Les gens qui aimaient Noël étaient définitivement des barjos.

C’était la pensée que se répétait un Marcus grognon, traversant les rues de Londres envahi d’une neige aussi moelleuse que du coton qui tombait en gros flocons sous les rires ébahis des bedeaux qui débutaient leur magasinage hâtif du temps des fêtes. Le sac en cuir sombre pendant contre sa hanche, les papiers du ministère le suivaient, dur rappel que le travail n’attendait pas, surtout pas avec les variations magiques qui continuaient de mettre la société dans tous ses états.

Le mal n’attendait jamais.

De quoi mettre encore plus sombre l’humeur du jeune professionnel alors qu’il traversait la ville dans l’autre sens une deuxième fois, message du Barnaby de service arrivé en retard alors qu’il insérait sa clé dans la demeure de Raven Place. La belle s’était encore fait la malle, préférant son appartement chaleureux plutôt que l’austère demeure du quartier des Embrumes. Depuis l’arrivée de la première neige, cette tendance lui prenait de plus en plus souvent, prétextant les besoins de lumière de la Merveille pour se peloner dans sa propre demeure plutôt que de réapparaitre dans la sienne. Ils allaient bien devoir se fixer un jour, mais pour l’instant ni l’un ni l’autre n’était prêt à faire la concession de se séparer de son chez-soi. Ignorant la chorale qui attirait une petite foule, Graystone maudissa sa paresse de ne pas avoir choisi de transplaner d’un lieu à l’autre. Déjà de mauvais poil, il s’était dit que marcher lui donnerait le temps de changer d’humeur avant d’arriver à domicile. Pas le choix, son deuxième travail commençait dès qu’il posait le pied à la maison.

C’est que depuis l’arrivée du bébé, la mignonne rappelait à chaque instant que son existence souveraine demandait temps et énergie. Il fallait la nourrir, et ce bébé avait tout le temps faim, particulièrement la nuit. Puis une fois que l’estomac était contenté, c’était les langes qu’il fallait changer. Marcus n’en revenait toujours pas qu’une chose aussi mignonne pouvait sentir aussi mauvais.Bien sûr, il y avait Mila qui était toujours dans leur patte pour venir les aider, mais sous ses airs exaspérés, l’auror appréciait chaque instant passé avec sa fille. Il fallait dire que cette petite coquine prenait un malin plaisir à grandir quand il avait le dos tourné, lui donnant l’impression que le temps passait trop vite.

L’appartement de l’Amante se dessina bientôt sous le regard vert, faisant réaliser au grognon de service le sourire stupide qui étirait ses lèvres minces.

Il était enfin à la maison.

La porte subtilement refermée, le ninja manqua son arrivé sans soucis alors que le pied fraichement déchaussé alla se planter sur un bloc de bois qui trainait au sol, étouffant le juron dans la barbe naissante. Que faisait donc cet elfe de maison si ce n’était pas ramasser les jouets? La présence de la merveille était visible partout où il posait les yeux. Au pyjama souillé posé sur le bras du divan, au tapis rempli de jouets, les trois suces qui trônait ici et là, rappellent qu’on les perdait toujours quand on en avait besoin. Gratouille rapide sur la tête du félin de l’Amoureuse qui s’était installée sur le bord d’une fenêtre pour protéger son royal pelage des petites mains qui agrippaient tout. Le regard passa de la surprise à l’ébahissement total alors que la tête se glissait dans la cuisine. S’il trouvait que les pièces précédentes ressemblaient à un chantier, là c’était carrément l’explosion. La cuisine s’était transformée en pâtisserie en grande fournée de Noëls. Il y avait des biscuits partout. Partout. Une véritable armée de cookies sous l’œil joyeux de leur chef aux cornes dorées qui surveillait ses sujets depuis la table où il trônait. Soupir retenu entre les lèvres de l’incompréhensible. Les jeux d’hormones de nouvelle maman étaient difficiles à suivre. Après l’accouchement catastrophique dans cette espèce de morgue blanche que les moldus appelaient hôpital, le nouveau papa avait fait de son mieux pour être à la hauteur de son nouveau rôle tout en supportant la nouvelle maman dans ses changements. Il y avait les changements morphologiques bien sûr, mais la fatigue, l’incompréhension des pleurs de bébé qui déclenchaient un sentiment de panique de par leur fréquence sonore particulière avait de quoi écorcher la psyché la plus solide. Raison sans doute pour laquelle Léto avait refusé de sortir pendant plusieurs semaines, s’efforçant d’apprivoiser son nouveau rôle et responsabilité. Marcus aurait aimé rester plus longtemps avec elle, mais les congés des papas n’étaient jamais bien longs et en tant que nouveau professionnel il n’avait pu quitter son travail aussi longtemps qu’il aurait voulu. À la place, l’effort avait été fait de se montrer plus conciliant. Pas de sortilège imprenable sur l’appartement de la belle ni de vérification journalière des sortilèges de protection. Il n’avait pas voulu briser la bulle qu’elle avait construire dans son nid avec leur progéniture.

