• ◊ Mensurations : un poids plume, 1m66 pour 51 kg.
• ◊ Morphologie : Eliott est usé par sa lycanthropie, il est assez maigre, les épaule tombantes.
• ◊ Démarche et attitude : c'est un traine savate particulièrement nonchalant, voir paresseux, mais il garde le sourire même si tout semble relevé de la corvée pour lui.
• ◊ Droitier ou gaucher : droitier.
• ◊ Manie : soupir beaucoup, baille beaucoup (aux corneilles), et fume beaucoup d'herbe.
◊ Couleur des cheveux : alors... C'est assez variable, parfois blond, parfois brun, parfois bleu, rose, ...
• ◊ Longueur et type des cheveux : des cheveux bouclés quand Eliott les laisse pousser ; quand il en a marre il rase tout !
• ◊ Couleur des yeux : noir comme une nuit sans lune.
• ◊ Forme du nez : arrête droite et narines rondes ?
• ◊ Voix : grave et indolente, posée.
• ◊ Particularité : des tatouages ; il en a partout ! Parce que c’est beau, et comme ça son corps lui appartient. Et il y a cette grosse cicatrice à l’épaule gauche, une morsure lupine, et ses petites sœurs griffues qui marquent sa peau.

C'est la vie~

Le schéma assez classique pour une famille de Sang-mêlé : papa est un sorcier, maman une moldue ; mais ça dérange pas du tout du tout, non non, ce sont leurs particularismes et leurs différences qu'ils aiment l'un chez l'autre au point de faire un petit d'eux. La somme ultime de toutes ces petites unicités. Pourtant Eliott, il est un peu bizarre, et il ne ressemble ni à lui, ni à elle. Il est très calme, même mou, comme petit garçon. Il ne demande rien, jamais, et peut passer la journée dans son coin sans un bruit. Certains jours, Eliott est introuvable et ne répond pas quand ils l'appellent alors ils le cherchent jusqu'à ce qu'ils le trouvent, endormi sous le lit, derrière la canapé, sous la table de la petite cuisine. Sa mère, ça l'énerve un peu alors elle essaye de le secouer, un peu, puis plus fort, mais ça n'y change pas grand chose, et un jour, quand la magie d'Eliott se réveille et s'en mêle, alors ça ne lui convient plus à elle. Sa mère se tire parce qu'elle supporte pas qu’il soit ce qu'il est : un petit sorcier tiède et mutin. Eliott a quelque chose comme sept ou huit  ans, et alors il commence à se réchauffer et à s'ouvrir avec son père ; c’est la vie.

Eliott vit à cheval entre deux mondes, comme tout bon sang-mêlé qui se respecte, entre le monde magique de son père et le monde scientifique de sa mère. Lui habite une toute petite maison en brique dans la banlieue de Manchester. C'est la maison de son enfance, avec son minuscule jardin à l'arrière, bordé d'une haie fournie, qu'on ne peut rejoindre qu'en traversant la maison parce qu'on ne peut pas en faire le tour. Il est botaniste, et travaille dans une serre magique à l'Est de la ville où il l'emmène parfois pour lui montrer les drôles de plantes qui y poussent. Ca change des citrouilles et de pâtissons qui poussent dans le courtil. Elle vit dans la banlieue de Liverpool, dans une caravane bleu-gris sur un terrain municipal rempli d'autres caravanes aux couleurs délavées par la pluie et le soleil. Elle travaille dans une usine de biscuit, juste derrière le train vague où Eliott passe ses journées. Il fait les aller-retours en train une semaine sur deux, maintenant qu'il est à Poudlard, c’est toujours une semaine sur deux, mais durant les vacances scolaires ; c’est la vie.

Chez son père, Eliott a sa propre chambre désormais dans une annexe indépendante de la maison de son père, perdue dans la haie au fond du jardinet, qu'ils ont construite tous les deux ensemble de bric et de broc quand il a eu treize ans. Qu'est-ce qu'ils se sont amusés cet été là ! C’est son cocon à lui : une cabane de bois et de tôles pliées, avec ses fenêtres toutes de travers, une étagère branlante, deux prises électriques pas sécurisées tirées depuis la cuisine, un matelas par terre. Ses bricoles d'adolescent et ses fringues sont entassées dans des caisses maladroitement empilées les unes sur les autres. Il fait froid et humide l’hiver, alors ils ont entassés des vieux tapis par terre, et chaud et humide l’été, alors la lucarne s'ouvre pour montrer prendre l'air sur le toit bancal où attend une chaise d'écolier. Chez sa mère, Eliott dort sur le canapé râpé dans le salon-cuisine-salle à manger de la caravane bleu-gris ; c'est la vie.

