De l’air.

Il avait besoin d’air

Ses poumons étaient en train de prendre feu, la main gauche serrant la corde ne tentait même pas d’attraper la baguette fermement retenue dans le holster sous sa veste. Le gros balourd qui l’écrasait et qui l’empêchait de remonter à la surface pesait de tout son poids, lui réservant une mort certaine si ce n’était que...

Inspiration profonde, aspirant l’air frais qui fouettait le visage au milieu des gouttes d’eau qui fouettait la peau, aveuglant presque les yeux papillonnants. Simeon n’avait pas disparu dans les flots, heureusement, et voilà même que le brigadier faisait preuve de proactivité en lançant des sortilèges de tête-en-bulle à lui et au fameux Amos. Presque sympathique si ce n’était qu’il était honteusement oublié. Marcus en aurait presque hurlé de colère s’il n’avait pas manqué à ce point du précieux souffle nécessaire pour une telle activité. Se contentant de nager d’un coup de pied féroce, sa main libre réussie à agripper le bord d’une caisse, s’y accrochant avec désespoir, n’osant surtout pas regardant le bras douloureux et la corde enroulée avait rendu immobile. L’eau rouge qui naviguait autour de lui ne laissait rien présager de bon. Heureusement que les requins remontaient rarement à la surface lorsque les flots étaient déchainés. Relevant la tête à temps pour apercevoir l’étrange lueur indiquée par le comparse, la bouche n’eut le temps que de s’ouvrir avant qu’un filet ne leur tombe dessus, les extirpant des flots d’encre.

Les corps chutèrent lourdement sur le pont de bois, faisant retenir un grognement à l’apprenti auror. Ils avaient été récupérés par une sorte de bateau dont les grandes voiles en dents rappelant les reptiles se mouvaient sous la force du vent. Serrant la mâchoire pour ne pas claquer des dents sous le froid de l’eau, Graystone s’assurant qu’ils avaient tous été récupérer, jeta un coup d’œil attendu à Simeon et au directeur de SpellCraft. Visiblement ils étaient attendus. Un petit groupe s’approcha d’eux, baguette tendue devant leur minois épuisé. Les Anglais étaient clairement en sous-nombre. Marcus choisit de ne pas bouger, laissant le sang de son bras couler contre son blanc, donnant un air plus malmené qu’il ne l’était réellement. Les pirates (c’est comme ça qu’il les appellerait à défaut d’un terme plus précis) semblaient se réjouir de la situation, rigolant entre eux, pointant les membres de l’expédition, surprise venant s’ajouter à leur caisse. Avant qu’ils n’aient pu tenter quoi que ce soit, Amos sembla leur parler, dialectant en langue asiatique avec eux. Les sourcils se froncèrent, exclamation envoyée au petit Roy. Un instant, c’était quoi cette histoire? Comme si elle ne l’écoutait qu’à moitié, une femme se sépara du lot, laissant sa main glisser sur les caisses de bois, sa baguette tordue faisant sauter le couvercle, visage émerveillé devant les petites fioles attendues. Elle avait visiblement reçu ce qu’elle attendait. Dague sortie de son fourreau, elle s’approcha lentement de Simeon, pointant la lame en sa direction.

-Non ne faites pas ça!

Injonction inutile, parole sans doute incompréhensible. Mais ce n’était pas l’agent qui intéressait la femme, mais plutôt la corde attachée à sa taille qui le reliait encore aux caisses posées sur le pont. Le lien fut rapidement coupé, laissant la lame se promener sur le torse palpitant du brigadier, les doigts empruntant le même chemin pour le délaisser de sa baguette magique. Un Amos bien nerveux fut également délivré de sa gorge, sans que sa baguette ne soit toutefois confisquée. Puis, la femme se pencha sur Marcus, tirant douloureusement la corde qui s’enfonça dans la chair déchirée, faisant serrer les dents à l’agent. Hors de question qu’il lui donne la satisfaction d’émettre le moindre son. Loin d’impressionner, l’attitude n’attira qu’un sourire cruel sur le visage de la femme qui lui prit sa baguette d’un geste brusque. Les caisses désormais libres claquent des doigts secs et des hommes se séparèrent du groupe, entrainant la précieuse marchandise dans le fond de cale.

Ne restait plus que les intrus...

Les yeux sombres en amande se tournèrent vers le directeur de la compagnie qui semblait plus nerveux que jamais. La situation semblait échappée aux mains de l’homme dont le langage trahissait l’inquiétude. Sa voix penchant dans les aiguës semblait amuser les pirates ainsi que l’énigmatique femme qui semblait l’écouter d’une oreille distraite, sortant doucement sa baguette, éclat vert sorti de nulle part qui fit rendre l’âme à l’homme tombant lourdement sur les planches du bateau sous les ricanements des autres membres.

Peu de doute sur le sort qui leur était réservé, Marcus observa les hommes s’avancer vers lui et Siméon, persuadé que sa dernière heure était arrivée jusqu’à ce qu’une injonction de la femme stoppa l’entrain du groupe. La main libre de la femme s’ouvrit, dévoilant les deux badges de ministère qu’elle avait subtilisé aux agents sans qu’ils ne s’en rendre compte. Curieusement, leur insigne sembla les dédier à un autre sort puisque les deux jeunes hommes furent saisirent sans la moindre délicatesse avant d’être descendu dans la cale du navire avant d’être jeté dans deux prisons distinctes et partageant un mur de fer commun.

