Il y a trois choses qui ne changeront jamais à Poudlard :
- Les bons petits plats des elfes
- L'inutilité du système de maison
- Leo Herim qui chouine dans un coin

Aujourd'hui ne faisait pas exception à la règle, bien évidemment. Leo avait éclaté en sanglots dès qu'un quatrième année avait marché sur la bouture à moitié morte qu'il avait planté dans le parc de l'école. Incapable de se détacher de son côté dramatique il s'était écroulé contre un arbre et donnait maintenant l'impression d'avoir assisté à l'assassinat d'un membre de sa famille. Peut-être était-ce le cas, après tout ?

À le voir ainsi, plus pitoyable que l'allégorie de la nullité elle-même, Magnolia ne pu se résoudre à enfoncer le clou. À quoi servait-il de rabaisser quelqu'un qui n'avait décidément aucune fierté ? Où était l'enjeu au final ?
Maintenant en troisième année, la jeune adolescente qui avait bien grandi depuis son arrivée à Poudlard s'approcha de lui avec un air qui exprimait tout l'étendu de sa pitié pour le garçon. Elle lui donna un petit coup dans le pied, histoire qu'il lève la tête et la remarque :

"Je vais te dire un truc que tu sais déjà. Le soleil, les arcs en ciel, c’est pas le monde ! Y’a de vraies tempêtes, de lourdes épreuves aussi grand et fort que tu sois la vie te mettra a genoux et te laissera comme ça en permanence si tu la laisses faire. Toi, moi, n’importe qui, personne ne frappe aussi fort que la vie."

Est-ce qu'elle venait de citer un passage de Rocky  ? Clairement, son père était boxeur après tout.

"Bon écoute... t'es en septième année et tu fais plus pitié qu'un premier année qui serait orphelin." Magnolia n'aimait pas mentir "Lève toi. Je vais t'apprendre à boxer et à affronter la vie. Il faut t'endurcir."

Leo était terriblement triste. Il avait passé beaucoup de temps à essayer de faire pousser une  bouture prise sur Pamela, la plante carnivore de son ami Louka. Il n’avait pas tout à fait le droit, mais il voulait faire un cadeau à sa grande soeur, et quoi de mieux qu’un truc agressif pour aller avec son tempérament ? Mais voilà, catastrophe, quelqu’un avait anéanti ses efforts. Leo, soudain très déçu, laissa parler ses émotions. Après tout, une fois, sa tata Holga avait dit “Ne retiens pas tes larmes, laisse aller ton chagrin”.

Après quelques minutes, très longues selon les gens qui ont pu l’observer, juste la durée qu’il fallait selon Leo. Quand il fut un peu calmé, il murmuré pour lui même, toujours les larmes aux yeux :

“Ce monde part en couille et chacun de nous est responsable de ce bordel. La seule chose à faire c’est fermer les yeux et ne pas se laisser atteindre.”

Et ce fut là que Magnolia Dursley se pointa. Magno la terreur, Magno sans pitié. Magno… Qui faisait un discours sur l’importance de se défendre ? C’était étonnant. Leo écouta attentivement, et se dit qu’elle avait peut-être raison. Peut-être qu’il fallait se montrer plus combatif. Il avait souvent subi des moqueries au début de l’adolescence, et il avait cru qu’en restant dans son monde il serait plus tranquille. Son esprit l’était, mais les autres sorciers pas toujours. Soit. Leo acceptera la proposition de Magnolia.

Cependant, qu’elle vienne le voir et lui propose son aide, c’était étonnant. Leo voulu savoir le pourquoi du revirement de situation. Le blondinet avait reconnu la citation de Rocky, alors il répondit lui aussi de façon cinématographique, en citant la ligne rouge :

“Ce grand mal, d’où est ce qu’il est venu ? Comment il s’est faufilé dans le monde ? Quelle graine, quelle racine l’a fait pousser ? Qui fait ça ? Qui nous tue ? Qui nous arrache la vie et la lumière ? Et nous montre pour nous narguer ce que l’on aurait pu connaître. Est-ce que notre ruine profite à la Terre ? Est-ce qu’elle aide l’herbe à pousser, le soleil à briller ? Est-ce que cette noirceur est en toi aussi ? As-tu toi aussi traversé cette nuit ?”

