre à jours sur quelques affaires que je suivais de loin.... Je restais donc un certain temps avec cette taupe endimanchée, avant de m'éloigner, repu d'informations croustillantes. Mais c'était pour mieux tomber sur Margaret.... Que le ciel me vienne en aide ! Si elle pouvait avoir elles aussi quelques anecdotes savoureuses, il fallait arriver à les prêcher dans le flot incessant de paroles qui s'échappait à torrent du moulin à parole qui lui servait de bouche ! D'une habile manœuvre, je l'envoyai tout droit sur Darius, prétextant qu'il n'était pas au courant d'une des innombrables histoires sans fin qu'elle m'avait raconté un autre soir. Le piège fonctionna à merveille, et je m'éloignai davantage, profitant d'un peu d'accalmie pour remettre de l'ordre dans mon impeccable costume, et aviser de la soirée.

Il y avait quelques personnes que je ne connaissais pas, et dont j'allais me faire un devoir de rencontrer ! J'étais quelqu'un qui gagnait à être connu ! Mais ce cher Joseph me devança, et vint introduire.... Une très charmante créature à ma personne ! J'accueillis la belle d'un sourire charmeur. Elle me tendit une main polie, mais je m'empressai d'un geste fluide, de venir glisser ma mais sous la sienne, pour la lever vers mon visage et lui faire un baise-main.

Miss Humphrey, le plaisir est pour moi. Votre accent est absolument charmant.

Joseph eut le merveilleux bon goût de se retirer pour me laisser seul avec cette gente dame, brave homme que voilà ! Et à l'entendre s'esclaffer, il avait l'air de passer un bon moment aussi. Un large sourire aux lèvres, je répondis à ma charmante comparse.

Joseph est homme à savoir apprécier les plaisirs de la vie.

Et en cela, nous nous ressemblions ! Je ne pouvais que l'y encourager d'ailleurs. J'offris mon bras à la plaisante Gillian.

Et si nous l'imitions et que nous allions profiter des délices de la soirée ? Peut-être pourriez-vous me conter comment ce brave Joseph a réussi à s'acoquiner avec une si agréable demoiselle.

Je m'arrêtai dans notre marche vers le buffet pour me retourner doucement vers elle et ajouter l'air grave.

Si vous m'annoncez que vous êtes vous aussi une passionnée des pendules, je crois que je n'aurais pas assez d'alcool ce soir pour le supporter !

Je commençai déjà à faire le pitre dans l'idée de l'amuser et de la faire rire, n'hésitant pas à adopter quelques allures théâtrales pour forcer le trait.

Alors que j'avais repris notre marche vers le buffet, je m'arrêtai une seconde fois lorsqu'elle m'annonça le point commun qui la rapprochait de notre hôte. Je l'observai alors, sans chercher à dissimuler ma surprise. Si je n'étais pas assez vieux, ni arriéré, pour croire qu'une femme ne pouvait pas être intelligente, j'étais toutefois très surpris. Comment une si ravissante créature avait pu trouver tant de temps à parcourir et étudier une discipline aussi complexe, sans qu'un charmant prétendant ne vienne adorablement la distraire ? N'y avait-il donc pas eu un seul homme avec les yeux en face des trous pour oser se confronter à de vieux ouvrages poussiéreux, et tenter de leur dérober l'attention de la douce ? Triste génération.... S'il était un peu tard maintenant pour la détourner de ce qui devait certainement être une passion, si ce n'était une vocation depuis le temps, il n'était cela dit jamais trop tard pour lui faire goûter les joies de la vie ! Et pour se faire, il était capital de rester agréable à ses yeux, malgré mon ignorance !

Et cultivée avec cela ! Je vous le confesse, mes compétences en matière d'arithmancie sont très succinctes, je n'ai que très rarement abordé la question à Beauxbâtons. Mais je ne doute pas que si j'avais eu une professeur telle que vous, j'aurais excellé !

Ho que oui ! Je suis certain qu'elle aurait su me faire aimer sa matière, et certainement plus encore.... Hem, concentre-toi Jack !

Si vous avez réussi à susciter l'intérêt de notre cher Dwayne grâce à vos publications, je ne doute pas un seul instant de vos compétences ! Ce vieux grisou est aussi fin gourmet en matière de vin qu'en finesse intellectuelle.

