Gabriel s'arrêta devant la vitrine du célèbre Ollivander, observant dans un léger sourire l'amoncellement abusif de baguettes sur les étagères à l'intérieur (ou en tout cas, les étagères qu'il parvenait à voir depuis l'extérieur de la boutique). Ainsi donc, c'était ici que les élèves de Poudlard achetaient leur baguette? La boutique n'était pas grande et plutôt sombre, mais bizarrement, cela lui donnait un aspect chaleureux. S'il était né ici et non en France, c'est à Poudlard qu'il aurait étudié. Et c'est donc possiblement ici qu'il aurait acheté sa première baguette... Il finit par se détourner de la vitrine et reprit sa marche. Il s'arrêta deux vitrines plus loin, devant la boutique de madame Guipure, qui vendait des robes de sorcier. Les élèves de Poudlard devaient être nombreux à être venus ici aussi, pour faire confectionner leurs robes de sorcier pour les cours. Gaby avait toujours trouvé l'uniforme scolaire de Poudlard trop sombre, mais peut-être était-ce juste parce qu'il avait l'habitude de l'uniforme bien plus clair et coloré de Beauxbâtons? C'était largement probable. Mais d'ailleurs, que faisait l'albinos sur le chemin de Traverse? La réponse était on ne peut plus simple: il était venu s'acheter du parchemin à lettres. Pourquoi ici et pas à Pré-au-Lard? Parce qu'à force de côtoyer les élèves de Poudlard en sa qualité de bibliothécaire de cette école, il avait finit par se demander à quoi pouvait bien ressembler l'endroit où toutes ces charmantes têtes blondes faisaient leurs courses pour leur rentrée scolaire. Et il en avait profité pour y acheter son parchemin à lettres, par la même occasion. Oui, un simple accès de curiosité, voilà ce qui l'avait amené ici.

Il finit par quitter cette devanture aussi pour s'arrêter devant celle de la ménagerie magique, où il s'imagina les nombreux petits sorciers qui venaient choisir leur hibou, leur chat ou leur crapaud de compagnie, puis devant celle de la librairie Fleury et Bott. Son regard se perdit dans la contemplation de la couverture des nombreux livres présentés dans la vitrine, s'imaginant sans peine l'odeur que ces livres tout neufs pouvaient avoir en les ouvrant pour la première fois... Un nouveau léger sourire étira ses lèvres, tandis qu'il se rappelait sa propre première fois dans une librairie magique, avant sa première rentrée à Beauxbâtons: il avait été aussi perdu que ses parents, des Moldus un peu dépassés par la nature sorcière de leur unique enfant. Ils avaient bien sûr finit par s'y habituer, mais ça avait été un peu long. Gaby ne pouvait pas vraiment leur en vouloir: lui-même avait eut du mal à croire qu'il était un sorcier le jour où il l'a apprit! Enfin, qu'importe. Le nobliau se disait qu'il avait bien envie d'entrer dans la boutique pour voir tous les livres qu'ils proposaient, quand une voix s'éleva tout près de lui, juste à sa gauche.

"Gabriel Valnoir, es-tu venu répondre à ma dernière lettre? Tu as des années de retard."

Dans un sursaut de surprise l'albinos se tourna vers la gauche, fixant le visage de celui dont venait cette voix familière. Et il se figea instantanément: il connaissait ce visage!

"El... Elcy?"