Se laissant tomber durement au sol, Graystone resta immobile, attendant la suite, mais seul le bruit des vagues heurtant la coque du navire parvint à ses oreilles. Se retournant avec difficulté, l’apprenti auror ramena son bras blessé contre son torse, jetant un coup d’œil à son voisin de cellule.

-Ça va?

Résumé: Marcus, Simeon et Amos (le directeur de Spellcrafts) sont récupérés par un bateau asiatique. Les contrebandiers qui attendaient visiblement les caisses se débarrassent d’Amos, mais décident de mettre les deux agents en prisons, leur badge semblant curieusement leur laisser la vie sauve… pour l’instant.

Dans quel putin de bourbier il s’était encore embarqué!

Au diable les convenances, les bonnes manières et tout le flafla qu’il aurait mis d’habitude pour entourer la situation et la rendre moins dramatique. Inutile de se voiler la face, cette fois, ils étaient dans le pétrin jusqu’au cou. Le dos appuyer contre les barreaux de la cellule, le museau se plissa en observant l’eau qui suintait des murs de bois, le petit banc décrépi appuyer contre les barreaux qui le séparait de son collègue. Le bras blessé ramener contre son corps, Graystone du prendre plusieurs inspirations pour éviter que la panique n’envahisse ses sens déjà engourdis par la douleur. Pour une première mission, c’était réussi. Marcus imaginait déjà la tête de Potter à son retour au bureau où il devrait expliquer pourquoi il se retrouvait avec un cadavre à sa première sortie.

L’œil sombre se posa sur la silhouette du collègue qui se détachait de l’autre côté. Une grimace évidente étira ses lèvres minces. Non, il n’était définitivement pas en mesure de pouvoir se défendre. La corde avait sans doute fracturé l’os du bras à un ou deux endroits. La main valide alla défaire le nœud de sa cravate, remerciant le ciel que Hunt attache autant d’importance au décorum, usant du vêtement pour se faire un bandage improviser.

-On va oublier l’attaque directe. Je ne risque pas d’être des plus utiles.

Il fallait penser au plan b. Se relevant dans sa cellule, Graystone observa sa cellule, cherchant une faiblesse dans la cage. Ils étaient sans badges, sans baquettes. Il y avait bien un poignard dans sa botte, mais avec sa main blessée, il était plus risqué de sortir une lame et s’engager dans un combat corps à corps.

Allez, Marcus, pense, pense!

Alors que la main tirait les barreaux un à un pour tester leur rigidité, il écouta d’une oreille distraite les paroles du collègue, retenant le rictus qui manqua un instant de déformer son visage. Ce n’était tellement pas le moment de se laisser aller au sentimentalisme. Il refusait de laisser ouvrir cette boite de Pandore. Il ne voulait surtout pas penser à sa sorcière qui l’attendait, à leur enfant à naitre, et à tous ces moments qu’il risquait de manquer s’il ne sortait pas au plus vite de ce maudit rafiot des mers. Petit soupir pour se reconcentrer au moment présent.

-Ça va Roy.

Inutile de revenir sur les bêtises du collègue, de cette course au fugitif qui avait bien fini par mal se terminer, du rapport qu’il avait dû alléger pour éviter que leur carrière n’en pâtisse. La main alla repousser ses cheveux sombres contre son crâne. Continuant de tester les barreaux, le regard vert passa du collègue à ses tests.

-Heureusement le rapport a dû sembler satisfaisant, car nous n’avons pas eu de question supplémentaire.

Une chance, car son ‘’ami’’ aurait bien pu leur couter plus que leur carrière. S’il n’avait tenu qu’à Marcus le fugitif aurait fini à Azkaban plutôt qu’à Ste-Mangouste. Mais leur mission avait été accomplie, ils avaient retrouvé et escorté le fugitif, les agents avaient pris le relais, la face de pouilleux s’était effacée dans sa mémoire. Même s’il ne supportait toujours pas que son collègue ait osé lui mentir.

-C’est oublié.

Autant garder le livre fermé. Tant d’effort pour se retrouver comme sushi pour sorcier chinois. Un coup de pied rageur alla frapper les barreaux.

-Il doit bien y avoir un moyen de sortir d’ici!

Il allait devoir le trouver. Le regard vert alla se poser sur la cage de son collègue. Similaire à la sienne il avait une chose que lui n’avait pas : un hublot. Trop petit pour qu’ils puissent s’y glisser, mais assez grande pour qu’il puisse voir ce qui se passait à l’extérieur.

-SI tu essayais de grimper sur le banc, tu pourrais voir par le hublot?

C’était périlleux surtout pour le collègue qui boitait déjà. Mais c’était un effort dont il ne pouvait se passer.


Résumé: Marcus essaie de trouver un moyen de sortir de sa cellule et remarque un hublot dans la cellule de Siméon, lui demandant de regarder.