Oh wow, alors ce nul professionnel (palier 5 de la médiocrité) avait un tant soit peu de culture ? Voilà qu'il citait la ligne rouge maintenant ! Etait-il sang-mêlé comme Magnolia ? Avait-elle enfin trouver quelqu'un auprès duquel se vanter de la précommande de son Iphone 15 ? Elle l'espérait bien car elle ne l'entrainerait pas sans un échange en bon et du forme : Il allait devoir supporter tout un monologue sur les nouvelles fonctionnalités du nouveau smartphone de la jeune adolescente.

"La capacité de parler ne te rends pas intelligent"

Yoda.

D'ailleurs, Magno comptait bien s'inspirer de lui. Elle croisa à nouveau les bras, se planta sur ses pieds et le regarda de toute sa hauteur :

"Allez, arrête ton mélodrame. On va s'entrainer comme Luke et Yoda"

Elle lui fit signe de se relever et tendis les bras : "Prends moi sur ton dos. Tu vas courir et moi je vais chanter "Eye of the Tiger" pendant ce temps là. Tu vas me faire deux tours entiers du parc et ensuite on établira ton programme d'entrainement. Déjà il va falloir travailler ton endurance puis ta force physique. Me porter sur ton dos va te muscler mais tu vas aussi totalement oublier d'avoir un sac à dos maintenant. Tu devras porter tous tes livres dans tes bras.... Et tu te débrouilleras pour tes plumes ou tes parchemins.... ALLEZ ! Qu'est-ce que t'attends ?! Laisse moi grimper !!"

Elle s'imposa sur le dos du pauvre garçon et lui donna un coup de pied dans les côtes pour le faire avancer... Comme on le ferait avec un cheval au final....

Ce n'était pas très gentil de citer cette phrase de Yoda. Le personnage était taquin, et Magnolia voulait peut-être montrer qu'elle l'était, elle aussi (et pas juste méchante comme tout le monde disait).

Le blondinet écoutait le discours de son maître en bagarre, et les étapes qui l’attendaient lui faisaient un peu peur. Magno semblait avoir des plans pour lui. Et la route serait longue. Bien plus longue que celle qui l’avait mené dans l’équipe de quidditch.

Mais comme le naïf qu’il était, il n’osa pas une seconde se démonter. Leo était comme ça : fonceur. Il agissait et réfléchissait ensuite… Parfois. Alors il attrapa Magnolia par les bras et lui dit du ton le plus sérieux dont il était capable, une réplique de Rasta Rocket, un film pas super sérieux :

"Tu veux que je te dise ce que je vois ? Un type fier, un type fort. Un type qui peut être très très méchant quand il a la haine, et qui n'accepte pas qu'on lui marche sur les pieds."

Puis Magnolia lui marcha sur les côtes.

Et Leo, sans se plaindre, sans penser au regard des autres, couru, couru. Au bout des deux tours de parc, il eut un peu l’impression d’être un cheval. Et comme il n’était pas fatigué il déclara :
“Est-ce que je volais ? Par moment, je m’en croyais capable !” (Spirit, l’étalon des plaines)

Il était presque déçu d’être de bonne constitution. Il aurait ainsi eu l’occasion de citer Forest Gump, le film préféré de son papa, en disant que “son dos est tordu comme l’esprit d’un politicien”.

À défaut d’être tout cassé comme lieutenant Dan, Leo se senti pousser des ailes et voulu donner des coups de sabots. Il dépose gentiment Magnolia au sol et fit des gestes de karaté dignes de la plus nulle des série B.