Sa mère, elle lui tape dessus ; elle ne supporte pas qu’Eliott soit lent et blasé avec elle alors qu'il est animé avec son père. Même s'il est gentil et serviable, elle aime pas qu’il ait des tatouages, ni qu’il se colore les cheveux. Aussi, assez tôt, Eliott ne se rappelle plus bien quand, il s’est mis à fumer ; d’abord derrière chez elle, là-bas sur le terrain vague, avec quelques types avec qui il passe le temps pendant qu'elle est partie à l'usine, pour s'occuper, faire taire la télévision qui crie dès son réveil et jusque très tard dans la nuit, pour chasser ce creux dans le bide quand elle est là. Alors elle le tape encore plus souvent, parce qu'elle aime pas qu'il zone avec ces mecs, ces voyous, ni qu'il fume. Souvent, elle s'en veut et elle l'emmène au supermarché acheter des crêpes fourrées qu’ils mangent ensemble sur le parking où elle s’excuse ; une fois, elle l’a même emmené au bord de la mer et lui a payé une vraie gaufre avec de la crème et tout. Il ferme les yeux et compte les jours avant de pouvoir partir ; c’est la vie.

Le reste du temps, à Poudlard, Eliott est chez les Poufsouffles. Il est ce type chelou au fond de la classe qui participe pas,  qui fait des petits dessins sur ses cours, qui a des notes médiocres donc qu'on ne veut pas trop dans son groupe, mais en vrai ça va, comme il est sympa et un peu marrant avec tout le monde, on le tolère. On peut le vanner Eliott, c’est pas une menace, pas de risque qu'il se rebiffe. Il a quelques potes bien sûr, comme un ado lambda, pas vraiment d’ami mais ça l’embête pas trop. Ca papote dans les dortoirs, ça réfléchit à comment tricher au prochain exam de potions parce qu'apprendre le cours c'est trop dur, puis ça fait vibrer les cordes de la vieille guitare, toujours selon les mêmes accords, avant de se glisser dans son lit. La vie s'écoule tranquillement au rythme de la fumée entre les vieilles pierres, on y mange bien, il y a de l'ambiance, un peu. Eliott ne compte pas les jours, en tout cas pas si souvent, avant de rentrer. Il se laisse porter. Ca pourrait être pire ailleurs ; c’est la vie.

Une des rares choses qu’il aime vraiment faire, qui arrive à le tirer du lit avec énergie, c’est partir bivouaquer avec son père. Ils partent plusieurs jours ensemble, quelque soit la météo, genre dans le Peak District National Park à l’Est de Manchester, dans le Eryri National Park au Sud-Ouest, ou dans le Yorkshire Dales National Park au Nord. Ca a commencé avec un stage pour se sevrer du cannabis qu'ils ont fait ensemble et ils ont accroché direct. Le cannabis est resté, mais avec lui le goût des grands espaces peinards. Un mal pour un bien ? Alors ils plantent la tente, ajoutent souvent une cabane de bois mort pour faire des chiottes, un tronc qui sert de banc, puis ils vont se promener. Ils prennent le temps de regarder les nuages défiler dans le ciel, les plantes qui poussent sous la mousse, les criquets qui se réveillent à la course du soleil ; Ils ramassent des trucs à manger. Le soir, ils se baignent à poil dans des lacs ou des rivières, des fois sous la pluie, puis ils allument un feu et font fondre des chamallows en grattant cette vieille guitare usée qu’ils se partagent et fument ensemble. Là, Eliott oublie de compter ; ça, c’est la vie.

Pas l'Paradis~

Et la vie, elle aurait pu continuer comme ça encore longtemps, y avait pas de raison que ça change en tout cas ; c'était pas le meilleur des mondes, mais ça allait pas trop mal ; mais voilà : cet été 2023, y a un grand changement. C'est le 03 juillet. La lune est ronde comme un ballon, le ciel dégagé au point qu'on peut y compter toutes les étoiles, qu'on y voit presque comme en plein jour. Owens père et fils sont en train d'écraser les dernières braises du feu avant d'aller se rouler dans leur sac de couchage. Son père s'éloigne vers la petite cabane de branches pour pisser, et dans le silence qu'il laisse derrière lui autour de son fils, des grattements, puis des grondements et des grognements montent en quelques secondes de l'orée du bois. Eliott n'a pas le temps de se demander de quoi il peut bien s'agir que la bête se tient devant lui. Les deux sorciers se trouvent sur la route d’un loup-garou.