La merveille délaissa rapidement sa compote en l’apercevant, transformant son babillage en sourire joyeux, petite main potelée tendue dans l’espoir d’être prise. Appel auquel le grand et méchant auror ne pouvait refusé.

-Bonjour toi!

Qu’importe les petites joues collantes, on ne pouvait résister à cette frimousse aussi merveilleuse. Baiser sonore contre le museau tendu, la petite dans les bras rigola sous la barbe piquante.

-Et bien je vois que tu as été assez sage pour que maman fasse un peu de cuisines...

C’était peu dire devant l’intense odeur de sucre qui régnait dans la pièce. Émeraudes vertes se posèrent sur la dire maman, visage désemparé devant la belle au visage parsemé d’éclat de farine.

-Tu avais peur qu’on manque de biscuits?

Il ne comprenait toujours pas qu’on puisse aimer faire à manger. Même s’il se débrouillait, il préférait nettement la cuisine des elfes. C’était plus efficace et beaucoup moins salissant. Une autre chose qu’il ne comprenait toujours pas de Léto. Mais il ne pouvait en dire plus. L’apparition d’un nouveau-né était toujours un défi pour les couples, encore plus quand le dit couple ne se connaissait pas d’avant la conception. Depuis la naissance de la Merveille, le rôle de partenaire leur convenait mieux, Marcus cherchant à laisser l’espace dont la sorcière avait besoin.

-J’ai vu des cartons dans le salon, tu veux que je demande à Barnaby de nous en débarrasser?

Autant chercher à retrouver un peu de planchers dans tout ce chaos. Petite main sur la joue cherchant son attention, le museau alla se perdre dans le cou du bébé en faisant des grognements sonores de loup affamé, tout en faisant semblant de dévorer la créature rieuse sous la fausse attaque.

-Ouf quelqu’un va avoir besoin d’un bon bain se soir! Tu sens le lait à plein nez!

Normal quand cela constituait l’alimentation de base du bébé.

L’amante délaissée plissait le nez, faussement choquée de se faire doubler par le modèle plus jeune, mais la compétition était rude surtout devant la petite bouille trop mignonne qui lui souriait en tendant les mains. Le combat était perdu d’avance, mais ça n’empêchait pas Marcus de sourire en innocent devant Léto qui le saluait de l’autre côté de ses casseroles. Le léger tiquement sous le surnom du fiancé le fit rougir, masquant son trouble dans le cou de bébé qu’il dévorait joyeusement. Cette situation non plus n’avait pas encore été éclaircie. Il y avait bien eu des déclarations lors de la naissance de Cassie, mais ils n’étaient pas revenus sur le sujet… ni fait de demande officielle. Les joies de la nouvelle parentalité ou les conversations ne se terminaient jamais vraiment, interrompues par la créature qui réclamait de l’attention. Toutefois le rôle du coursier lui fit froncer les sourcils. Comme s’il était du genre à partager ses sucreries.

-Je peux en donner à Roy (dette de biscuit qui serait payé à la même occasion), mais je me vois difficilement faire des cadeaux aux collègues. J’ai pas le profil de Père Noël.

Ni de cette espèce de bestioles vertes que les moldus appelaient Grinch! Il était plus tôt entre les deux, le mec qui s’en foutait royalement en fait.

-Il y a vraiment des gens au ministère à qui tu souhaites envoyer des biscuits?

Là-dessus il était surpris. Après l’épisode du brouillard, Léto avait disparu du ministère avant de rester absente de son travail jusqu’à l’accouchement. Impossible de savoir si les collègues qu’elle avait quittés lui manquaient, on ne tirait jamais rien des langues de plomb. Ce qui lui faisait penser:

-Tu as décidé si tu reprenais ton poste de secrétaire au département des mystères après ton congé ou pas encore?

Avenir plein de mystère. Ce n’était pas comme si Léto avait besoin de travailler pour vivre, mais la connaissant, elle avait besoin de faire quelque chose de productif pour être heureuse. Rien n’empêchait non plus de changer de carrière.