Mais voilà que cette douce Gillian vint à s'excuser de son champ d'expertise, avouons-le, d'un intérêt qui n'était pas accessible au quidam du coin. Intelligente, ravissante, et prévenante ! Je n'avais définitivement pas à me plaindre. Soucieux de la mettre à l'aise, je levai une main alors qu'elle s'excusait, dans une volonté polie de l'interrompre.

Ma chère, s'il y a une personne ici qui devrait s'excuser ici, ma foi ce serait moi ! Bougre de triste sire qui vous offre une compagnie bien creuse pour un esprit si aguerri. Mais qu'à cela ne tienne ! Si je ne peux vous ravir avec quelques pensées avisées, voyons ce que je pourrais vous offrir en guise de distraction !

Et joignant le geste à la parole, je sortis ma baguette de ma manche en un tour de main ! Avec la même dextérité que les "magiciens" moldus pendant leur tour de prestidigitation ! Sauf que ma baguette, elle, n'était pas un leurre ! Et de quelques sortilèges, je fis venir à moi une assiette qui tournoyait sur elle-même, la réceptionnant sur un main tendue. Je tapotai légèrement dessus avec le bout de ma baguette, tout en m'adressant au buffet, comme si les victuailles dessus m'écoutaient.

S'il-vous-plaît ? Allons, de grâce, nous n'avons pas toute la soirée devant nous !

Et, la magie aidant, les petits amuse-gueules s'élevèrent dans les airs, pour venir en dansant se dresser en cercles sur l'assiette que je tendis alors vers ma nouvelle connaissance.

Leur feriez-vous honneur ? J'ai apporté quelques agréables bouteilles pour gâter un peu notre ami, n'hésitez pas à me demander conseil si vous souhaitez accorder le meilleur vin ou le meilleur champagne avec votre accompagnement. Ce serait dommage que mes origines françaises ne servent pas !

Je la laissai se servir -ou pas d'ailleurs, il n'était pas impossible que Joseph l'ait déjà accablé d’égards à ce sujet-, avant d'entreprendre de répondre à sa précédente question que j'avais laissé en suspend bien trop longtemps.

Ce cher Joseph est un ami de famille. Mais ce qui nous a rapproché à l'époque était mon tempérament quelque peu.... Aventureux. Ho mais je ne voudrais pas vous accabler avec des histoires de jeunesse mouvementées ! Poudlard et ses élèves doivent certainement vous offrir votre lot de jeunes gens qui ont un peu trop d'énergie à dépenser.

Un petit test pour voir si cette charmante sorcière était curieuse ou non. La curiosité pouvait être un adorable défaut ! Et je ne disais pas cela parce que je l'étais ! Du moins, pas seulement. Allait-elle chercher à en savoir plus ou la politesse allait-elle l'étrangler ? Dans tous les cas, j'attendis qu'elle soit libre et disposée, avant de lui offrir délicatement ma main.

M'accorderiez-vous une danse ? Dwayne a fait l'effort de nous proposer de quoi flatter nos oreilles, et j'aimerai rendre hommage à ses agréables attentions.

J'étais quelconque en arithmancie, mais en danse.... En DANSE, Madame ! Je n'avais rien à envier à personne ! Et j'aimais partager cette passion avec mes partenaires !

A sa réponse au sujet d'une enseignante "rigide" qui ne saurait donner le change qu'en certaines circonstances, je fis rouler mon regard vers elle, un large sourire en coin. Et il en disait long ce sourire ! En substance, il scandait à lui seul un "ma chère, je n'en crois pas un mot !". Mais, hé ! Je n'étais pas bougre à briser aussi rapidement les audaces de mes interlocutrices. Mieux ! Je prenais plaisir à les embrasser pleinement, et renchérir ! Une lueur de malice dans le regard, je lui répliquai donc.

Ho vraiment ? Eh bien ma foi, qui sait ! Peut-être aurais-je été ce genre d'élève qui serait parvenu à vous arracher rires et sourires aux forceps, et qui aurait fait démonstration monstre de facéties ingénieuses pour venir à bout de cette rigidité.