“Alors ? Est-ce qu’on va traîner là toute la journée ou est-ce que l’on va se battre ?” ajouta-t-il d’un ton de défi, en citant Kingsman.

Après tout, il lui fallait bien un petit apperçu, à Leo. Le jeune homme devait expérimenter ce que ça faisait d’échanger des coups, et pas seulement de les encaisser. Peut-être que se faire laminer pas une gamine de 13 ans lui ferait un électrochoc, qu’il comprendrait qu’on ne pouvait pas jouer dans la cour des grands (ou des 3ème année, dans le cas présent) dès le début. Car à trop prendre la confiance, Leo risquait d’aller au devant des personnes qui avaient piétiné sa plante avant d’être à la hauteur du combat à venir. Avant d’être devenu un Stallone.

Leo parut d'abord prendre la mouche (il n'y a que la vérité qui blesse) puis finit par s'abaisser pour que Magnolia monte sur son dos. Elle s'aggripa du mieux qu'elle pu et lui donna un coup de pieds dans les hanches pour qu'il commence à courir. Dès que son footing débuta, la jeune adolescente se mis à fredonner le son de eyes of the tiger.


Le poufsouffle parut se prendre au jeu car bientôt, il se mit à citer du Spirit... Quelle idée ? Etait-il une petite fille de huit en pleine phase poneyclub ? A défaut de lui couper la parole, Magnolia se mit juste à chanter plus fort.

Quand il eut fait la distance demandé, il reposa la troisième année et se mit à décrire des mouvement qui auraient pu vaguement ressembler à du karaté si ça n'avait pas davantage l'allure d'une chorégraphie de modernjazz.

"Qu'est-ce que tu fais mec ? C'est un combat au corps à corps pas une danse avec du thé !" Billy Elliot

Magnolia se mit debout et se planta bien sur ses pieds "Dans un premier temps, il va falloir qu'on s'assure que tu es stable sur tes appuies. Puis, il faudra t'apprendre à donner des coups de poings qui t'éviteront de finir avec les phalanges cassées. Fais comme moi"

Elle écarta ses jambes d'environ vingt centimètre et serra le poing, avant de décrire un mouvement de balancier.

Petite déception pour Leo. L'apprenti combattant appris que la violence était une voie qui nécessitait beaucoup d'étapes. Lui qui aurait voulu se battre maintenant, venger sa pauvre petite plante dans que ses feuilles étaient vertes. Mais soit, il écouta sagement les conseils que de celle qu'on appelait communément la terreur. À dire vrai, elle n'était pas si effrayante que ça. Presque sympa.

Leo s'enfonça donc dans le sol, plia les genoux pour être un peu plus à la hauteur de Magnolia et marmonna pour lui-même :

"Parfois le droit chemin n’est pas le plus facile à suivre."

Prendre racine avait dû lui faire penser à Grand-mère Feuillage, de Pocahontas. Leo remua les bras, mais ne comprit pas vraiment pourquoi.

"Et maintenant je tape ?"

Leo mima le geste, qui frôla le visage de la jeune fille. Le coup n'était pas très assuré, ni très technique, mais le Poufsouffle était resté bien droit sur ses appuis. Tout le bas de son corps était même resté parfaitement figé, pour être précis. Une attitude de robot mal programmé qui avait sauvé le visage de Magnolia, en n'offrant pas les quelques centimètres critiques que la souplesse aurait apportés.

Spirit, Pocahontas.... Magnolia avait une vague idée de la qualité de la culture cinématographique du looser en chef des Poufsouffle : c'était nul et enfantin. Elle ne fit cependant aucune remarque sur la question car une part d'elle même devait reconnaître qu'il était amusant de communiquer ainsi en citant des répliques de films. C'était rare qu'elle trouve un autre né moldu avec un tant soit peu de culture. La plupart des autres né moldus étaient surtout utile pour dire où est-ce qu'on pouvait trouver du réseau à pré au lard et quelle était le meilleur des tik tokkeur du moment.