Ses yeux claires miroitent sous la voute céleste, ses crocs étincellent dans le noir, luisant de salive, et des reflets d'argent brillent sur son poil bleu nuit. Cela ne dure qu'un infime instant, juste avant que la bête ne fonde sur lui pour lui arracher l'épaule et lui labourer la peau, et que cette image reste à jamais pétrifiée d'horreur dans sa mémoire, mais Eliott le trouve beau. La douleur le fait hurler, ses os craquent, il essaye de se libérer de cette mâchoire qui le broie, ses muscles se déchirent, mais il n'a pas assez de force à opposer à cette créature qui le traine et le secoue comme un pantin, tachant de sang ses babines et la terre. L'affliction est trop grande, son esprit se libère de sa prison de chair meurtrie, et Eliott compte ces dernières secondes désolées.

Le jeune sorcier ne se réveille que plusieurs jours plus tard à Ste Mangouste. Il apprendra que c'est un miracle s'il est arrivé ici vivant, que lui et son père ont eut beaucoup de chance, que ce sont des choses qui n'arrivent normalement jamais ; c'est la vie. Maintenant, il est un loup-garou lui aussi. C'est tout bête, comme presque toutes les histoires de loup-garou. Avec la médicomagie, il est vite remis sur pieds le jeune sorcier, et on lui donne un traitement mensuel pour conjurer sa bestialité lors des prochaines pleine lune. Une nouvelle drogue, moins drôle, tout aussi vitale, peut-être plus, en tout cas pour les autres que lui. "Tue-loup" que ça s'appelle ; c'est marrant ça, "tue"...

Les jours passent, Eliott reste plus longtemps chez son père parce que sa mère est partie en vacances avec son nouveau mec ; tant mieux. Avec elle, ça serait pire. Sa lycanthropie le terrasse. Il a le teint maladif, les yeux creusés, et perd plus de dix kilos en quelques semaines. L'approche de sa première lune le met dans un état de plus en plus insoutenable. Comme une putain de grippe ultravénère, du genre à vous faire suer toute l'eau de votre corps, à vous tordre les muscles dans tous les sens, à vous faire halluciner et à rendre chaque respiration plus insupportable que la précédente. Eliott compte ces épouvantables secondes. Même des petites feuilles bien roulées n'y font rien. Il pleure pendant des jours dans sa petite cabane, il tourne, roule et n'arrive plus à dormir, et son père reste près de lui. Le garçon est si dévoré qu'il est incapable d'avaler quoi que ce soit, pas même sa potion qui tue. C'est à vous faire regretter d'être vivant. Alors son père l'emmène camper cette nuit-là, dans une forêt loin de toute trace de vie civilisée, loin des villes moldues et des villages sorciers, un lieu qu'il juge adéquat pour que la transformation s'opère.

Une longue plainte monte entre les arbres à la tombée de la nuit. Sous les yeux impuissants de son père, en retrait, Eliott se tortille dans les feuilles mortes en gémissant longuement, la respiration courte et saccadée. Des larmes roulent sur ses joues, il appelle à l'aide, et le sang pulsent violemment dans ses membres, dans sa tête comme s'ils allaient exploser. Les cris se muent en des hurlements de douleur comme jamais il n'en a poussés. Que quelqu'un l'arrache de là et le mette au lit. Eliott est habité, il n'est plus Eliott. Ses articulations se déboitent, des os s'allongent, se tordent, se cassent et sa chair s'étire et se rompt. Les rayons de la lune remodèlent le garçon après des jours de torture. Des crocs sortent de ses gencives baveuses, des griffes acérées de sous ses ongles, et il aboie, il écume, il se traine par terre, perdu. Quelque chose le lacère de l'intérieur et veut s'extraire de sa peau. Le monde bascule, les sons, les odeurs, et bientôt le garçon n'a plus conscience de rien. Il n'y a plus qu'un loup noir. D'abord craintif et immobile durant de longues minutes sous la surveillance paternelle, il suffit d'un hurlement lupin dans la forêt pour lui faire lever la truffe, et hurler à son tour avant de détaler à toute vitesse sur ses nouvelles pattes vigoureuses. Le 01 août 2023, première pleine lune, et il y a un autre loup-garou dans les bois ; c'est pas une vie ça.