Ha ! Ma belle, ma douce Gillian ! Je regretterais presque d'être trop vieux pour pouvoir relever ce défit ! Je pouvais si facilement imaginer d'ici, votre air consterné, et vos soupirs exaspérés face à mes bêtises.... Et soudainement ! Cette chute que j'aurais minutieusement concocté, et que vous n'auriez su voir arriver.... Et qui, la surprise aidant, aurait ébranlé ce mur rigide pour laisser parler votre véritable nature ! Ce petit vent de légèreté et de gaité qui serait venue vous caresser l'âme comme un gros chat dolent venant se frotter contre vos délicieuses jambes ! Exquises, ravissantes.... Hem ! Concentre-toi Jack ! Ma précieuse comparse accepta que je lui servisse un peu de vin pour accompagner ses douceurs. La majorité des amuses bouches présentes étant salées ou légèrement sucrées, je pris soin de lui choisir un vin blanc moelleux, sucré juste ce qu'il fallait ! Un Coteau-du-Layon des meilleurs caves ! Elle me complimenta sur mon maniement de ma baguette, m'arrachant un sourire fier, que je tâchais de modérer toutefois. Une main sur le cœur, je m'inclinai légèrement face à elle.

Votre compliment me touche. Je constate que votre œil est aussi affuté que votre esprit, rares sont les gens qui parviennent à le remarquer, et encore moins aussi rapidement.

Après une interlude absolument charmante, je mis en place mon petit subterfuge pour l'inviter à danser de manière originale, tout en titillant sa curiosité. Et doux Jésus (oui, même les vieilles familles sorcières françaises étaient empreintes d'expressions dites "bondieuseries") je fus plus que ravi de voir que sa curiosité n'était pas réservée qu'à ses chiffres ! Parfait ! Formidable ! Ce fut donc avec un plaisir explicite que je recevais délicatement cette noble main. Nous avançâmes d'un pas uni vers la piste de danse. J'avais le pas léger et le port altier. J'entrais dans mon domaine d'excellence ! Et je comptais bien la faire danser, tourner, virevolter ! Mon regard pétillait de plaisir, et presque d'impatience. Venez, Miss, venez ! Entrez dans mon monde ! Entrez dans ma ronde ! Et puissent mes pas guidez les vôtres sur le chemin du plaisir et de l'abandon à la musique qui rythmait nos cœurs ! Et d'ailleurs, cette dernière s'éleva, me donnant le signal de cette course, qui serait effréné mais seulement en direction du plaisir, de la joie et des rires ! Et parlant rire, j'avais une parole à honorer ! Ainsi, tout en entrainant ma partenaire d'une main à l'appui léger mais à la prise ferme, je commençais le récit de mes.... Exploits !

Si vous êtes encore vivante après mon histoire et cette danse, je serais plus que ravi d'entendre comment des élèves ont fini par se trouver très attachés au plafond de votre école ! Mais chose promise, chose due ! Remontons si vous le voulez bien à ma propre jeunesse. Je devais avoir.... Un peu plus de quatorze ans au moment des faits. Figurez-vous que Beauxbâtons s'était fait, à l'époque, un devoir d'envoyer ses élèves faire des voyages scolaires un peu partout dans le monde. Cette école donne une place particulière à la culture générale.... Mais qu'importe ! L'important est qu'à cet effet, toutes les classes de mon année s'étaient retrouvés en Angleterre pour commencer leur périple. Nous étions tous assez impatient de pouvoir découvrir votre beau pays mais.... Nous avons vite été déçu en voyant que notre programme s'arrêtait à des monuments et des musées. Nous étions assez frustrés, car si ces édifices ne manquent pas d'intérêt, nous étions jeunes, et souhaitions plus de.... Concret. Plus de vivant, plus d'authenticité. Aussi....

J'étouffais plus ou moins bien un léger rire à ma propre bêtise. Aujourd'hui encore j'en riais !

.... Votre humble serviteur à proposer à quatre de ses camarades de faire faux-bonds au reste de notre groupe, pour aller visiter par nous mêmes la campagne anglaise, à la recherche de ses hameaux les plus pittoresques ! Et pour se faire.... Disons qu'il m'était apparu naturel d'emprunter un des carrosses qui nous véhiculait, et d'y faire embarquer toute ma troupe d'aventuriers. Et croyez-moi, on sous-estime très franchement la capacité des Gronians à cavaler à des vitesses scandaleuses lorsqu'on les aide avec quelques revigors bien placés....

Je fis tourner ma délicieuse partenaire sur elle-même en une pirouette fluide et diligente, avant de reprendre avec mon sourire de sale gosse très fier de sa bêtise.