Son ancien camarade de Beauxbâtons et le seul qu'il avait considéré comme un véritable ami. Ami qu'il avait dû abandonner après avoir subit le tout premier prélèvement de Gareth... Cela l'avait mit dans un tel état de choc qu'il avait perdu tout goût de la vie et toute énergie. Le pauvre Elcédias lui avait envoyé de nombreuses lettres, qui avaient réchauffé le cœur de l'albinos, mais auxquelles il n'avait jamais eut l'énergie ou même la force de répondre: son esprit était trop brisé, et plus important encore, il ne voulait pas impliquer son ami dans cette histoire, par peur de ce que Gareth aurait pu lui faire subir... Elcédias lui avait envoyé une toute dernière lettre, dans laquelle il le suppliait de lui dire quelque chose, afin qu'il sache à quoi s'attendre. Mais Gaby n'a pas eut le cœur de répondre, préférant perdre l'amitié d'Elcy plutôt que de risquer de le mettre en danger. Et ça lui avait fait extrêmement mal, car en faisant cela, il s'était retrouvé seul... Mais ça avait été la meilleure chose à faire: au moins, son ami avait pu vivre en paix et Gareth ne l'avait jamais considéré comme une cible, étant donné qu'il n'avait jamais eut vent de son existence. Cependant, il se doutait aussi à quel point cela avait dû être douloureux pour son ami, qui avait probablement cru que Gabriel ne voulait plus de son amitié, alors que c'était tout ce qu'il y avait de plus faux au monde! Mais il avait, ici et maintenant, une chance insolente de pouvoir expliquer les choses à Elcédias: car oui, Gareth et lui avaient mit fin à leur Serment Inviolable la semaine dernière, quand le mage noir était venu passer le weekend chez l'albinos. Ils avaient décidé que ce n'était plus nécessaire, puisque, même une fois ce Serment annulé, ils avaient tous les deux la ferme intention de continuer à respecter leur parole! Du coup, Gabriel avait enfin une occasion parfaite de s'expliquer avec son ami, et peut-être regagner cette amitié qui lui avait tant manqué...

"Elcy, je..."

Il avait bafouillé en se rapprochant du jeune homme, pour être à une distance plus conventionnelle pour une conversation normale. L'albinos baissa la tête, restant silencieux quelques instants pour tenter de trouver quelque chose de pertinent à dire. Bien évidemment, le bibliothécaire avait honte: honte d'avoir fait souffrir son ami, honte de n'avoir pas eu la force de répondre à ses lettres qui lui avaient pourtant fait tant de bien au moral, honte de n'avoir rien pu lui expliquer, honte d'avoir... été un si mauvais ami.

"Je... je suis soulagé de voir que tu vas bien." finit-il par dire enfin.

Des larmes de regret et de culpabilité s'accumulèrent dans ses yeux et il baissa à nouveau la tête, fermant les yeux un long moment pour essayer de calmer ces vilaines indésirables. Il réussit par miracle et releva ensuite la tête.

"Elcy, je... je suis désolé de ne pas avoir répondu à tes lettres. Je... j'aurais voulu te répondre mais... je n'en avais pas la force... Je suis... tellement désolé mon ami... pardon: pardon mille fois de t'avoir blessé."

Ses yeux brillèrent à nouveau et encore une fois, il ferma les yeux en inspirant profondément et en expirant lentement, pour se calmer et essayer de retrouver un peu de contenance.

Elcy s'énerva et Gabriel comprit parfaitement sa réaction: s'il avait lui-même apprit que l'un de ses proches avaient eu de graves ennuis et qu'il n'avait pas été là pour le protéger, il en aurait été aussi malade que furieux! Mais le blondinet n'avait pas à s'en vouloir: il n'aurait rien pu faire de toute façon, même s'il avait su toute l'histoire à l'époque. Pire encore: il aurait juste aggravé les choses, en se mettant en grave danger! L'albinos encaissa le léger coup de journal sur sa tête sans broncher: son ami était vraiment  fâché, probablement terriblement frustré de ne pas avoir pu l'aider. Encore une fois, le nobliau comprenait parfaitement. Mais il n'avait pas eu la force de répondre. Et même s'il l'avait eu, il ne l'aurait pas fait: c'était mieux, pour la sécurité de son ami.

"Non Elcy, je... je pouvais pas te le dire. Pas sans en mourir... Non seulement ça, mais te le dire aurait mit une cible sur ta tête, et je ne voulais surtout pas te mettre en danger."

S'il y a bien une chose à laquelle le nobliau tenait plus que tout, c'était à la sécurité de ceux qui lui sont chers: et il la fera toujours passer en priorité, quitte à souffrir le martyr ou à leur laisser croire qu'il s'en fichait d'eux. Mais Elcédias n'avait visiblement toujours pas digéré cette impuissance à l'aider, visiblement.