La révélation sur le contenu des cartons lui fit rouler des yeux. Il aimait bien son appartement sombre et vert. Il avait même fait un effort de mettre un sapin de Noël! Avec des décorations argentées et des rubans d’émeraude qui plus est! Un effort qui rappelait les décorations de la salle commune des Serpentard, rien à voir avec l’orgie de dorée et de rouge dont l’ancienne lionne avait teinté son appartement.

-Sans façon, il y en a suffisamment ici. Et puis avec tous les biscuits, je ne suis pas certain qu’on aurait de la place pour installer quoi que ce soit d’autre.

Rabat-joie de service toujours prêt à remettre de la réalité dans la limonade rose de la maison des folies. Qu’on se le dise, Raven Place était peut-être moins chaleureux, mais il était définitivement moins encombré qu’ici. Laissant la petite beauté jouer avec sa barbe naissante alors qu’elle fronçait les sourcils sur la peau piquante, il ria de bon cœur à la remarque de la sorcière. Oui bon, le bébé qui sent le chili ça avait de quoi être drôle pour la merveille qui n’avait pas encore de dents.

-En effet, autant profitez du bain, je me suis entraînée en plus pour les bulles d’eau d’artifice, je suis certaine qu’elle va aimer!

Petit coup de nez sur le museau du bébé qui ria de nouveau. Ce bébé bonne humeur ne retenait définitivement pas de lui. Beaucoup trop de joie de vivre dans ce petit être, qui tira de nouveau sur sa joue. Sa lui permettait aussi d’éviter le petit regard de braise de la maman gourmande qui venait de lui coller un baiser sur la joue.

-Tu veux que je te montre les bulles-artifices pendant ton bain toi aussi?

Idée plus chaste que celle qui devait raisonner dans l’esprit de la maman. Il continuait encore de la voir comme une chose fragile qui méritait de se reposer. Ce qu’il cherchait à lui offrir le plus souvent possible en prenant les taches de la maison, comme donner le bain!

-Allez demoiselle, c’est l’heure du bain! Attrape bien ton balai nous sommes parties!

Bébé devant lui en faisant le bruit de vitesse d’un balai qui accélère, les petits pieds passèrent au-dessus du comptoir avant de s’engouffrer dans le salon, faisant un détour pour poursuivre le chat offenser qui s’éloigna de son pas galant en miaulant d’outrage.

-Pas assez vite ma fille, tu as laissé le vif d’or s’échapper, aller on reprend de l’altitude!

Bébé monté dans les airs pour venir la coller contre sa joue, juste à temps, car le balai avait des difficultés, expliquer par le pied d’un papa distrait qui trébucha contre un bloc avant que les genoux ne cognent durement le petit meuble, faisant s’écrouler une pile de courrier au sol. Grognement retenu et juron encore plus, sous les éclats de rire de la princesse qui avait trouvé l’activité hilarante contrairement au Marcus et son genou blessé.

-Bon fin de la partie, le balai est blessé, mademoiselle. La sécurité avant tout!

Illustrée par le pied vengeur qui alla kicker le bloc sous le divan histoire d’enlever un jouet de ses pattes, baguette trop loin dans la poche pour espérer la sortir. En plus c’était bien souvent inutile, car le bébé essayait toujours d’agripper la baguette entre ses petits doigts. Curieuse grenouille. Théâtralité grandissante quand le balai s’effondra au sol, vaincu sous une expiration profonde, installant le bébé sur son ventre contre son torse, profitant pour lui faire pratiquer les muscles de son cou par la même occasion alors qu’elle se redressait pour observer de son nouveau perchoir. Les émeraudes elles s’étaient glissées sur les lettres éparpillées au sol.

-Nom d’un gobelin, on a manqué un paiement à Gringott’s et ils nous envoient des rappels?

Pourtant pas de papier pourpre parmi le courrier.

-Heureusement pas de beuglante parmi le courrier. Ça fait longtemps que ça s’accumule?

Léto était du genre à avoir tout empilé dans un coin se promettant d’y repasser plus tard. De quand datait tout ce courrier? Impossible à savoir. Il y avait encore des prospectus des mises en garde du brouillard. Visiblement le courrier de la maison n’était pas à jour.

-Heureusement qu’on n’attendait pas ta lettre de Poudlard ma demoiselle!

Encore ce sujet qu’elle balayait d’un ruban de couleur, envoyant les souvenirs s’enfouir sous un bel emballage pour les biscuits. Lèvres pincées alors que les petites mains tiraient la barbe, l’inquiétude passa dans son regard. Sujet délicat que la déesse du printemps reportait toujours, discussions sérieuses qu’on n’abordait pas encore, attention entièrement concentrer sur la merveille qui réclamait de nouveau qu’on s’occupe d’elle.