Je ne crois pas avoir souvenir d'avoir jamais vu un carrosse filer à une allure aussi vive de toute ma vie ! Mais il fallait au moins cela pour semer nos professeurs. Cela, ainsi qu'une conduite beaucoup plus sportive que la bienséance ne saurait le tolérer.... Mais toujours était-il que nous avions réussi à nous soustraire à notre programme, et que nous avions la liberté devant nous pour suivre nos envies. Et nous n'avions pas chômé, nous avons traversé le pays ! Non seulement nous étions émerveillés mais en plus, à ne jamais rester fixe, nous étions impossible à rattraper. Mais.... Eh bien, à malin, malin ennemi ! Nos professeurs ont alors décidé de mettre la police magique ET la police moldue sur nos traces. Notre carrosse était protégé par un charme qui le faisait passer pour une voiture aux yeux des moldus, mais cette dernière restait tout de même identifiable par leur service. Autant vous dire que l'affaire se gâtait à vu d'oeil ! Et lors de notre dernière course poursuite, j'avais tenté de semer nos assaillants en passant à travers des bois clairsemés.... Malheureusement je n'avais pas prévu qu'à la sorti de ces derniers, il y aurait un cabanon de garde-chasse....

Suivant la mélodie dans un rythme impeccable, mes pas léger glissant sur le sol comme s'ils étaient sur des coussins d'air, je vins renverser délicatement ma belle Gillian, la relevant dans le même geste.

Mais, me direz-vous, que viens faire notre cher Dwayne dans tout cela ? Eh bien.... C'était son cabanon. J'étais à mille lieues de me douter que j'avais pénétré sur ses terres. Le charivari de la collision avait fait un vacarme de tous les diables, mais heureusement plus de peur que de mal. Les gronians se sont retrouvés déharnachés et se sont mis à s'enfuir dans toutes les directions, le carrosse était en ruine, mais mes camarades étaient indemnes. Un peu étourdis mais indemnes. Forcément avec un tel raffut, Joseph est sorti de sa propriété et à accouru.... Pour me trouver en train d'essayer de rameuter des gronians dispersés, alors que mes camarades lançaient des reparos paniqués sur notre carrosse. Au loin on entendait les sirènes de la police moldue hurler.... Un tableau d'un chaos invraisemblable. Imaginez sa surprise lorsqu'il m'a reconnu.... Mais contre toute attente, il nous a aidé à remettre de l'ordre dans toute cette cohue, sous condition qu'on le suive sans faire d'histoire. Nous n'étions pas vraiment en mesure de refuser, et nous nous sommes retrouvés dans son salon, notre carrosse et nos gronians cachés dans ses écuries. Je lui ai alors raconté toute notre folle aventure et.... Joseph s'est mis à rire, mais à rire comme il ne l'avait sûrement jamais fait de sa vie. Son fou rire dura facilement dix bonnes minutes, et il manqua plusieurs fois de s'étouffer.

Notre danse finissait ? Qu'importe ! Une suivante commençait ! Et j'y entrainais ma belle partenaire avec une joie rayonnante et communicative. Mes mouvements étaient souples, fluides et aériens. Je maîtrisais les pas avec la perfection de ceux qui n'avaient pas compté leurs heures pour y travailler, mais surtout avec la passion de ceux qui n'en avaient jamais eu assez.

Bien évidemment, Joseph ne nous a pas permis de reprendre notre cavalcade. Il a prévenu notre école et les autorités pour qu'on cesse de nous courir après et qu'on vienne nous chercher. Mais il a également plaider en notre faveur pour nous éviter un renvoi bien senti. J'étais redevable à Joseph, bien sûr, mais il n'y avait pas que cela. Depuis ce jour, je le tins régulièrement au courant des "aventures" que je pouvais vivre, qu'elles fussent autorisées ou non. Je ne sais pas si je lui rappelle sa propre jeunesse, mais je suis certain que la mienne lui offrait une distraction inégalable !

Suivant la chorégraphie de la danse, je laissais Gillian s'éloigner de moi, mais ce n'était que pour mieux la retrouver, avec un empressement contenu parfaitement maîtrisé, comme lors des concours de danse. Qu'on se le dise, les juges n'appréciaient pas uniquement la technique, mais l'interprétation, la "mise en scène" également. Ai-je besoin de préciser qu'il était particulièrement difficile de me prendre le premier prix ? Autant mettre à profit mon expertise pour enchanter ma complice !

Vous connaissez à présent toute l'histoire ! Voyez à quel élève turbulent vous avez échappé !

Je laissai échapper un petit rire avant d'ajouter, le regard complice et le ton malicieux.

Je n'ose imaginer ce qu'une "rigide professeure" telle que vous aurait infligé comme punition au numéro que j'étais !

..... Et que je suis toujours ! Pourquoi changer une formule gagnante ?