"Juste deux mots auraient suffi : 'aide moi'. J’aurais rappliqué sur le champ. Et j’aurais botté les fesses de ceux qui t'embêtaient."

Le regret de son ami était si palpable que le pauvre albinos en eut mal au cœur. Le bibliothécaire baissa une nouvelle fois la tête vers le sol, honteux d'avoir causé autant de frustration et d'inquiétude à son seul véritable ami.

"Même si je t'avais appelé à l'aide, tu n'aurais de toute façon rien pu faire: mais je ne peux pas t'en parler. Ou en tout cas, pas dans un endroit aussi... public."

En effet, même si les deux compères parlaient actuellement français et que la grande majorité des sorciers qui se promenaient là n'y comprenaient rien, il n'était pas exclut que l'un d'eux puisse être bilingue sans que Gabriel ou Elcédias ne le sache! C'était bien trop risqué. D'ailleurs, le blondinet supposa que ce n'était pas pour ça que Gaby était venu sur le Chemin de Traverse, et ce dernier acquiesça en relevant les yeux vers lui. Il ignorait comment il allait le prendre, mais Gabriel s'approcha doucement d'Elcy pour l'enlacer et le serrer dans ses bras.

"Je suis tellement désolé, Elcy: pardon pour tout..."

L'albinos ne fit pas durer son étreinte trop longtemps, afin de ne pas mettre son ami trop mal à l'aise, et le relâcha (bien qu'un peu à contrecœur).

"J'étais venu pour voir cet endroit en vrai et aussi pour acheter du parchemin pour mon courrier. Et toi, tu m'avais dis que tu voulais devenir archéomage quand on était encore à l'école: est-ce que tu as réussit?"

Le jeune homme voulait savoir si le fait d'avoir délaissé Elcy lui avait au moins permit de faire le métier de ses rêves...

La réaction gênée du blondinet lorsque le nobliau lui fit un câlin fit apparaître un adorable petit sourire sur les lèvres de l'albinos: il avait tendance à oublier très facilement que tout le monde n'était pas aussi fana de câlins que lui... Mais c'était généralement plus fort que lui: c'était la seule façon pour lui d'exprimer son affection pour ses proches d'une façon suffisamment forte et évidente. Pour Gaby, les mots c'était bien mignon, mais ils pouvaient très bien être faux ou creux: rien ne valait les actes! Elcy lui confirma qu'en effet, il était bel et bien devenu archéomage et Gabriel sourit de plus belle.

"C'est formidable: je suis vraiment très heureux que tu ai réussis à réaliser ton rêve! Il faudra que tu me raconte quelques anecdotes: ce métier a l'air passionnant!" fit le bibliothécaire, ravi pour son ami.

Ce dernier ajouta ensuite quelque chose, lui proposant par là de l'inviter chez lui, s'il n'avait rien de prévu après ses achats, expliquant qu'il n'habitait pas loin. Gabriel en déduisit qu'il habitait probablement dans les rues autours, peut-être même carrément sur le Chemin de Traverse! Mais dans tous les cas, l'albinos ne se voyait pas refuser son invitation: d'abord parce que cela faisait bien trop longtemps qu'ils ne s'étaient pas revus, et ensuite parce qu'il était curieux de voir où il habitait...

"Avec plaisir, Elcy: j'ai déjà acheté mon parchemin à lettres, mais j'aimerais juste encore faire un tour dans cette librairie pour voir ce qu'ils ont, si ça ne te dérange pas."

L'albinos attendit la réponse de son ami et entra alors dans la librairie: il regarda les ouvrages qu'elle proposait, flânant dans la boutique une petite dizaine de minutes, avant de ressortir une fois sa curiosité satisfaite.

"Allons-y: je te suis!" fit-il à l'égard d'Elcy et avec entrain.

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il était curieux de découvrir le lieu de vie de son ami... Alors il le suivit de près, essayant de ne pas le perdre de vue: mais c'était assez facile, vu qu'il n'y avait pas énormément de monde sur le Chemin de Traverse. Il put assez facilement suivre Elcédias, finissant par arriver tous les deux chez l'archéomage.