Marx Sohei. De tous les sorciers du ministère, c’était sans doute l’un des moins pires à côtoyer. Marcus se serait attendu à une copine de bureau inconnu ou de quelques collègues à qui Léto voulait envoyer des douceurs, certainement pas le magemage du deuxième étage. Inutile de lui mentionner que ses rencontres avec Sohei n’étaient jamais des plus glorieuses. Ou il essayait de le mettre en prison, ou il se faisait attaquer par des choux mordeurs. Rien où il avait l’air à son meilleur en somme. Mais pour elle il pouvait bien faire l’effort de la livraison, comptant sans doute sur le fait que le plus jeune magemage du bureau soit occupé pour ne pas remarquer le paquet apporter. Baiser déposer sur le nez de la cuisinière, les lèvres se recouvrirent de farine.

-C’est bon, je m’occuperai de la distribution. Mais hors de question que je porte le bonnet.

Il n’y avait que pour elle qu’il était prêt à faire ce genre d’effort social et à sortir de son apparence de mauvais esprit de Noël. La chute du balai dans un bruit fracassant n’attira pas la présence de sa sauveuse, occuper à faire couler le bain de leur merveille. Pas de bécobobo pour le papa en détresse donc. Ignorant les papiers que le bébé avait coincés dans ses doigts, l’appelle du bain obligea le balai a se relever rapidement, ramassant la coquine et ses trouvailles entre ses mains.

Le bébé déshabiller et installer dans la baignoire, le tas de linge et de lettres repousser d’un bout de pied, le lavage de la merveille se fit rapidement, se débarrassant de l’obligatoire pour profiter de l’amusement. Enfin la baguette magique fut sortie pour faire place à la magie. Marcus avait travaillé fort sur ce sortilège, n’étant pas spécialisé comme les eventmages qui accomplissaient des merveilles lors des événements les plus courus. À force de pratique, il était quand même venu à un résultat satisfaisant. La baguette agitée, l’eau du bain frémit. Une bulle d’eau monta dans les airs, changeant de couleurs tout en s’illuminant avant d’éclater à la manière d’un feu d’artifice, les gouttes d’eau éclaboussant sa tête au passage, mais aussi la merveille dont le rire témoignait de son appréciation du spectacle.

-Haha! Je savais bien que tu aimerais!

Pourquoi s’arrêter à une explosion quand on pouvait faire tout un spectacle? Le dégât se dévoila au regard d’émeraude alors que les petits pas revenait vers eux, silhouette de la maman se détachant de la porte de la salle de bain, tenant en main beaucoup trop de vêtements pour habiller leur fille chérie. Pris sur le fait, Marcus eut un regard faussement coupable.

-En touka, j’en connais une qui a apprécié le spectacle!

Boutade rigolant alors que le petit bébé était emmitouflé dans sa couverture, disparaissant sous le tissu, ne laissant que le petit bout de son nez visible.

-Tu avais peur qu’elle ait froid?

Pourquoi le pyjama était aussi grand? Déposant la merveille dans les bras de Léto, les mains saisirent le vêtement, la mine joyeuse s’assombrissant en constatant que le vêtement était beaucoup trop grand pour sa fille, mais parfaitement ajusté à sa taille. Alors là, ce n’était pas comme s’il en avait besoin de se changer non? Un rapide coup d’œil sur ses vêtements de travail désormais froissé et trempé le fit grimacer. Regard sombre poser sur la combinaison fraîchement apporter. Pourquoi fallait-il que Wellington ait le même goût douteux pour les vêtements que Leto? Un ensemble noir aurait été des plus adéquat. Petit soupir devant l’inévitable. Il allait devoir le mettre. Nouvelle concession que l’auror avait établie se laissant aller à ces costumes ridicules. Tant qu’il était en sécurité dans la maison, il pouvait bien faire plaisir à ses princesses.

Soupir retenu, la chemise passa par-dessus la tête, laissant le torse nu alors qu’il en profitait pour ramasser les vêtements éparpiller au sol. Parmi les petits vêtements, les trouvailles de Cassie étaient mélangées. Une coupure pour Weasley et compagnie, les nouvelles saveurs d’été de Florian Fantôme (définitivement il faudrait que Léto fasse un peu de ménage). L’élégante enveloppe noire qui s’était mélangée aux tissus attira le regard d’émeraude, délaissant un instant le bébé gazouillant alors que les doigts agiles saisissaient le papier luxueux. Le sceau qui refermait le courrier ne lui était pas familier. Retournant l’enveloppe, le nom du destinataire embosser aux reflets d’argent sembla luire sous les lumières de Noël.