Hélas, son élève était impatient.

"La discipline, le temps et la patience sont les trois grands déstabilisateurs."

Oui... Bon d'accord. Elle aussi avait vu Spirit.. Et au moins, elle était sûre qu'il comprendrait la référence. Elle lui montra comment fermer son poing et s'assura qu'il l'imite avant de désigner ses épaules "Selon la manière dont tu vas pivoter ton bassin, ça permettra de mettre plus de force dans tes bras sans te fatiguer. Regarde, fait comme moi. Le bras doit être souple. Vas-y, essaie. Pas sur moi par contre, dans le vide."

Elle mima un coup de poing parfait d'un poing de vue académique (son père serait fier d'elle) et lança un regard plein d'expectative à Leo.

Leo sourit quand il reconnu la référence à Spirit. Ok, les deux adolescents parlaient bel et bien le même langage. Et Leo, pressé comme il était, accepta de prendre un peu plus son temps. Le jeu du bassin, garder de la souplesse, c'était dans les cordes de Leo. Lui qui adorait danser avait l'habitude de mouvoir son corps, de ne pas rester droit comme un piquet. Le blond était cependant étonné qu'il ne faille pas être dur comme la pierre pour dégommer le visage de quelqu'un. Il s'imagina fouetter les gens en bougeant ses bras comme des tentacules. Marrant, mais difficile à mettre en place puisqu'il n'était pas animagus.

Leo imita donc Magnolia, c'était elle la boss, l'experte, la terreur des troisièmes années. Tout n'était peut-être pas parfait, mais le septième année senti de suite beaucoup plus d'amplitude de mouvement. Peut-être même plus de puissance.

"Je crois que tu vas faire de moi un super sayan."

Lui qui était de nature si extravertie n'avait jamais eu d'amitié assez forte pour que quelqu'un prenne du temps pour l'aider face à ses problèmes. Une mauvaise note ? Il travaillait péniblement seul pour essayer de compenser son retard. Des moqueries ? "Courbe l'échine ils vont se lasser." Pour la première fois de sa vie il avait des sentiments pour un garçon, et ça le perturbait ? "On est en 2024 fais en pas un drama"... Comme si son petit coeur trop émotif n'était pas légitime à ressentir des choses. Mais là, ce que faisait Magno, c'était admirable. Leo sentait grandir un peu plus sa confiance à mesure qu'il répétait les mouvements. Oui, la petite terreur était une bonne personne. Leo s'en persuadait.

"La chose qui hante le plus un homme, c’est ce qu’on ne l’a pas forcé à faire", commença Leo en citant Gran Torino. Il voulait subtilement instaurer le thème de la rédemption dans la discussion. Il reprit, citant sa propre vie "On ne m'a jamais forcé à me battre, jamais forcé à me faire entendre. J'ai toujours eu mes parents, mon frère, ma soeur près de moi pour le faire à ma place. Mais c'est vraiment pas facile maintenant que je suis le dernier à l'internat. Heureusement que tu es là. Je commençais à me dire que..." et ressortant de sa mémoire une dernière citation, des évadés cette fois : "La malchance, c'est partout dans l'air. Il faut que ça atterrisse sur quelqu'un. C'était mon tour, j'étais sur le chemin de la tornade. Je ne m'attendais pas à ce que la tempête dure aussi longtemps que ça."

Ma la tornade allait passer. Chaque coup de poing dans l'air l'éloignait un peu plus. Leo ne s'était pas encore battu, mais il commençait déjà à voir la victoire. Pas qu'il espérait un véritable combat de boxe contre les saloperies qui avaient piétiné sa bouture, mais il ne courberait plus l'échine dès qu'il les croiserait, anticipant une blague de mauvais goût ou un croche-pied.