Son absence de réaction l’énerva encore plus. Comme si la fatalité de la lettre arrivée par courrier n’était rien d’autre qu’une suite logique de ce qui pouvait avoir lieu. Sourcils froncer devant l’amante impassible, l’auror s’attendait à une réaction, une exclamation, un écho de sa fureur à lui qui lui aurait donné raison de s’emporter. Mais non, simple platitude devant l’évidence du sceau reconnu de l’élégante lettre.

-Exacte, ta mère.

Mot dur qui sonnait comme une condamnation. Mais ce n’était rien à coter du couperet qu’elle descendait directement sur sa nuque à lui. Noce administrative. Le terme en lui-même donnait envie de gerber, faisant détourner le jeune homme de sa mauvaise humeur pour se laisser tomber dans le sofa de la chambre du nourrisson, le regard sombre concentré sur l’Amante. Noce administrative. Il était inutile de lui rappeler qu’aucune demande officielle n’avait été faite! Ce n’était pas faute d’avoir l’objet nécessaire pour l’événement. La précieuse bague était acquise depuis longtemps, dissimuler dans son écrin de velours qui quittait rarement ses poches. Il l’avait acheté dès qu’il l’avait vue, poser sur son étalage, se disant qu’il se devait de l’avoir à la manière d’un gobelin capricieux. Le détail réglé, il ne restait plus que faire la demande officielle, mais elle n’était jamais venue.

« Si je me marie, ce ne sera que par amour et non par obligation. »

Les mots le hantaient encore. Jouer au papa et à la maman était une chose, jouer les amants aussi, mais s’unir dans une relation officielle… il ne savait toujours pas ce qu’en serait la réaction de Léto. Et si elle refusait? Et si cela venait à briser l’équilibre délicat qui s’était installé entre eux. Il avait trop peur de tout perdre pour un simple bout de papier administratif. Déjà qu’il lui était toujours aussi difficile d’admettre l’évidence qui s’était installée depuis la naissance de la merveille.

Il l’aimait.

Révélation avouée en plein travail alors que la délivrance était proche, il n’était pas certain qu’elle se souvenait encore des mots prononcés. Idiotie qu’il n’avait pas encore répétée sauf le soir, lorsqu’il rentrait tard et qu’il la retrouvait endormie dans le lit qu’ils partageaient, douceur murmurer contre ses cheveux sombres en même temps qu’une bonne nuit avant de plonger lui-même sous les draps. Mais voilà que ses hésitations venaient le hanter de nouveau comme le dévoilait l’élégant papier envoyé. Sourcils froncer, la tête se secouait de négation.

-Je ne vois pas en quoi les documents de cet hôpital de moldus auraient pu se rendre jusqu’au ministère. Tu te rends compte que ça signifie qu’elle a été faire la déclaration de naissance à notre place?

Quelles autres incohérence et absurdité la vieille matriarche avait-elle glissées dans les documents officiels? Heureusement le deuxième nom de famille signifiait qu’elle n’avait pas tenté de l’éclipser pour le duc de Ravendino. Ça aurait été un comble de plus. La solution la plus simple aurait été qu’il s’en occupe lui-même. Une autre raison de s’en vouloir. Avec l’accouchement catastrophique dans cet univers de moldus et l’apparition des zones de déviations magique, Marcus s’était laissé submerger par le train train quotidien, la petite qui grandissait, des petits sons qu’elle faisait, en oubliant presque que le monde ne s’arrêtait pas de tourner pour autant.

La mauvaise humeur ne s’éclipsa pas ni même en apercevant la merveille dans son pyjama, ses petites cornes retombées vers l’arrière, le collet déjà assombris par la bave qui coulait de son menton. Bien sûr qu’elle était mignonne! Soupir effroyable.

-On est vraiment obligé de faire cette photo?

Question dont il se doutait bien de la réponse.

-Je doute que qui conte veuille recevoir ma tête à Noël.

Rien à craindre pour la suite, aucun doute que son algorithme sur la photo se cacherait du portrait. À qui Léto pouvait bien envoyer ces cartons? Leur cercle externe était plutôt réduit. Graystone ne se souvenait pas qu’elle ait mentionné qui que ce soit en dehors de l’hébergeuse Wellington. Il espérait surtout que la belle n’avait pas l’intention d’envoyer ça à tous les petits arrogants des grandes familles de sang pur. Il était certain que plusieurs se serviraient de ça comme un nouveau point de pire en pratique de leur sortilège. La demande concernant le deuxième prénom imposé à leur princesse le fit grogner.

-Coré, Krora? Aucune idée.

Mauvaise foi jusqu’au bout sur la tête boudeuse. Ce qui le dérangeait n’était pas le prénom choisi, mais plutôt le fait qu’il n’avait pas eu son mot à dire. C’était lui qui était arrivé avec le nom de Cassiopée, trouvant la merveille aussi belle que les étoiles. Il n’était pas si mauvais que ça après tout. Bon, le prénom imposé n’était pas aussi vide de sens qu’il y avait cru. N’étant absolument pas porté sur la mythologie plus que les grands noms, le museau se contenta de hausser les épaules, rougissant malgré lui au petit nom d’Amour qui lui était attribué. Deux déesses. Mwain ce n’était pas si horrible que cela. Attrapant le bébé tendu, Marcus ne se leva pas pour autant, se contentant de caller la petite contre son torse alors que la main flattait le dos de la petite grenouille. Il était vrai qu’il était doux ce pyjama.

Mais voilà que la belle disparaissait de nouveau, passant d’un sujet à un autre beaucoup moins intéressant que représentaient ces photos sans intérêt. Se levant rapidement pour ne pas se laisser distancer, Marcus déposa la précieuse dans son berceau, callant la suce dans sa bouche ouverte pour éviter des pleurs.

-Je reviens dans une minute d’accord, une petite minute.

Aucun doute que l’elfe de maison viendrait au secours de la merveille si elle se montrait impatiente. Les pas agiles rejoignirent la belle Léto alors qu’elle entrait dans la salle de bain. La discussion n’était pas terminée en son sens même s’il devait la chasser jusque dans sa douche.

-Dis-moi que tu n’as pas l’intention d’y aller n’est-ce pas?

Oui, car avec le carton venait l’invitation au repas de Noël. Appuyer contre la porte fraichement refermée, le regard d’émeraude se posait sur la sorcière, cherchant son regard parmi ses préparatifs qu’il interrompait. Cette invitation venait beaucoup trop rapidement pour lui. Il n’avait pas l’intention de présenter la petite à qui que ce soit et encore moins à sa belle-mère. Sans l’avoir rencontré, l’auror avait déjà une dent contre elle et son histoire de mariage arrangé qui avait poussé Léto à se cacher n’importe où. Alors, aller jouer les jolis cœurs dans sa demeure avec la petite dans les bras, c’était hors de question.

-On pourrait dire que nous sommes déjà invités ailleurs?

Aucune autre invitation ne pouvait surpasser celle des obligations familiales, mais il pouvait toujours essayer non?

Poster contre la porte, n’entrant pas totalement dans la pièce pour ne pas déranger plus qu’il ne le fallait l’Amante dans son projet, les émeraudes se plaisait toujours autant à observer les couches de tissus qu’elle enlevait, effeuillage captivant laissant apercevoir les petits bouts de dentelles de ses sous-vêtements. Le corps de la belle ne s’était pas encore remis de l’accouchement périlleux en ce monde moldus, les restant de la présence de la merveille habitant le corps de la nouvelle mère avait changé la silhouette longiligne et la rondeur de ses seins (ce qui était loin de lui déplaire).

L’esprit se concentrant sur sa colère pour ne pas se laisser divaguer a des pensées moins chastes qui l’auraient rendu inconfortable dans son pyjama thématique, l’allusion sur le bain à donner lui arracha une grimace. L’heure n’était pas au badinage, il y avait cette catastrophe à régler. Langue tirée, la main alla passer dans ses cheveux sombres, ébouriffant la tignasse plus que voulue, terminant de compléter la fin de l’apparence bien mise de l’agent du ministère fraichement sorti de son bureau. Comment décliner l’invitation? Rien de plus facile, une missive courte et brève à la manière des ordres de mission qui atterrissaient sur le bois sombre de son département. Merci de l’invitation, mais à une autre fois. Et voilà. Marcus n’était pas homme à s’encombrer dans les détails.

Visiblement son idée ne trouvait pas écho chez sa douce qui venait poser son minois contre son épaule, attirant aussitôt les mains sur la peau douce, caressant la dentelle en un geste possessif. Le chien de berger n’aimait pas qu’on essaie de troubler son troupeau que ce soit par intention ou par lettre. Museau enfoui dans les cheveux sombres, baiser poser contre le front de la demoiselle, geste chaste d’une affection profonde. C’était la faute à cette vieille sorcière aussi. Pourquoi avait-elle choisi de s’approprier Noël?! Comme si les sept mois précédents n’avaient pas offert d’occasion propice pour la grand-mère de s’incruster dans leur petite vie. Écho douloureux à sa propre famille qu’il tenait encore dans l’ignorance. Comment aurait-il pu annoncer a des gens aussi guindés les écartades de comportement. Il allait falloir le dire, d’une manière ou d’une autre. Dès qu’il aurait l’occasion de croisé Mina en dehors de l’ombre de sa mère et Jamie en dehors de Poudlard. Ce n’était pas le genre de nouvelle qui s’annonçait par hibou.

Baiser déposé sur les lèvres que déjà la belle s’enfuyait en direction de l’eau coulante. Se rendait-elle compte que les nuages roses de leur petit monde s’éclipsaient déjà? Soupir profond de celui qui ne savait que dire. Bon, il pouvait peut-être la laisser tranquille à son bain. Le tremblement dans la voix de Léto ne lui laissa aucun doute sur la tête qu’elle devait avoir malgré le visage pencher vers la baignoire. Et voilà qu’elle pleurait. La pire réaction qu’il redoutait. Raison de plus d’haïr cette missive qui venait tout gâcher. Marcus inspira profondément, ne sachant de quel côté prendre la situation. Léto pouvait parfois être prise de ses réactions exagérées des débalancements d’hormones qui ne disparaissaient pas une fois l’accouchement passé et que le manque de sommeil n’aidait en rien. Se lancer dans un grand discours n’était peut-être pas la chose appropriée à faire.

Se glissant dans le dos de la belle, la tête alla se poser sur son épaule, ses grands bras entourant son corps pour la plaquer contre son torse. Rien ne servait de pleurer pour si peu. Il y avait toujours des solutions.

-Si tu ne veux pas y aller, rien ne nous oblige à nous y rendre.

Détermination féroce dans son ton de voix calme, maitre de la situation qui pouvait en décider les tenants. Embrassant les cheveux sombres, il prit place face à la jeune femme, les fesses sur le rebord de la baignoire, visage malicieux.

-On pourrait toujours dire que Cassie a été enlevé par des changelins.

Excuse qui avait déjà fait ses preuves selon les histoires de  @Simeon Roy  qui avait perturbé son petit frère  @Wesley Roy . Le coup des changelins était une bonne histoire. Sinon le museau fit semblant de réfléchir, cherchant à faire le fou pour lui rendre son sourire.

-Envoyer Mila annoncé qu’on a déménager chez les moldus.

Une aberration pour lui qui ne survivrait pas dans le monde des non-mages alors que Léto trouvait sa effroyablement amusant.

-Sinon je pourrais me présenter sous ma forme de chien? Tu crois que ta mère aimerait mes poils sombres? Je pourrais faire une parade sur la table du souper!

Aucun doute que Cassie trouverait le spectacle des plus amusants. La main alla se perdre dans l’eau chaude de la baignoire, tournant les doigts dans le liquide.

-Je suis certain que mon entrée fracassante serait des plus géniales.

Aucune inquiétude à avoir sur celle-là. Il avait le don d’énerver les sangs bleus, il en était un champion. Levant la main d’un geste brusque, il éclaboussa la belle, cherchant le sourire qui devait réapparaitre sur son visage.

-Où sinon j’annonce la triste nouvelle que tu es devenu une sirène en prenant ton bain. Et voilà, plus aucune obligation imposée.

Sourire niais et stupide.

Gérer les problèmes des aurors devenait plus facile que de s’occuper de la délicate diplomatique que nécessitait la survie d’une relation de couple. Ne souhaitant pas rendre la discussion plus sérieuse que le sujet qu’ils abordaient et qui faisait déjà couler les perles aux yeux de la douce, le minois sérieux du sorcier avait choisi le ton joueur pour espérer alléger l’atmosphère. Les tentatives étaient difficiles, la douce était un public difficile à faire rire. Ses remarques têtes en l’air ne lui attirait pour l’instant que des sourcils froncés et des petits reniflements discrets. Ça valait la peine de continuer d’essayer. La main dans l’eau continuant de faire des petits cercles, les inepties continuaient de couler telle l’eau qui remplissait la baignoire. Haussement des épaules vaguement contrit alors que ses belles théories étaient démolies une à une. C’était le désavantage qu’elle le connaisse aussi bien, ses belles histoires perdaient de leur flegme devant son réalisme à couteau tiré. Mais l’éclaboussement d’eau eu don de ramener une autre émotion sur le visage de la belle; une pointe d’exaspération.

Petit sourire triomphant alors que l’innocent retirait sa main de l’eau. L’agacement avait au moins le don de tarir rapidement la peine qui enserrait le cœur. L’image de la sirène semblait être le scénario retenu. Air faussement dramatique chassé rapidement par une image peu chaste qui rebondissait sur la phrase soupirer par la jeune femme.

-Oh douce sirène, cela dépend toujours de quel bout tu dévores en premier.

Idiot aux remarques d’un poudlarien en vadrouille. Sourire moqueur et niais rigolant doucement de sa propre moquerie. Et voilà qu’il était rendu à s’abaisser à faire des remarques grivoises. La magie de Noël sans aucun doute. Mais difficile de redevenir sérieux alors que le regard avide de prédateurs se posait sur la dentelle qui quittait le corps de la déesse, étirant les lèvres d’un sourire gourmand en observant les formes gracieuses qui se dévoilait maintenant à son regard. Voilà un moment qu’il n’y avait pas touché, faute à ces montés de lait qui rendait les seins douloureux. Mais l’excitation du spectacle était toujours aussi émoustillante.

-Hum?

Vaguement marmonné alors que l’esprit cherchait à se reconcentrer sur la conversation qu’il avait manqué. Plait-il? Une deuxième grossesse? Les sourcils se froncèrent aussitôt. Hors de question. Il n’avait toujours pas digéré l’accouchement catastrophique de la merveille en monde moldu, sans compter qu’il avait vieilli au moins de 10 ans avec les hurlements strident et nocturne de la furie affamée à deux heures du matin. Restait la nuit de noces. Une perspective agréable, mais qui ramenait inévitablement un sujet plus délicat à aborder.

-M’ouie mais pour une nuit de noces il faut d’abord un mariage. Je ne dirais pas non à te voir en robe blanche...

Allait-elle saisir l’allusion? Non? Peut-être qu’en glissant le museau sur la peau de soie il pourrait lui donner un avant-goût de toutes les belles idées qu’il avait pour lui faire gouter à la luxure pendant une semaine complète. Un programme des plus organisés à la Graystone avec une gradation et une variation et

-Quoi?

Retour brusque à la normale. Pourquoi fallait-il qu’elle parle de cette vieille sorcière? L’esprit soudainement sombre, la main passa les cheveux sombres, soudainement mal à l’aise avant de prendre le ton bourru de celui qui refusait de s’aventurer sur un terrain glissant.

-Non. L’occasion ne s’est pas présentée (et il n’avait pas cherché à en créer une). Willy est occupée et Jaymie est à Poudlard jusqu’aux vacances de Noël. Je n’allais quand même pas leur envoyer un hibou pour leur annoncer la nouvelle.

Il ne voulait surtout pas bousculer le quotidien de la famille avec ses histoires. Ils vivaient leur vie parallèle depuis déjà si longtemps et les rares rencontres de famille tournaient rarement à son avantage. Aucune mention de la matriarche dans cette suite de gens à avisé. Ni même son père. Il ne se souvenait même pas d'où il était en ce moment. En Espagne? En Norvège? Haussement d'épaule dubitatif.

-Ce n’est pas comme si ça changeait quelque chose.

Ce n’était pas sa mère qui avait cherché à le vendre au plus offrant comme un trésor silencieux. Mais il était trop poli pour émettre le commentaire à voix haute, surtout s’il voulait espérer dormir ici ce soir. Le soudain empressement de Léto à se glisser dans la baignoire le prix aux dépourvues. Ces changements d’humeurs étaient difficiles à suivre. Voulant se redresser pour lui faire place, le pied glissa sur le carrelage mouillé, lui faisant perdre pied tandis que le royal fessier entrainait le poids vers l’arrière, obligeant l’auror à étendre les bras comme une araignée pour répartir son poids et éviter de se cogner la tête. La tentative réussie puisqu’il réussit à attraper les rebords de l’autre côté, s’évitant de s’assoir complètement dans l’eau, mais son pyjama fut complètement trempé, les royales fesses submerger dans le liquide chaud, le laissant dans un équilibre précaire alors qu’il étouffait un juron.

-Nom d’un dragon!

Où était sa baguette quand il avait besoin d’aide? Impossible de se redresser vers l’avant, impossible de lâcher le rebord sans glisser encore plus. L’œil bourru se posa sur l’Amoureuse.

-À l'aide?